Chapitre 4 : L’intimidation
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Nous avons affrontés les épreuves d’examen cette semaine. Le dernier jour, je finis un peu avant tout le monde. Je rends ma copie et rentre directement à la maison, malgré que Binta m’ait supplié de venir avec eux pour se baigner au marigot et fêter le debut de nos vacances scolaire.
Quand j’arrive à la maison, je m’assure que mon oncle n’y ait pas avant de prendre mes aises.
Je vais d’abord me changer avant de sortir le linge sale que ma mère m’a demandée de nettoyer à mon retour de l’école. Je vais chercher la bassine, les seaux et la planche.
Je prends le soin de mettre tout le nécessaire autour de moi avant de commencer à frotter les habits le cœur léger.
Je suis confiante à propos de mes résultats, j’ai travaillé comme une dingue pour réussir cet examen.
Cette nuit, j’ai fais un rêve dans lequel, il m’a paru voir mon père. Des expressions contradictoires se dessinaient sur son visage. Tantôt de la joie, tantôt de la tristesse. Aussi tôt qu’il me sourit, je vois des larmes couler de ses yeux.
Je n’ai raconté mon rêve à personne. Je garde jalousement pour moi tout ce que je vois concernant mon père. Je veux que nos moments de rencontre dans les rêves ne soient qu’à nous. C’est tout ce que je peux avoir.
Je suis en train d’étendre les habits sur la corde, lorsque je sens un regard dans mon dos. Je tourne la tête et mon cœur rate un battement lors que je vois Karamokoèn, en train de m’observer. Je ne l’ai pas entendu arriver.
Je délaisse les habits et vais fléchir le genou pour le saluer.
-Bonjour Mouminatou. Ton dernier jour d’examen s’est bien passé ?
- Oui. Réponds-je simplement sans lever les yeux pour le regarder.
Quand cet homme est à coté de moi, tous mes sens se mettent en alerte. Il est imprévisible et à cause de son statut d’érudit, tout le monde dans ce village lui voue un respect religieux.
Je pousse un ouf de soulagement lorsqu’il entre dans sa chambre sans rien tenter. Je retourne à mon linge mouillé que j’étalais tout en priant dans mon cœur que mes cousins reviennent du champ ou que ma mère apparaisse.
-Mouminatou !
Mon angoisse grimpe en flèche. Je vais néanmoins voir ce qu’il veut sans entrer dans la case.
-Vous avez besoin de quelque chose, mon oncle ?
-Prends ces habits et va me les laver. Dit-il en montrant du doigt une pile de vêtement près de l’entrée.
Je suis obligée d’entrée complètement pour pouvoir récupérer les habits.
Hésitante, je pénètre dans la case et m’accroupie et attrape les vêtements. Au moment de me relever, je sens une pression sur ma fesse droite. J’ai pour intention de courir dehors mais il est plus rapide que moi. Il me tire par le bras et je vais tomber dans le lit.
Quand je lève la tête, mes yeux tombent sur mon oncle complètement nu. Je cris de surprise et de peur. Je ne sais pas à quel moment il a enlevé son caftan et fermé la porte.
-Ne me faites de mal, mon oncle, s’il vous plait. Dis-je en commençant à pleurer.
Sans tenir compte de mes supplications, il vient me saisir les bras qu’il immobilise au dessous de ma tête. Il se couche sur moi et m’écrase de tout son poids. De sa main libre, il m’arrache mon pagne et le caleçon avant d’ouvrir mes jambes avec les siennes.
Je le supplie d’arrêter, mais c’est comme si je m’adressais un sourd. J’essaie de me débattre, de le faire bouger mais c’est un mur de muscle.
Je sens quelque chose de dure se frotter sur ma cuisse droite et avant de comprendre ce qui se passe, une douleur vive se fait ressentir dans mes parties intimes.
Une sensation de déchirure me fait hurler. Ça brule et ça fait mal.
Au même moment, il essaie de poser sa bouche dégoutante sur la mienne. Je serre énergiquement les lèvres mais il force l’entrée avec sa langue pendant que je me débats de toutes mes forces.
Quand il réussie à franchir la barrière de mes lèvres, je le mords avec toute la force dont je suis capable. Il cri de douleur et arrête d’essayer de m’embrasser.
Le gout métallique du sang mélangé au gout amère de la kola me donnent envie de vomir.
Malgré la douleur de la morsure, il n’arrête pas ses vas et vient en moi. Mon entrejambe me fait tellement mal qu’à chaque poussée, j’ai l’impression qu’un couteau me déchire. Je l’entends respirer fort et son souffle chaud bute contre la peau de mon visage.
À un certain moment, j’ai une sensation de flottement, comme si j’avais quitté mon corps. Tout devient noir.
Lorsque je reviens à moi, je suis couchée sur une surface très dure. J’essaie de bouger mais je ressens un élancement qui me cloue sur place. Je regarde autour de moi et reconnait la case de ma mère. Je la vois entrée, son visage à moitié illuminé par la lampe tempête allumée un peu plus loin.
-Tu es enfin réveillée. Dit-elle en venant vers moi
-J’ai mal, maman. Karamokoèn m’a…
- Tais-toi.
-Maman, je te jure, Karamokoèn m’a touché. J’ai mal. Dis-je en pleurant.
-Tais-toi, je te dis. Ne répètes plus jamais ça, tu m’entends. Karamokouèn, c’est le notable de ce village.
-Maman, crois moi s’il te plait. Il m’a…
-Je te dis de te taire. Mon mari est mort, tu veux qu’on me chasse de cette concession par ta faute ?
Elle agite vigoureusement sa main devant mon visage. Je tais mes pleures par peur de me prendre une gifle. Il ne manquerait plus que je me fasse battre après ce que je viens de vivre.
Je ne sais pas comment je suis arrivée dans la case de ma mère, nie qui m’y a amené. Je ne sais rien du tout.
Les jours qui ont suivies ont été horribles. Ma mère a fait des pieds et des mains pour cacher ce qui m’ait arrivé. Elle a dit à tout le monde que j’étais malade, raison pour laquelle je passais mes journées couchée. Mon oncle lui a formellement interdit de m’amener voir l’infirmier du village. Je passe donc toutes mes journées dans la douleur.
Sur ordre de Karamakoèn, maman est allé m’amener une mixture bizarre que je dois boire et faire ma toilette intime avec.
Mon oncle passe quelque fois me voir, les bras chargés de cadeau de tout genre. Je dois les accepter sans broncher.
Il ne part pas sans me rappeler que je n’ai pas intérêt à parler. Je n’ai pas osé lui révéler que j’avais essayé d’en parler à ma mère. Il me terrorise à présent. Rien que le son de sa voix me pétrifie.
Pour ne rien arranger, ma mère me mets une pression énorme pour que je la ferme.
Un soir, mon amie Djouldé, n’ayant pas de mes nouvelles depuis plusieurs jours, a décidée de venir voir ce qu’il n’allait pas. Ma mère, quand elle est venue me prévenir, ne s’est pas gênée de me faire son chantage habituel :
-Tu n’ouvres pas la bouche, Mouminatou. Si tu parles, je vais me retrouver dehors et toi aussi par la même occasion. Si je ne t’ai pas tuée avant.
Je sors et depuis plusieurs jours, je respire enfin lorsque Djouldé et moi arrivons au bord du petit marigot du village. J’imagine dans la tête que c’est la mer et qu’il y a de l’eau à perte de vu.
-Tu souffrais de quoi ? Demande Djouldé.
-Je ne sais pas. Je ne suis pas allée à l’hôpital.
-Comment ça, tu ne sais pas ? Tu avais mal ou ?
-Au ventre, dis-je simplement.
Je ne vais pas entrée dans les détails. Ma mère et mon oncle ont été assez claires avec moi, je ne devais pas l’ouvrir. J’ai une boule dans la gorge qui, j’ai l’impression, m’empêche de respirer. J’ai envie de crier ce que j’ai subis, mais personne ne m’écoutera et encore moins me croire.
-Mouminatou, pourquoi ta mère ne voulait pas que je te vois quand je venais les autres jours ?
-Parce que j’étais malade. C’est pour ça.
-Ton oncle t’a fait quelque chose ? Demande Djouldé en me scrutant.
Étant plus âgée que moi, je suppose qu’elle a due remarquer qu’il y avait un truc qui ne tournait pas rond. Mon cœur bat quand-même très fort suite à sa question. l’aurait-elle devinée ?
-Qu’est ce que mon oncle pourrait bien me faire, Djouldé ?
- Dis-moi s’il te plait, insiste-t-elle.
-Je…
Je m’arrête lorsque je me rends compte de la bêtise que je m’arrête à faire.
Lui révéler ce qui m’a rendu malade.
Les phrases de mon oncle et de ma mère me reviennent. Je me lève précipitamment :
-Je dois partir maintenant. Je dois aider maman à la cuisine. Dis-je en courant presque vers la maison.
Elle n’essaie pas de me rattraper et c’est tant mieux. Je cours dans la case pour m’y cacher.
Quelques jours plus tard, ma mère tombe malade. Elle a une migraine qui la garde plusieurs jours au lit. Dans mon cerveau d’enfant, je fais tout de suite le lien. « Si tu parles de notre petit secret à quelqu’un, il va mourir ».
Au quatrième jour de la maladie maman, j’attends que les autres femmes de mon oncle et mes cousins s’en aillent, chacun pour vaquer à ses occupations. Je viens le rejoindre dans sa case.
-Bonjour mon oncle.
-Mouminatou, ça va ? Répond-il couché dans son lit.
-Maman est malade, mon oncle. Dis-je au bord des larmes.
-Je le sais bien.
-Je ne veux pas qu’elle meure, mon oncle. Je vous jure que je ne lui ai rien dit.
Il est couché sur le dos et j’ai l’impression que mes larmes ne le touche pas le moins du monde.
-Mais tu as failli parler, Moumonatou. Si je n’étais pas sorti à temps la fois dernière. Tu aurais raconté notre petit secret. Je te l’ai dis, on ne fait rien de mal. Tous les oncles font ça avec leur nièce.
-Mais ça m’a fait mal. Dis-je en repensant à la douleur que j’ai ressentie ce jour là.
-Je sais bien. Mais, tu n’aura plus mal.
Il se lève du lit et vient vers moi. Je retiens mon souffle quand sa main effleure ma joue. Je tourne la tête de coté.
-Ta mère est malade, si tu ne fais pas ce que je te dis, elle va partir comme ton papa.
J’ai peur.
Malgré qu’il m’ait dit que ce qu’il me fait n’est pas mauvais mais dans ma tête, je sais que ce n’est pas bien.
Il me prend par la main et me tire vers le lit.
- Couches-toi. Me dit-il en enlevant son caftan.
Je ferme très fort les yeux pour ne pas le voir. Ma grand-mère m’a toujours dit que c’était mal de s’attarder sur la nudité des gens.
Tout mon corps est parcouru de frissons de terreurs lorsque je le sens dénouer mon pagne. Il descend mon caleçon et se couche de tout son poids sur moi.
-Ca fait mal mon oncle. Dis-je en commençant déjà à pleurer.
-ça ne va pas faire mal. Je te promets. Dit-il en essayant de se frayer un chemin dans mon intimité.
Il met sa main sur ma bouche, ce qui étouffe mon crie.
Comme la première fois, je sens une brulure entre mes jambes. Je pleure de douleur. La sensation d’un couteau qui me lacère l’entrejambe m’arrache de chaudes larmes.
Il ne tient compte, ni de mes pleures ni de mes efforts désespérés pour le repousser.
Il continue ce qu’il fait jusqu’à ce que je l’entende crier lui aussi. Il respire fort et vite, comme la fois dernière avant de se relever.
Je maintiens les yeux fermés tout en pleurant. J’ai horriblement mal.
-Mouminatou, lève toi et vas te laver. Dit-il.
J’ouvre les yeux et le vois portant déjà son caftan. Je me lève et me mets en position assise. Je risque un regard entre mes jambes et je vois que j’ai saignée. Pas autant que la première fois, mais je vois quand-même une goute de sang sur le lit.
Péniblement, je sors du lit et marche difficilement jusqu’au niveau de la porte.
-Fais l’effort de marcher normalement, Mouminatou. Je ne veux pas que les autres commencent à te poser des questions.
-Oui, mon oncle.
-N’oublie pas. Tu ne dois pas en parler.
Je vais prendre un seau d’eau déjà remplie et vais dans les toilettes derrière la case de ma mère. Lorsque je commence à frotter ma cuisse avec ma main, je sens un truc visqueux et épais. Je me frotte tout le corps et quand vient le moment de me nettoyer l’entrejambe, mes larmes se remettent à couler.
L’eau qui touche mon intimité, c’est comme si j’y avais mis du piment. Ça me pique très fort.
Je prends sur moi et me lave avant de sortir des toilettes. Je trouve maman devant la case :
-Pourquoi tu te laves en pleine journée ? Demande-t-elle en approchant un tabouret pour s’asseoir.
Je la regarde sans rien trouver à lui dire.
-Quittes devant moi, avec tes yeux de sorcière là.
Je marche aussi vite que je peux dans la case pour aller me changer.
Ça me brule de lui demander comment elle va. Si elle a pu trouver un médicament chez l’infirmier maintenant que j’ai fais ce que mon oncle veut sans protester. Mais connaissant maman, elle va me rabrouer et ne pas du tout répondre à ma question.
-Tu as trouvé un médicament chez l’infirmier ? Risque-je à demander.
-Tu veux savoir si je vais mourir aussi ? Ta venue au monde a tuée ton père et maintenant, tu veux que ca soit mon tour ?
-Non, maman. Je veux savoir si tu te portes mieux.
-Je vais mieux. Je ne vais pas mourir demain. Répond-elle en me coulant un de ces regards de haine.
Je marche très lentement pour ne pas que ma façon de marcher n’attire l’attention.
C’est au tour de Nènan Diariou, l’avant dernière femme de mon oncle de préparer le diner ce soir. Je décide d’aller l’aider en cuisine.
C’est la femme qui parle le moins. Elle n’ouvre la bouche que pour dire le strict minimum. Elle se fait toujours toute petite. Je suis certaine qu’avec elle, je n’aurais pas à répondre à beaucoup de questions.
-Bonsoir, maman. Dis-je en prenant le tabouret près d’elle.
-Mouminatou, tu vas bien ?
-Je vais bien, maman.
-Tu te portes mieux ? Demande-t-elle en levant les yeux vers moi.
Elle délaisse un moment les légumes qu’elle épluchait et me regarde intensément.
-Oui, ça va.
-Regardes moi, Mouminatou.
Je lève la tête mais j’hésite à la fixer dans les yeux.
-Tu étais toute seule ici, aujourd’hui ? Karamokoèn était là aussi ?
-Oui, maman.
Maintenant que je suis grande, quand je repense à cette période, je me rends compte que les gens au village étaient au courant des agissements de mon oncle. Je ne dois pas être la seule petite fille à qui ce porc a volé son enfance.
Elle pousse un très long soupire avant de fermer les yeux un moment. Elle les rouvre et me scrute intensément sans plus rien dire.
Je sens comme une sorte de soulagement lorsqu’elle se remet à sa cuisine en silence. Je reste juste là, assise près d’elle au calme. Je la regarde s’affairer et je force mon cerveau à se concentrer sur elle et à ne pas penser à ce qui me fait peur.
MON ONCLE.