Chapitre 04

4ème Partie : Un nouveau coup

« Oui. Choubi, j’ai envie de sortir avec toi. Excuse la maladresse de ma déclaration, c’est pour la première fois que j’prononce ce genre de chose. L’essentiel est que tu saches que je te veux comme ma copine et pourquoi pas la future maman de mes enfants si ma situation change bien sur ». Sa réponse m’a vraiment surpris.

Choubi : C’est vraie que tu es maladroit en déclaration, mais j’aime ta franchise. Tu as réussi là ou beaucoup d’hommes ont échoué. Ils tournaient autour du pot, par contre tu es allé trop vite en besogne et j’adore les hommes osés. Ce que je n’ai pas aimé, c’est la fin « Si ta situation change ? » Qu’est-ce que ça veut dire ? SI j’attends le changement de ta situation pour sortir avec toi, ce ne serait pas naturel. Tu penses que j’suis ses genres de fille qui sortent avec un homme pour sa situation financière. Tu n’as pas entendu ce que je t’avais dit depuis le début. Je n’ai jamais voulu dépendre d’un homme. Si j’recherchais un richard, jamais tu n’aurais accès à moi. Financièrement, j’suis bien assise et je n’attends rien d’un homme si ce n’est de l’amour. Tu me déçois un peu. Tu es intelligent pour différencier une fille intéressée. J’ai tout aimé sauf la fin. En attendant que tu puisses différencier les choses, restons de bons amis.

Sora : Je m’excuse de ma maladresse. C’est ma première fois et je ne sais pas comme s’y prendre. Ce sera un grand honneur si tu acceptes d’être ma reine. Si j’parle de ma situation, c’est parce que si tu acceptes d’être avec moi, certaines personnes seront surprises. Elles se poseront des questions « Comment choubi peut sortir avec un chômeur ? » N’oublie pas, nous sommes au Sénégal. Une fois de plus si tu n’as pas aimé, je m’excuse.

Choubi : Tu penses que j’calcule l’opinion des autres. J’vois qu’il te reste beaucoup de chose à apprendre sur moi. Pour te prouver que ta situation financière ou ton chômage ne me dérange pas, j’accepte d’être ta copine.

Sora : Même si j’attendais cette réponse avec impatience mais il faut que nous éclaircissons quelque chose. Tu as été maladroite aussi en me disant « Pour te prouver que ta situation financière ou ton chômage etc… ». Je te rappelle que tu n’as rien à me prouver. J’veux que tu acceptes parce que tu le veux.

Choubi : C’est vrai et je m’excuse aussi. Mais stp, ne nous précipitons pas. Je ne peux pas sortir avec toi pour le moment et crois-moi, ça n’a rien à voir avec ta situation. Tu es adorable et intéressant mais pour le moment je ne peux pas accepter d’être ta copine. Laissons les choses se faire naturellement. Tu peux deviner que tu m’intéresses mais je ne peux pas me jeter comme ça. J’aimerai que nous soyons patients et avec l’avenir on verra. Pour le moment, j’veux faire de toi, mon confident, mon frère, mn ami etc. J’espère que tu me comprends.

Sora : J’préfère cette honnêteté. Je n’ai pas le choix. J’accepte ta décision. J’ferai tout mon possible pour être à la hauteur de tes attentes. Tu peux te confier à moi. Tu peux m’appeler quand tu veux.

Choubi : Merci pour ta compréhension mon ami et frère.

Nous rions un peu avant de discuter sur des choses de la vie. Nous sommes restés des heures dans ce milieu. Nous ne faisions pas attention du temps. C’était vraiment superbe de passer du temps avec une fille. J’découvrais un autre sentiment qui était inexplicable et bizarre à la fois. C’est comme si c’était chaud et froid, sucré et salé, triste et joyeux bref des choses et leur contraire.

Nandité : Mbeuguel ngamey tégal ni. (Tu me parles d’amour frère). Aka doy war mbeuguel rek dey fey prix. Attends de découvrir les autres choses qui s’y mélangent. Tu comprendras que Dieu a créé l’homme et la femme pour se compléter. Hâte de connaitre ton opinion, lors de ton premier rendez vous amoureux, si ça se tiendra bien sûr.

Ma joie de ce moment ne passait pas inaperçu. Elle me faisait cette remarque « Tu ne fais que rire. Lou xew ? » Je n’arrivais pas à répondre, tellement que j’riais comme quelqu’un qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Nous avons fini par quitter le milieu vers les 2h du matin. Je ne pouvais pas accepter qu’elle me dépose. J’ai insisté pour l’accompagner dans sa voiture jusqu’à son domicile. J’en ai profité pour savoir où est-ce qu’elle loge. Sur la route, elle me fait savoir qu’elle vivait avec un de ses frères qui est tout le temps en voyage. Elle vivait dans son appartement de fonction. J’ai l’impression qu’elle ne me disait pas tout. Elle dissipa mes doutes « Avec le temps si Dieu le veut, tu sauras tout de moi. Pour le moi, contentes-toi de savoir que j’vis avec mon frère ». Quand nous sommes arrivés, elle a insisté pour que j’monte visiter son appartement. Quand je l’ai parlé de son frère, elle m’assura qu’elle est en voyage pour 15 jours. J’ai cédé à sa demande en montant et j’ai découvert un appartement spacieux et trop luxueux mais simple. Je n’ai pas duré, j’ai quitté son domicile. Elle m’a apostrophé sur les escaliers avant de me donner un billet de 10.000F pour le transport. Je n’ai pas voulu accepter mais elle m’a supplié de les prendre « Si tu tiens vraiment à moi comme tu le dis, stp, prends ce billet pour ton transport. Ne soit pas orgueilleux, je ne le fais pas pour te minimiser ou des trucs du genre. Pour moi, nous pouvons nous entre-aider. En tout cas, c’est ma philosophie. Sois tu prends cet argent, sois je te dépose chez toi. Parce que, c’est moi qui t’ai invité. A toi de choisir ». J’ris avant de récupérer l’argent. Elle me donne une bise sur les joues avant de me demander de faire signe à mon arrivée. J’suis sorti de chez elle presque 3h moins du matin. Je ne savais pas que j’allais durer, je n’avais pas une clé de la maison. J’ai appelé Fatou pour qu’elle m’ouvre la porte, malheureusement, elle n’avait pas non plus une clé. Pourtant on mettait tout le temps une clé dans la cuisine pour en cas de situation pareille. Je l’ai demandé d’aller récupérer cette clé mais elle m’avoue une chose qui m’a surpris.

Fatou : Dsl Sora, ta maman a pris la clé, lorsqu’elle a su que tu étais sorti.

Sora : Quoi ? Qu’est-ce qu’elle gagnera ? Bon ce n’est pas grave. Couches-toi et excuse du dérangement.

J’ai raccroché mon téléphone avant de rappeler Choubi « Chou, j’suis bien arrivé, je m’apprête à me coucher comme ça. Mon lit me manquait grave, c’est la première fois que j’reste jusqu’à pareille heure dehors. Merci une fois de plus pour cette invitation. J’ai beaucoup aimé ». Elle rit avant de me souhaiter une bonne nuit. Je n’oublierai jamais ce jour. J’suis resté assis devant la porte de la maison, attendant patiemment l’ouverture de la porte. Heureusement que Papa se promène chaque 6h du matin. Lorsqu’il a ouvert la porte, il était étonné de me voir tôt ce matin. Il n’a pas pipé mot, il a continué son chemin. J’en ai profité pour entrer. J’ai filé directement dans ma chambre. Je n’ai pas dormi 2h de temps que maman frappe à la porte de ma chambre.

Maman : Mansour !!! Mansour !!! Mansour !!! Lèves-toi et laves les moutons avant de nettoyer leur enclos. Sors vite récupérer le savon et le nécessaire, j’dois aller au marché.

Je me suis levé avec la fatigue. Elle me remet le nécessaire. J’monte avec mon short. J’puisais de l’eau en bas pour le monter en haut. Nous élevions 5 moutons. Fatou était si fâchée. Elle a fait monter mon café. J’ai bu juste un verre de café avant de continuer sous le chaud soleil. J’avais un mal de tête terrible mais je n’avais pas le choix. J’ai fini vers les 13h. J’ai pris mon bain avant de regagner ma chambre. J’ai acheté une tablette de paracétamol pour calmer mes douleurs. Je me suis couché pour récupérer. En commençant à dormir, Fatou est venue m’appeler pour le déjeuner. J’avais tellement sommeil que je ne me suis pas levé pour manger. J’ai préféré me reposer. Mais comme la daronne ne voulait pas me voir dans ses conditions paisibles. Elle est venue me réveiller pour que j’assure le thé. Un de mes frères avait des invités. J’suis sorti pour m’y atteler. Papa est venu me parler.

Papa : Où est-ce que tu étais hier nuit ? Tu as passé la nuit dehors. Maintenant tu fais les voyous. Tu sors sans dire ta destination. Comme tu peux dormir dehors, continue tes sorties nocturnes.

Sora : Papa, j’suis majeur et vacciné. Même mes petits frères et petites sœurs sortent sans dire leur destination, donc pourquoi moi qui suis l’ainé j’dois demander la permission. (Il ne reparlait pas mais maman avait les oreilles tendues sur notre conversation. Le silence de papa l’a alerté et elle a répondu à sa place).

Maman : Sora quand est-ce que tu arrêteras de te comparer avec tes frères. Je te rappelle que c’est grâce à eux que tu manges à ta faim et bois à ta soif. J’ai l’impression que tu les envies (ignane baxoul). Si ça ne dépendrait que de toi, ils allaient chômer comme toi. Leurs réussites te dérangent mais c’est peine perdue. Chaque jour qui passe, ils iront plus hauts. Ils ont un bon cœur malgré ta méchanceté envers eux, ils continuent à te nourrir. Que ça soit la dernière fois que tu parles de ses braves fils. Envieux.

Sora : Maman trop c’est trop. J’suis loin d’un envieux. J’prie et j’souhaite qu’ils soient des directeurs dans leur lieu de travail respectifs. Jusqu’à présent, je n’ai rien dit de mal. Mais pourquoi, j’dois demander la permission pour sortir, alors que j’suis l’ainé. J’ai le droit d’aller où j’veux

Maman : Personnellement, je ne te l’empêche pas. Tu peux même passer chaque nuit dehors c’est ton problème. Ce qui est sur, j’fermerai la porte avant d’aller au lit. Si tu es là tant mieux pour toi et si c’est le contraire tant pis. Tu n’auras pas une clé de la porte d’entrée. Nitt dey kham bopam.

Sora : Ok les autres ont droit à leur clé mais pas moi. Bravo maman.

Papa : Il ne manquait plus que ça. Tu discutes les ordres de ta maman. J’crois maintenant aux paroles de ta maman. Tu commences à fumer de l’herbe ou tu bois.

J’ris et j’continue calmement mon thé. J’avais mal au cœur mais c’est ma maman. Je ne peux pas aller plus loin. J’ai choisi de me taire. Je ne pense pas qu’ils sont comme ça avec moi, juste parce que je ne travaille pas. Sûrement, y’a autre chose. J’reçois un texto de Choubi qui me fait du bien « Cc, donc c’est comme ça que monsieur compte me montrer qu’il m’aime ». J’réponds « Je ne voulais pas déranger. Tu as des responsabilités et tu dois préparer ta journée de demain. Les lundis sont un peu difficiles pour vous. Mais j’mourrai d’envie de t’écrire, parce que je ne peux pas t’appeler, le crédit c’est de l’or pour moi ymgx rire ». Elle me rappelle automatiquement mais elle a su très tôt que je ne pouvais pas parler. Elle m’a promis de me rappeler. A la fin de mon thé, j’suis sorti me promener un peu. J’ai acheté du cresh pour rappeler ma Choubi qui a décroché à la première sonnerie. Nous discutions un peu, elle voulait que j’raccroche pour qu’elle me rappelle mais j’ai refusé. Dama am diom nak. J’oubliais tous mes soucis quand j’cause avec elle. Je ne sais pas ce que demain sera mais elle me fait un bien fou cette fille. J’suis resté presque 2h de temps dehors à me promener. Il a fallu l’appel de Fatou pour que j’regagne le domicile. C’était l’heure du diner. Le mec de ma sœur Maï était là-bas. Nous avions échangé un peu. Je ne sais pas mais ce mec était gentil avec moi. Depuis cet incident, à chaque fois qu’il me croisait, il prenait la peine de me parler poliment. Ce respect dérangeait Maï qui le poussait à chaque fois. Après chaque repas, je m’enferme dans ma chambre. Maman était encore venue dans ma chambre pour le thé. Pourtant j’avais déjà commencé, parce que c’était mon quotidien. Elle a remarqué que j’avais déjà commencé, elle me remet les factures de l’eau et de l’électricité.

Maman : Demain avant mon réveil, j’veux que ce soit réglé. Tu iras à la SDE et à la SENELEC pour payer ses factures. L’argent est dans cette enveloppe. Elle contient 137.000F Cfa pour les 2 factures. J’ose espérer que tu as quelque chose pour le transport pour une petite participation. Tes frères paient les grosses sommes khana meune nga passal sa bop. Tu te laves et tu utilises tout le temps l’électricité, j’sais que s’il ne s’agissait que de toi, les compteurs seraient déjà pris. (Elle sort de la chambre)

A sa sortie, Fatou est venue. Nous discutions un peu. Je l’ai expliqué que j’devais partir payer les factures demain. Elle me demande si j’ai vérifié l’argent. J’ai répondu par la négative avant de compter. Au lieu de 137.000F CFA, y’avait 97.000F Cfa. J’ai recompté et c’était la même somme. En sortant avec les verres de thé, j’ai demandé à maman, si elle avait bien vérifié parce que y’avait que 97.000F au lieu de 137.000F. J’en ai pris pour moi.

Maman : Sora ton plan n’est pas bon. Tu vas sortir cet argent. Si tu veux truander, cherches-toi une autre cible pas moi. J’te donne toute la somme et tu me dis que ça manque. Tu penses que je ne peux pas compter ou quoi ? SI tu as un programme ou si tu veux acheter l’herbe que tu fumes, ce ne sera pas avec cet argent. Demain à mon réveil, j’veux mes factures avec les reçus.

J’ressors du salon. J’ai expliqué à Fatou et cette dernière me remonta un peu les bretelles « cette fois-ci, tu as fauté. Pourquoi tu n’as pas compté devant elle ? En matière d’argent faut toujours compter. Maintenant que feras-tu ? Si j’avais de l’argent, j’allais le compléter, je n’ai que 20.000F avec moi ». Moi aussi j’avais gardé 25.000F et j’ai pris 15.000F Sur Fatou avant de promettre de rembourser. Maman cherche tout le temps à m’humilier mais Dieu veille toujours sur moi. Le lendemain comme prévu, j’suis parti et j’ai tout réglé. A mon retour, je l’ai donné les reçus et les factures.

Maman : N’est-ce pas tu faisais les fous. J’croyais que je t’avais donné 97.000F truand. Mais je te comprends le chômage est dur. Si tu ne crois pas en Dieu, il te poussera à voler.

Pour la première fois depuis les agissements de maman que j’ai vu papa un peu gêné. Il a attendu la sortie de maman pour me retrouver dans ma chambre et me dire.

Papa : J’suis désolé Mansour mais je ne crois pas ta mère. Nous savons tous, qu’elle a manigancé cette histoire avec l’argent. J’sais que tu es le plus honnête de mes fils. Ne te prend pas la tête pour ça.

Sora : Papa, où est ce brave homme, qui dirigeait avec bravoure sa maison ? Cet homme qui ne laissait jamais passer l’injustice ? Cet homme exemplaire qui était mon idole ? Papa j’vs regarde et j’vois un étranger, un muet, un complice et un sans parole. Papa qu’est-ce qui s’est passé entre temps ? Papa j’ai toujours fait de mon mieux pour subvenir à vos besoins mais mes moyens sont limités. Je n’ai pas demandé à vivre cette situation mais que faire ? Je n’y peux rien de mon chômage. J’ai fait tout mon possible pour changer la situation mais je n’ai pas cette force pour changer les choses. J’attends juste mon heure et j’garde espoir que j’y arriverai. Papa je ne vous demande pas de transformer l’eau en vin pour moi, je ne vous demande pas d’être à mon côté ou truc du genre mais svp, laissez-moi en paix. J’veux juste vivre en paix. Maman ne peut plus me digérer mais au moins qu’elle me laisse vivre en paix. J’ferai tout mon possible pour qu’elle ne me croise pas tout le temps dans la maison. J’suis tout le temps dans ma chambre, je ne dérange personne donc pourquoi toute cette méchanceté, cette humiliation etc.

Je n’avais pas terminé que papa a entendu la voix de maman. Il se lève et me crie comme pour masquer quelque chose « Ne refait plus ce coup à ta maman. Si tu as besoin de l’argent, tu demandes mais pas diminuer l’argent des factures. Ne recommences plus ok ». Il sort de ma chambre. J’suis resté bouche bée.