Chapitre 8 : Faux-semblant
Nous sortons de la pièce, puis nous marchons jusqu'à la porte d'à côté, il l'ouvre, et me monte une chambre, au mur blanc, assez semblable à la mienne. Peu de chose y sont présentes, c'est très impersonnel.
Thomas : " C'est une chambre d'ami. Toutes les chambres ici, possèdent leurs propres salles bains. " dit-il, comme-ci il me faisait visiter un bien.
Il referme rapidement, puis nous nous dirigeons vers la troisième porte sur le pallier. Lorsqu'il la pousse, je suis presque soufflée de surprise. Je n'ai jamais vu une chambre aussi grande de toute ma vie! Elle est gigantesque! Il y a une grande baie vitré, qui donne sur la forêt, les murs sont peint d'un gris légèrement bleuté. Il y a un microscope, un coin bureau avec un ordinateur extrêmement sophistiqué. Il y a un grand lit à baldaquin noir, aux lignes carré et moderne. Aux murs sont accrochés des plans originaux des grandes villes d'Europe.
Thomas : " C'est ma chambre. " dit-il, me sortant de ma torpeur. Je ne cesse de regarder autour de moi, essayant de comprendre cet univers, à la fois élégant et empreint d'une certaine rigueur. " Mais, je viendrai dans ta chambre lorsque j'aurai besoin de toi. " dit-il, détaché.
Nous quittons le premier étage et descendons en bas. Il y a la cuisine que je connais déjà, le salon où j'ai tenté de m'enfuir, la salle à manger et un bureau, où se trouve une gigantesque bibliothèque. Il y a un canapé Chesterfield marron, en face d'un bureau en verre, il s'y assoit. J'observe jusqu'où monte l'échelle accolée aux étagères de la bibliothèque, mon cou me fait presque mal, quand je baisse la tête. Hormis dans sa chambre, toutes les pièces que je visite, ont des murs blancs.
Thomas : " Tu as le droit de prendre ce que tu veux ici. Des livres, du papier... tu peux même rester dans le bureau pour travailler si tu en as envie. En faites, tu peux aller et venir comme bon te semble dans la maison, hormis ma chambre et la pièce média, où il y a les écrans. Par contre, tu ne peux pas sortir dehors sans mon autorisation. Si tu sors, je t'accompagnerai. "
Théa : " Pourquoi, me montres-tu tout cela maintenant? " dis-je, curieuse.
Thomas : " Parce-que nous nous sommes mis d'accord. J'attends de toi, que tu restes toi-même. Parce-que c'est comme ça que je te veux, si tu te sens limitée dans tes mouvements ça ne marchera jamais. " répond-t-il, simplement.
Théa : " Et mes vêtements? Il faut que j'attende que tu me les déposent à chaque fois? "
Thomas : " C'est moi qui choisirai comment tu t'habilleras. J'ai remarqué à l'université, que tu avais des jambes sublimes, mais que tu ne les mettaient jamais en valeurs. Tu ne porteras que des robes et des sous vêtements que j'aurai choisi... et c'est aussi parce-que... " Il se lève du canapé, puis s'avance jusqu'à moi. Il colle presque sa bouche contre mon oreille. " ... quand j'aurai envie d'être en toi, je n'aurai qu'à soulever tes habits, et prendre ce à quoi j'ai droit. " chuchote-il, d'une voix rauque.
Il recule un peu, le temps de jauger ma réaction. Je le regarde, interdite devant ces paroles qui ne cachent pas ses intentions. Il me prend par la main, puis nous sortons du bureau. Nous nous rendons derrière la maison, à l'extérieur. Le vent frais vient me caresse le visage, et je me rends compte que ce contact naturel m'a manqué. Il y a un vaste jardin, avec quatre chaises longues en bois trempés, une cuisine extérieur et une piscine. Nous nous éloignons de la maison, pour nous retrouver devant un potager.
Thomas : " J'ai décidé de cultiver mes propres légumes, pour m'éviter de faire trop d'aller et venue, pour les courses. Je vais chercher tout ce que je ne trouve pas ici, en hélicoptère. Le reste, je le cultive. "
Théa : " Où sommes nous? Je veux dire... on est toujours aux États-Unis? "
Thomas : " Nous sommes sur une île aux large de Key Largo. À 100 km de la Floride. Il n'y a que moi qui vive ici... et toi maintenant. "
Théa : " Tu as un hélicoptère? " dis-je, étonnée.
Thomas : " Oui. J'ai appris à le piloter, dès que j'ai eu 18 ans. Je savais qu'un jour j'achèterais une île. Il me fallait donc, un moyen de locomotion approprié. "
Théa : " Tu vis ici de façon permanente? "
Thomas : " Je passe 50% de mon temps ici. Sinon, j'ai d'autres endroits... à droite à gauche... " répond-t-il, vaguement.
Décidément, aujourd'hui j'ai reçu bien plus d'informations que j'étais prête à recevoir. Cette île est la sienne, il a un hélicoptère, et de sa pièce multimédia, il surveille tout et tout le monde!
Théa : " Tu n'as pas de parents? " dis-je, sans détour.
Puisque nous sommes dans le moment des confidences, autant y aller. Il se retourne lentement vers moi, et m'assène un regard menaçant, comme-ci je l'avais insulté.
Thomas : " Nous en avons tous, sinon comment serais-je là? " répond-t-il, de façon énigmatique.
Théa : " Ta famille, encourage ton mode de vie? "
Thomas : " Je n'ai pas de famille, je n'en ai jamais eu, et ça ne m'a pas manqué. Quand à mon mode de vie, si je l'ai créé, c'est que je l'aime, entre autre chose... " Je tourne la tête, observant la maison, elle est gigantesque. C'est plus une demeure, qu'une maison en réalité. " On rentre, nous avons des choses à faire. " dit-il, sans attendre de réponse.
Je le suis silencieusement jusqu'à l'intérieur. Quand nous nous retrouvons à l'intérieur, je ressens soudain un changement d'atmosphère. Thomas me colle à lui, passe sa main dans mes cheveux et tire dessus, m'obligeant à lui faire face.
Thomas : " Monte dans ta chambre et assis-toi sur le rebord de ton lit. Je ne serai pas long. " dit-il, relâchant son emprise.
Je monte calmement à l'étage, puis rejoins ma chambre. Je m'assoie sur le rebord du lit, comme il me l'a demandé.
Que va-t-il me faire? Il m'a bien fait comprendre qu'il comptait avoir des relations sexuels avec moi, durant mon " séjour " ici. Suis-je prête à revivre ce qu'il s'est passée la nuit dernière? Je ne sais pas si j'arriverai à contrôler mon corps, qui ne fait que me trahir en sa compagnie. J'ai à peine le temps de réfléchir à la manière de procéder, qu'il est déjà là. Il s'avance tel un félin devant sa proie. Il s'immobilise devant moi, son entre-jambe placé en face de mon visage.
Thomas : " Tu m'as beaucoup déçue, quand tu t'es enfuie hier, tu le sais? " dit-il, d'une voix suave. Je lève la tête pour le regarder. Je ne vois que ses deux iris vertes, me jauger. " J'ai dit : tu le sais! " dit-il, plus froidement.
Théa : " Oui. " répondis-je, en baissant la tête.
Thomas : " Bien. Tu vas devoir me demander pardon. J'ai été contrarié, et il n'y a rien au monde, que j'exècre que d'être contrarié. "
Il m'observe, puis attend. Je comprends qu'il désire une réaction de ma part. Je cherche dans mon esprit, ce que je pourrais bien dire ou faire, pour me sortir de cette situation déconcertante.
Théa : " Par-don. " articulai-je, difficilement.
Thomas : " Tu vas devoir faire mieux que ça. Je veux sentir, que tu as vraiment envie que je pardonne. " dit-il, ne me quittant pas des yeux.
Je me lève, passe ma main sur sa joue, il sursaute un instant, comme-ci je l'avais brûlé. Puis, il se laisse faire, me regardant en coin. Je pose mes lèvres sur les siennes.
Théa : " Je te demande pardon, Thomas. Je ne le referai plus. " dis-je, contre ses lèvres.
Je lui assène un baiser profond, avec tout le calme qu'il m'est possible de réunir en moi. Lorsque j'ai fini. Je remarque qu'il a encore les yeux fermés. Il les rouvre après quelques secondes.
Thomas : " Je te pardonne, mais il n'y aura pas de prochaine fois." dit-il, dans un souffle.
J'acquiesce de la tête, sans croiser son regard. Je crois que j'ai évité le pire. Il passe sa main sur mon épaule, glissant jusqu'à ma main, puis il emmêle ses doigts aux miens et les porte à sa bouche. Je suis choquée par cet élan de douceur inhabituel, mais je ne montre rien.
Nous passons le reste de l'après-midi, dans le salon. Lui, son ordinateur sur les jambes, et moi, dessinant sans relâche pour me vider l'esprit, faisant semblant de m'être résignée à la situation.