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Chapitre 05

Chapitre 5

Quand j’ai vu Ismaïla, je me demande même si je n’ai pas fait pipi dans ma culotte.

Je sors un rire crispé quand il me demande de faire les présentations. Je vous explique une chose sur ce type, il est bien placé sur l’échelle allant de connard emmerdeur à Ismaïla Sow. Connard emmerdeur étant le moins élevé et Ismaïla Sow étant le plus élevé.

Il me sort de mes pensées.

-On dirait qu’elle a donné sa langue au chat…Dit Ismaïla en prenant place.

-Moi c’est Ismaïla, le cousin de son mari et toi tu es ??? Demande-t-il en tendant la main à Momar qui la lui serre.

-Momar, un bon ami de Souadou.

-Un bon ami…Djily est-il au courant que sa femme prend des déjeuners à deux avec de bons amis ?

Alors que je cherche quoi dire, Ismaïla regarde l’entrée du restaurant où se trouve une jeune fille.

-Mon rendez-vous vient d’arriver. Soua je t’appelle ce soir. Momar ce fut un plaisir…Sourit-il avant de se lever et d’aller à l’encontre de la demoiselle.

-J’imagine ton angoisse, tu crains qu’il dise la vérité à Djily.

-Il se fout pas mal de Djily. La seule personne qui intéresse Ismaïla Sow, c’est Ismaïla Sow. Je suis même encore surpris qu’il ait donné un travail à Djily quand il a perdu son entreprise.

-Tu le connais bien ?

-Pour être franche, c’est mon ex.

-Ton ex ? Ton mari a épousé l’ex de son cousin.

-Oui mais avec Ismaïla c’était juste une aventure. C’était du vite fait et je l’ai quitté dès que j’ai connu son cousin. Djily voulait du sérieux alors qu’Ismaïla ne voulait que s’amuser. Il a une année de plus que Djily et jusqu’à présent il n’est pas marié alors c’est peu dire.

-Je vois.

-Je veux rentrer.

-Pourquoi ?

-Parce qu’il y a ce salaud qui n’arrête pas de me jeter des regards avec un sourire pervers sur son visage.

-J’imagine que tu veux pas aller à mon appartement.

-Désolée mais je n’ai pas vraiment la tête à ça. Je veux rentrer et me remettre les idées en place.

-D’accord, comme tu veux.

Momar demande l’addition qu’il règle avant que l’on ne parte. Je prends directement un taxi alors que lui est retourné travailler.

Bordel de merde. Parmi toutes les personnes qui pouvaient me voir, il fallait que ça tombe sur cet abruti. Je suis à sa merci, c’est sûr qu’il va se jouer de moi.

Je demande au chauffeur de taxi de m’amener chez mes parents. Et j’envoie un message à Djily pour lui dire que ma mère ne se sentait pas bien et qu’il faut que j’aille la voir.

Je dois trouver une solution. Je sais qu’Ismaïla me fera du chantage. Il est pas bête, il sait que Momar est mon amant. Je ne dois pas lui donner ce plaisir.

*****

Une fois à la maison, je salue vite fait les membres de la famille que je croise et je vais directement dans la chambre de ma mère. Je la vois qui prie alors j’attends qu’elle finisse. Mon cœur bat à 100 à l’heure.

Elle a fini elle range la natte et se met à côté de moi.

-Comment tu vas ma fille ?

-Je vais bien.

-J’espère que tu prépares bien le mariage c’est juste dans quelques jours. J’ai déjà fait quelques achats avec l’argent que tu m’as donné. Ça fait plaisir de voir que ton mari en a à nouveau.

-En fait, maman je suis venue pour ça.

-Pour quoi ?

-L’argent que je t’ai donné ne vient pas de Djily.

-Quoi ? Alors il vient de qui ?

-De Momar.

-Qui c’est Momar ?

-Un ami… Dis-je d’une petite voix.

-Souadou, ne me prends pas pour une idiote. Un simple ami ne te donnera jamais autant d’argent. C’est ton amant ? C’est ça ??? S’étrangle ma mère.

Je hoche la tête et maman met sa main devant la bouche.

Après quelques instants, elle revient à elle.

-Souadou, je t’avais demandé de quitter ton mari dans la mesure où il n’arrivait pas à subvenir à tes besoins mais pas de te trouver un amant. Tu te rends compte de ta réputation, de la mienne si cette histoire éclatait?

-Mais maman lui il a pas l’air de vouloir se marier avec moi et je peux pas rester avec les miettes que Djily me donne attendant sagement qu’un homme riche s’intéresse à moi.

Maman fait un soupir.

-Maintenant qu’est-ce que tu comptes faire ?

-Maman je ne sais pas et le pire est qu’Ismaïla vient de me voir dans un restaurant avec Momar.

-Oh mon Dieu, il dira tout à Djily et c’est sûr qu’il te répudiera.

-Maman c’est Ismaïla, c’est le pire des salops que ce monde ait porté. Il verra ce qu’il peut avoir avec cette information avant de parler à Djily. J’imagine déjà le pire et je ne veux pas être la marionnette de cet imbécile.

-Ehhh nous, qu’est-ce qu’on va faire ?

-Maman je ne sais pas. Ça aurait été plus simple si Momar était disposé à m’épouser comme ça je récupérerai ma vie d’avant et Ismaïla ira se faire foutre.

-Si c’est ça, ce sera vite régler.

-Comment ça ?

-Fi Djily diarr ba takk la, sougne fa dougueuler Momar dou reuthie (Tout comme Djily, on va marabouter Momar).

-On va aller voir le marabout en Casamance ?

-Oui. Je ne vois pas d’autres solutions. Il faudra déjà qu’il soit raide dingue de toi pour qu’il te trouve un bon logement même si tu n’es pas sa femme. Après le divorce, l’Islam t’impose de rester 3 mois avant de te remarier et je sais déjà que tu ne peux pas venir ici.

-Mais comment je vais divorcer de Djily ? Je ne peux pas le quitter comme ça et me remarier. Je suis dans le même quartier avec la famille de Momar. Ils savent tous que Djily a fait faillite alors si je le quitte, ils comprendront que c’est pour l’argent.

Ma mère soupire avant de répondre.

-Si tu veux sauver ta réputation, il faudra que tu pièges ton mari et te transformer en victime.

-Me transformer en victime mais comment je ferai ? En 5 ans de mariage, Djily n’a jamais eu d’écart de conduite.

-Il faudra l’amener à en faire un ?

-Hun ?

-T’as de la chance ta domestique est jeune, belle et avec des formes généreuses. Djily est un homme c’est sûr qu’il l’a déjà remarqué.

-Tu veux que je demande à Sarah de le séduire ?

-Si tu le fais, tu sais qu’elle va refuser. Tu vas juste lui donner plus de responsabilités pour qu’elle se fasse plus remarquer par ton mari. Au fur et à mesure sans qu’aucun des deux ne comprenne ce qui se passe, tu diras partout que tu les as surpris ensemble. Tout le monde te croira, c’est devenu un vice chez les hommes mariés de coucher avec les domestiques. A ce moment tu pourras quitter ton mari sans problème et le divorce sera obtenu facilement pour cause d’adultère et pourquoi pas décrocher une pension alimentaire. Khaliss dou doy.

Je souris au plan machiavélique que ma mère venait de mettre en œuvre.

-Ismaïla c’est à toi de le gérer. Arrange-toi juste pour qu’il ne dise jamais la vérité à ton mari car s’il le fait, tout tombera à l’eau.

-Mais s’il me demande de coucher avec lui.

-Tu le fais.

-MAMAN…

-Quoi ? Le mal est déjà fait. Tout ce qui reste c’est de limiter les dégâts.

-Ok… Dis-je à contrecœur. Devenir le pantin d’Ismaïla ne m’enchante guère.

-Tu sais ce qui te reste à faire avec Momar ?

-Oui lui couper les ongles. Le marabout fait toujours le travail avec ça. J’espère juste que ce sera pas difficile.

-Comment tu avais fait pour avoir ceux de Djily ?

-Je lui avais proposé une manucure.

-Alors tu sais ce que tu as à faire… Dit ma mère en haussant les épaules.

-Quand est-ce qu’on va y aller ?

-Le mariage de Daba est dans trois jours. Le lendemain du mariage, j’irai chez toi voir ton mari pour lui demander de me laisser t’amener au village parce que je crains que les esprits soient la cause du fait que tu n’as pas d’enfants et après on prend un bus de nuit et on passera la journée chez le marabout.

-Bonne excuse.

-Je sais. Quand reverras-tu Momar ?

-Je ne sais pas encore mais mieux vaut que je le vois demain car après demain c’est impossible je passe la journée avec Amina et Seyni. Je dois récupérer ma tenue chez le tailleur et aller au salon pour nos coiffures.

-Comment tu vas te coiffer ?

-« Cheveux naturels », Momar m’a donné 300.000 juste pour ça.

-Ce Momar est un homme à marier. Récupère ses ongles et notre marabout fera le reste.

Mon portable sonne et c’est Djily mais je lui ai envoyé un message pour le prévenir non ? Que veut-il encore ?

-C’est Djily. Je lui ai dit que j’étais là parce que tu ne te sentais pas bien. Je vais voir ce qu’il veut.

-N’hésite pas à être désagréable, ça peut le pousser dans les bras de l’autre-là.

Je décroche et mets sur hauts parleurs pour que ma mère puisse entendre.

-Mon cœur, j’ai cru que t’avais pas ton portable avec toi.

-Ah… Je parlais alors j’ai pas fait attention. Que se passe-t-il ??? Grognai-je énerver.

-Hey, relax. C’était juste pour avoir des nouvelles de ta mère. Tu m’as dit qu’elle était pas bien, non ?

-Oui mais c’était plus de peur que de mal. Elle a pris des médocs et va mieux.

-D’accord. Si tu veux je peux passer te récupérer. Je suis en route en ce moment.

-Non c’est pas la peine.

Je raccroche instantanément.

-Tu as bien fait ma fille. Djily reste un homme et ils sont tous faibles. Ne lui fais pas de cadeaux et il se pourra que tu ne sois même pas obligée de mentir.

-Ça m’arrangerait bien... Soupirai-je avant de reprendre… Qu’est-ce qu’elles ont prévu pour le mariage. J’ai parlé de tout et de rien avec Daba hier. Elle m’a semblé anxieuse.

-Je pense qu’elle va faire un djakarloo. Les bâches devant la maison avec des tam-tams comme animation.

-Qu’elles sont radines !!! Pourquoi elle n’a pas loué une salle et faire une réception ?

-Dans le cas du djakarloo, tu reçois des cadeaux, les gens viennent danser et rentrent sans que tu leurs donnes à manger. Ta tante a bien tout calculé.

-Moi je suis obligée de venir le matin donc je me suis trouvée deux superbes tenues.

-T’as bien fait.

-Le soir, j’irai au salon de coiffure avec Amina et Seyni pour nous faire maquiller.

-N’oublie pas l’argent que tu devras remettre aux griots et à djams (enfants des tantes paternelles).

-Momar m’en a donné assez pour ça et je lui en redemanderai demain.

-Comme je t’ai dit, en matière d’argent on en a jamais assez.

Je continuais à parler de tout et de rien encore une bonne heure, histoire de rentrer tardivement à la maison et de rendre Djily furieux.

*****

J’utilise mes clefs pour ouvrir la porte d’entrée. Dans le salon, Djily est sur le canapé à sa place habituelle et Sarah sur un fauteuil en train de regarder ses doigts noués. Cette gamine aussi est trop sage, elle ne regarde même pas la télé. J’aimerai bien savoir comment arriverai-je à piéger les deux ?

-Bonsoir…Dis-je en entrant.

-Ah t’es de retour tata…Sourit Sarah.

-Je pensais que tu étais rentrée… Dis-je à Sarah.

-Non, tu m’avais dit de ne jamais quitter la maison sans que tu sois de retour.

-Oui c’est vrai.

-D’ailleurs je voulais vous parler... Dit Sarah avant que je vienne me mettre à côté d’elle.

Djily est toujours concentré sur son journal télé.

-Je t’écoute.

-En fait, tata Maty m’a demandé de me trouver un logement.

-Pourquoi elle a fait ça ?

-Normalement en trouvant un travail de domestique, je devais dormir chez mes employeurs. Malheureusement c’est sur vous que je suis tombée et il y a pas assez de place. Selon tata Maty, je suis encore une bouche à nourrir et qu’elle ne peut plus gérer.

Alors que j’analysais ce qu’elle est en train de dire, une idée fait « tilt » dans ma tête.

-Tu peux venir dormir ici.

-Quoi ??? Sursaute Djily.

-Elle peut venir dormir ici. Avec ce qu’on lui paie, elle peut pas se trouver une chambre et je veux pas perdre une bonne employée.

Djily sait que j’ai raison alors il ne dit plus rien. Et si Sarah loge ici, l’accusation d’adultère sera plus crédible.

-Malheureusement le canapé n’est très confortable mais on a un petit matelas dans le magasin. Si ça te dérange pas de ne pas dormir sur le lit, tu peux toujours déplacer la table te coucher au milieu du salon.

-Bien sûr que ça me dérange pas. Je peux amener mes affaires demain ? Avec tata Maty c’est assez tendu ces temps-ci.

-Aucun problème.

-Si tu veux, je peux servir le diner avant de rentrer.

-Oui, fais le nécessaire en attendant que je vais prendre une douche.

*****

Sous la douche j’entends mon portable sonner. J’ai modifié le nom de Momar pour le remplacer avec Amina et je sais que si Djily dit « Allô » Momar ne parlera pas alors j’angoisse plus.

Je sors de la salle de bains. Quand je regarde mon portable, je vois le nom de Ismaïla, quelle plaie !!!

S’il y tient, il va rappeler.

Ismaïla rappelle quand j’ai fini de m’habiller.

Je décroche.

-Allô.

-Ma chérie, pourquoi tu te fais désirer ?

-Que veux-tu ?

-Comment va Momar ? Il m’a semblé être un chic type.

-Il l’est.

-Où est ton mari ?

-Dans le salon, pourquoi ?

-Juste pour savoir si tu pouvais parler. Ok je te rappelle.

Cet imbécile raccroche. Putain dans quoi je me suis fourrée ?

Je me rappelle que je devais voir Momar demain pour cette histoire d’ongles.

Je lui envoie un message pour lui dire que je me sentais mal de la façon donc notre rendez-vous s’est terminé et que je voulais qu’on remette ça à demain et cette fois-ci j’avais une surprise.

Il me dit que ça lui fera plaisir et qu’on se voit directement à son appart.

Je vais dans le salon où je trouve Sarah qui a fini de dresser la table et a mis le nécessaire.

-Je peux amener le plat ??? Demande-t-elle alors que je réponds par un hochement.

Je prends place. Si ça se voit que Djily est fâché, je sais qu’il ne va rien dire devant Sarah.

Nous mangeons ce que Sarah a préparé et quand nous avons fini, elle débarrasse, range la cuisine avant de rentrer chez elle.

Dès que Sarah sort, y a Djily qui commence.

-Je peux savoir pourquoi tu m’as raccroché au nez ?

-Je ne t’ai pas raccroché au nez, j’étais occupée.

-A faire quoi ? Tu m’avais dit que ta mère allait mieux.

-Djily, j’étais occupée, j’étais occupée et moi sakh j’ai mal à la tête, je vais me coucher… Dis-je assez rapidement avant de retourner à la chambre sous le regard pas pour le moins surpris de mon futur ex-mari.

*****

Aujourd’hui je me rends chez Momar avec tous mes produits d’une bonne manucure.

Momar est déjà devant l’immeuble en train de m’attendre.

-Bonjour…Dit-il en me faisant la bise.

-Bonjour

-Je suis très pressé de voir cette surprise.

-Tu verras.

Nous allons ensemble à son appartement avant de nous placer dans son salon.

Je prends sa main et ça c’est pas un mensonge, quelqu’un doit s’occuper de ses ongles. Je ne sais pas pourquoi les hommes sénégalais pensent que ça fait pd de faire attention à ces petits détails.

-Aujourd’hui je veux bien m’occuper de toi… Dis-je en sortant les articles.

-Je suis tout à toi.

-Je vais d’abord commencer par ces ongles.

-Ils ont quoi ?

-Ils ont besoin d’être manucurés mais je suis là pour ça. Tout ce que tu as à faire c’est de me regarder et me laisser faire.

Momar sourit en me tendant les mains. En fait ce sera plus facile que ce que je pensais.

N.D.A : Sarah sur l’image.

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