Chapitre 2

Luna avançait lentement à travers la forêt, ses pieds frôlant le sol couvert de feuilles mortes, leurs craquements résonnant dans le silence. Elle se sentait vulnérable, mais déterminée. Chaque pas la rapprochait d’une promesse, celle d’une vie où elle pourrait enfin respirer sans craindre la prochaine explosion de colère de son père. Elle savait que son échappée serait risquée, mais elle sentait quelque chose la guider, une force douce mais tenace. C’était son loup, Nox, qui murmurait en elle, lui apportant le courage dont elle avait tant besoin.

*Tu as entendu ça ?* pensa-t-elle, s’adressant mentalement à Nox, son compagnon silencieux mais fidèle.

*Oui, ne t’inquiète pas. C’est le vent. Continue d’avancer. Fais confiance à notre instinct,* répondit Nox, sa voix douce mais assurée résonnant dans son esprit. Luna sentit une vague de réconfort la traverser. Elle savait que tant que Nox serait avec elle, elle ne serait jamais seule.

Elle s’enfonça plus profondément dans la forêt, passant entre les arbres comme une ombre. Le sol était humide, et le parfum des pins et de la terre fraîche embaumait l’air. Elle remarqua alors quelque chose d’inhabituel, une légère ouverture dans le sous-bois, presque cachée par des buissons épineux et des branches entremêlées. Curieuse, elle s’approcha et écartant délicatement les branches, découvrit ce qui ressemblait à un petit sentier étroit, presque invisible à l’œil nu. Ce passage semblait différent des autres chemins qu’elle connaissait dans la forêt, comme s’il avait été oublié, ou dissimulé volontairement.

*Regarde ça, Nox…* pensa-t-elle, fascinée.

*Je le vois. C’est peut-être un signe. Ce chemin pourrait te mener loin de Ronan, loin de cette vie de souffrance,* répondit-il d’un ton encourageant. *C’est une opportunité. Une chance.*

Elle hésita un instant, ses yeux scrutant l’obscurité du passage. Une part d’elle-même craignait l’inconnu, mais une autre brûlait d’envie de le découvrir, d’aller plus loin, de repousser les limites de son existence confinée. Depuis trop longtemps, elle avait vécu dans la peur, la douleur et le silence. Aujourd’hui, elle voulait que ce silence soit enfin le sien, non plus un fardeau mais une force.

Luna prit une grande inspiration et avança prudemment, ses pas lents et mesurés. Chaque brin de fougère, chaque branche semblait l’accueillir dans cet endroit secret, comme si la forêt elle-même voulait l’aider. Le sentier serpentait à travers les arbres, se faufilant entre les racines et les rochers. Plus elle avançait, plus elle sentait une étrange énergie monter en elle, une sensation de liberté qui l’électrisait, réveillant quelque chose de sauvage et indomptable.

*Nox, tu penses vraiment que je peux m’enfuir ?* Elle n’était jamais allée aussi loin sans une permission de Ronan, et cette idée la rendait nerveuse.

*Je ne pense pas que tu puisses t’enfuir, Luna. Je sais que tu peux le faire,* répondit Nox avec une assurance inébranlable. *C’est le moment. Plus jamais nous n’aurons cette chance. Nous devons la saisir.*

Les paroles de Nox emplirent son cœur de chaleur et de détermination. Elle n’avait pas seulement besoin de fuir, elle en avait besoin pour survivre, pour retrouver la partie d’elle-même qui s’était éteinte au fil des années. À cet instant, elle sentit son courage grandir, comme une flamme que ni la peur ni le doute ne pouvaient éteindre.

Elle marcha longtemps, peut-être des heures, à travers des sentiers sinueux, les sens en alerte, les muscles tendus. Elle savait que si quelqu’un la surprenait, les conséquences seraient terribles. Mais elle était prête à prendre ce risque. Plus elle s’éloignait, plus elle sentait la distance qui la séparait de son ancienne vie.

*Je suis fier de toi, Luna,* murmura Nox, une tendresse rare dans sa voix. *Peu de gens auraient le courage d’affronter leur destinée comme tu le fais.*

*Merci, Nox,* pensa-t-elle, touchée. *Je ne pourrais pas y arriver sans toi.*

Un bruissement soudain la fit s’arrêter, son cœur bondissant dans sa poitrine. Elle retint son souffle, guettant le moindre mouvement. Ses yeux scrutèrent les environs, mais il n’y avait rien, seulement le silence de la forêt, profond et apaisant.

Soudain, une pensée traversa son esprit. Et si ce sentier était surveillé ? Et si Ronan avait prévu son évasion, laissant cet itinéraire comme un piège pour la punir de sa trahison ? Cette pensée la fit frissonner. Son père avait toujours su comment manipuler, comment instiller la peur et la culpabilité en elle, jusqu’à ce qu’elle se sente coupable d’avoir seulement osé rêver d’une autre vie.

*Luna, ne laisse pas le doute te consumer,* intervint Nox, sentant son hésitation. *Chaque pas te rapproche de la liberté. Laisse Ronan derrière toi. Il n’aura plus de pouvoir sur nous une fois que nous serons loin d’ici.*

Ces mots ravivèrent la détermination de Luna. Elle se redressa, et d’un geste résolu, reprit sa marche, plus décidée que jamais. Ce passage secret représentait son ultime chance, et elle était prête à la saisir, quelles que soient les conséquences. Elle sentit ses mains trembler d’émotion, et son souffle se fit plus court, mais elle continua, chaque pas un défi, chaque respiration une victoire.

Après un moment, elle remarqua que le sentier devenait plus large, les arbres s’écartant pour former une petite clairière. La lumière de la lune éclairait doucement cet espace ouvert, et elle leva les yeux pour admirer les étoiles qui scintillaient au-dessus d’elle, comme un rappel de ce que serait la liberté, lumineuse et vaste.

*Nous y sommes presque,* pensa-t-elle, émue par la beauté du moment.

*Oui, Luna. Nous sommes plus proches que jamais. Ce monde qui s’étend devant toi est le tien. Prends-le,* murmura Nox, sa voix empreinte d’une profonde sagesse.

Pour la première fois, Luna sentit son cœur s’ouvrir à l’inconnu, non plus avec crainte mais avec une avidité nouvelle. Elle savait que ce chemin, si incertain soit-il, était le sien. Ce soir-là, sous les étoiles, elle fit un vœu silencieux, promettant de ne plus jamais laisser la peur dicter sa vie.

Elle leva les yeux vers la lune, un sourire timide illuminant son visage. Puis, avec un dernier regard en arrière, vers le territoire qu’elle quittait, elle s’élança vers l’horizon, vers un avenir où elle pourrait enfin être elle-même, sans chaînes, sans peur.