Chapitre 1
Luna se tenait à la lisière de la forêt, observant le ciel s’assombrir. Le bruit des feuilles dans le vent était à la fois apaisant et oppressant, comme un murmure secret que seule elle pouvait entendre. Elle avait toujours aimé cet endroit, ce refuge caché qui lui permettait d’échapper à la cruauté de sa meute, même si ce répit n’était que temporaire. À chaque coucher de soleil, un mélange de douleur et de désir d’évasion l’envahissait. Elle était une loup-garou, mais en ce moment, elle se sentait plus humaine que jamais, piégée dans un monde qui ne comprenait pas sa douleur.
Ses pensées vagabondaient vers sa mère, une douce femme qui l’avait élevée avec amour. Les souvenirs de ses rires résonnaient dans son esprit comme une mélodie familière, mais cela ne faisait que renforcer la douleur de son absence. * »Maman, pourquoi es-tu partie ? »* se demandait-elle souvent, alors que la réalité de son père, Ronan, s’installait dans son cœur comme une ombre persistante.
Elle ferma les yeux et se laissa emporter par un souvenir. C’était une belle journée d’été, et les rayons du soleil filtraient à travers les feuilles des arbres. Sa mère l’avait emmenée cueillir des fleurs sauvages. Luna se souvenait de son rire cristallin, si léger qu’il semblait se mêler au chant des oiseaux. « Regarde, Luna, celles-ci sont les plus belles, » avait-elle dit en lui tendant une fleur violette. « Elles sont comme toi, uniques et précieuses. » À cette époque, elle ne savait pas à quel point ces mots seraient essentiels dans les années à venir.
Mais cette lumière avait disparu, remplacée par l’obscurité que Ronan avait apportée dans leur vie. La mort de sa mère avait brisé quelque chose en elle. Depuis ce jour tragique, son père était devenu un étranger, un homme consumé par la douleur et la colère. Ses mains, autrefois réconfortantes, étaient devenues des instruments de douleur. Les souvenirs de ses abus la hantaient, chaque mot méchant résonnant comme un coup de poignard dans son cœur. * »Tu es faible, Luna, une honte pour notre meute, »* lui disait-il, chaque syllabe pesant comme une pierre sur son âme.
Elle se rappelait d’une nuit en particulier, où il était rentré ivre, la rage bouillonnant en lui. Elle était assise dans sa chambre, enroulée dans une couverture, espérant que cette fois, il la laisserait tranquille. Mais il était entré, les yeux flamboyants de colère. « Qu’est-ce que tu fais là, cachée comme une petite souris ? Tu penses que je ne te vois pas ? » Sa voix était un grondement, et elle pouvait sentir la peur se glisser dans ses veines.
« Maman… » avait-elle murmuré, mais ses mots étaient restés coincés dans sa gorge, incapables de franchir la barrière de son silence. Elle était muette depuis l’âge de quinze ans, une tragédie qui l’avait isolée encore plus. La perte de sa voix avait été un coup dur, mais c’était la douleur de son père qui l’avait vraiment détruite. Elle savait qu’elle devait fuir, que son cœur était en train de se briser sous le poids de ses chaînes invisibles.
« Regarde-moi quand je te parle ! » avait-il hurlé, et elle avait baissé les yeux, se sentant petite et insignifiante. Ronan s’était approché, son odeur d’alcool et de tabac l’enveloppant comme un nuage noir. Elle avait voulu disparaître, se fondre dans le mur derrière elle. Puis il l'avait frappée, la faisant tomber à terre, les larmes coulant silencieusement sur ses joues.
Cette nuit-là, elle avait compris qu’elle ne pouvait pas rester. Le lendemain, elle avait passé des heures à planifier son évasion. Elle se souvint des mots de sa mère, lui disant que la liberté était un droit, un rêve que chacun devait poursuivre. Elle voulait retrouver cette liberté, celle qui lui avait été volée.
Luna était perdue dans ses pensées lorsque la voix de Ronan la sortit de sa torpeur. « Luna ! Où es-tu ? » Sa voix résonnait dans la forêt, pleine de colère et de désespoir. Elle savait qu’elle ne pouvait plus supporter ça. Le cœur battant, elle tourna les talons et courut, ses jambes prenant vie sous l’urgence de son désir d’évasion. La forêt, autrefois un lieu de réconfort, devenait maintenant son chemin vers la liberté.
Alors qu’elle fuyait, chaque pas lui donnait une nouvelle force, une nouvelle détermination. * »Je ne vais pas laisser mon père me contrôler. Je vais m’échapper,"* se répétait-elle, la voix de Nox, son loup intérieur, l’encourageant dans son esprit. * »Tu es forte, Luna. Ensemble, nous serons libres. »*
Ses yeux s’illuminèrent d’espoir. Le bruit des feuilles sous ses pieds semblait presque lui murmurer des encouragements, et pour la première fois depuis longtemps, elle sentit un frisson de bonheur l’envahir. Le vent caressait son visage, comme une promesse de nouveaux commencements.
Finalement, elle atteignit la lisière du territoire de sa meute. Elle s’arrêta un instant, le cœur battant la chamade. * »C’est maintenant ou jamais, »* pensa-t-elle, prenant une profonde inspiration. En un instant, elle s’élança à travers les arbres, se dirigeant vers un avenir incertain mais rempli d’espoir. La peur la suivait, mais elle était prête à se battre.
« Tu ne peux pas partir, Luna ! » cria Ronan derrière elle, mais ses mots étaient comme des échos dans un vide, incapables de la retenir. Elle avait déjà décidé, et rien ne pourrait l’arrêter. Chaque pas la rapprochait de sa liberté, de la promesse d’un avenir où elle pourrait être elle-même, sans chaînes ni souffrances.
La forêt s’étendait devant elle, mystérieuse et accueillante, prête à lui offrir la chance qu’elle avait tant désirée. Luna savait qu’elle ne pouvait plus rester en arrière. Elle était sur le point de commencer un voyage qui changerait sa vie à jamais.