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CHAPITRE 9

– Oui, un seul plaisir !

– Je ne vous crois pas au sérieux.

– D’accord, accorde-moi quelques secondes s’il te plaît.

Sur ces mots, mon compagnon arracha son sac à main qui était posé à même la table et en sortit son chéquier. Tout pressé, il se mit à remplir quelques références tout en me demandant mon nom et prénom. Je le voyais faire et lorsqu’il finit, il me tendit un papier qu’il venait de déchirer du carnet.

– Tiens, c’est à toi !

– Quoi, c’est à moi ? lui demandai-je, troublée.

– Oui, c’est à toi ; je t’ai fait un chèque en blanc. Tu es libre de te rendre à la banque à tout moment pour retirer n’importe quelle somme d’argent que tu voudras.

Lecteurs, ne le prenez pas pour un stupide. Cette signature qu’il a faite, c’est bien moi qui l’ai faite. Je l’animais pendant qu’il la signait. J’étais dans son corps, signant ce chèque. Ma mission dans sa vie, c’était de le ruiner ; le réduire à zéro ; le détruire. Qu’il passe de Héro à zéro, c’était juste mon plan. Et une fois que j’arrivais déjà à le séduire déjà de mes paroles, c’était suffisant.

Je lui arrachai le chèque avec un merci.

– Et où se verra-t-on ce soir ? lui demandai-je.

– Propose l’endroit où je viendrai te chercher, dit-il d’un miraculeux sourire.

– Ok, pouvez-vous venir m’attendre en face du cours primaire Bel Espoir ?

– Avec plaisir ! À quelle heure ?

– Dix-neuf heures.

– Parfait ! Pourrais-je avoir ton numéro de téléphone ?

– Je n’en ai pas ! Mes parents me tueraient s’ils en découvraient un sur moi.

– Ok je vois ; je pense que tu seras ponctuelle ?

– Je crois que c’est notre premier rendez-vous ; comptez donc sur moi.

– D’accord, marché conclu ; rejoins maintenant ta classe et de grâce, il faut que cet entretien reste privé entre toi et moi.

– Je suis une femme mais pas une femmelette.

– D’accord, je te fais confiance.

Très contente de mon chèque, je disparus en vent de la cour.

À mon arrivée en classe, Aline qui me guettait depuis mon départ et comptait peut-être mes minutes d’absence, me demanda d’où est-ce que je sortais en sueur.

– Regarde ça ; c’est Guillermo, notre ancien professeur des sciences de la vie et de la terre qui me l’a signé.

– Quoi ? soupira ma copine, essoufflée ; n’est-ce pas un chèque ?

– Oui, un chèque ; mais pas un simple chèque ; un chèque en blanc, lui soulignai-je.

– Quoi ? Que tu es chanceuse, toi !

– Merci ! Et tu sais, j’ai encore un rendez-vous avec lui ce soir.

– Ah bon ? À quelle heure ?

– Dix-neuf heures !

– Mouais ! Que c’est chic ! Et que vas-tu lui offrir en guise de ce chèque ?

– Je ne sais pas encore ! Avant que je ne m’y aille, je vais demander à Oga, ce que je vais lui faire. Mais je n’aimerais pas qu’on le tue. J’aimerais qu’on le laisse en vie pour bien profiter de ses fortunes.

– D’accord ! Dans ce cas, je te soutiens.

Ma copine et moi passâmes quelques minutes à bavarder puisqu’on avait une heure de repos avant l’arrivée du prochain professeur des cours de la journée.

***

Le crépuscule était enfin au rendez-vous du jour.

Dans peu de minutes, allaient sonner dix-neuf heures. J’avais déjà ma mini-jupe enfilée. Il était temps que j’aille demander la permission à mes parents ; leur mentir que j’allais chez une copine d’à-côté, histoire d’éviter des injures de la part de ma mère ou des coups de fouets de la part de mon grand frère dès que je serais de retour.

Certes, avant d’aller demander cette permission qui m’était formelle et obligatoire, il me fallait à tout prix de dire quelque chose avec ma Patronne en secret.

J’étais déjà au lieu où allait avoir la communication entre la prétendue et moi ; j’étais en face de la glace à travers laquelle ma reine a l’habitude de me répondre. Toute personne qui entrerait dans ma chambre et verrait le machin croirait que c’était de simple objet alors que c’était faux ; seule je savais le rôle qu’il jouait là.

Eh oui, d’une représentation naturelle, c’était un simple miroir. Mais, spirituellement, c’était un objet à pouvoirs mystiques. Non seulement la personne qui oserait se mirer là-dans enterrerait d’office sa carrière d’évolution dans la vie mais aussi, elle écourtera sans savoir sa durée de vie parmi les humains.

À travers cette même et unique glace, je voyais tout ce qui se passait au fond de la mer. Ce miroir magique, je ne l’avais hérité qu’après ma première mission dont la destruction de la vie de l’imbécile qui avait décidé à poing ferme de me remorquer pour le supermarché lorsque maman m’avait envoyée lui faire des emplettes.

En effet, en face du miroir, j’interpellai ma reine Oga. Depuis le jour qu’elle a lu dans mes actions que j’étais déterminée à travailler sérieusement pour elle, notre liaison amicale avait pris une autre tournure. Elle et moi étions devenues de vraies et de véritables amies. Elle répondait le plus vite possible à mes appels que lorsque les autres l’interpelaient en cas d’urgence.

Ce soir-là encore, elle ne tâcha pas de me répondre.

– Ma reine, bonsoir !

– Oui bonsoir ma fille, en quoi puis-je t’aider cette fois ?

– Je vais à une mission ; c’est possible que j’y aille ?

– Oui, tu peux y aller, ma fille ! Vas-y seulement, il n’y a rien qui peut te bloquer.

– D’accord, ma reine ; mais j’ai le cœur émergé de peur.

– Et pourquoi ?

– Je ne saurais le dire ; j’ai juste peur et je ne sais pas pourquoi.

– Bien ! Rien ne va se passer ; je serai à tes côtés jusqu’à la fin. Je vois combien cet homme est d’une étoile étincelante. Je t’aiderai dans la mission ; va et détruis toutes ses chances ! Offre-lui seulement ta partie intime comme il en demande. Lorsqu’il abusera bien de ton corps et sera enfin sur le point de vouloir éjaculer, le fétiche chargé des spermes viendra recueillir le liquide. Tu as ma parole et ma bénédiction. J’espère que tu n’as pas oublié le totem principal ?

– Le port du préservatif n’est-ce pas ?

– Bien trouvé ! Il faut le lui empêcher, c’est très important.

– Ma reine, je vais tout gérer ; croyez-moi. Et puisque le temps passe, laissez-moi aller vite. Il serait déjà au lieu que je lui ai proposé en train de m’espérer.

– D’accord, vas-y, ma fille et bonne chance à toi !

– Merci !

Et pouf, Oga disparut de la surface du miroir.

C’était enfin le moment d’aller demander la permission à ma mère. Papa, toujours occupé par son boulot de marketing, était en voyage sur le Canada depuis près de six semaines.

En allant vers maman, j’avais croisé ma sœur Nadège. Nadège, comme tous les jours, a toujours été ma rivale. Toujours quand elle me voyait, elle avait toujours quelque chose à me reprocher. Dans la maison, on dirait qu’elle était mon éducatrice. Je pleure parfois de l’avoir pour grande sœur. Je regrette parfois de ne l’avoir pas pour une petite sœur.

– Où vas-tu à cette heure-ci avec cette mini-jupe collante où l’obscurité s’empare déjà du paysage ? me demanda-t-elle, la voix haute et menaçante.

Je savais que cette idiote allait une fois encore trouver quelque chose à dire et dès que je l’avais croisée, une grande tristesse avait enveloppée mon âme.

– Je vais pour prendre mon cahier de français chez ma copine Aline, lui répondis-je.

– Impossible, tu ne bougeras pas à cette heure-ci ; retourne vite dans ta chambre immédiatement.

Dieu de mer, quel est son inquiétude dans mon malheur ?

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