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CHAPITRE 6

Au lendemain de nos fêtes…

Le lendemain était lundi, premier jour de classe de la semaine.

À mon arrivée à l’école ce matin-là, j’ai vu mon professeur des sciences de la vie et de la terre devant l’administration. De loin, je le voyais me regarder admirablement. Oui, ce beau lundi, il était le premier à être sidéré de ma beauté. Dans ma peau, il y avait un signaleur automatique qui, à chaque fois que quelqu’un m’admirait, une voix intérieure me le faisait savoir et si c’est à gauche par exemple, la voix me le disait ou si c’est à droite ou devant ou derrière, je le pressentais quand même.

C’est ainsi que ce matin, la voix me parlait et lorsque je cherchai à m’en assurer, je vis effectivement mon professeur, devant la salle des professeurs, dans son entrain. Ce farfelu de professeur dont la tête ne m’avait jamais chantée me regardait. Cela faisait bon temps que je le guettais mais jamais il ne tombait dans mon piège.

Au fait, lorsqu’il fût mon professeur l’an passé, à cause d’un petit mot que j’avais omis pour donner la définition intégrale de “paysage”, cet idiot avait diminué mes points et au lieu de m’attribuer sans se gêner une note de dix-sept sur vingt, il m’avait plutôt attribué quinze. Quinze parce que la seule réponse de la définition était notée sur deux points et suite à ma petite erreur que j’avais commise tout simplement parce que j’étais pressée sur ma feuille de composition, il avait barré toute la réponse de l’exercice numéro quatre et m’avait mis un gros zéro au lieu de un ou un virgule cinquante. Depuis ce jour, je l’avais pris pour mon pire ennemi mais il ne le savait pas.

En effet, je ne lui prêtais aucune attention et allais tout droit devant moi lorsque tout à coup, je l’entendis crier mon prénom. Je le regardai et fit comme si je ne l’avais pas entendu. Et au lieu d’éviter le diable en me laissant aller droit où j’allais, il insista. Une deuxième fois encore, je fis semblant à ne pas toujours l’avoir entendu. Il y avait des milliers d’élèves qui passaient devant lui, les pas pressés puisque la sirène allait tantôt donner le premier cri pour rassembler tout le monde au mât. Je savais bien que c’était moi qu’appelait ce monsieur mais je l’ignorai et petitement, j’évoluais dans ma marche.

Clopin-clopant, je progressais dans ma marche lorsque je l’entendis me héler de plus fort. Alors, pour lui exprimer que je venais de l’entendre, je lui lançai un regard. Ensuite, j’allai à sa suite pour savoir pour quoi me voulait-il.

– Bonjour monsieur, dis-je révérencieusement.

Au lieu de me répondre, mon interlocuteur se mit plutôt à m’exposer ses sales dents pourries comme si c’était pour ça qu’il m’avait interpelée. J’avais aussi l’envie de lui exposer les miennes pour qu’il se rende compte que les miennes étaient encore plus propres et plus jolies que les siennes. Mais puisque je le prenais déjà pour un adversaire, je ne voulais pas perdre mon temps à jouer avec lui.

– Euh…rappelle-moi ton prénom, s’il te plaît.

– Founkè, lui répondis-je.

Il fut aussitôt étonné et s’emmura dans un court silence.

Oui, il avait bien raison d’être surpris parce qu’il ne me connaissait pas de ce prénom ; tout le monde me savait d’Octavia.

– Mais, tu ne t’appelais pas comme ça ! rectifia-t-il.

– C’est vrai, on m’appelle Octavia.

– Voilà, Octavia ! Et pourquoi Founkè encore ?

– C’est mon prénom indigène et il y a d’aucuns qui m’appellent comme ça.

– Je vois, tu as cours à huit heures n’est-ce pas ?

On imaginerait combien cet imbécile de soi-disant professeur était tombé sur le crâne. Sinon, comment voir de ses sens que quelqu’un est en uniforme kaki et lui demander encore s’il avait cours ou non. À sa question, je voulais lui demander s’il n’avait plus sa conscience en forme pour savoir si j’avais cours ou non. Mais, si je faisais ça, c’était une façon de lui manquer du respect.

– Oui, finis-je par lui répondre d’un sourire aux lèvres.

Pour attirer plus l’attention des hommes, j’avais l’habitude de laisser les racines de mes seins à découvert.

Ma couturière prenait soin de bien confectionner mes tenues et par leur dessus, on pouvait identifier la grosseur de mes seins. Les hommes n’avaient pas besoin de me déshabiller avant d’être excités. Pour les faire baver encore plus, je ne portais pas parfois de soutien-gorge et laissais mes mamelons à découvert.

Or, toi qui te fais appeler homme, lorsque tu te laisses tromper par les bouts de mes mamelons, tes chances se réduisent d’abord à soixante-dix pourcent. Par conséquent, il ne suffisait pas que tu passes la noce avec moi avant d’être complètement dénudé de tes chances.

– Que tu es belle, ce matin, me déclara-t-il.

Cette simple phrase que venait d’employer cet homme l’avait déjà plongé dans le piège.

– Merci, monsieur !

– Dis-moi, est-ce qu’on peut se voir à dix heures, à la fin de tes cours ?

– À dix heures ?

– Oui, à dix heures.

– Avez-vous quelque chose à m’offrir ?

– Euh…oui !

– Où se verra-t-on alors parce que j’aime bien les cadeaux ?

– Ici, à la salle des profs.

– D’accord, je ne manquerai pas !

– Ok, je vais t’espérer ; à très vite ; me dit-il avec considération.

– Oui, à tout à l’heure, monsieur.

Eh oui, le plus respectueux qu’un acheteur de préservatif en pharmacie, il n’y en a pas.

À mon arrivée en classe, j’avais vu Aline assise à sa place habituelle. Elle était calme dans son coin avec son cahier de mathématiques sur la table accompagné d’un stylo.

Je lui dis bonjour et lui serrai les mains tout en riant.

– Que hier était beau !

– Vraiment ! La fête avait été très belle ! me répondit Aline.

Jostaline, une de nos condisciples qui ne savait pas de quoi on parlait, voulut se mêler de notre entretien et nous demanda de quel genre de fête il s’agissait au juste.

Jostaline était en fait une des jeunes filles de la classe que j’avais toujours détestée. Comme défaut naturel, elle aimait beaucoup mettre sa sale gueule dans les palabres des gens. Non seulement je la guettais pour ce défaut mais aussi, je l’avais pointée depuis qu’elle m’avait un jour injuriée parce que je lui avais fait un petit reproche. Alors, pour la provoquer ce matin-là, j’ai baissé la voix et ai dit à ma copine de ne pas lui répondre.

Jostaline, aussi intelligente qu’était-elle, comprit mon jeu et fut pincée d’une violente colère. Elle commença par m’injurier comme elle en a l’habitude. Elle m’apostrophait comme quelqu’un qui guettait son ennemi depuis des lustres. Abasourdies, ma copine et moi nous mîmes à la regarder raconter ses ragots. Je la regardais avec grand étonnement. Et pour la provoquer davantage, je lui murmurai :

– Que ta gueule est grande, voyons !

Enfin, c’était la pire des choses que je n’oserais lui dire ! Sa colère s’amplifia davantage. Elle n’arrivait plus à contrôler les paroles qui lui sortaient de la bouche. Je la regardais tranquillement. Dans ses gestes, elle me paraissait un zombi.

– Ma chère, tu bavardes trop ; lui dis-je de plus belle pour augmenter le taux de sa nervosité.

Pouaaa ! Elle me donna une claque.

Eh bien, c’était ce que j’attendais d’elle.

Une idée m’effleura l’esprit et me demanda de m’évanouir sur-le-champ afin de tarir la richesse des pauvres parents de cette sale fille qui a osé m’humilier jusqu’à ce degré.

Si j’optais cette idée, est-ce que les parents de cette moche avaient cette capacité à pouvoir couvrir les frais des ordonnances qu’allaient prescrire les médecins ? La réponse était d’office “non”. Alors, pour ne pas fatiguer les parents de Jostaline qui n’en étaient pour rien de l’affaire, je décidai de me venger surplace.

À cet instant, je me souvins de ce que m’avait dit Oga lorsqu’elle me baptisait pour la première fois. Dans mon esprit, je l’entendais me dire : « tu as désormais la puissance de rendre la tempête en personne si tu le désires ; tu pourrais aussi faire du jour, la nuit ». Et sur cet effet de colère, je fixai mon adversaire droit dans les yeux et lui dis solennellement :

– Toi, Jostaline, par amusement, tu as osé me gifler ; à partir d’aujourd’hui, tu seras inutile dans la vie.

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