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CHAPITRE 8

– Soit tu restes dans la classe et moi je sors.

Calmement, je rangeai mes affaires sans plus dire mot et pris la direction de la cour. Je sortis de la classe et me dirigeai vers Bruno qui était assis sous le manguier qui se tenait à quelques mètres du mât.

Bruno, me voyant venir à son adresse, était surpris et me regardait sans cligner les yeux. Il voulait me lancer une question mais je l’avançai.

– Euh...Bruno, n’es-tu pas allé porter plainte à l’administration ?

– Non. Mais dis, pourquoi es-tu aussi sortie ?

– Ce type a quelque chose derrière la tête. Essayons de l’ignorer.

– Comment ? Et dis-moi, pour quelle raison tu n’as pas suivi le cours ?

Je m’approchai de Bruno et lui donnai plus de détails.

– Après t’avoir renvoyé, repris-je, il a mis un petit exercice qui n’en valait vraiment pas la peine d’être traité au tableau et nous a demandé de prendre une feuille. Ce que nous avons fait sans contestation. En moins de cinq minutes seulement, il m’a dit de sortir de la classe.

– Et pourquoi ?

– Merci ! Il prétexte que Vanessa et moi étions en train de nous chuchoter.

– Et c’était vrai ?

– Comment tu peux me poser cette question ? Suis-je digne de faire cela ?

– Je sais que tu n’en as pas l’habitude.

– Mon cher, oublions mon côté et trouvons une solution à ton problème. Comment allons-nous faire maintenant ? Voilà qu’il m’a aussi sortie sans que je n’aie rien fait.

– Pour ce que je pense, j’aimerais que nous l’ignorions et que nous attendions voir sa réaction à la prochaine séance.

– Non, allons porter plainte auprès des membres de l’administration, suggérai-je.

– Non, ne faisons pas ça maintenant ! Seul Dieu sait la raison pour laquelle il se comporte ainsi !

Par à coup, notre professeur d’histoire-géographie me vit depuis la salle où il enseignait et m’interpella. Je me dirigeai à son adresse en abandonnant mon compagnon.

– Grâce, que fais-tu dans la cour pendant que tes amis sont en classe ?

– J’ai été renvoyée du cours.

– Et pour quelle raison ?

– Mon professeur m’a renvoyée des cours en prétextant que je bavardais avec ma copine de table lors de son évaluation.

– Et c’était vrai ?

– Non monsieur, je n’ai pas fait ça.

– Et où est ta copine avec qui tu bavardais ?

– Elle est en classe.

– En classe ? Et pourquoi l’a-t-on laissée en classe pendant que toi tu es dehors ?

– Je ne saurais comment l’expliquer.

– Ça c’est de l’injustice. Et qui est là-bas, n’est-ce pas Bruno ?

– Oui.

– Et que cherche-t-il aussi dehors ?

– Il a été renvoyé aussi par le même professeur.

– Dans ce cas, suis-moi, j’irai le voir.

Le professeur abandonna ses apprenants et prit la direction de notre salle de classe. Je suivis monsieur Christian jusqu’à la devanture de ma salle. Je m’arrêtai à quelques mètres pour éviter les gros mensonges que lui raconterait Josué.

De loin, je voyais monsieur Christian et son collègue en train de se serrer les mains. Après les salutations d’usage, je les voyais en train de dialoguer. Je voyais Josué s’exprimer sans savoir ce qu’il racontait.

Une poignée de minutes plus tôt, mon professeur d’histoire-géo revint à mes côtés tout désespéré et me murmura :

– J’ai essayé de le reconquérir mais il a été ferme sur sa décision.

Mon inquiétude s’amplifia aussitôt. Que pourrais-je faire ? Que faut-il faire ? Dois-je aller voir encore le surveillant qui me dirait d’aller appeler mes parents ? Je me rappelai du comportement de mes parents le jour où le surveillant m’avait ordonnée d’aller les appeler et impuissante, des larmes commencèrent par me couler des yeux.

– Arrête de pleurer, me consola le professeur debout.

J’arrêtai mes larmes et remerciai mon professeur qui avait tout au moins tenté de faire quelque chose sans pour autant y arriver.

– Merci monsieur, fis-je à mon professeur.

– Je t’en prie. Et dis-moi, que comptes-tu faire maintenant ?

– Ne vous en faîtes pas, je vais essayer quelque chose.

– D’accord ! Alors bonne chance.

– Merci monsieur.

Sur ce, j’abandonnai l’homme en blouse blanche qui me regardait avec un regard rempli de tristesse. Je me retournai vers Bruno. Lui et moi nous mîmes à discuter, le temps pour nous d’oublier nos chagrins. Malgré nos emmerdes, mon compagnon et moi parlions et riions aux éclats comme si rien n’était.

L’amour, c’est vraiment un vrai fantasme. Il nous fait oublier nos chagrins, nos tristesses et même parfois, l’existence de la vie toute entière.

On parlait tout heureux comme Adam et Ève dans le jardin d’Éden lorsque tout à coup, retentit la sirène, signalant la fin des cours de la matinée. Découragée, je demandai à mon futur époux de se lever pour qu’on retourne en classe.

– Je ne veux plus qu’il me rabaisse comme il l’avait fait l’autre jour, me répondit-il.

– C’est vrai, tu as raison. Attendons alors qu’il sorte de la classe.

Au bout de quelques minutes, le don juan sortit de la classe avec son vilain gros sac on dirait un fou qui revenait d’une promenade.

Bruno et moi nous retournâmes en classe. Nous nous mîmes à recopier les cours qu’il avait laissés sur le tableau.

***

Plus des jours passaient, plus la situation, au lieu de s’amincir, s’empirait au contraire. J’étais restée deux semaines sans faire les cours de mathématiques à cause du même professeur qui me renvoyait tout le temps de son cours tout simplement parce que j’avais refusé d’être comme l’une de ces pauvres jeunes filles qu’il traînait dans ses lits d’hôtel ou je ne sais où.

Étant dépassée par ses humiliations, je finis par l’approcher un jour avec des larmes aux yeux, histoire de lui présenter mes excuses. Bruno, quant à lui, ne venait plus à ses cours. À la fin des autres cours, il prenait gentiment son sac et rentrait chez lui.

Josué, me voyant visage perlé de larmes, finira par accepter mes pardons et excuses. Certes, seul Bruno n’avait toujours pas été autorisé à suivre ses cours. C’était d’abord pour moi une grande joie pour le fait qu’il ait accepté mes supplications et ne m’ait pas demandé que je fasse appel à mes parents.

À chaque fois que je venais à son cours et manquais Bruno dans la salle, mon cœur s’emballait toujours dans un torrent de tristesse. Comment serais-je autorisée aux cours alors que Bruno qui était innocent du jeu sera tout le temps à la maison ? Il me fallait faire quelque chose à ce sujet.

C’est alors qu’un soir, dès mon retour de l’école, une idée me hanta l’esprit : « voilà que ton professeur t’a acceptée au cours. Comme tu es femme, ton professeur pourrait te comprendre si tu le suppliais en faveur de Bruno. Alors, fais l’effort de faire quelque chose sinon Bruno souffre ».

J’analysai correctement la pensée et la jugeai formidable et agréable.

***

Le lendemain matin, je m’habillai en kaki comme et abandonnai mes parents comme d’habitude tout en ayant à l’esprit que j’allais manquer tous les deux cours que j’avais pour me rendre chez mon professeur de mathématiques afin d’intercéder en faveur de Bruno.

Avant que je ne m’y aille, je me rapprochai de Marine, une de mes camarades qui habitait le même quartier que Josué pour lui prendre des renseignements. Sans stress, celle-ci me donna les coordonnées.

Je me dirigeai ensuite vers Robert, notre responsable de classe et lui demandai la permission.

– S’il te plaît Robert, tu es le responsable de la classe. J’ai une urgence et je voudrais que tu m’accordes ton autorisation parce que j’ai peur que tu écrives mon nom dans ton maudit cahier de présence.

Celui-ci pouffa de rire.

– Parce que tu as demandé la permission, tu n’as plus à t’en faire, tu peux partir mais de grâce, n’oublie pas de m’apporter de bonne surprise ! ironisa-t-il.

Toute joyeuse, je rebroussai chemin. Une vingtaine de minutes après, je réussis à affronter le seuil du perron de la maison du professeur.

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