Chapitre 2
Une heure plus tard, le gâteau préparé par Capucine est prêt. Si au départ elle était motivée à l’idée de faire la connaissance du nouveau venu, là, elle commence à angoisser. En attendant que le gâteau ne cuise, la demoiselle s’est douchée et, juste après, elle a subitement eu envie de se faire belle mais, en réalisant que cela risquerait d’être trop flagrant, elle s’est ravisée. Une fois prête, elle a placé le gâteau dans une assiette avant de sortir.
La phrase que lui a dite sa mère lui trotte constamment dans l’esprit : cet homme ressemble à ceux qu’elle fréquente habituellement. Arrivée devant le studio, Capucine entre avant de prendre une grande inspiration et de frapper à la porte. Ouverte quelques secondes plus tard, elle n’en croit pas ses yeux. Sa mère n’avait pas tort.
- Salut, lance-t-il en la voyant debout devant sa porte.
- Coucou… Je suis navrée de te déranger. Je suis ta voisine – j’habite juste à côté – et je t’apporte ce gâteau en guise de bienvenue.
- Ah, c’est très sympa ça ! lance-t-il, agréablement surpris. Tu veux rentrer un instant ?
- Non, c’est bon. Je ne vais pas te déranger ; tu dois avoir pas mal de choses à faire en ce moment.
- Ça va me prendre quelques jours avant que je ne finisse de m’installer.
- Tu es seul ? enchaîne-t-elle.
- Bizarrement, oui. J’aurais dû avoir un ami avec moi, mais il n’a pu venir à la dernière minute. Du coup, je suis seul.
- Ah, ce n’est pas cool ça…
- C’est sûr mais, très souvent, on ne peut compter que sur soi-même.
- Je peux t’aider si tu le souhaites… propose aussitôt Capucine.
- Je ne peux pas accepter.
- Pourquoi pas ?
A cette question, le jeune homme ne sait quoi répondre.
- En réalité, j’aimerais profiter de ce moment pour que nous puissions faire plus ample connaissance, reprend-elle.
- Ce n’est pas bête ça ! réalise-t-il. Tu pourrais me parler un peu du voisinage. C’est sympa par ici ?
- Ah oui. Je suis certaine que ça va te plaire. C’est plutôt paisible, personne ne se mêle des affaires des autres. Vu que tu es jeune et très beau gosse, sache que les environs sont grouillés de petites minettes qui n’hésiteront pas à te sauter dessus à la moindre occasion.
En entendant ces propos, Loïc ne peut s’empêcher d’éclater de rire.
- C’est bon à savoir ça, dit-il avec le sourire. Par contre, je suis très sélectif dans mes relations de couple… Ces filles auront fort à faire pour me convaincre.
- Donc, dois-je comprendre que tu es célibataire ? enchaîne-t-elle. En passant, je m’appelle Capucine Raydor.
- Je suis très content de faire ta connaissance. Moi c’est Loïc Petit.
- Je suis également ravie de te connaître. Tu n’as pas encore répondu à ma question.
- Je suis célibataire.
Un sourire se dessine aussitôt sur le visage de la demoiselle avant qu’elle ne reprenne la parole.
- En passant, ma proposition tient toujours ?
- De quelle proposition tu me parles ? Celle de devenir ma petite amie ?
- Je t’intéresse déjà ? le questionne-t-elle, amusée.
- Il se pourrait bien, mais je ne crois pas que c’est de ça que tu me parles.
- C’est vrai. Je faisais allusion à mon aide. Je pense que ce serait mieux que tu aies une autre paire de main pour avancer plus vite. En passant, tu es au courant de ce qui s’est passé ici ?
- De ce qui s’est passé ? reprend-il, surpris. Le proprio ne m’a rien dit.
- Je m’en doutais un peu. Ce serait con de la part du propriétaire de t’en parler.
- Tu veux bien me raconter ce qui ne m’a pas été rapporté ?
- Tu as remarqué que je m’intéresse à toi ? Si je te le dis, ce serait un peu comme si je le faisais pour me débarrasser de toi.
- Tu es sérieuse quand tu me dis que ce n’est pas ton genre de faire du rentre-dedans ? lui demande-t-il sur un ton amusé. Plus sérieusement, il s’est vraiment passé quelque chose de grave ici ?
- Oui, il y a eu un mort et cela remonte à presque un an de cela. Ça fait un moment que ce studio n’a pas été habité…
- Tu es sérieuse ? s’étonne Loïc, ayant du mal à le croire. Mon proprio ne m’a rien dit à ce propos. C’est légal ça ?
- Je n’en ai aucune idée. En revanche, ne va pas dire que c’est moi qui te l’ai dit.
- Je ne mentionnerai pas ton nom. Tu peux me raconter ce qui s’est passé ? Ne t’en fait pas parce que je n’ai nullement l’intention d’aller chercher ailleurs. Je suis tombé sous le charme de ce studio en fait.
- Tu es sûr de ne pas me le dire uniquement pour que je te raconte ?
- Je te le promets. De toute façon, que tu me le dises ou pas, je finirai par le savoir.
- Une jeune femme a été tuée par son époux dans la pièce où nous nous trouvons en ce moment.
- Tu es sérieuse ? s’étonne-t-il.
- Je suis très sérieuse même. Ils se disputaient souvent et ça devenait de plus en plus violent. Nous nous sentons un peu coupable à la maison parce que si nous avions fait quelque chose, peut-être que…
- Rien n’aurait marché, l’interrompt-il.
- Pardon ? lui demande Capucine, perdue. Qu’est-ce qui n’aurait pas marché ?
- Lui venir en aide n’aurait servi à rien. Si elle voulait vraiment de l’aide, elle en aurait cherché.
- Tu penses ?
- J’ai déjà vécu une telle situation. J’ai connu quelqu’une qui était dans ce même cas de figure. Des amis et moi lui sommes venus en aide et, aussitôt qu’il y a eu une accalmie dans son couple, elle est retournée avec son bourreau.
- Que s’est-il passé ? Elle est morte également ?
- Je n’en ai aucune idée. J’ai coupé tout contact avec elle.
- Ah…
- Bon, vu que le proprio m’a caché quelque chose d’aussi grave, je crois que je vais devoir me trouver quelque chose. C’est dommage, je l’aimais bien, ce studio.
- Hey ! réagit aussitôt Capucine. Tu m’as promis de ne pas partir.
Face à cette réaction, Loïc ne peut s’empêcher de rire. Il ne s’attendait pas à faire une rencontre aussi rapidement et, qui plus est, il la trouve à son goût. Ainsi, il a bien l’intention de faire durer le plaisir alors qu’à la base il ne voulait pas perdre du temps dans une conversation alors qu’il a énormément de choses à faire.