L'incompréhension totale

La journée s’annonce longue pour Loïc Petit. Jeune homme de vingt-sept ans, il s’est décidé à voler de ses propres ailes et, pour se faire, il s’est trouvé un studio sympa qu’il loue pour une durée indéterminée. Assis à l’avant du camion de déménagement, il n’est pas dans son assiette car, à la base, il aurait dû être accompagné de son meilleur ami qui lui avait promis son aide mais, au dernier moment, celui-ci s’est désisté. Du coup, le jeune homme se retrouve seul mais, même s’il ne sait pas encore comment il va s’y prendre, il est convaincu de pouvoir s’en sortir.

Dès sa première visite, il est tombé amoureux de ce studio et il savait qu’il n’avait plus besoin de chercher ailleurs. Composé de deux pièces, la première contient une grande cuisine et un petit salon ouvert alors que dans l’autre se trouve une chambre dans laquelle se trouve salle de bain et toilette. Pour couronner le tout, il y a également une petite cour clôturée, ce qui lui permettra de laisser courir Saphir, son chien.

S’arrêtant devant le studio, le jeune homme remarque un voisinage qui semble paisible. Pendant que le chauffeur descend pour ouvrir la porte du camion, Loïc va ouvrir le studio. Toutefois, il n’a aucune idée de comment il fera entrer ses affaires à l’intérieur pendant qu’il retourne vers le camion.

- Et alors bonhomme ? lance subitement le camionneur alors que le jeune homme commence à enlever ses affaires du camion. Vous êtes seul ?

- Malheureusement, oui. Un pote était supposé m’aider, mais il ne pourra venir. Vous pouvez m’aider à mettre mes affaires dans la cour ? Je me débrouillerai par la suite.

- Vu que je suis là, profitez-en ! Dépêchons-nous. Je vous donnerai un coup de main pour tout mettre à l’intérieur.

- C’est super sympa. Merci beaucoup.

- Je ne vais quand même pas laisser vos meubles dans la cour. Imaginez qu’il se mette à pleuvoir…

Loïc est touché que le camionneur lui donne un coup de main à entrer ses meubles à l’intérieur alors qu’il n’était pas obligé. Alors qu’ils s’affairent à rentrer la grosse armoire, une demoiselle ; Capucine Raydor, est attirée par le gros camion qui est stationné devant chez elle alors qu’elle retourne de la boutique. Etant très curieuse, elle rentre chez elle et va aussitôt questionner Pascale Raydor, sa mère, qui est debout devant le grand panneau de vitre du salon.

- Qu’est-ce qui se passe, maman ?

- Nous avons un nouveau voisin…

- Vraiment ? Ça fait longtemps que cette maison est inoccupée.

- C’est vrai. J’espère qu’il ne sera pas comme les anciens. Tu te rappelles à quel point ils se disputaient ? Je ne comprends pas comment cette femme a pu rester avec un mec pareil.

- Moi, ce dont je me rappelle, c’est d’un corps mort qui a quitté cette maison sur une civière. Je me sens un peu coupable car je me dis que j’aurais peut-être pu empêcher qu’elle ne se fasse tuer.

- Comment aurais-tu pu empêcher qu’une telle chose se produise ?

- J’étais à la maison ce jour-là. J’ai entendu à quel point ils se disputaient. Je me rappelle que c’était plus violent que d’habitude. Je voulais téléphoner la police et j’ai même le téléphone dans les mains, mais je me suis finalement dit que ce n’était pas mon problème. Et voilà…

- Ce qui s’est passé n’est pas de ta faute. Retire-toi ça de la tête.

- Dis, tu crois que le nouveau locataire est au courant qu’il y a eu un crime dans ce studio ?

- Il devrait avoir été informé, mais je doute que ce soit le cas. Cette information peut empêcher le proprio d’avoir des intéressés.

- J’avais l’intention de faire un gâteau. Je vais en faire un deuxième et je vais le lui offrir en guise de bienvenue. Je pense que ça va lui faire plaisir.

- Tu regardes beaucoup trop Desperate Housewives je trouve, lance sa mère avant d’éclater de rire.

- Possible, réplique-t-elle en riant à son tour. C’est vrai que Bree m’a beaucoup inspirée dans la série, mais c’est aussi vrai que je considère que c’est toujours agréable d’être bien accueilli quand on arrive dans un nouvel endroit.

- Tu le fais vraiment pour bien l’accueillir ?

Capucine ne comprend pas la question.

- Bien sûr ! Pourquoi cette question ?

- Tu as vu le nouveau voisin ?

- Non… En arrivant, je n’ai vu que le camion de déménagement. Te connaissant, tu ne me poses pas cette question au hasard. Tu as forcément dû le voir. Comment est-il ? Beau gosse ?

- Il ressemble beaucoup au genre de mec qui t’attire normalement.

- Sérieusement ? s’étonne-t-elle.

- En plus, il est jeune. Donc, c’est vrai quand tu disais que tu ne l’avais pas vu ?

- Bien sûr que c’est vrai. Et là, mon gâteau a intérêt à être parfait !

Devant l’excitation de sa fille, Pascale ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Cette information que lui a donnée sa mère l’excite davantage et elle a hâte de faire la connaissance du nouveau venu. Se rendant dans la cuisine, elle commence la préparation de son gâteau et elle réfléchit continuellement à comment peut ressembler ce jeune homme qui, selon les dire de sa mère, va certainement lui plaire.