chapitre 3
La route menant à la meute de Ronan était longue et sinueuse, bordée de forêts denses et de collines escarpées. Ayla serrait la lettre dans sa poche, chaque pas résonnant de l’incertitude et de la peur qui l’accompagnaient. Les triplés marchaient à ses côtés, leurs petites mains agrippées fermement aux siennes. Caleb, Liam, et Nia étaient courageux, mais Ayla pouvait sentir leur inquiétude. Elle devait rester forte pour eux, peu importe les doutes qui la tourmentaient.
Le vent frais de la matinée soufflait à travers les arbres, apportant avec lui des souvenirs de l’époque où Ayla et Ronan chassaient ensemble dans ces mêmes bois. Chaque pas semblait raviver une nouvelle mémoire, les moments de bonheur et de douleur se mêlant dans son esprit. Elle se rappela la première fois qu’elle avait ressenti la force brute de Ronan, sa présence imposante et protectrice. Mais aujourd’hui, tout était différent. Elle n’était plus la jeune femme naïve d’autrefois ; elle était une mère, une combattante.
Enfin, après des heures de marche, la silhouette imposante de la maison de la meute apparut à l’horizon. Une grande bâtisse en bois, entourée de chalets plus petits et de diverses structures nécessaires à la vie communautaire des loups-garous. Ayla ressentit une boule se former dans son estomac alors qu’elle approchait, ses pas devenant plus lents et hésitants.
À mesure qu’ils se rapprochaient, des regards curieux se tournèrent vers eux. Les membres de la meute, surpris de voir une étrangère avec trois enfants, murmurèrent entre eux. Ayla se sentait vulnérable sous leurs yeux scrutateurs, mais elle garda la tête haute, guidée par la détermination de sauver ses enfants.
Un homme grand et robuste s’approcha d’eux. C’était Ethan, le second de Ronan, et l’un de ses amis les plus proches. Il plissa les yeux en reconnaissant Ayla.
« Ayla ? » s’exclama-t-il, la surprise teintant sa voix. « Que fais-tu ici après tout ce temps ? Et qui sont ces enfants ? »
Ayla inspira profondément avant de répondre. « Ethan, je dois voir Ronan. C’est urgent. Ces enfants… ce sont ses enfants. »
La stupéfaction se peignit sur le visage d’Ethan. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sortit. Ayla vit alors quelque chose d’autre dans ses yeux : de la compréhension et peut-être même une lueur d’espoir. Il hocha la tête, récupérant rapidement de son choc initial.
« Suivez-moi, » dit-il enfin, d’une voix plus ferme. « Je vais vous conduire à lui. »
Ils traversèrent la cour principale de la meute, les regards persistants des autres membres les suivant toujours. Ayla sentit les triplés se serrer un peu plus contre elle, ressentant leur inconfort. Ethan les mena jusqu’à la grande maison, ouvrant la porte et les invitant à entrer. À l’intérieur, les lieux étaient aussi imposants que dans ses souvenirs, mais aujourd’hui, ils semblaient étrangers et intimidants.
Ils marchèrent en silence jusqu’à atteindre une grande salle de réunion, où Ronan discutait avec plusieurs membres de la meute. Il se retourna en entendant la porte s’ouvrir, et son regard se fixa immédiatement sur Ayla. Le silence tomba lourdement dans la pièce.
« Ayla, » murmura Ronan, incrédule. « Que fais-tu ici ? »
Elle inspira profondément, essayant de maîtriser ses émotions. « Ronan, j’ai besoin de ton aide. Nos enfants ont été enlevés. »
Les mots eurent l’effet d’une bombe. Ronan resta figé un instant, ses yeux passant de l’incrédulité à une intense concentration. Il fit signe aux autres de quitter la salle, puis s’avança lentement vers Ayla et les triplés.
« Nos enfants ? » demanda-t-il, sa voix à peine audible. « Comment… ? »
« Je t’expliquerai tout, » répondit Ayla, la gorge serrée. « Mais pour l’instant, nous devons les retrouver. Je ne peux pas le faire seule. »
Ronan hocha la tête, ses traits se durcissant alors qu’il acceptait la réalité de la situation. « D’accord. Nous allons les retrouver, ensemble. »
Ils s’assirent tous autour de la grande table en bois, Ayla tenant fermement les mains des triplés. Ronan s’accroupit à leur hauteur, ses yeux scrutant les visages de ses enfants. Il semblait à la fois émerveillé et accablé par l’émotion.
« Bonjour, les enfants, » dit-il doucement. « Je suis… votre père. »
Caleb, le plus audacieux des trois, répondit en premier. « Papa ? Tu vas nous aider à retrouver nos frères et sœurs ? »
Ronan sourit doucement, ses yeux brillant de détermination. « Oui, Caleb. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour les ramener en sécurité. »
Ayla observa la scène avec une boule dans la gorge. C’était la première fois que Ronan rencontrait ses enfants, et malgré les circonstances terribles, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe d’espoir.
Une fois les présentations faites, Ronan se tourna vers Ayla. « Parle-moi de ce qui s’est passé. Qui a enlevé nos enfants ? »
Ayla raconta tout, depuis le moment où elle avait découvert l’enlèvement jusqu’à la lettre menaçante. Ronan écouta attentivement, son visage se durcissant à mesure qu’elle parlait.
« Nous avons des ennemis, Ayla, » dit-il enfin. « Des gens qui veulent s’en prendre à moi en utilisant ceux que j’aime. Mais je ne les laisserai pas faire. Je vais mobiliser la meute, utiliser toutes nos ressources pour les retrouver. »
Ayla hocha la tête, se sentant un peu rassurée par sa détermination. « Merci, Ronan. Je savais que je pouvais compter sur toi. »
« Tu peux toujours compter sur moi, » répondit-il, son regard se faisant plus doux. « Nous avons peut-être eu des différends, mais je ne laisserai jamais rien arriver à nos enfants. »
Le plan fut rapidement mis en place. Ronan convoqua une réunion d’urgence avec les membres de la meute, leur expliquant la situation et leur demandant leur aide. Des équipes furent formées pour fouiller les environs, et des messages furent envoyés à d’autres meutes pour élargir les recherches.
Pendant ce temps, Ayla et les triplés furent installés dans une des chambres de la grande maison. Ronan insista pour qu’ils soient protégés en tout temps, ne voulant prendre aucun risque. Ayla se sentait étrange de revenir dans ce lieu, maintenant avec ses enfants, mais elle savait qu’elle n’avait pas le choix.
La nuit tomba, apportant avec elle une anxiété palpable. Ayla regardait par la fenêtre, ses pensées tourbillonnant. Elle se demandait comment ils en étaient arrivés là, comment leur relation compliquée les avait conduits à cette situation désespérée. Mais à travers toutes ces pensées, une chose restait claire : elle devait retrouver ses enfants, coûte que coûte.
Ronan frappa doucement à la porte et entra, apportant une tasse de thé chaud. « Comment vont-ils ? » demanda-t-il en s’approchant.
« Ils dorment, » répondit Ayla, un soupir de fatigue échappant de ses lèvres. « C’était une journée longue et éprouvante. »
« Je suis désolé que tu aies dû traverser ça seule, » dit Ronan, s’asseyant à côté d’elle. « Je veux que tu saches que je suis ici maintenant, pour toi et pour eux. »
Ayla le regarda, une vague d’émotion la submergeant. « Ronan, je sais que nous avons beaucoup de choses à régler entre nous, mais pour l’instant, tout ce qui compte, c’est de retrouver nos enfants. »
Il hocha la tête, posant une main réconfortante sur la sienne. « Nous y arriverons, Ayla. Ensemble. »
Le silence s’installa entre eux, mais cette fois, il était empreint de compréhension et de détermination. Ils avaient une mission commune, un but qui les unissait malgré leurs différences.
Au petit matin, les recherches reprirent de plus belle. Des rapports commencèrent à affluer de différentes équipes de recherche, mais aucun ne contenait de nouvelles concrètes sur les ravisseurs ou les enfants. La tension montait, mais ni Ayla ni Ronan ne perdaient espoir.
Finalement, en fin d’après-midi, un éclaireur revint avec une information cruciale. « Nous avons trouvé une piste, » annonça-t-il en entrant précipitamment dans la salle de réunion. « Des traces récentes de plusieurs personnes près d’une ancienne cabane abandonnée à la lisière de la forêt. »
Ronan et Ayla échangèrent un regard déterminé. « Préparez une équipe, » ordonna Ronan. « Nous partons immédiatement. »
Ayla se leva, prête à partir. « Je viens avec vous, » déclara-t-elle fermement.
Ronan voulut protester, mais il vit la détermination dans ses yeux. Il savait qu’il ne pouvait pas la convaincre de rester derrière. « D’accord, » dit-il
Finalement. « Mais reste près de moi. Nous ne pouvons pas risquer de te perdre aussi. »
Ils se préparèrent rapidement, rassemblant des armes et des provisions. L’équipe de recherche se mit en route, traversant la forêt avec une rapidité et une précision impressionnantes. Ayla ressentait à la fois l’excitation et l’anxiété monter en elle. Ils étaient peut-être sur le point de retrouver leurs enfants, mais le danger était toujours présent.
Lorsqu’ils atteignirent enfin la cabane, le soleil commençait à se coucher, plongeant la forêt dans une pénombre inquiétante. Ayla sentit son cœur s’accélérer en apercevant la silhouette délabrée de la cabane. Ronan fit signe à l’équipe de se disperser, encerclant discrètement la structure.
Ayla et Ronan s’approchèrent prudemment de la porte, écoutant attentivement les bruits à l’intérieur. Elle pouvait entendre des voix étouffées, des rires, et quelque chose qui ressemblait à des pleurs. Son cœur se serra en reconnaissant les voix de ses enfants.
Ronan donna le signal, et ils défoncèrent la porte d’un coup puissant. L’intérieur de la cabane était sombre et encombré, mais Ayla aperçut immédiatement ses enfants, attachés dans un coin. Elle se précipita vers eux tandis que Ronan affrontait les ravisseurs.
« Caleb, Liam, Nia, » murmura-t-elle en les libérant rapidement. « Je suis là, tout va bien. »
Les enfants éclatèrent en sanglots de soulagement, se blottissant contre elle. Ayla les serra fermement, ses propres larmes coulant librement. Ronan rejoignit rapidement, ses yeux fixant intensément les ravisseurs neutralisés.
« Est-ce que tout le monde va bien ? » demanda-t-il en caressant doucement les cheveux de ses enfants.
« Oui, papa, » répondit Nia, sa voix tremblante mais pleine de soulagement. « Tu es venu nous sauver. »
Ronan sourit, les larmes aux yeux. « Je vous ai toujours dit que je serais là pour vous, quoi qu’il arrive. »
Ils quittèrent la cabane ensemble, les enfants serrés entre eux. Les membres de la meute les escortèrent, veillant à ce qu’aucune menace ne subsiste. Ayla sentit une vague de gratitude et de soulagement l’envahir. Ils avaient retrouvé leurs enfants, et malgré tous les défis à venir, ils étaient ensemble.
Sur le chemin du retour, Ayla jeta un coup d’œil à Ronan. « Merci, » dit-elle simplement. « Merci de m’avoir aidée à les retrouver. »
Ronan hocha la tête, son regard déterminé. « Nous sommes une famille, Ayla. Et je ne laisserai jamais rien ni personne nous séparer. »
Ayla sentit une nouvelle lueur d’espoir naître en elle. Peut-être, malgré tout ce qui s’était passé, avaient-ils une chance de reconstruire quelque chose de fort et de beau. Ils avaient un long chemin devant eux, mais ensemble, ils pouvaient surmonter n’importe quel obstacle.