Chapitre 06
Chapitre VI
~~ Marie-Anne Sakumuna ~~
Allongée sur mon lit, le visage à moitié recouvert par un drap, je fais défiler mon album photo, principalement composée de photos de lui et moi. Tantôt chez lui, tantôt dehors, tantôt dans un bar. Sur presque toutes les photos nous sourions, nous avons l'air heureux. Et nous l'étions. J'arrive pas à expliquer ce qui a mal tourné. Snif. J'essuie cette larme et tente de retenir encore un peu plus mes larmes avant que les vannes s'ouvrent, mais c'est trop tard. De une, elles passent à deux puis à trois puis à quatre et elles se fondent l'une dans l'autre. Snif. Je n'arrive jamais à les arrêter par ma propre volonté. Ce n'est que lorsqu'elles ont tari ou lorsque l'épuisement et la fatigue ont raison de moi et que je finis par m'endormir. Quoique, hier maman est venue me demander si tout allait bien parce qu'en passant devant ma chambre dans la nuit, elle avait cru m'entendre pleurer. Elle n'avait pas pu rentrer pour vérifier car je ferme toujours ma porte à clé.
Soupir.
Pourquoi ça fait si mal ?
« Bizz, bizz »
Mon téléphone se met à sonner pour la énième fois et pour la énième fois, je ne réponds pas. C'est encore et toujours Raïssa. Je ne sais pas pour quelle raison elle tente de me joindre depuis hier soir. Probablement pour sortir, faire un peu de commérages ou un truc dans le genre, mais je n'ai pas la force, je n'ai pas l'envie. J'ai envie de rien… Sauf de le retrouver !
On avait des projets lui et moi. Je devais obtenir mon bac puis monter sur Paris pour obtenir ma licence en communication pour ensuite revenir ici et me marier. On avait tout programmé et tout organisé. Ça avait même été difficile. Je me souviens qu'au début, on arrivait pas à se mettre d'accord sur mes études. Je voulais faire un Master et lui trouvait qu'un BTS c'était déjà pas mal, puisqu'il ne voyait pas l'utilité d'un diplôme pour moi. "Je vais prendre soin de nos enfants et de toi, t'auras pas besoin de travailler" il disait. Moi je voulais quand même avoir un diplôme pour mon amour propre et pour rendre papa fier alors on a tranché pour une licence. Ensuite on s'est organisés pour les retours au pays durant les vacances et les retrouvailles hors vacances. Là aussi ça avait été dur mais on avait réussi à trouver une solution. Il ne nous restait plus qu'à mettre en pratique tout ce que l'on avait planifié pendant plusieurs moi. Et à cause d'une histoire aussi stupide, notre histoire et finis. Je n'arrive pas à l'admettre. Snif. J'y arrive pas !
J'aurais dû aller le voir après, discuter avec lui pour aplanir les choses. Maman le fait toujours avec papa lorsqu'ils ont une divergence d'opinion. Mais comme toujours, mon orgueil à pris le dessus !
« — Quand est-ce que tu vas changer Rianne ! Quand ? ! je me fustige. C'est plus possible ce genre de comportement ! Voilà que tu as perdu l'homme de ta vie ! »
« Bizz, bizz »
Encore une fois mon téléphone se met à sonner et encore une fois il s'agit de Raïssa. Décidément, elle le lâche pas l'affaire et ne veut pas comprendre que je n'ai pas envie de discuter ou même sortir. Depuis notre rupture à Raoul et moi, elle trouve que j'en fais trop, que je devrais passer à autre chose parce que ça fait déjà deux mois. Mais elle comprend rien ! Elle n'a pas vécu notre histoire. Elle n'a pas ressenti la profondeur de notre amour. D'ailleurs, je suis pas sûr qu'elle ait un jour eu une relation aussi profonde que la nôtre. Alors la seule chose qu'elle peut faire aujourd'hui, c'est minimiser quelque chose qu'elle croit connaître mais qu'elle ne connaît pas !
« Toc, Toc »
« — Marie-Anne, y'a Raïssa qui essaie de te joindre. Elle dit de prendre ton téléphone. Marie-Anne, t'as entendu ? crie Bibi de l'autre côté de la porte. Marie-Anne ?!
— Oui j'ai entendu ! je hurle.
— Ça va ! Pas la peine de gueuler ! »
Moins d'une minute après qu'elle ait toqué à ma porte, mon téléphone se met à sonner de nouveau avec le numéro de Raïssa comme appelant. Bien malgré moi, je me relève légèrement, essuie mes larmes puis toussote un peu, pour avoir une voix plus claire, moins rouillée, avant de décrocher.
« — Ouais?
— Depuis je t'appelle tu fais quoi ? Ton nouveau sport là ? La champions ligue des pleurs?
— N'importe quoi, je dormais, j'étais fatiguée. je mens en constatant que ma voix est toujours rouillée. Je suis passée à autre chose, je te l'ai déjà dit.
— Ah bon ? Donc on va vérifier ça ce soir. Bobby organise la 2ème partie de la soirée Triple. Hier tu n'étais pas là, mais j'ai fait honneur pour nous deux, par contre aujourd'hui, il faut que tu viennes.
— Je t'ai dit que j'étais fatiguée, je suis pas d'humeur !
— Mais là, on s'en moque de ton humeur. Il s'agit pas seulement d'une simple soirée! Hier, l'autre pétasse de Nina s'est amusée à nous narger avec les connes qui lui servent d'amies et l'idiot de Raoul est venu rajouter sa part. Une vraie fille ce salopard ! »
Mon coeur se serre à l'évocation de son nom et de celui de Nina. Depuis quelques jours j'entends qu'ils seraient de nouveau ensemble officiellement, mais je ne veux pas le croire. Il ne peut pas faire une chose pareille !
« — Avec Nina ? je répète fébrilement.
— Oui je te dis ! Faut que tu le récupères et que tu le doses bien ! Qu'il comprenne son erreur.
— Faut savoir ce que tu veux. Un coup tu me dis qu'il faut que je m'accommode parce que tous les hommes trompent, un coup tu me dis de laisser tomber et maintenant tu me dis de le reconquérir. je lui rappelle en essuyant une larme, dans le but de la faire parler pour me laisser le temps de me reprendre.
— Oui, je reconnais ! Au début, je t'ai dit de supporter parce que votre rupture était encore fraîche et ne portait pas encore la marque de la rupture indélébile. Vous pouviez encore à ce moment là vous arranger, mais après un mois, pour moi la rupture est consommée et il faut commencer à penser à autre chose.
— Et maintenant, ça fait deux mois que lui et moi ne sommes plus ensemble, pourquoi je vais le reconquérir ?
— Je te dis que c'est pour leur montrer la vie ! A Tous les deux ! Elle pense trop qu'elle nous a gagné et lui pense qu'il a gagné au change alors que non. Ma chéri, faut qu'il conjugue un peu le verbe "se souvenir" !
— ...
—Et arrête de faire comme si cette idée ne t'emballait pas. Je sais que tu pleures toujours le mec là et que tu n'attendais qu'une chose, que je finis par t'encourager pour le reconquérir. C'est chose faite, alors prépare-toi. On se retrouve dans deux heures. Essuie ta morve et fais-toi belle. Ce soir, on tue Brazza une fois ! »
*
* *
Je mentirais si je disais que je me suis habillée simplement pour être présentable et puis c'est tout. Non. Je me suis habillée de sorte à être remarquée. Remarquée par lui. J'ai mis un crop top façon chemise, un mini-short blanc destroye et une paire de sandales blanches avec une fine lanière devant et une bride de cheville. J'ai laissé mes cheveux détachés pour que mes bouclettes viennent encadrer mon visage parfaitement maquillée pour un thème sexy. Parce que ce soir, c'est ce que je suis, c'est ce que je voulais être. Sexy.
Pourquoi ? Parce que c'est le genre de tenue que Raoul aime voir lorsque je marche à ses côtés et uniquement à ce moment là. Il aimait voir les regards appréciateurs des autres hommes sur moi en sachant qu'ils ne m'auraient pas. Ça le rendait fier et moi j'aimais jouer le jeu. A certains moments, il faisait exprès de s'habiller simplement de sorte que l'on pense que nous n'étions pas ensemble. Ça lui permettait de faire son petit cinéma lorsqu'un homme venait m'aborder.
Je sais que cette tenue ne le laissera pas indifférent.
« — C'est ça que j'aime avec toi !sourit Raïssa en contemplant ma tenue. Bon, on va chez mon cousin Kevin, c'est lui qui va nous gérer pour la soirée.
— Il le sait ou tu comptes le mettre au pied du mur ?
— Oh toi aussi ! J'ai fait ça qu'une fois ! elle soupire en rédigeant un message. »
Je souris en me rappelant la sortie que nous avons fait où elle avait, selon elle, oublié de mentionner à son cousin qu'il devait nous gérer la soirée. Résultat, on a failli avoir des soucis parce que son cousin était parti en payant sa part et non la nôtre. Sachant que nous n'avions rien sur nous, notre solution était soit de faire payer nos consommations par des personnes présentes mais à l'heure tardive qu'il était c'était compliqué, soi faire revenir son cousin. On a eu de la chance ce jour là, on a réussi à le faire revenir pour payer. Depuis ce jour, même si je n'ai qu'une petite pochette, je fais toujours en sorte d'avoir de quoi pallier aux imprévus.
« Bizz, bizz »
Le téléphone de Raïssa se met à sonner et je la regarde répondre avec un air blasé.
« — On est là, on voit ta voiture devant ! »
Je comprends qu'elle est en train de parler à Kevin, qui doit probablement être en train de s'impatienter. On avait rendez-vous il y a déjà deux heures et demi. Je peux comprendre qu'il s'impatiente.
Lorsque le taxi s'arrête devant le portail des parents de Kevin, il nous suffit de faire quelques mètres pour le rejoindre dans sa voiture où sont déjà installés deux de ses amis. Après de rapide salutation, nous prenons la route, direction la soirée de Bobby. Enfin, c'est ce que je croyais, jusqu'à ce que l'on s'arrête devant un portail.
« — Je croyais qu'on allait à la soirée de Bobby ? je m'entends dire.
— On passe chez un de mes potes qui fait une petite fête d'abord. me répond un ami à Kevin. »
Je me tourne vers Raïssa qui me chuchote que c'est le deal qu'elle avait avec son cousin pour qu'il accepte de venir avec nous.
Déjà que je ne suis pas d'humeur !
Je prends sur moi pour essayer de faire bonne figure lorsque nous entrons dans la maison. Je trouve une place pas trop bruyante dans le jardin et m'y installe pendant une bonne partie de notre présence.
« — Qu'est-ce qu'il y a ? me demande Kevin, venu me rejoindre.
— Comment ça ?
— Qu'est-ce que tu as ? En temps normal tu serais déjà en train de te déhancher sur la piste de danse avec ta Raï, mais là, tu restes assise, seule dans ton coin avec une mine attristée comme on n'en fait plus.
— Je suis un peu fatiguée. C'est tout.
— C'est vrai ce mensonge ? »
J'acquiesce en essayant de sourire même si je sais que ça ne sert à rien. On a grandi tous ensemble, Raï, Kevin et moi.C'est à lui que l'on faisait appel lorsqu'on voulait sortir parce qu'il était plus âgé de trois ans et pouvait toujours nous faire profiter de ses bons plans. C'est un peu comme un grand-frère. Il a eu le temps d'apprendre à décrypter nos mimiques, nos expressions et nos comportements. Ce serait illusoire pour moi de penser qu'il puisse croire à mon mensonge. Mais je le dis quand même.
« — Oui…. Qu'est-ce que tu fais à Brazza ? je lui demande pour changer de sujet. T'as pas cours ?
— Exam fini ! il s'écrit avec le sourire. J'ai trimé pendant toute l'année, validé mes partiels dès les premières sessions et là, il ne me reste qu'à effectuer mon stage, il est optionnel mais j'ai envie de le faire.
— Tu le fais ici ?
— Non, je le fais sur Paris mais avant de le commencer j'avais besoin de me reposer un peu, lâcher prise.
— C'est bien. Félicitation du coup pour ta licence ! Tu poursuis avec un Master ?
— Quelle question ! Je m'arrêterai un fois que l'on m'appellera docteur !
— Hihi ! Tu aimes trop les études toi, c'est pas possible.
— Non j'aime le savoir. Apprendre. C'est une arme et je veux avoir les meilleures munitions. Tu devrais penser comme ça également. D'ailleurs j'espère que t'es prête pour le bac, je t'attends sur Paris tu le sais !
— Hum-hum. »
Sa remarque me replonge vers tous ses projets planifiés avec Raoul. C'est avec lui que je devais monter sur Paris, pour préparer mon installation. Il devait rester un mois et demi pour m'aider à m'acclimater, me faire découvrir Paris, avant de repartir.
« — Arrête de faire cette tête et viens danser ! il lance en se levant.
— Non, je suis pas vraiment disposée pour. J'ai mal aux… »
J'ai pas le temps de finir ma phrase que déjà il m'oblige à me lever en me tirant le bras. Il m'emmène jusqu'au milieu de la piste de danse extérieure puis se met en face de moi et danse.
Même si je ne le voulais pas, je ris franchement.
Kevin et la danse, c'est… Comment dire: des extrêmes opposés. Il a l'impression de réaliser des pas de danse et les gens qui le regardent pense qu'il fait une crise d'épilepsie, en même tant qu'il serait pris d'une crampe dans les deux pieds. C'est trop louche ! Je pensais pas qu'on pouvait danser aussi mal en étant africain. Congolais de surcroît. C'est censé être dans le sang pourtant.
Au moins, ça prestation aura le mérite de me dérider et me faire oublier Raoul et nos projets.
Finalement, nous décidons de rester à cette soirée où l'ambiance est vraiment pas mal.
~~ Amara Bertine Sakumuna ~~
« — Donc là, tu ne lui parles plus ? me demande Kaïs.
— Il m'a fait passer pour sa petite soeur devant cette girafe !
— Mais c'est pas toi qui m'a dit que tu voulais rien avec lui ? Que t'aimais bien votre relation comme elle était ?
— Ouais mais… mais … »
C'est compliqué, je me dis en rangeant mes affaires dans mon sac.
Liam et moi, on se parle plus depuis notre déjeuner où il m'a présentée comme ça petite soeur. J'étais été blessée par son attitude parce que je pensais qu'il me considérait comme plus qu'une simple petite soeur. Mais devant son amie, il s'est comporté comme ya IB ou les filles quand on rencontre leurs amis; avec suffisance, comme si je ne pouvais rien comprendre à ce qu'ils se disaient. J'étais encore une fois "la p'tite" et ça m'a affecté.
Je pensais qu'il allait le comprendre et m'appeler pour s'excuser, mais il n'a rien fait. Même pas un sms.
« — Toute façon il s'en fout de moi. je reprends en mettant mon sac à dos. Il m'a pas appelé depuis deux semaines alors que d'habitude il m'appelle et m'envoie des messages tous les jours !
— Mais attends ! Tu es là, tu le boudes, le type il sait même pas pour quelle raison et tu veux qu'il t'appelle ? elle me regarde ahuri. Arrête de te comporter comme une enfant et sois un peu adulte ! Quand on a un problème on va vers la personne et on s'explique. On ne reste pas dans le silence aussi longtemps en espérant que ce soit l'autre qui appelle, tu risques de voir pousser des arbres sur ta tête ! »
C'est vrai, elle n'a pas tort. Je devrais lui envoyer un message pour qu'on s'explique lui et moi, une bonne fois pour toute. Que je lui dise ce qui m'a fait mal.
J'avoue que moi aussi je me suis pas comportée comme il le faut. J'aurais dû lui parler au lieu de rester silencieuse, mais en même temps lui n'a pas fait signe de vie depuis. Mais moi aussi j'ai été silencieuse donc… Pfff. On va pas s'en sortir si je continue à penser comme ça. Même si ça me fait un peu bizarre, je finis par sortir téléphone et rédiger un message. Un simple "salut" pour commencer.
J'attends une vingtaine de minutes avant qu'il ne me réponde un "salut" qui me paraît quand même froid. J'essaie de ne pas m'arrêter dessus en lui demande comment il va. La aussi, il se contente de me répondre qu'il va bien sans me retourner la question. Je crois qu'il m'en veux …
« — Alors, qu'est-ce qu'il dit ? me demande Kaïs.
— Attends. »
Je lui rédige un message en lui demande s'il n'est pas trop occupé pour qu'on se voit aujourd'hui, pour parler, et sa réponse arrive après dix minutes qui me paraissent être interminable.
Message Liam, 13h17 :
« Je suis chez un ami. Si tu veux venir je t'envoie l'adresse. »
Ah ! Je pousse un cri de joie ! Je pensais qu'il allait m'envoyer balader ou pire ne pas me répondre. Je lui réponds de m'envoyer l'adresse avant d'informer Kaïs de sa proposition.
« — Tu vas y aller ?
— Bah oui ! Tu viens de dire qu'il fallait qu'on discute, bah je vais y aller pour.
— Okay et t'as l'argent du taxi ?
— Oui. je réponds en me remémorant mes dépenses de ce matin. De toute façon, il nous faut seulement l'argent du taxi aller. Pour le retour, il nous déposera.
— Nous ?
— Oui nous ! Tu m'accompagnes. Il a dit qu'il était chez un ami. Tu discuteras avec son ami pendant que lui et moi nous discuterons.
— Et c'est toi qui vas rattraper les cours que je vais rater.
— Genre tu t'inquiètes des cours que tu vas rater ? »
On se regarde un moment avant d'éclater de rire !
Avant, j'étais pas du genre à sortir, sécher les cours et tout et tout. J'étais plus plongée dans mes cahiers à réviser ou dans mes livres à m'évader, puis j'ai rencontré Kaïs qui m'a fait sortir de ma bulle. Ce que j'aime avec elle, c'est qu'elle adore délirer mais elle sait aussi se concentrer sur ses études. On fait des paris entre nous et son se challenge pour avoir de meilleures notes ou être bien classée parmi les élèves. Actuellement nous sommes par exemple 1ère et deuxième, de notre classe; Moi ayant bien évidemment la première place.
« — Bon, allons-y, comme ça on rentrera quand même un peu tôt. elle me suggère en hélant un taxi. »
Je lui donne raison et me place à ses côtés lorsqu'un taxi s'arrête devant nous.
Une demi-heure plus tard, nous sommes assises sur l'un des trois canapés qui se trouve dans le salon tandis que les amis de Liam sont assis sur les deux autres. Parce qu'il n'y a pas un seul ami comme on le pensait mais plusieurs. Je crois qu'ils s'apprête à organiser une fête ou quelque chose du genre. Il y a des bouteilles d'alcool et de jus sur la table, des verres rouges et bleus à l'américaine, et ils ont mis une chaîne de télé qui ne diffuse que de la musique. C'est pas trop mon style. Ça fait trop de bruit, on s'entend à peine parler et les clips qui sont diffusés sont limites. Pleins de filles en maillot de bains, enfin c'est comme ça qu'on appelle encore les bouts de tissus qui cachent leur mamelons et leurs nénèttes. Mais ça à l'air de plaire aux amis de Liam.
De toute façon, Kaïs et moi n'allons pas rester très longtemps, c'est vraiment pour discuter avec Liam.
Pour le moment, je ne l'ai pas encore vu. Il paraît qu'il est occupé à faire un truc et qu'il va bientôt revenir.
« — Vous ne voulez toujours rien boire ? QC, l'ami de Liam qui nous a ouvert.
— Oui. on répond Kais et moi en coeur.
— Il en a encore pour longtemps ? je lui demande.
— Je sais pas. il répond un sourire en coin. Va voir si tu veux. »
Je vais pas l'envahir. Faut pas non plus qu'il se dise que je le poursuis ou que je suis trop collante.
Je discute avec Kaïs, puis surfe sur mon téléphone quand elle se met à discuter avec QC. En fait, c'est lui qui discute avec elle. Il est en train de lui expliquer d'où lui vient son surnom "QC" , une histoire que j'écoute d'une oreille très distraite.
Après pratiquement quarante cinq minutes d'attente, je décide d'aller le trouver et suis les directives de QC pour le rejoindre.
C'est que la maison, qui est en réalité une villa et quand même grande. Ce qui explique qu'elle soit si éloignée du centre ville. Elle ressemble un peu à notre maison mais avec des chambres en plus. Comme je ne la connais pas, j'ai un peu de mal à me repérer, alors j'essaie de faire demi-tour pour suivre à la lettre les instructions de QC, sauf que j'ai le sentiment de m'être encore plus égarée.
Je suis en train d'avancer à tâton quand j'entends des bruits provenant d'une pièce dont la porte et entrouverte. Je me dis que je pourrais demander des renseignements à la personne qui s'y trouve et m'en rapproche.
Plus je m'en rapproche et plus j'arrive à définir les bruits, qui sont en réalité des gémissements. Je fais un pas en arrière, puis deux et me fige en entendant un nom, susurré dans un gémissement "Liaaam" .
J'essaie de me persuader que j'ai mal entendu, que ce n'est pas son prénom, mais j'entends encore une fois son prénom.
Je m'avance jusqu'à devant la porte et manque de tomber dans les pommes devant la scène à laquelle j'assiste.
Liam non pas avec une mais deux filles ! Il est tellement concentré sur ce qu'il est en train de faire qu'il ne se rend même pas compte de ma présence. C'est la fille allongée sur le lit, l'air complètement paumé et la respiration saccadée qui me remarque, tandis que la seconde, qui à la tête entre ses jambes continue de susurrer le nom de Liam.
« — C'est pas possible ! je crie avant de m'éloigner de la porte. C'est pas possible ! »
J'en reviens pas ! J'en reviens pas de ce que je viens de voir !
Je croyais qu'il m'appréciait, qu'il voulait être avec moi, qu'il m'aimait ! Mais j'avais tort sur toute la ligne ! Toutes ces heures à discuter, à s'échanger des messages, ces déjeuners et promenades dans Brazzaville ! C'était… C'était pas ce que je croyais.
« — Amara !
— Ah ! Me touche pas. j'hurle alors qu'il pose sa main sur moi épaule. »
Je l'ai même pas entendu s'approcher de moi.
« — Qu'est-ce qu'il y a ? il me demande comme si de rien n'était.
— Rien, je veux rentrer chez moi ! je sanglote les mains sur le visage.
— Pourquoi, je croyais que tu voulais qu'on discute ? il dit en glissant ses mains dans les poches d'un jogging qu'il a probablement enfilé en vitesse.
— Je… je veux plus discuter. Tout est dit. Enfin, j'ai compris. C'est moi qui m'étais fait des films. je bégaie difficilement.
— A propos de quoi ? »
De moi et de mes stupides interprétations ! De moi et mon imagination qui me faisais penser que tu me courtisais mais j'étais complètement à côté de la plaque !
« — De quoi tu parles ?
— Je.. Je pensais que je te plaisais, que tu étais intéressé par moi ! je lui avoue spontanément.
— C'était le cas. il dit toujours l'air serein. Mais tu m'appelais constamment yaya, ya Liam, comme si tu voulais t'assurer que j'allais te considérer comme ma petite soeur. Donc même si ça m'a fait mal, j'ai respecté ton choix. Je t'ai considéré comme tel.
— Je te plais et tu me fais venir et attendre pendant que tu fais… tu … couches avec des filles !
— Je t'ai fait venir parce que tu voulais qu'on discute. Et ce que je fais avec ces filles n'a rien à voir !
— …
— Je te dois rien puisqu'on est pas ensemble. T'es ma petite soeur n'est…
— Non ! Je ne suis pas ta petite soeur ! j'hurle à son visage. Je suis pas ta petite soeur !
— Bien alors dis-moi qui tu es ?
— Ta petite amie ! je crie du tac au tac. »
Je recule de trois pas, le coeur battant à la va vite, mais les yeux rivés sur lui. Il en fait autant, garde un visage de marbre pendant de longue secondes avant d'esquisser un sourir en coin.
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Merci Ka Liny Guerez pour le rappel. Encore une fois, il peut m'arriver d'oublier et si c'est sur moi que vous comptez pour me souvenir bèh, on va durer ici. rires.
Bonne lecture et à Samedi si on a 300 likes, sinon Dimanche.
Des bisous en pagaille !