Chapitre 5
Les jours suivants furent intenses et chargés de tension. Louise, Antoine, et Henri passèrent des heures à la bibliothèque, déchiffrant les anciens manuscrits et préparant minutieusement le rituel. La pleine lune approchait rapidement, et chaque minute comptait.
Une matinée, alors que Louise fouillait dans une section poussiéreuse de la bibliothèque, elle tomba sur un livre ancien, presque caché derrière une pile de volumes oubliés. La couverture de cuir était craquelée et le titre à peine lisible : "Chroniques de Valerianne." Elle l'ouvrit avec précaution, découvrant des pages jaunies par le temps.
"Antoine, viens voir ça," appela-t-elle, son cœur battant d'excitation.Antoine s'approcha, intrigué. "Qu'as-tu trouvé ?"
"Ce livre semble être une compilation d'histoires et de lettres d'anciens habitants de Valerianne. Peut-être que l'une d'elles nous donnera des indices supplémentaires sur la malédiction."
Ils se mirent à feuilleter les pages, lisant des extraits de la vie des villageois d'autrefois. C'est alors que Louise tomba sur une lettre pliée soigneusement entre deux pages. L'encre était pâlie, mais encore lisible.
"Regarde ça," dit-elle en montrant la lettre à Antoine. "Ça pourrait être important."
Elle déplia la lettre et commença à lire à haute voix :
"À celui qui trouvera ces mots,
Je m'appelle Guillaume Deschamps, et je crains que ma famille porte le poids de cette malédiction. J'ai découvert des secrets terribles sur l'origine du fléau qui nous hante. Mon ancêtre, Émile Deschamps, est l'origine de la malédiction. Par un acte de désespoir et de vengeance, il a invoqué des forces qu'il ne comprenait pas. Les runes de la grotte des montagnes contiennent les instructions pour briser ce maléfice, mais le prix à payer est élevé.
Que celui qui cherche à libérer Valerianne soit prêt à sacrifier ce qu'il a de plus cher. L'ombre de la bête ne quittera nos terres que lorsque le sang des Deschamps aura été offert en rédemption.
Guillaume Deschamps."
Louise resta silencieuse un moment, assimilant les informations. Antoine semblait également secoué.
"Alors c'est vrai," murmura-t-il. "Henri doit être un descendant des Deschamps."
"Et le rituel requiert son sang," ajouta Louise, la voix tremblante. "Mais il n'est pas question qu'il se sacrifie. Il doit y avoir un autre moyen."
Ils se tournèrent vers Henri, qui avait écouté en silence. "Si c'est ce qu'il faut faire pour sauver Valerianne, je suis prêt," dit-il avec détermination.
"Non, Henri," répondit Louise fermement. "Nous trouverons une autre solution. Nous avons encore du temps avant la pleine lune. Continuons à chercher."
Ils passèrent les jours suivants à explorer la bibliothèque et à interroger les villageois, cherchant des indices supplémentaires. Marie, la propriétaire de l'auberge, les aida en leur fournissant des repas et des conseils. Elle partagea des histoires qu'elle avait entendues de ses ancêtres, ajoutant des pièces au puzzle complexe.
"Il y a une autre histoire," dit-elle un soir, alors qu'ils discutaient autour d'un feu. "Une histoire d'un guérisseur qui vivait à l'orée de la forêt. On disait qu'il connaissait des secrets anciens, des méthodes pour contrer les malédictions. Peut-être que ses écrits existent encore quelque part."
Cette nouvelle piste ranima l'espoir de Louise. Le lendemain, ils se mirent en route pour la petite cabane du guérisseur, maintenant abandonnée et envahie par la végétation. La cabane était en ruine, mais ils fouillèrent avec soin, cherchant des documents ou des objets qui pourraient les aider.
C'est Antoine qui trouva un vieux coffre caché sous le plancher de la cabane. Ils l'ouvrirent avec précaution, découvrant des parchemins et des flacons de potions anciennes. Parmi les parchemins, un document attira l'attention de Louise. Il était rédigé dans une écriture fine et précise, décrivant un rituel alternatif pour purifier une malédiction.
"Ce rituel pourrait fonctionner," dit-elle avec enthousiasme. "Il parle d'utiliser des herbes spéciales et des incantations précises pour détourner la malédiction sans le sacrifice de sang."
Antoine semblait sceptique. "Nous devons être sûrs. Si nous faisons une erreur, cela pourrait aggraver les choses."
"Je le sais," répondit Louise. "Mais c'est notre meilleure chance. Revenons à la bibliothèque et comparons ces instructions avec les runes et le grimoire."
De retour à la bibliothèque, ils passèrent la nuit à étudier les nouveaux documents. Chaque symbole, chaque mot était analysé et comparé avec ce qu'ils savaient déjà. La tension montait à mesure que la pleine lune approchait.
Alors qu'ils faisaient des progrès, une nouvelle menace apparut. La nuit tombée, des bruits étranges résonnèrent autour de la bibliothèque. Des grognements, des bruits de pas lourds. Henri, qui gardait la porte, scruta les ténèbres avec inquiétude.
"Le loup-garou," murmura-t-il, la peur visible dans ses yeux. "Il sait que nous approchons de la vérité."
Louise et Antoine se joignirent à Henri, scrutant l'obscurité. Une silhouette massive émergea des ombres, ses yeux brillant d'une lueur sinistre. La créature s'approchait lentement, ses griffes raclant le sol.
"Nous devons nous défendre," dit Antoine, saisissant une vieille épée décorative accrochée au mur de la bibliothèque.
Henri, malgré la terreur, brandit une torche enflammée. "Je le tiendrai à distance. Louise, continuez à travailler sur le rituel."
Louise savait que le temps leur était compté. Elle se concentra sur les parchemins, essayant de déchiffrer les derniers symboles. Le combat à l'extérieur devenait de plus en plus intense, les rugissements de la bête résonnant dans toute la bibliothèque.
Soudain, un cri déchirant retentit. Henri avait été projeté contre un mur, sa torche roulant sur le sol. La créature s'approchait, ses crocs scintillant à la lumière vacillante. Antoine se précipita pour défendre Henri, mais le loup-garou était trop fort.
"Nous devons nous replier," cria Antoine. "Revenez à l'auberge, vite !"
Louise ramassa les parchemins et courut vers la sortie, suivie de près par Antoine et Henri. Ils se précipitèrent à travers les rues désertes de Valerianne, la créature sur leurs talons. Les villageois, alertés par le vacarme, observaient avec horreur depuis leurs fenêtres.
Arrivés à l'auberge, ils barricadèrent la porte, essoufflés et terrifiés. Marie, qui les attendait, se précipita vers eux. "Que s'est-il passé ?"
"Le loup-garou," répondit Antoine, le souffle court. "Il nous a attaqués. Il sait que nous sommes proches de trouver une solution."
Louise étala les parchemins sur la table. "Nous devons terminer ce rituel avant la prochaine pleine lune. C'est notre seule chance."
Henri, blessé mais déterminé, hocha la tête. "Nous devons réussir. Pour Valerianne."
La nuit suivante, alors qu'ils travaillaient d'arrache-pied, Louise fit une découverte cruciale. Un passage caché dans les runes expliquait comment utiliser une combinaison spécifique d'herbes et de chants pour neutraliser la malédiction sans sacrifice. Elle sentit un élan d'espoir.
"J'ai trouvé," dit-elle, ses yeux brillant d'excitation. "Nous pouvons le faire. Nous avons tout ce qu'il faut."
Antoine sourit faiblement. "Alors nous devons nous préparer. La pleine lune est demain soir."
Ils passèrent le reste de la nuit à rassembler les herbes nécessaires, à mémoriser les incantations, et à préparer le lieu du rituel. Chaque détail était crucial, et ils ne pouvaient se permettre aucune erreur.
Le jour de la pleine lune arriva, et l'atmosphère à Valerianne était chargée de tension. Les villageois restaient enfermés chez eux, craignant le pire. Louise, Antoine, Henri, et Marie se rendirent à la grotte des runes, leurs cœurs battant à l'unisson.
Alors qu'ils entraient dans la grotte, la lumière de la lune se glissant à travers l'ouverture, Louise sentit une présence familière. Elle se tourna et vit, à l'entrée de la grotte, le loup-garou, ses yeux fixés sur eux.
"Il est temps," murmura Louise, déterminée à mettre fin à la malédiction une fois pour toutes.