No.4

Rahul.

Trois ans plus tôt.

Lorsque je dégage les cheveux de son visage, je comprends mieux pourquoi je me suis jeté comme un fou pour la sauver. La pauvre ! Elle ressemble à un petit chat mouillé. Lorsque ses yeux se plantent dans les miens, bordel, j’ai comme une bouffée de chaleur qui me traverse tout le corps. Qu’Allah me vienne en aide parce que, je n’ai jamais ressenti un désir aussi puissant pour une femme. Mes yeux se posent alors sur sa poitrine et je vois le bout de ses seins pointer à travers sa robe mouillée. Si nous n’étions pas pas devant autant de monde, je crois bien que je prendras ce bout entre mes dents. Je me racle la gorge lorsque je vois que mes pensées dérivent et je lève à nouveau les yeux vers elle.

“ Tu devrais éviter de marcher près de la piscine si tu ne sais pas nager. ”

“ Désolée, je… ”

Elle met à trembler dans mes bras et je me sens tellement mal. D’autant plus que je sais que c’est de ma faute si les gardes du corps l’ont jeté dans cette piscine. Je lève la tête et je fais signe aux gardes du corps de m’apporter une serviette. Chose qu’il se dépêche de faire. Je me hisse sur le bord de la piscine et je m’assois dessus, lorsqu’ils apportent une serviette, je la lui passe autour des épaules et je les frotte doucement.

“ Ça va mieux ? ”

Elle me répond oui en secouant la tête sans même me regarder, dommage, j’aurais voulu encore voir le vert de ses yeux. J’entends des pas derrière moi et une main se pose sur la mienne pour m’empêcher de toucher à la jeune fille. Je me retourne et je vois le regard furieux de ma petite sœur.

“ Pourquoi as-tu fait ça ? Plonger dans l’eau pour repêcher cette pauvre fille. ” Me dit-elle en arabe.

“ Je l’ai fait de la même manière que toi tu as demandé à tes sbires de la jeter dans l’eau. ” Répondis-je moi aussi en arabe.

“ Elle prenait des photos de toi, de nous ! Quand vas-tu enfin comprendre que nous ne sommes pas comme tous ces gens ? ”

“ Le jour où tu apprendras à traiter ces gens comme tu les appelles avec respect ! ”

“ Rahul je… ”

“ Tais-toi, je ne veux plus t’entendre, tu peux partir maintenant. ”

“ Et toi ? Qu’est-ce que tu vas faire ? ”

Le jeune fille se racle le gorge et essaye de se lever.

“ Je dois y aller. ”

“ Non, attends ! ” Dis-je en la retenant par la main, je me lève à mon tour et je la regarde dans les yeux. “ Vous tremblez littéralement de froid, laissez-moi vous offrir un café et quant à toi, remonte dans y’a chambre tout de suite. ”

Aaliyah frissonne, il faut dire, je n’ai jamais été aussi dure avec elle, mais je dois avouer que son comportement de tout à l’heure, m’a vraiment déçu. Je prends la main de la jeune fille et je l’entraîne dans un des espaces privé de l’hôtel. Je viens ici à chaque fois que j’ai la possibilité de me reposer et d’être bien loin de tous les problèmes qui sont en rapports avec mes fonctions. Il faut dire depuis deux ans que je suis revenu dans mon pays d’origine, j’ai comme l’impression de crouler sous les responsabilités et de n’avoir pas assez de temps pour moi. C’est Aaliyah qui a convaincu mon grand-père de nous laisser venir ici pour nous amuser un peu. Je tire une chaise et je l’aide à s’asseoir. Un des gardes m’apporte une autre serviette et je m’essuie les cheveux avec. Je pose les coudes sur la table et je me prends la tête entre les mains. Je regarde la jeune fille dans les yeux, elle évite mon regard et détourne les yeux.

“ Je ne sais même pas comment tu t’appelles. ”

Elle bougonne quelque chose dans sa gorge, tellement bas que si je n’avais pas vu ses lèvres bouger, j’aurais dit que c’est dans ma tête.

“ Pardon ? ” Demandais-je en plissant les yeux.

“ Vous n’auriez pas dû parler à votre femme comme ça. ” Dit-elle encore d’une voix très bas.

Je plisse les yeux sans comprendre, de quoi parle t’elle ?

“ Je ne comprends pas. ”

“ Je vous ai entendu tout à l’heure avec elle, vous n’auriez pas dû vous disputer avec elle pour moi. ”

Je comprends mieux maintenant, elle pense que Aaliyah est ma femme. Si c’est le cas, elle est bien la première personne qui pense ainsi, parce qu’en fait elle est ma sœur. Un peu casse-pieds, mais c’est ma petite sœur. Tout le monde le sait. Apparemment tout le monde sauf elle. Le fait qu’elle ne me connaisse pas, m’intrigue et m’excite en même temps. Je ne compte pas la contredire, du moins, pas pour le moment, je trouve ça assez drôle.

“ Vous avez entendu notre conversation ? ”

“ Oui, d’après ce que j’ai entendu, vous êtes quelqu’un d’important et vous ne devrez pas rester avec moi. Je vais m’en aller, je ne vous retiendrais pas plus longtemps. ” Dit-elle en se levant.

“ Non ! ” Je suis moi-même surpris de mon ton, presque suppliant. “ Reste, si ta présence m’importunait, crois-moi que je te le dirais tout de suite. ”

Le serveur vient avec une théière qu’il pose sur la table, lorsqu’il essaye de nous servir, je le congédie d’une main et je me lève pour faire le service.

“ Bois ! ” Lui dis-je en m’asseyant d’une voix beaucoup plus autoritaire que je ne l’aurais voulu.

Elle prend la tasse de thé et la porte a ses lèvres sans même souffler dessus.

“ Attention ! ”

Trop tard, elle s’est déjà brûlée la langue, elle se lève d’un bond en agitant les mains dans tous les sens, renversant la théière au passage. Celle-ci tombe par terre et se fracasse en mille morceaux. Elle regarde la tasse d’un air désolé et se courbe pour ramasser les débris.

“ Mon Dieu ! Je suis vraiment désolée, je suis tellement maladroite, je rembourserais tout je vous le promets. ”

Elle se coupe au passage et je lève les yeux au ciel. Elle a raison, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi maladroit qu’elle. Je me lève et je lui prends les mains. Les larmes qui coulent de ses yeux me mettent mal à l’aise.

“ Je suis tellement désolée. ”

“ Et si tu commençais par me donner ton nom ? ”

“ Dani… Je m’appelle Daniella. ”

“ Enchanté Daniella, je suis Rahul. ” Dis-je en souriant. “ Ne t’en fais pas pour ça, ce n’est pas bien grave. ”

Une fois encore, je la fais asseoir sur la chaise et je reste debout près d’elle. Pendant qu’un employé s’attelle à nettoyer le sol sans même que je ne l’ai appelé, un autre m’apporte une trousse médicale. Je l’ouvre et je prends un désinfectant, je lui nettoie la coupure, le plus délicatement possible pour ne pas lui faire encore plus mal. Une fois que j’ai terminé, je lui fais un bandage et je dépose un baiser sur sa plaie. Elle ferme les yeux et frissonne. Puis se lève et regarde la porte.

“ Il faut vraiment que je parte. ”

Son empressement à vouloir partir loin de moi commence à m’agacer. Aurait-elle un amant dont elle s’inquiète de la réaction s’il nous voyait ici tous les deux ? Un sentiment de colère m’enserre la gorge et je serre le poing.

“ Pourquoi êtes-vous donc aussi pressée ? ”

“ En quoi cela nous regarde t’il ? ”

Elle retire sa main de la mienne et court vers la sortie. Je la regarde partir en plissant les yeux. Cette fille m’intrigue et m’excite à la fois. Je compte bien la revoir et si elle pense m’avoir échappé, elle se trompe, cet hôtel est le mien et je finirais bien par lui remettre la main dessus.