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No.5

Daniella.

Mon téléphone sonne, encore, je le regarde de loin pour voir qui m’appelle. Maman. Encore. Je ferme les yeux et je laisse les larmes couler sur mes joues. Combien de temps vais-je encore continuer à la décevoir ? Quand est-ce que je pourrais la rendre heureuse ?

L’entendre me dire qu’elle est fière de moi ? J’en ai tellement marre de cette vie, j’avais cru enfin pouvoir tourner la page, recommencer une nouvelle vie dont j’aurais le contrôle total, dont je serai fière, avec une grande carrière dans la parfumerie. Mais tout, absolument tout tourne mal pour moi. À chaque fois que je pense avoir réussi à faire quelque chose de vrai, que je pense toujours pouvoir être heureuse, je me heurte contre un mur. Pourquoi ma vie est-elle aussi pathétique ? Aussi compliquée ? N’aurais-je donc jamais droit à ma part de bonheur ? Est-ce qu’un jour je pourrais enfin m’affirmer en tant que personne et révéler le potentiel que j’ai en moi ? Ça commence à me gonfler tout ça. Pourrais-je un jour ne serait-ce qu’arriver à la cheville de Candice ? J’ai l’impression que ma vie n’est qu’une succession d’échecs et que jamais je ne rendrais ma sœur fière de moi.

Je me couche encore une fois et je pleure. Parce qu’il n’y a que dans ce domaine que j’excelle. Je suis une fichue pleurnicheuse. Candice elle se serait levée et aurait affronter ce problème avec courage et détermination tout le contraire de moi.

Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, mais quand je me réveille, une lumière aveuglante m’agresse les yeux, je les referme d’un coup. J’entends des pas dans la chambre et quelqu’un qui parle.

“ Dieu merci, tu respires encore ! ”

Je sursaute et je cogne ma tête sur le chevet du lit.

Merde ! C’est Lorraine. Ma mère a sûrement dû l’envoyer pourse rassurer que je vais bien. Comment elle a fait pour entrer ? Je ferme les yeux et je me frotte l’arriere du crâne. Elle a le double des clés. Comment je fais moi maintenant pour me débarrasser d’elle ? On ne peut même plus être seul dans sa propre maison.

“ Tu n’as pas payé la facture d’électricité ou quoi ? ”

“ Quelque chose comme ça. ”

J’entends des pas qui vont de l’autre côté de la pièce et elle tire les rideaux d’un geste sec.

“ Bordel Lorraine ! ” Hurlais-je en me couvrant les yeux.

“ Oui Lorraine, heureuse que tu te souviennes de mon nom. ”

“ Si tu ne referme pas ces rideaux, je te defonce la gueule ! ”

“ Dans l’état où tu es, je pourrais te mettre KO sans trop dépenser d’énergie. ”

Je retire la couverture de ma tête et enfonce vers elle furieuse avec l’intention de la plaquer violemment par terre. En sautant du lit, mon pied s’enroule dans la

couverture et je tombe sur le ventre de manière pathétique juste devant ses pieds.

“ Tu es totalement ridicule ma pauvre fille. ”

Je ne réponds rien et je lève la tête vers elle. Elle est coiffée, habillée à la perfection. Comment peut-elle être aussi coquette alors que tout va si mal ?

“ Debout ! ” Dit-elle en me prenant par la main. Je me laisse faire et je la suis sans protester, elle me conduit au salon jusqu’à la photo de Candice. Mes yeux d’embuent et je lève la tête vers elle, putain ! C’est un fichu coup bas.

“ Tu n’as pas le droit. ”

“ Non toi tu n’as pas le droit de baisser les bras, regarde la Dani ! Regarde la et dis lui qu’une fois encore tu vas laisser tomber parce que tu t’es heurté à un échec. ”

“ Tu ne peux pas me demander ça. ”

“ Pourquoi ? Parce que tu sais que c’est vrai, tu trahis la promesse que tu as faite à ta sœur ? Tu abandonnes à la moindre difficulté, dois-je te rappeler que tu n’es pas seule dans cette histoire ? As-tu pensé à moi ? ”

Je me tais un instant, sans savoir quoi dire, je sais parfaitement qu’elle a raison.

“ Ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat, je voulais juste être seule c’est tout. Me donner du temps pour réfléchir à tout ça. ” Dis-je en allant m’asseoir sur un canapé.

Mon amie s’avance vers moi, le regard emplit de larmes, elle s’agenouille en face de moi et me prend la main.

“ C’est justement ce que j’essaye de te faire comprendre Dani. Tu n’es pas seule, tu m’as moi. Et même si tu en doutes, ta mère est là pour toi. ”

“ Ouais c’est ça. ”

“ Elle est tres inquiète je t’assure, elle n’a pas arrêté de me demander de tes nouvelles. ”

“ Je n’ai pas arrêté de la décevoir, même avec ce satané mariage. ”

“ Arrête ! Tu ne vas pas regretter de t’être mariée, d’avoir voulu être heureuse. Ce n’est pas de ta faute si ces gens n’ont pas pu voir le trésor qu’ils avaient entre leurs mains. Je ne te laisserai pas te flageller pour des gens qui n’en valent pas la peine. ”

“ Qu’allons-nous faire maintenant ? On a tout perdu, c’est moi qui l’ai laissé entrer. ”

“ Si je m’en souviens bien, ces entretiens nous les avons passés ensemble, moi aussi j’ai dit que j’étais d’accord pour lui donner sa chance alors non, ce n’est pas seulement de ta faute. ”

“ Je m’en veux tellement ! ”

“ Moi aussi je m’en veux, mais qu’est-ce qu’on peut y faire ? Ce qui s’est produit est un concours de circonstances. Par contre tu ne résoudrais rien en restant cloîtrée ici ! Nous devons nous battre, nous devons sauver notre société. Où est donc passé ton désir de combativité ? Je croyais que tu avais décidé de reprendre le dessus. ”

“ Oui ! ” is-je en essuyant mes larmes. Je te jure que je ne fuis pas, je voulais juste prendre du recul. Essayer de réfléchir à tout ça, pour voir s’il y’a une solution. ”

“ Écoute j’ai déjà essayé de réfléchir de mon côté, et je vais vendre la maison que m’a laissé grand-mère. ”

Je me lève d’un bon révoltée.

“ Non ! Tu ne peux pas faire ça. Cette maison, tu l’adores, elle est située juste au bord de la mer, avec une vue magnifique, il n’y a aucune autre maison aux alentours et c’est justement cet environnement calme que toutes les deux nous adorons. On a toujours rêvé d’y amener nos enfants en vacances. ”

“ Ce n’est vraiment qu’une maison et rien d’autre. ”

“ Ce n’est pas qu’une maison ! Si c’était le cas tu n’aurais pas mal au cœur juste en parlant d’elle. Je ne te laisserai pas te séparer du seul souvenir que ta grand-mère t’a laissé, surtout en sachant combien tu as dû te battre pour l’avoir. ”

En effet, pour avoir cette maison, Lorraine avait dû batailler avec sa famille et jusqu’à présent, ils ne s’adressent pas toujours la parole.

“ Et moi je m’y oppose, tu ne peux pas… ”

Je suis interrompue par le bruit de la sonnette de la porte. Qui ça peut bien être ?

“ On en a pas fini toi et moi. ” Dis-je en voyant mon amie sortir de la chambre pour aller ouvrir la porte.

Je lui emboîte le pas et je vais me servir un verre d’eau dans la cuisine, puis je reviens au salon, quand je vois le visage agacé de Lorraine, je comprends tout de suite de qui il s’agit.

“ Dani mon amour, j’étais mort d’inquiétude. ”

Je souris embarrassée, Nathan est vraiment la dernière personne que je m’attendais à voir, à vrai dire, j’aurais préféré ne pas le voir du tout.

“ Nate, tu es là. ” Dis-je en allant le prendre dans mes bras.

Je vois mon amie lever les yeux au cie, je lui fais de gros yeux pour lui dire d’arrêter tout de suite ce qu’elle fait. Je sais que les deux ne s’apprécient pas, mais il pourrait faire un petit effort pour moi tout de même ! Nate est mon petit ami et après tout, C’est elle qui m’a demandé de tourner la page, alors elle devrait être ravie non ?

Bon petit ami serait un peu trop, disons que nous nous fréquentons, et ma meilleure amie ne l’apprécie pas, elle le trouve beaucoup trop parfait, beaucoup trop gentil, tellement que ça en devient faux dit-elle. Moi, je trouve intéressant, il est cultivé et gentil. N’importe quelle fille s’empresserait de le présenter à sa famille ou de l’épouser. Parfois, je pense vraiment que je suis idiote de lui faire autant attendre. De surcroît, il est avocat et travaille dans un grand cabinet d’avocats.

“ Tu vas bien ? ” Demande-t'il en déposant un baiser sur mon front.

“ Elle a l’air d’aller bien d’après toi ? ”Demande Lorraine d’un ton dur.

Il ignore complètement ce que lui dit Lorraine et me prend la tête entre ses mains.

“ Je suis venu à l’inauguration et j’ai trouvé la boutique fermée, mon Dieu Dani, je suis vraiment désolé, je sais comment vous avez travaillé dur pour ouvrir cette boutique. ”

“ Ouais c’est ça. ” Dit Lorraine.

Je secoue la tête et je me tourne vers la fenêtre, je n’ai vraiment pas besoin de ça en ce moment.

“ J’irais mieux ne t’en fait pas. ”

“ Mais qu’est-ce qui s’est passé ? ”

“ Non mais tu le fais vraiment exprès n’est-ce pas ? Tu n’as pas lu les journaux ou quoi ? C’est pourtant écrit partout, Dubaï choice a été volé par son conseiller financier. ”

“ Je sais tout ça. ” Dit Nate en s’emportant. “ Je voulais juste qu’elle m’en dise un peu plus. ”

“ Il n’y a rien à dire Nate, les journalistes ont tout bien décrit. Et sans oublier aucun détail, nous avons subit la pire des humiliations. ”

Un silence s'ensuit, plus aucun de nous trois ne parle. D’ailleurs qu'aurait-il à dire ? Absolument rien ! Nous sommes tous aussi surpris, aussi résignés.

“ Je suppose que vous n’avez pas trouvé de solutions. ”

“ Tu crois que si on avait une solution nous serions assises là à réfléchir. ”

“ Lorraine envisage de vendre sa maison de campagne. ”

“ Oh ! ” Dit-il en regardant dans la direction de Lorraine. “ Sans vouloir t’offenser, je ne pense pas que ton argent servira à grand chose, tu vendras ta maison pour rien. ”

“ C’est ce que je lui ai dit, je ne veux pas qu’elle vende cette maison ce serait un énorme sacrifice. ”

“ Mais puisque je dis que ça me fait plaisir. ” Dit Lorraine.

“ Mais pas à moi vois-tu. Je refuse que tu te sacrifies encore pour moi. ”

“ Je ne le fais pas que pour toi, cette compagnie est aussi la mienne. Nous devons sortir de là ensemble. ”

“ Puisque tu as de si bonnes idées tu pourrais peut-être nous dire quoi faire monsieur je sais tout.”

“ Effectivement, je vais vous suggérer de vous trouver un investisseur. “

Je le regarde dubitative, un investisseur, j’ai pensé à cela, mais que très brièvement, quel homme d’affaires censé voudrait investir dans une entreprise comme la nôtre ?

“Moi aussi j’y ai pensé, mais je ne pense pas vraiment que quelqu’un de censé voudrait investir dans une entreprise en faillite.”

“ C’est justement là où tu te trompes, de nombreux hommes d’affaires investissent dans des sociétés en faillite. Laisse-moi faire, je finirais par trouver. ”

“ Vraiment ? ”

“ Je ferais n’importe quoi pour toi, tu es quelqu’un de bien. ”

“ Merci Nate. ”

Je lui serai éternellement reconnaissante s’il pouvait me sortir de ce mauvais pas.

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