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MARDI – J.13 VOYAGE
Lui.
En arrivant au bureau ce matin, j’essaie de penser à tout sauf à Alexandra. Je dois rester éloigné d’elle. Elle hante mes pensées depuis que son regard brûlant à croisé le mien pour la première fois.
Hier midi, je savais que l’inviter au restaurant n’était pas une idée judicieuse, mais allez savoir pourquoi, j’ai fait taire ma raison et j’ai suivi mon instinct.
J’espère simplement que l’épisode de séduction du restaurant est maintenant une affaire classé et que ce comportement déplacé que nous avons eu l’un envers l’autre ne va pas empiéter sur notre travail.
J’ai longuement réfléchi hier soir. Je ne vois pas pourquoi je n’arrive pas à garder mon esprit en place lorsqu’elle est dans les parages. C’est une femme comme les autres après tout, et dieu sait combien de femme me voudrait pour elle toute seule.
Jusqu’ici, je me suis tenu à carreaux avec les femmes en faisant en sorte de ne jamais leur donner de faux espoirs qu’elle pourrait mal interpréter alors je ne vais pas tout foutre en l’air à la venue de la première minette.
Je ne suis pas un connard avec les femmes. Du moins, je ne suis plus un connard. Je ne veux pas faire espérer cette chère mademoiselle Smith puis revenir ensuite sur mes pas en lui disant que ce n’est pas possible.
Je ne sais même pas pourquoi je lui ai proposé ce déjeuné, mais c’était une erreur qui ne se reproduira plus, pour le bien de tous.
Au moment ou je pénétrai dans l’entreprise, mon regard se posa immédiatement sur une silhouette élancée. C’est une jeune femme blonde de dos qui discute visiblement avec un des employés de l’accueil.
La jeune femme portait de hauts talons qui mettaient en valeur ses interminables jambes qui doivent en faire rêver plus d’un.
Mon regard est fixé sur cette femme de dos. En avançant dans le hall, je commençais à voir la silhouette d’un point de vu différent.
Je voyais à présent la femme de profil et je peux vous dire qu’elle n’en ai que plus belle.
L’homme en face d’elle avait un sourire au lèvres tandis qu’elle penchai sa tête en arrière et exposai son cou pour éclater d’un rire mélodieux qui résonna jusqu’à mes oreilles.
Pendant un instant, je fus jaloux. Cette femme est majestueuse et…
Elle tourna la tête dans ma direction. Alexandra.
Voilà pourquoi je n’avais pas pu m’empêcher de lui proposer ce dîner. Elle m’hypnotisait.
Je la vis me sourire puis retourna rapidement à sa conversation avec le jeune homme.
Je jetai un coup d’œil à ma montre et remarquai qu’elle était en avance sachant qu’elle commençait seulement dans une vingtaine de minutes.
Elle est donc venue plus tôt pour pouvoir discuter avec cet employé. Je sentais la colère pointer le bout de son nez.
Je m’avançais donc à pas furieux dans leur direction. Lui était penché au dessus du comptoir de l’accueil, appuyé sur ses deux coudes. L’étincelle dans ses yeux ne trompait pas. Il l’admirait.
Une fois arrivé à leur hauteur, j’appuyais mon coude sur le comptoir puis les regardai tous les deux à tour de rôle.
-Monsieur Lewis, dit soudainement le jeune garçon en se redressant et en me tendant la main.
Je la serrai froidement. Je ne lançai pas un regard à Mademoiselle Smith, mais fixait l’homme qui déglutit sous mon regard froid.
Je jetai un coup d’œil au badge accroché au niveau de sa poitrine. Un certain James.
-N’avez-vous pas du travail James ? demandais-je froidement.
Je le vis déglutir.
-Oui, je prenais juste une petite pause… bredouilla-t-il.
-Et bien que je ne vous y reprenne plus. Passez une bonne journée.
Je ne dis pas un mot de plus avant de me retourner sous le regard énervé de ma nouvelle traductrice et celui légèrement effrayé de ce James.
Je pénétrai dans l’ascenseur sans un regard en arrière. Les portes se refermaient lentement, mais une main les retint au dernier moment et Mademoiselle Smith entra l’air énervé.
Ses sourcils sont légèrement froncé et cet air lui va à ravie, bien que je la trouvais bien plus radieuse lorsqu’elle riait.
-A quoi est-ce que vous jouez ? demanda-t-elle dès que l’ascenseur commença son ascension.
Je savais très bien de quoi elle voulait parler mais autant jouer l’innocent.
-Je vous demande pardon ?
-Je vous demande à quoi vous jouer. C’était quoi ce cinéma dans le hall ?
-Oh ça, dis-je doucement.
-Oui, ça.
-Et bien, je remettais simplement un de mes employés à sa place.
-Mais il n’avait rien fait de mal !
-Dites moi Mademoiselle Smith, qui est le patron ici ?
-Vous, lâcha-t-elle comme si ce mot lui écorchai la gorge.
-Bien, alors si je décide que ce James n’a pas suivi le règlement, c’est que j’ai raison. Vous savez ce qu’on dit en sport ? demandais-je.
-Non, dit-elle en soufflant.
-On dit qu’il y a deux règles primordiales. La première est que l’arbitre à toujours raison.
-Et la seconde ?
-La seconde dit que si l’arbitre à tort, il faut se référer à la règle numéro un.
-Vous êtes hilarant Monsieur Lewis.
-Merci, dis-je avant de sortir de l’ascenseur qui venait d’ouvrir ses portes.
Une fois enfermé dans mon bureau et assis sur ma chaise, je laissai échapper un long souffle. Et voilà, je suis redevenu un connard. Ca doit faire quoi, cinq an que je ne me suis plus comporté comme ça avec quelqu’un. J’étais devenu quelqu’un d’avenant et de gentil et non plus égocentrique et arrogant mais je peux dire au revoir à toutes ses bonnes résolutions que j’ai prise il y a quelques années avec cette Alexandra dans les parages. Elle me fait tourner la tête.
Je me mis au travail, puis après une heure environ, j’entendis quelqu’un toquer timidement à la porte.
-Entrez, dis-je avec une voix forte.
La porte claqua et je relevai la tête pour voir qui était mon visiteur. Je fus surpris quand j’aperçus Alexandra. Elle avait l’air gênée.
J’avais enfin réussi à me la sortir de la tête et voilà qu’elle refaisait son apparition. Bien que sa présence m’est très agréable, je vais encore devoir passer un temps fous à essayé de sortir de mon esprit la courbe de ses hanches mise en valeur par sa jolie robe d’été.
-Je peux faire quelque chose pour vous Mademoiselle Smith ? demandais-je poliment.
-Et bien, je ne suis pas venue avant par fierté, mais en fait c’est complètement bête parce que du coup je n’ai rien fait entre temps…
-Je ne vois pas où vous voulez en venir, dis-je en fronçant les sourcils.
-Voilà, ayant terminé tout mon travail hier, je n’en ai plus et je me doute que vous en avez pour moi mais j’étais trop énervé pour venir vous le réclamer. Votre histoire d’arbitre m’a mise sur les nerfs.
J’hésitais entre rire et pleurer. Cette femme est tellement inattendue. Tantôt mature et séductrice, tantôt timide et réservée. Je dirais qu’elle est intrigante.
Je laissai un petit ricanement filtrer d’entre mes lèvres.
-Je dois avouer que vous n’avez pas été futée sur ce coup là, dis-je simplement.
Elle semblait s’énerver à nouveau, mais cette fois, l’énerver n’était absolument pas dans mes intentions.
Je lui fis un petit sourire pour tenter d’apaiser sa colère avant de lui dire :
-La prochaine fois, envoyez moi simplement un mail. Je vous enverrais vos travaux pour la journée.
-Bien. Merci beaucoup. Je ne vais pas vous importuner plus longtemps, dit-elle en se retournant pour partir.
-Attendez ! dis-je au moment où sa main se posa sur la poignet de la porte.
Et bien bravo Andrew. Tu ne te sens pas trop con maintenant ? Je n’ai aucune idée de ce que je veux lui dire ni de pourquoi je l’ai arrêté.
-Passez une bonne journée, dis-je simplement avec un petit sourire.
Elle hocha simplement la tête l’air suspicieuse avant de partir pour de bon.
Je lâchai un petit souffla après son départ. Maintenant elle doit me prendre pour un fou. Génial !
En tout cas, cette femme m’intrigue énormément. Je ne sais pas si toutes les questions que je me pose, elle se les pose aussi ou encore si elle ressent la même chose lorsque nos regards se croisent, mais bizarrement j’espère de tout cœur que tout cela est réciproque.