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Chapitre 2

Dégonfler les roues de façon à ce qu’elles ne peuvent plus être regonflées était la seule idée qu’avait trouvée Maëliss pour handicaper sa mère. Du coup, vu qu’elle voulait voir la réaction de cette dernière, la jeune femme quitta la pièce pour qu’Andrea ne la voie pas, même si cela allait être évident que c’était elle qui était la coupable, et elle alla se mettre près de la fenêtre du garage. Une dizaine de minutes plus tard, la mère d’Elisa arriva et elle fut tellement consternée en voyant ses roues alors qu’elle se pressait qu’elle ne voulait même pas savoir qui s’était passé. Pendant ce temps, voir le visage ahurie de sa mère amusait énormément Maëliss quand, à sa grande surprise, elle vit celle-ci fondre en sanglots.

- « Oh ! Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Est-ce que vous pouvez m’expliquer ce qui se passe ? Ma mère et moi avons souvent ce genre de disputes et on se fait souvent toute sorte de piques, mais c’est la première fois qu’elle se met à pleurer comme cela. Du reste, pour que vous voyiez à quel point nous allons loin dans nos attaques, elle a déjà découpé mes sous-vêtements préférés et elle a même été jusqu’à mettre un trou à l’arrière de ma jupe alors que je portais un string. Je n’ai pas besoin de vous dire la honte que j’ai eue quand une personne me l’a dit et que j’étais en plein centre-ville. Heureusement que j’avais de l’argent avec moi pour m’acheter un jeans car, sinon, je ne sais pas comment j’aurais fait. Je lui ai, bien entendu, rendu l’appareil mais elle ne s’était jamais mise dans un tel état. Son patron l’a peut-être vraiment téléphonée en fin de compte. Je me retrouve dans un sentiment mitigé en ce moment. Ça m’attriste de la voir pleurer de la sorte, mais je ne lui pardonne toujours pas le fait de m’avoir abandonnée au dernier moment. Elle n’est pas la seule à travailler dans cette entreprise, même si elle est la responsable de son département, et je pense qu’on aurait bien pu lui trouver un remplaçant. Bref, vu qu’elle devra y aller malgré tout, elle n’aura qu’à s’y rendre en taxi. »

Maëliss était perdue. Même si elle ne voulait pas l’admettre, elle regrettait d’avoir mis sa mère dans un tel embarra. Du coup, c’est perdue dans ses pensées qu’elle se rendit à l’université. Or, la jeune femme de vingt-deux ans avait complètement oublié qu’elle devait retrouver Alexia, son amie de classe, devant chez elle, chose qu’elle faisait automatiquement en général.

- Hey attends ! entendis-je et, en me retournant, je vis Alexia qui courait en ma direction.

- Je suis désolée ma chérie. J’avais la tête ailleurs et j’ai complètement oublié de m’arrêter chez toi.

- Ça se voit que tu as oublié.

- Je suis vraiment désolée Alexia, lui dis-je après lui avoir fait la bise et nous nous mîmes aussitôt en route vu que l’université se trouve à vingt minutes d’ici et qu’on y va à pieds tous les jours.

- Ne t’inquiète pas pour ça car l’important est que je n’ai pas perdu mon temps à attendre pour rien. Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu t’es une nouvelle fois disputée avec ta mère, c’est ça ?

- Oui, c’est bien ça. Sauf qu’il s’est passé quelque chose de bizarre et c’est ce qui me fatigue le plus en fait.

- Tu veux me raconter ?

- Comme à chaque fois, ma mère me met de côté et, même pour aujourd’hui, elle a préféré se rendre à son travail plutôt que d’assister à la cérémonie…

- Elle ne viendra pas ? s’étonna Alexia tout en m’interrompant. Tu m’avais pourtant dit qu’elle viendrait et cela te rendait même très heureuse car c’était quelque chose à laquelle tu ne t’attendais pas.

- C’est vrai mais, comme à son habitude, elle a changé d’idée et elle ne me l’aurait pas dit en plus ! Son plan était de partir en douce au travail. De toute façon, j’aurais dû m’y préparer car elle m’a toujours fait ce genre de coup. Pourquoi est-ce que ça changera aujourd’hui ?

- Parce qu’elle est ta mère et qu’elle se doit d’être présente pour ce genre d’occasion ! Je comprends que tu sois triste ma chérie. Je ne saurais pas comment j’aurais réagi si j’étais à ta place.

- En réalité, ce n’est pas le fait qu’elle ne vienne pas qui me rend triste. En fait, si, mais il y a autre chose, lui dis-je tout en commençant à m’emmêler les pinceaux.

- Il y a autre chose ? s’étonna-t-elle. Qu’est-ce qu’elle a fait d’autre ?

- « Comme vous le voyez, Alexia connait parfaitement ma situation car c’est n’est pas la première fois que la vipère me fait de mauvais coups. Si vous le voulez, mon amie est en quelque sorte mon carnet intime. »

- C’est moi qui ai mal agi cette fois-ci. Quand elle m’a annoncé qu’elle ne serait pas à la cérémonie, nous nous sommes une fois de plus disputées et, par la suite, j’ai perforé les quatre roues de sa voiture pour lui faire payer. Je me suis cachée près du garage pour voir sa réaction et, à ma grande surprise, elle s’est mise à pleurer à chaudes larmes. Du coup, ça m’a fait culpabiliser.

- Ça va sûrement paraître méchant ce que je vais dire, mais tu n’as aucune raison de te sentir coupable. Si cette situation est arrivée, c’est elle qui l’a cherchée. Elle aurait bien pu dire à son patron qu’elle avait quelque chose d’important à faire et qu’elle ne pourrait pas venir ! A ma connaissance, elle a droit à des congés.

- C’est vrai, mais tu me connais et tu sais que je ne suis pas le genre de peste qui aime le malheur des autres. Le fait de l’avoir vu pleurer m’a fondu le cœur.

- Moi, je dis que c’est bien fait pour elle. Il faut que tu te montres forte ma chérie car elle n’hésite jamais à te faire de la misère. Pourtant, je te l’ai archi dit ! Avec la vipère qui te sert de mère, tu risques d’être tout le temps dans cet état.

- Tu n’as pas tord, mais ce ne sera pas aisé.

- Est-ce que quelqu’un d’autre t’accompagneras au moins ?

- Je vais me retrouver toute seule.

- Je pensais qu’un autre membre de ta famille serait là, me dit-elle alors qu’elle n’arrivait pas à en croire ses oreilles.

- Non, je ne les ai même pas invités.

- Je suis navrée. Je ne savais pas que tu n’étais pas en bon terme avec les autres membres de ta famille non plus, me dit-elle avec un ton embarrassé.

- « Vous vous demandez sûrement pourquoi je ne suis ni en bon terme avec ma mère, ni avec sa famille, n’est-ce pas ? C’est tout simplement parce qu’ils sont comme ma mère. Il se peut que je me trompe, mais j’ai l’impression qu’elle les a montés contre moi. A bien y réfléchir, je suis habituée à vivre comme ça et je pense que je me porte beaucoup mieux toute seule. Si vous voulez, je considère davantage Alexia comme ma famille car, à chaque fois que j’ai de gros clashes avec ma mère, c’est chez elle que je vais me réfugier et elle ne m’a jamais refusé l’hospitalité. »

- Vu que personne ne t’accompagnera, je vais demander à notre photographe de prendre des photos de toi quand tu recevras ton diplôme, me dit-elle enfin après quelques instants de réflexion.

- Ce n’est pas la peine voyons. Il va te prendre plus cher si tu lui demandes une telle chose.

- Je le sais, mais j’y tiens. Tout le monde mérite d’avoir des souvenirs d’un tel moment et j’insiste que tes photos soient prises. Et puis, qu’est-ce que ce sera quelques sous de plus à payer ?

- Ça me touche beaucoup que tu fasses une telle chose pour moi.

- Je sais que c’est très douloureux pour toi que personne ne sera présent de ton côté pour assister à la cérémonie alors que tu as énormément bossé pour que cela arrive. Au moins, tu pourras avoir un souvenir de ce moment. En passant, que vas-tu faire à présent ? me demanda-t-elle alors que nous venions de rentrer dans l’enceinte de l’université.

- Je ne suis certaine de rien pour le moment, mais il se peut que je finisse par aller à l’étranger ou dans une autre ville, mais pour quoi faire ? Je ne le sais pas encore.

- La seule chose dont tu es sûre, c’est que tu quitteras ta maison si je comprends bien.

- C’est exactement ça.

- Si tu penses aller à l’extérieur, penses-tu que ta mère va accepter de financer ton voyage ?

- En fait, je compte sur une bourse d’étude et, si je réussi à en avoir une, ce sera une aubaine pour moi afin de pouvoir quitter cette maison. Comme ça j’en profiterai pour faire des études plus avancées. J’ai fait une application quand j’ai eu mes résultats et j’attends une réponse désormais.

- C’est tout le bien que je te souhaite dans ce cas ma chérie, mais que feras-tu si tu ne parviens pas à en avoir une ?

- Je ne le sais pas encore, mais je t’assure que je resterais plus très longtemps avec ma mère. Au rythme où nous allons, c’est certain qu’une d’entre nous finira par commettre un crime si nous continuons à habiter ensemble.

- Je pense que j’aurais eu la même réaction que toi si j’étais à ta place, me dit-elle aussitôt que nous entrâmes dans l’auditorium de l’université, lieu où se faisaient généralement les remises de diplôme, vu qu’il pouvait accueillir un grand nombre de personnes. Je te laisse ma chérie, je vais retrouver Océane. On se voit plus tard, d’accord ?

- On se voit plus tard, lui répondis-je simplement.

- « Normalement, Alexia et moi faisons la route de l’allée et celle du retour ensemble et nous passons beaucoup de temps quand nous ne sommes pas à l’université vu que nous sommes presque voisines. Toutefois, à l’intérieur de l’établissement, elle passe tout son temps avec Océane, sa meilleure amie, alors que moi je me retrouve toute seule avec mes pensées. Alexia et Océane m’ont, en plusieurs occasions, demandé de les rejoindre afin que je ne sois pas seule dans mon coin, mais je ne veux pas. Je suis du genre à être une fille solitaire et je pense que c’est ma situation qui me pousse à vivre ainsi. A l’exception d’Alexia, personne d’autre n’est au courant de ma vie cauchemardesque. Du reste, j’ai tellement de souvenirs indélébiles de mon vécu avec ma mère que je me demande si je réussirai à lui pardonner un jour. »

Après avoir mis sa toge de diplômée sur ses habits, sur laquelle elle avait passé son écharpe, la jeune femme posa sa coiffe de diplômée sur la tête et elle alla à la place qui lui était réservée en attendant que la cérémonie ne commence. Quelques minutes après le début, celle-ci toucha à sa fin et comme le lui avait dit Alexia, le photographe de cette dernière pris des photos de Maëliss recevant son diplôme. La jeune diplômée de vingt-deux ans était souriante alors qu’elle se faisait prendre en photo avec son diplôme à côté d’une belle plante dans la cour. Toutefois, elle n’arrivait toujours pas à oublier qu’aucun membre de sa famille n’était présent pour voir sa satisfaction et cela lui faisait atrocement mal. Or, alors qu’elle se retourna brusquement...

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