Chapitre 4
**Adrien**
Je ne me sentais pas bien, j’avais cette sensation étrange comme si je flottais, je ne savais pas si c’était un rêve ou la réalité. J’étais seul derrière la maison, près de la cabane. Il faisait jour, mais les maisons environnantes étaient toutes recouvertes d’un épais brouillard.
J’étais là, debout près de la porte qui donnait accès à la cuisine. Je ne savais pas pourquoi j’étais là, je n’arrivais pas à bouger, mais j’avais cette sensation d’être surveillé de très près, de manière intense.
Soudain, j’ai vu la porte de la cabane voler dans les airs pour atterrir au milieu de la cour. Une main fine, noire, munie de grandes griffes, est lentement sortie de la bâtisse avant de se poser sur le sol. Puis une deuxième main est apparue, s’appuyant sur le toit. Ces mains semblaient soulever quelque chose depuis l’intérieur de la cabane.
Cette chose est ensuite sortie de la cabane, et j’étais stupéfait. Je trouvais difficile de la décrire, elle était gigantesque, mesurant environ trois mètres de haut. Sa peau était totalement noire, elle se tenait sur deux jambes, comme un être humain, mais elle était maigre. Sa tête ressemblait parfaitement à celle d’une chauve-souris géante, avec de larges oreilles et un museau. Elle avait de grandes canines bien visibles et de grands yeux rouges.
Elle est passée près de moi comme si je n’existais pas. La porte était trop petite pour cette chose, alors elle s’est baissée pour passer par la porte de la cuisine. J’avais peur, mais j’avais aussi cette sensation d’être extérieur à la situation, mon corps bougeait de lui-même. Je l’ai suivie, incapable de me contrôler.
Elle est entrée dans la chambre où mes parents dormaient paisiblement. Le monstre se tenait au-dessus d’eux, à leur chevet. Il s’est penché sur eux et a commencé à aspirer, comme s’il aspirait de la vapeur. En voyant cela, j’ai poussé un petit cri, et la créature s’est tournée dans ma direction, comme si elle venait de remarquer ma présence. Elle m’a regardé et m’a crié dessus avec force, comme un animal qui défendrait ses proies. Je me suis réveillé immédiatement.
“Alors, c’était un rêve !”ai-je pensé.
J’ai couru dans la chambre de mes parents, ils étaient toujours endormis, il devait être 8 heures du matin. Habituellement, mes parents se levaient toujours dès 6 heures, mais cela ne m’a pas alerté plus que ça.
Je suis allé dans le salon et j’ai vu Luc assis devant la télé, cette dernière était éteinte.
Moi : Qu’est-ce que tu fais ?
Luc : Rien ! A-t-il répondu sans même me regarder.
Je l’ai laissé ainsi, il n’y avait rien d’étonnant, mon frère était parfois lunatique. Je me suis assis sur le fauteuil et j’ai débuté la lecture d'un des livres que j’avais emportés avec moi.
Quelques minutes plus tard, mon père est sorti habillé en costume, un dossier en main. En arrivant dans le salon, il s’est assis dans le fauteuil.
Mon père : Je suis tellement fatigué ce matin, j’ai l’impression de m’être fait battre.
Moi : Es-tu malade ?
Mon père : Je ne crois pas.
Moi : Où vas-tu comme ça ?
Mon père : Je vais chercher un nouvel emploi. J’avais mis le réveil, mais étrangement je ne l’ai pas entendu.
Moi : Cela doit être dû à la fatigue d’hier. Bon courage pour aujourd’hui !
Mon père : Merci !
Ensuite, il s’est levé et est sorti. Ma mère tout comme Lisa dormaient encore. J’ai décidé de me promener un peu dans le quartier. Je suis arrivé devant le chantier en face de la maison et j’ai vu deux enfants qui jouaient au football avec un vieux ballon.
Je les observais en tenant mon livre, mais quand ils ont remarqué ma présence, ils ont arrêté de jouer.
Moi : Bonjour ! Ai-je dit.
Le plus jeune a répondu : “Notre mère nous a dit de ne pas vous parler.”
Moi : Pourquoi donc ? Qu’est-ce que nous avons fait ?
L’autre enfant a répondu : “Ce n’est pas vous, c’est la maison le problème.”
Moi : Comment ça ? Qu’est-ce qui ne va pas avec la maison ?
- Dans chaque quartier, il y a toujours une maison bizarre qui fait peur, eh bien, vous habitez dans l’une d’entre elles, a affirmé l’aîné.
Moi : Quoi !?
Ils sont partis en courant sans m’accorder la moindre attention. Bien sûr, la maison était bizarre, mais quand même, ce n’était pas au point d’être hantée, selon moi.
“Et si le rêve que j’ai fait ce matin avait un rapport avec la fatigue soudaine de mon père ? Et cette femme un peu trop heureuse de nous céder la maison ? Non, je ne peux pas y croire, c’est trop étrange”, me suis-je dit.
Avant de continuer, permettez-moi de préciser que dans notre famille, personne n’était croyant. Nous ne nous tournions vers aucune structure religieuse, quelle qu’elle soit. Ce qui fait que je ne croyais absolument pas au surnaturel, pour moi, c’était juste des histoires inventées par des scénaristes pour faire sensation. Les gens de ce quartier étaient juste un peu superstitieux.
Je suis d’abord allé voir la cabane derrière la maison, juste pour voir si la créature de mon rêve s’y trouvait. À l’intérieur, il n’y avait rien de spécial, juste des barres de fer et une machine. Je suis sorti de là pour retourner vers la maison. En refermant la porte de la cabane, j’ai vu une ombre m’observer depuis la fenêtre de la maison, elle était bien trop imposante pour être mon père ou ma mère.
Je suis rentré pour voir qui était là, mais du côté de cette fenêtre, il n’y avait personne. J’ai continué dans le salon, Luc était toujours assis devant l’écran éteint, il semblait n’avoir pas fait le moindre geste depuis mon départ.
Moi : Luc, est-ce qu’il y avait quelqu’un ici devant la fenêtre ?
Luc : Il y a des gens partout ! disait-il calmement.
Moi : Mais de quoi parles-tu !?
Il n’a rien répondu. Tout à coup, j’ai entendu un bruit, comme si quelqu’un frappait une caisse. Ça venait de notre chambre. Je m’y suis rendu et au fur et à mesure que j’avançais, le bruit devenait de plus en plus fort. J’ai risqué un coup d’œil dans la chambre, à l’intérieur Lisa était toujours endormie sur le lit, je pouvais entendre sa respiration régulière.
Le son avait cessé et je me suis dit que c’était peut-être le vent, quand j’ai remarqué derrière la porte de la chambre, un bout de ceinture noire qui traînait par terre. J’ai pensé que c’était la mienne, j’ai saisi le bout et quand je l’ai tiré, il s’est brusquement transformé en un gigantesque serpent, un serpent avec une tête humaine et des dents pointues.
Je n’ai pas pu crier, je n’ai pu faire aucun geste, car le serpent s’est enroulé autour de moi et a commencé à m’étrangler. Il m’empêchait de bouger et resserrait son étreinte progressivement, lentement mais sûrement, il me tuait à petit feu.