Chapitre 2
La femme nous regardait fixement, elle avait l’air irritée et ne clignait même pas des yeux. Honnêtement, elle me faisait peur. Nous nous sommes éloignés de la table en même temps ma mère tenant Lisa dans ses bras. Seul Luc continuait de manger paisiblement.
Mon père était gêné, il s’est approché légèrement de la femme et a commencé à bafouiller.
Mon père : Nous… nous sommes vraiment désolés pour ça, euh… Les enfants ont été affamés depuis plusieurs jours… Et puis, votre porte était grande ouverte et il y avait ce repas, je suis désolé.
La femme : Un repas !? Mais je n’ai pas cuisiné… Je veux dire, je comprends votre situation, ce n’est pas facile avec des enfants.
Soudain, elle s’est calmée. Elle semblait même contente de nous voir, et sa voix n’était plus menaçante.
Mon père : Nous allons partir tout de suite !
À ce moment-là, ma mère s’est approchée de la femme.
Ma mère : Excusez-moi, vous habitez seule ici ?
La femme : Oui, répondit-elle en la fixant.
Ma mère : Nous venons d’être expulsés et nous n’avons nulle part où aller ! Est-ce que cela vous dérangerait de nous héberger juste pour cette nuit ? Nous pouvons même rester dans le salon, je vous en prie ! En joignant ses mains.
La femme : Je comprends, il n’y a pas de soucis. Je vous laisse la maison… euh, je veux dire que vous pouvez rester ici autant que vous le souhaitez. Il y a beaucoup de place.
Ma mère : Vraiment !? Je vous promets que vous ne le regretterez pas.
Mon père : Êtes-vous sûr que nous ne vous dérangeons pas ?
La femme : Ça ira pour moi. Je me préparais justement à aller chez ma sœur à Kaélé. Restez autant que vous le voulez.
Elle souriait comme si elle avait remporté un prix, puis elle s’est tournée et s’est éloignée, presque en sautillant. C’est ainsi qu’elle a disparu dans l’obscurité.
Mon père : Hé ! Attendez ! A-t-il crié.
Mais c’était trop tard, il n’y avait plus personne.
Mon père : Je ne sais pas ce que tu en penses, mais c’était vraiment bizarre. On ne laisse pas sa maison ainsi, et en plus, nous n’avons même pas ses coordonnées pour la contacter, ni même son nom.
Ma mère : Quoi qu’il en soit, il est hors de question de dormir dans la rue. Nous allons rester ici tant qu’il le faudra. Si quelqu’un vient nous déloger, nous partirons, mais sinon, nous resterons ici.
Mon père : Hum !
Après cela, nous avons continué à manger.
**PLUME**
Pendant cette scène, ils ne s’étaient pas rendu compte de l’absence de Luc. En fait, l’enfant s’était aventuré seul dans la maison. Il avait traversé le salon pour se retrouver dans un sombre couloir qui menait à d’autres pièces.
Au fond du couloir, il a vu une ombre se faufiler vers l’une des pièces à l’arrière. Intrigué, il s’en est approché lentement. Arrivé devant la porte, il l’a poussée et elle a émis un léger grincement. Derrière, se trouvait la salle de bain, éclairée par une ampoule vacillante. Contrairement au reste de la maison, l’endroit était en très mauvais état. Le sol était sale et des carreaux manquaient sur les murs. La cuvette des toilettes était remplie jusqu’au bord d’un liquide noir qui suintait également du plafond.
Près de la porte se trouvait un lavabo surmonté d’un miroir. De l’autre côté de la pièce, en face du miroir, se trouvait le pommeau de douche collé au mur, dissimulé derrière un rideau de douche bleu ciel. Le rideau était refermé, donnant l’impression que quelqu’un prenait une douche.
L’enfant n’avait pas remarqué, mais dans le reflet du miroir, une main munie de griffes noires se glissait doucement derrière le rideau. Luc était très curieux et, en voyant le rideau fermé, il s’en est approché. Ne parvenant pas à le tirer en raison de la rouille sur la barre, il l’a soulevé pour se glisser en-dessous. Derrière le rideau se trouvait une baignoire surplombée par le pommeau de douche. La baignoire était remplie d’un liquide rouge orangé semblable à de la rouille.
La surface du liquide était plate, tout était calme. Il n’avait pas le temps de réaliser ce qu’il se passait, quand brusquement, une main avec des griffes surgit de l’eau pour agripper sa petite bouche. Elle le souleva et le tira dans l’eau. L’enfant tentait de se débattre, de crier, mais la créature le maintenait fermement avec un calme glaçant. De l’extérieur, la surface de l’eau semblait immobile, dans un silence absolu. Pourtant, à l’intérieur, l’enfant se débattait de toutes ses forces pour s’en sortir.
Quand il était sur le point de succomber, presque à court de souffle, la créature relâcha son étreinte et propulsa le petit hors de l’eau. Complètement trempé, l’enfant reprit son souffle en respirant bruyamment. Lorsqu’il reprit ses esprits, il se précipita vers la porte en courant.
Au moment où il s’en approchait, une silhouette sombre, de la taille d’un adulte, se dressa devant lui. Elle était immense, mais se baissa pour se mettre à la hauteur de l’enfant. Malgré la lumière ambiante, la silhouette restait obscure, comme enveloppée de ténèbres. L’enfant était pétrifié, incapable de crier, sa voix refusant de sortir.
La silhouette qui lui bloquait le passage approcha ce qui semblait être son index des lèvres de Luc, et dans ce silence oppressant, la seule chose qu’elle émit fut un :
« Chuuuuuuuut. »
Après cela, elle plongea dans la baignoire, toujours silencieusement. Luc courut jusqu’au salon, où sa famille se trouvait. Ses parents discutaient pendant qu’Adrien mangeait dans la marmite.
Il s’approcha de sa mère, saisit sa main et la tira frénétiquement.
Sofia : Luc !? Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
Il continuait de tirer sa main, tellement choqué il n’arrivait même pas à prononcer un mot. De plus, il n’avait pas remarqué qu’il était complètement sec.
Albert : Mais qu’est-ce qu’il a ? Tu ne peux pas parler ?
Adrien : Peut-être qu’il veut nous montrer quelque chose, dit-il en suçant un os.
Finalement, ils décidèrent de le suivre. Luc tenait toujours fermement la main de sa mère. Lorsqu’ils arrivèrent devant la porte de la salle de bain, il se cacha derrière son père.
Albert : Qu’est-ce qui t’arrive, bon sang ?
Il ouvrit la porte et découvrit une salle de bain flambant neuve, parfaitement éclairée par une ampoule.
Sofia : C’est la douche ! Je vais enfin pouvoir me laver, s’exclama-t-elle. Il y a même du savon et du shampoing.
En voyant la pièce, Luc resta stupéfait. Il courut vers le rideau de douche, le retira brusquement et découvrit une baignoire toute propre, sans aucun signe de la silhouette. Il abandonna alors ses doutes, pensant que tout cela n’était que le fruit de son imagination. Toutefois, le doute persistait.
Après cela, tout le monde se mit à explorer la maison. Il y avait deux chambres, la plus grande pour les parents et l’autre pour les enfants. Dans la chambre des parents, il y avait un grand lit, un placard, un bureau et des tables de chevet. Dans la chambre des enfants, il y avait deux lits superposés et un placard comme seul meuble.
En rangeant leurs affaires dans la grande chambre, Sofia remarqua que les affaires de la femme qui habitait autrefois la maison étaient encore là.
« C’est vrai que cette femme étrange est partie sans emporter ses affaires », pensa-t-elle avant de hocher les épaules.
Les enfants s’installèrent, Lisa dormait dans le lit du bas, Luc était toujours calme, assis à côté de sa sœur, tandis qu’Adrien rangeait leurs affaires dans le placard. Ils se sentaient rassurés, car désormais, leur famille avait un toit au-dessus de leur tête.
Personne ne remarqua l’ombre menaçante derrière la fenêtre de leur chambre. Elle se fondait parfaitement dans l’obscurité, guettant leurs faits et gestes tout en grattant le mur, tout cela dans un silence oppressant.