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CHAPITRE 04                       

LUCIUS 

                              

La dernière fois qu'ils avaient couru après quelqu'un, c'était Lazarus. Cette fois, Lucius ne referait pas les mêmes erreurs. Il poussa les morceaux de coton que lui avaient donné le voleur dans ses conduits auditifs et tenta de se concentrer sur le flux magique qui coulait dans ses veines. D'un simple sort, il claqua la porte d'entrée du bar au nez du harpiste, qui se hérissa. Charlie et Isobel semblaient prête à en découdre et même Alianora semblait remontée de s'être fait manipuler comme cela. 

                              

Hazel, visiblement mécontent de voir sa solution de retraite lui être ôtée avec autant de violence se tourna vers eux et, se positionnant correctement, il recommença à jouer. Eux cinq ne pouvaient rien entendre mais ils virent le reste de la salle cesser de houspiller le barman pour obtenir un remboursement et s'immobiliser. Pendant un moment, les clients ne bougèrent pas. Mais quand Hazel commença à pincer les cordes plus rapidement, Lucius les vit avancer vers eux, doucement. 

                              

Ils ressemblaient à des pantins animés par la volonté d'un autre. Cette fois, le harpiste ne s'était pas seulement servi de sa musique pour immerger ses auditeurs dans un bain de bien-être, il s'en servait pour les contrôler et se défendre. Lazarus tenta de se rapprocher d'Hazel mais un client fit barrière au dernier moment. Un grand roux aux muscles si développés qu'ils ressemblaient à autant de petits matelas déposés sur lui. Il était habillé d'une grande combinaison rouge en velours et Lucius comprit immédiatement qu'il venait du Temple. Si cet homme avait les faveurs des Dieux, ils étaient mal barrés. 

                              

Lazarus esquissa un mouvement de côté pour éviter le coup du géant roux mais une jeune femme en bouse bleue étroite au niveau de la taille en profita pour lui sauter dessus. Sans qu'elles n'en reçoivent un ordre, Isobel et Charlie se jetèrent dans la mêlée. A chaque seconde qui passait, de nouveaux clients s'approchaient pour se battre. La situation était complètement hors contrôle. Ils avaient besoin d'un plan ! En tant que leader né, il était de son devoir de les sortir de cette impasse. 

                              

"Attendez, ne leur faites pas de mal ! Ils sont innocents !"

                              

Isobel, qui se battait contre un homme qui tentait de la tuer avec une lampe à pétrole lui hurla que c'était vite dit mais Lucius l'ignora. Il était tout entier concentré sur Lazarus et le prêtre du Temple. Le géant roux essayait sans cesse de l'attraper pour lui écraser le crâne entre ses mains impressionnantes. Il devait d'abord sauver ses amis avant de penser aux clients. Comment les mettre hors d'état de nuire, sans leur faire mal ? 

                              

Lucius était intelligent mais pas de façon pratique. Bien sûr, leurs deux têtes pensantes sur ce sujet étaient mêlées à un combat chaotique et Alianora, qui avait une connaissance des sciences sociales aussi poussée que possible, était occupée à courir de table en table pour semer un petit homme particulièrement hargneux.

                              

A ce moment là, Lucius se demanda pourquoi Hazel ne l'attaquait pas. Il regarda le harpiste, immobile, et écarquilla les yeux. Il ne faisait pas attention à lui. Il n'avait pas rendu les clients fous, il dirigeait leurs attaques ! Et s'il n'avait pas remarqué la présence de Lucius, dans toute cette agitation, il ne pouvait pas le menacer. Le prince avait donc un avantage sur Hazel. 

                              

Pour neutraliser les clients sans bouger, il pouvait compter sur sa magie. Il se concentra un instant en essayant d'isoler les particules de dioxygène et d'hydrogène dans l'air humide pour les changer en eau, puis en glace. Quand il se sentit prêt, il murmura son sort. 

                              

"Ghiaccio."

                              

Le phénomène commença par les pieds du prêtre roux avant de se propager comme une maladie sur son corps, transmettant la fine couche de glace à ses voisins. En une minute, toute la salle était figée, sauf Hazel, qui s'était mis à l'abri à l'écart et Lucius. Juste avant que la vague glacée n'atteigne ses pieds, le prince se précipita vers le musicien qui avait lâché son instrument pour sortir deux dagues de son manteau. Bien entendu, on ne pouvait pas en attendre moins d'un voleur. 

              

"C'est entre nous deux, alors, gamin ? Tu crois avoir une chance contre moi ?"

Hazel avait raison. Ses amis avaient été congelés avec le reste des clients et il voyait sa cousine tenter de se défaire du sort, en vain, une expression de rage plaquée sur le visage. Lucius était peut-être un prince mais cela ne le sauverait pas de la mort si le voleur venait à planter sa dague aiguisée dans son torse. Cependant, il avait un plan, bien ficelé. Si tout se passait bien, il n'aurait même pas besoin de se battre. 

Il saisit un tabouret posé sur une table et l'arracha à la glace avant de se mettre en garde. Il n'avait pas d'arme et un bouclier pitoyable mais il allait s'en sortir. Il avait juste à briser une fenêtre pour vaincre Hazel. 

Il se jeta sur lui avec un grand cri guerrier, ce qui provoqua le rire du voleur. Celui-ci l'évita avec une facilité déconcertante mais Lucius continua sa course. Avec le tabouret, il brisa les carreaux du vitrail mal fait qui laissait filtrer la lumière de la lune. Tout de suite, la pluie battante commença à s'infiltrer dans la pièce et Lucius sourit. Quand Hazel se jeta sur lui, Lucius para avec son tabouret et rit doucement. 

 "Tu es trempé, Hazel."

Quand le voleur réalisa son erreur, il tenta de fuir, mais Lucius fut plus rapide et il l'intercepta avec un nouveau sort. Glacé dans sa course, le voleur ne pouvait plus rien faire. C'est à ce moment que le prince lui écrasa sa foutue harpe sur le crâne.

Sans sa harpe, Hazel n'était plus si dangereux. Surtout bien saucissoné à une chaise. Lucius lui aurait bien jeté un seau d'eau froide à la tête pour le réveiller, histoire de pousser sur l'ironie de la situation, mais Lazarus tenait à lui, apparemment. Ils l'avaient amené dans une des caches de voleurs pour être tranquilles. Ils avaient tous dû promettre de ne la révéler à personne, mais, à présent, le prince se rendait compte qu'il détestait être en terrain inconnu. 

Il ne connaissait pas la configuration des lieux, n'avait pas pu repérer les issues possibles et, encore plus angoissant, tout le monde semblait si détendu ! Isobel lustrait son arme tranquillement, tandis que Charlie et Alianora discutaient sur un sofa complètement défoncé. Lazarus, lui, fixait Hazel sans même cligner des yeux. Bien décidé à arrêter de faire les cent pas, Lucius vint s'asseoir à côté de lui, ou, plus précisément, sur l'accoudoir du vieux fauteuil dans lequel le voleur était assis. 

"Hey euh ... je voulais te remercier. De nous aider."

Il parlait à voix basse pour éviter que les autres ne les entendent. Isobel ne cautionnait toujours pas la présence de Lazarus dans leur petit groupe aristocratique et, officiellement, il était toujours un suspect potentiel. Le voleur quitta Hazel des yeux pour la première fois depuis deux heures et posa son regard bleuté sur le prince, qui piqua aussitôt un fard. Lazarus lui faisait un effet monstre depuis qu'il l'avait rencontré mais c'était encore pire depuis qu'ils s'étaient embrassés. Depuis que Lucius l'avait embrassé, en fait. Ils ne s'étaient pas revu seul à seul depuis et le prince le regrettait amèrement. 

"C'est bien normal, la vie de l'Empereur est en jeu. Et celle de Taesch Condé aussi. Il m'a ... beaucoup aidé dans ma jeunesse."

Sa jeunesse ? Lazarus n'avait pas l'air si vieux mais il l'avait entendu dire une fois qu'il était le chef de la Guilde des Voleurs, et, bien sûr, les vampires avaient des apparences trompeuses. La preuve en était Taesch, justement, qui avait encore l'air d'un adolescent malgré son âge canonique. 

"Quel âge est-ce que tu as,Lazarus ?"

Le voleur reporta son regard sur leur prisonnier et poussa un soupir discret. Complètement désemparé à l'idée de l'avoir vexé, le prince songea à retirer sa question, mais le voleur ne lui en laissa pas le temps. 

            

              

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