05
Je fus tellement débordés les journées suivantes que j'eu à peine le temps de penser à Élizabeth. En effet, les cours recommençaient dans deux jours et dire que je n'étais pas prête aurait été un euphémisme. Je n'avais fait aucun des travaux que je devais remettre et je me rendais compte qu'ils n'étaient plus aussi simple après avoir relaxer durant trois mois.
J'étais cloîtrée dans ma chambre depuis notre rendez-vous. Ma mère entretenait minimalement mon jardin pour que je n'ai aucune raison de remettre mes études à plus tard. Même mon père m'avait exempter d'entraînement. De tout façon, mon test final était encore dans quelques mois et j'avais un avance considérable sur les autres.
J'observais ma pile de cahier avec désespoir avant de reprendre ma dissertation explicative sur l'hygiène du moyen-âge. D'ailleurs vous saviez que les gens s'aspergeaient de parfum pour cacher leur mauvais odeur? Beurk, quelle idée...
Je passais une nouvelle fois le reste de la journée dans mes livres. Ma tête était lourde et j'avais l'impression que mon crâne allait exploser. Sans compter cette petite voix dans ma tête qui me rappelait qu'il était tard, que tout le monde dormait et que je pourrais peut-être m'attribuer une pause? Je tournais la tête vers la fenêtre. Je n'avais même pas vu le soleil se coucher et je n'avais pas non plus manger. Moi qui adore m'empiffrer normalement, le repas que ma mère m'avais amener était resté sur ma table de chevet.
Mon ventre émit un grondement sourd et je soupira en me levant maladroitement. J'avais les jambes toutes engourdies à force de rester des heures dans la même position. Puis, je l'avoue, j'avais vraiment faim! Je pris le sauté de légumes froid et le dévorait en quelques minutes. Bon, c'est meilleur chaud mais je ne suis pas très difficile non plus.
J'allais ramener l'assiette à la cuisine quand un mouvement attira mon attention vers le couloir. Le temps que mes yeux s'habituent à la noirceur et je reconnu mon frère qui se frottait paresseusement les yeux.
- Que fais-tu debout aussi tard?
- J'ai fait un cauchemar...
Je posais l'assiette au sol et lui ouvrit les bras. Il s'y jeta sans demander son reste et blottit son visage dans mon cou. Je le serrais aussi fort que je le pouvait en humant son odeur. Il m'avait manquer. Je ne l'avais pas vu depuis plusieurs jours alors que j'avais l'habitude de passer tout mon temps libre avec lui.
- C'était quoi ton cauchemar?
Il ne me répondit pas mais me serra plus fort. Il ne veut pas en parler. Ça lui arrivait parfois de faire des cauchemars si effrayants qu'il ne voulait rien dire. Comme si le raconter allait lui donner vie.
- Je peux rester avec Mimi?
- Mais oui voyons.
Je le serais encore un moment.
-J'ai une idée, toi et moi on va aller dehors et on va regarder les étoiles. Tu aimerais ça?
- Ouiiii!
Hurla t'il en se libérant de mes bras avant de courir vers les escaliers. Je croisais les doigts pour que nos parents n'aient pas été réveillés. Notre petit moment serait terminé bien avant d'avoir commencé.
- Doucement dans les marches John.
Il ne répondit rien mais je l'entendis ralentir. Je souris, le coeur rempli d'amour.
***
Heureusement, il n'y avait aucun nuage dans le ciel ce soir là. Les étoiles brillaient de mille feu, nous émerveillant de leur éclat. Aucun de nous n'osait parler, nous ne faisions qu'admirer avec un sourire calme au coin des lèvres. Je lui pointais quelques constellations que je connaissais en lui murmurant les noms. Je les lui dessinait du bout des doigts quand il n'arrivait pas à les distinguer. Il buvait mes paroles et je savourait un de ces moments entre frère et soeur qui allait se faire bien plus rare quand l'école allait recommencer.
PDV Élizabeth
Deux jours avaient passés depuis le baiser que j'avais échangé avec Yumi. Deux jours que je passais tout mon temps à tendre l'oreille dans l'espoir de l'entendre murmurer mon nom. J'avais beau tenter par tout les moyens de la laisser un peu de côté dans mon esprit, rien n'y faisait. Même nos jeux de loups n'arrivaient plus à me divertir quoi que je n'y ai jamais porter un très grand intérêt. J'ai toujours été du genre à regarder les autres s'amuser au lieu de me mêler à eux.
J'attrapait au dernier instant le poing de mon adversaire avant de lui faire une clé de bras qui lui fit mordre la poussière. Il resta étendu sur le ventre sans bouger me laissant une pleine vue sur son dos musclé. Je le poussais du pied pour le tourner sur le dos et croisais les bras, satisfaite. Il me fit son sourire le plus charmeur avant de tousser une gerbe de sang. Je ne pu retenir mon propre fou rire en le voyant si amoché.
Il se releva en passant un main dans ses cheveux bruns bouclés en observait sa silhouette étampée dans le sol sablonneux. Oups... Il soupira avant de me donner une bourrade amicale sur l'épaule que je lui rendit sans me départir de mon sourire.
- Tu n'as même pas fait de réel effort cette fois, Josh.
- Biensur que si voyons! Je t'ai presque eu!
- Tu ne m'as même pas toucher.
- Ça ma chère, ce n'est qu'un détail. Tout est dans la visualisation, jeune louve.
Je le fixais avec insistance, n'appréciant guère ce surnom même de sa part. Il finit par se trémousser d'un pied à l'autre en grimaçant.
- Ouais... désolé. Je veux juste te divertir un peu. Dernièrement, tu es distante avec tout le monde.
- Ça m'arrive d'avoir besoin d'espace quand même.
- Ce n'est pas ça... tu as la tête dans les nuages... sans vouloir t'offenser!
Je haussais les épaules, ne sachant pas quoi répondre. On ne peut rien cacher de tout cela à un oméga et celui-ci était, malheureusement, mon ami le plus proche. Ces loups n'écoutaient rien, faisaient toujours à leur tête mais étaient très sensibles aux émotions des membres de leur meute. Ils avaient un don naturel pour calmer les dominants et agir comme médiateur.
- Tu penses encore à cette humaine n'est-ce pas?
J'hochais la tête et il comprit que je ne souhaitais pas en parler d'avantage. Je n'étais pas du genre à m'étendre sur mes sentiments, préférant les garder pour moi. Il n'y avait qu'avec Yumi que je perdais mes moyens. Je trouvais cela à la fois frustrant et libérateur. Avec elle je n'avais pas à rester distante et à sembler être toujours en pleine possession de mes moyens. Je me sentais détendue quand elle était à proximité.
Je passais les jours suivants dans un état second. La vie continuait autour de moi mais je n'avais plus l'impression d'en faire partie. Je mangeais peu, je ne dormais pas et je n'avais aucune motivation pour quoi que ce soit. Dire que je m'inquiétais aurait été un euphémisme, je paniquais intérieurement. Que je ne puisse en parler avec personne n'arrangeait pas les choses. Ma famille s'en faisait pour moi mais quand ils me demandaient ce qui m'arrivait, je me contentais de hausser les épaules avant de retourner dans ma chambre.
Je tenais ma promesse et restais loin de la forêt, je n'allais même plus dans la cours arrière et je refusais même que John y mette les pieds. La terreur dans les yeux d'Élizabeth avait aussi prit place dans mon coeur. Si une personne tel qu'elle avait peur de quelque chose à ce point, alors je me devais d'être prudente. Une partie de moi espérait... non s'accrochait à cette promesse. Pourquoi? Parce que si je tenais la mienne alors il y avait peut-être plus de chance qu'elle tienne la sienne et qu'elle me revienne.
J'entourais mes jambes de mes bras comme pour me réconforter. Assise dans mon lit, je regardais par la fenêtre. D'ici je pouvais voir mon jardin que ma mère entretenais pour moi vu mon refus de m'en approcher. Je lui en était reconnaissante en un sens. Elle n'insistait pas pour connaître la raison de mon état et se contentait de faire mes corvées habituelle. Mon père m'en voulait de ne pas me forcer lors des entraînements. Je n'arrivais plus à toucher de cible, la concentration me manquait mais je n'y pouvais rien... le coeur n'y était pas.
Je n'avais qu'une envie, c'était qu'elle me serre dans ses bras et efface mes inquiétudes de son doux sourire. Elle me manquait alors que je la connaissais si peu. Je touchais mes lèvres du bout du doigts, me remémorant la chaleur de son souffle, la douceur de ses baisers et l'impression de sécurité que m'apportaient son contact. Et si elle ne revenait jamais? Non... elle va revenir, elle me l'a promis.
J'essuyais une nouvelle larme du revers de la main, presque surprise d'en avoir encore. Une partie de moi était frustrée d'être aussi faible. M'attacher si rapidement à une inconnue, un loup-garou qui plus est... ce n'était pas comme si j'arrivais à imaginer une fin heureuse à tout ça.
Quelqu'un ouvrit doucement ma porte, me faisant lever les yeux pour tomber sur mon petit frère. Comme toujours ses cheveux partaient dans tous les sens, je lui fit signe d'approcher. Sans un mot, il grimpa dans mon lit le dos contre mes jambes repliées. Je tentais de mettre un peu d'ordre dans sa tignasse mais fini par abandonner et me contentais de lui caresser les cheveux affectueusement.
- Pourquoi Mimi veux plus aller jouer dehors?
- C'est compliqué mon chéri...
- Pourquoi?
- Parce que...
- Parce que quoi?
Je gloussais devant son insistance. Il avait commencer à demander pourquoi à tout ce qu'on lui disais ces derniers jours. Mes parents n'en pouvaient plus mais moi, j'aimait bien qu'il pose des questions. Il montrait un intérêt et je pouvais lui expliquer plein de nouvelles choses. Cependant, cette fois-ci faisait exception. Je ne pouvait pas le lui expliquer les raisons de ma réclusion sans lui faire peur et je m'en voulais de le lui cacher.
- On ne peut pas y aller pour le moment. Tu dois me faire confiance...
Il croisa mon regard, le visage sérieux. Je savais ce qu'il faisait, il cherchait à savoir s'il devait vraiment me faire confiance. J'ai toujours ignorer comme il faisait cela mais parfois quand je ne voulait pas lui avouer quelque chose, il se contentait de me regarder dans les yeux. Par la suite, il décidait s'il devait laisser tomber ou non.
Il hocha la tête, l'air triste. Je le serrais plus fort contre moi mais j'avais le sentiment que c'était plus pour me consoler moi-même.
- Pourquoi tu pleures Mimi?