CHAPITRE 4
**Blandine Niota**
J'ai pleuré presque toutes les larmes de mon corps, je me sens comme déshydratée, le corps sans vie de ma belle-fille est mis dans la morgue, celui de mon fils est dans une autre morgue et le bébé prématuré est toujours à l'hôpital, la jeune infirmière m'a rassuré qu'il survivra personnellement j'ai des doutes, voir ce bébé connecté aux différents appareils pour qu'il respire me fait douter de Dieu, où est ce Dieu dans ma vie ? où est-il ? non ! comment est-ce possible que ça se passe ainsi ? moi qui n'avais que mon fils comme seule famille, que sera ma vie sans lui ? Dieu m'a abandonné à mon triste sort, j'ai été reniée par mes parents, j'ai déjà perdu l'homme de ma vie, n'est-ce pas suffisante souffrance ?
J'ai passé la nuit à la Clinique avec une équipe des infirmiers à la surveillance de ma petite-fille, oui il me l'a fallu vraiment, on se contente de ce qu'on a et moi je n'ai maintenant que cette petite fille comme famille, je dois prendre soin d'elle...
Il est 08h moins le quart, je me suis déjà réveillée et assise sur un lit, je vois enfin une infirmière apparaît devant moi et prend place à côté...
- Mes condoléances madame,
- ...
Je ne réponds rien...
Elle continue :
- C'est dur, très dur et triste, je ne sais pas ce que je ferai à ta place...perdre ceux qu'on aime aussi subitement comme ça donnerait les penchants suicidaires chez la plupart des gens mais te voir tenir jusque là c'est un signe du courage, demeure forte, tu as encore un gros travail, nous avons encore un gros travail à faire ensemble avec toi... (pause)
- Je peux avoir de l'eau s'il vous plaît ? demandai-je.
- Oui...
Elle se dirige vers une salle voisine et y ressort avec une bouteille d'eau qu'elle me donne en souriant...
- Vous avez mangé ?
- (Je la regarde un moment) non, je n'ai pas envie de manger...
- Oh Seigneur ! pourquoi vous faites-vous souffrir comme ça, il faut que vous mangiez quelque chose madame...
- D'accord, je mangerai...
Je commence à douter que cette jeune femme soit infirmière, je n'ai jamais vu une infirmière sympa et gentille comme ça, je ne m'empêche pas lui questionner...
- Êtes-vous médecin ?
- C'est quoi cette question ? je n'en ai pas l'air ?
- Désolée, je me demandais si vous connaissiez mon fils.
- Je lui connais bien sûr, il était un homme réputé dans ce pays pour ses bonnes oeuvres comment je ne lui connaîtrais pas ?
Une larme s'échappe de mon oeil, je l'efface rapidement...
- Et ma petite-fille, que sera son sort ?
- Ne vous inquiétez surtout pas pour le bébé, il sera en sécurité avec moi...je prendrai soin de lui, il survivra madame.
- Merci beaucoup,
- Appelez-moi Raïssa.
Je l'embrasse tendrement puis elle prend congé de moi...
#SEMAINE_PLUS_TARD
J'arrive à fermer l'oeil à peine, ma vie est bouleversée, mon seul et unique fille est mort, je n'arrive pas à me maîtriser malgré tous les réconforts que je reçois de partout, l'inhumation de mon fils s'est déroulée deux jours après celle de sa femme, il y avait un grand monde aux funérailles que je n'avais pas pu bien voir le corps de mon fils dans le cercueil, son cercueil était bien sécurisé par des policiers, je n'ai plus des larmes car je pleure mais aucune ne jaillit de mes yeux.
C'est aujourd'hui que je suis retournée chez moi, j'ai quitté la maison de mon pauvre fils, que la terre de ses ancêtres lui soit paisible, il a rejoint trop tôt son père, avant moi même ! Ah Dieu de Branham, que sera ma vie après un an ? Dieu m'a donné une joie pour me la reprendre après un petit moment seulement... La vie me dégoute, Raïssa a accepté volontiers d'être la nourrice de ma petite-fille, chose que j'ai louée, cette médecin est un ange, elle m'a rassuré qu'elle va prendre soin d'elle jusqu'à ce qu'elle sera à secouer car elle est encore très fragile et faible, respirant toujours au moyen d'une sonde c'est très difficile à regarder, je fais confiance à Raïssa, malgré que je la connais il n'y a qu'une semaine et je n'ai pas d'autre choix, elle au moins saura s'occuper de ma petite-fille car c'est dans son domaine...Elle est une fille que tout parent souhaiterait avoir comme fille et surtout celui qui l'épousera sera comblé des bonheurs, cette fille est exceptionnelle, très compatissante, adore trop les poupons et sait bien prendre soin d'eux à son âge, son père doit être très fier d'elle. Elle m'a parlé d'elle, de sa vie et tout ce qu'elle traverse, j'ai dû couler les larmes à l'entendre me narrer son histoire ; sa mère est morte quand elle avait juste 13 ans, c'est à cet âge qu'il faut beaucoup d'efforts pour l'éducation d'une fille mais je me demande d'où elle a acquis toutes ces vertus, j'ai eu la chance de voir son père aux obsèques d'Éveline, on croirait qu'il a encore trente ans, personne ne peut croire que c'est bien lui le vrai père de Raïssa car il est encore jeune, beau et fort, il a beaucoup d'argent mais il n'en a pourtant pas l'air, voir sa tête, quelqu'un mal intentionné pourrait se jouer de lui croyant qu'il était un simple débrouillard, oh mais qu'est-ce qu'elle hante ma tête cette famille !?
#DEUX_SEMAINES_PLUS_TARD
**Fabien Bula**
Dieu m'a donné une fille, je dirais ; hors du commun, parfois je me demande si c'est ma fille à moi, elle ne cesse de me surprendre avec des histoires, dernièrement elle est venue me parler de la fille du défunt direcab du gouverneur qu'elle voulait nourrir, j'étais ému a début de son discours mais j'ai fini par comprendre car c'était avec le consentement de sa grand-mère Blandine que j'ai eu la chance de connaître, en fait, elle est devenue la nourrice de cette fille, depuis ces deux semaines, elle et moi n'avons pas eu le temps de causer, elle est permanente à la Clinique ces temps-ci, j'ai même pitié d'elle, elle a légèrement maigri à cause de ça. Bah de toutes les façons, je ne peux pas le lui interrompre, on n'interrompt pas une bonne oeuvre.
Il est midi, c'est la pause, appeler Raïssa est la première chose que j'ai faite, déjà au téléphone je peux entendre les pleures du bébé, que Dieu assiste ma fille vraiment...
- Monsieur, vous avez une visite... Dit ma secrétaire.
- Je ne reçois personne à cette heure de la pause, combien de fois dois-je te le répéter ?
- Désolée monsieur...
- Tshrrr !
Elle sort en fermant la porte derrière elle, je réajuste ma cravate qui me fait déjà transpirer comme un diable, franchement cette jeune femme m'énerve, pas de visites à la pause il faut que je le répète combien de fois ?
**Docteur Eduard**
Je me réveille de mon lit dans cette angoisse, je m'en veux tellement Seigneur, comment j'ai pu faire cette connerie ? Non ! j'ai trahi mon serment, je ne pouvais pas faire ça, il faut que je dise toute la vérité, vaudra mieux mourir dans la vérité que vivre avec tout ce grandiose mensonge.
Je suis Docteur depuis 13 ans, j'ai mon propre Hôpital ici dans le capitale de Kinshasa, je me suis fait des connaissances et de la réputation dans le pays pour mon bon service et ma performance dans cette profession, pas pour me vanter mais pour rester franc, "l'expérience rend sage" dit-on...
Il y a deux semaines que j'ai commis un crime, oui je dois l'avouer ; depuis mon enfance je me méfiais de la politique et des politiciens de ce pays, je ne collaborais jamais avec eux, ma science était mon seul fantasme, mais je me vois faire l'irréparable à cause de cette politique que j'ai tant détestée, je manque alors la paix du coeur et le courage de prier à cause de la culpabilité qui envahit mon être ; ce fut un maudit jour, aux heures de l'après-midi, on emmena un patient aux urgences dans mon hôpital qui, c'était un homme d'État, un haut placé de cette ville, mes médecins furent tous saisis de trouble, ils se dépêchaient pour la réanimation, je reçus un appel d'un ministre des finances qui souhaitait me parler en personne, alors on se donna rendez-vous dans un bar a vins où il me proposa de faire quelque chose que je n'avais jamais fait et que je n'avais jamais pensé faire dans ma vie...
- Docteur, vous avez monsieur Robert. Dit un médecin...
- Faites-le entrer...
Je soupire un bon coup, quand on parle du loup, on voit sa queue, Robert est le ministre avec qui nous avons eu à faire une opération clandestine il y a deux semaines, je me demande ce qu'il me veut encore ce monstre...
- Edo Edo ! le plus grand docteur de ma nation, me lance-t-il en souriant... Comment allez vous doc ?
- (Soupire) Monsieur le ministre, je ne sais pas quoi dire, je ne suis pas moi...
- Oh non, arrêtez de vous culpabiliser, vous n'avez rien fait cher docteur, libérez-vous de cette culpabilité, le monde est déjà comme il est, désolé de vous dire que vous ne pouvez pas le changer, plus vous vous culpabilisez, plus vous avez des penchants suicidaires, tu n'as tué personne, moi non plus.
- Je n'ai tué personne mais j'ai une personne à tuer c'est ça non ? je vais devoir tuer quelqu'un pour vous satisfaire ? Hein ?
- Calmez-vous monsieur, quelqu'un pourra nous entendre Eduard, soyez homme hein !
- J'abandonne cette opération. Dis-je fermement.
- Quoi ? Tu abandonnes quoi ?
- Je ne peux plus, c'est tout...
**Robert Kendu** (le ministre)
Une sueur chaude sur mon front, je n'entends pas bien ou c'est lui qui ne le prononce pas bien ? Il abandonne quoi ?
- Ne faites pas cette erreur Docteur, personne ne saura ce que nous faisons ici, vous devez...
- (Me coupant) S'il vous plaît, avec tout ce respect que je vous dois, sortez d'ici...
- Quoi ? Monsieur Eduard...
- Sortez d'ici MONSIEUR LE MINISTRE ! cria-t-il...
J'ai envie de disparaître mais je je ne pourrai pas, ce Docteur ose me chasser de son bureau ? Il se rend compte de ce qu'il est en train de faire ? Jamais je ne lui laisserai pas me dévoiler, je dois lui effacer une fois pour toutes, je déteste les risques moi, je sors de son bureau en fureur, je crois que ces médecins dans la salle voisine ont entendu quelque chose, je monte dans ma voiture en direction de mon domicile...