Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 3

Papa : Love quel est vraiment ton problème ?

Love : Je n’aime pas les personnes fausses.

Aunty Nadia choquée : Moi fausse ?

Love : Oui fausse, tu viens ici faire ton cinéma alors qu’on était habitué à ton fantôme ? quel est cet engouement soudain à venir ici ? Surtout après que maman soit partie.

Aunty Nadia : Je ne te permets pas !

Papa à Love : Retires toi de la pièce ! Mais c’est quoi ça ? Qui t’a appris à être aussi malpolie ? C’est la ville qui te rend ainsi ?

Love : De toute façon je suis fatiguée. Je vais aller me coucher.

Après le départ de Love, mon père se confond en excuses auprès de aunty Nadia et cette dernière ne semble pas vouloir digérer ce qui vient de se passer. A la fin du repas, chacun va se coucher, soucieux à sa manière.

***Akin Adulte***

Aunty Nadia ne ressentait plus l’envie de rester après son incartade avec Love, raison pour laquelle, deux jours plus tard, elle reprenait le chemin de chez elle. Les mois et les trimestres suivants étaient remplis de ses visites aussi brèves que surprenantes. Sa présence se faisait tellement sentir qu’elle m’apparaît désormais comme un membre à part entière de la famille. Margaret et moi étions heureux de l’accueillir à chacun de ses passages ici, papa aussi d’ailleurs, mais Love était toujours aussi réticente. Un jour alors que je rentrais de l’école, je les entendis se disputer dans la cour. Je savais papa absent à cette heure de la journée, raison pour laquelle, certainement, il y avait autant de grabuge.

Je vous laisse le soin de juger par vous-même…

Love : Toi tu n’as pas honte de guetter le mari de ta sœur ?

Aunty Nadia : Honte pour quelle raison ?

Love : En tout cas tant que moi je vivrai tu ne t’approcheras pas de mon père.

Aunty Nadia : Et tu vas faire quoi si il me prend pour femme ?

Love : eeeeeeh (elle tape des mains) tu ne me connais pas Aunty, tu ne me connais pas.

Aunty Nadia : Ahhhh du balais ! Tu ne peux rien faire et tu le sais.

Love : Je vais lui dire la vérité sur tes activités à la capitale.

Aunty Nadia : Si tu tiens à ce qui te sert de tête, tu as intérêt à te taire.

Love : Ce sont des menaces ?

Aunty Nadia : prends cela comme tu veux !

Love : Espèce de sorcière, c’est sûrement toi qui as tué ma mère avec la complicité d’oncle Abeke.

Aunty Nadia pousse un cri d’effroi en entendant les dernières paroles de Love, comme si elle s’était brûlé la main au feu de bois. Elle fait quelques pas en arrière et prend place sur l’une des chaises de fortune installée non loin de la porte d’entrée.

Aunty Nadia : Comment peux tu m’accuser de la sorte ? J’aimais ta mère plus que tout.

Love : Tu mens !

Aunty Nadia : Mais qu’est ce que tu crois, que je m’intéresse à ton père depuis ces quelques mois ? J’ai toujours aimé ton père, mais par respect pour elle, je me suis caché dans l’ombre. Pourquoi crois-tu que je sois restée ainsi toutes ces années ?

Love en éclatant de rire : Donc tu le calculais depuis hein ? Et en quoi tu fais preuve de respect maintenant ?

Aunty Nadia : Tu comprendras un jour.

Love : Je ne comprendrai rien. Non mais franchement respectes toi un peu aunty Nadia, tu montres quel exemple ?

Aunty Nadia : Ecoutes la décision revient à ton père. Quoi que tu dises, c’est lui et lui seul qui devra agir d’une certaine manière.

Love : Je te dis que ça ne va pas se passer comme ça. D’abord papa ne te regardes même pas.

Aunty Nadia sourire aux lèvres : Pourquoi tu paniques alors ?

Love : …

Aunty Nadia : J’ai des choses à faire, des choses plus importantes que de répondre à tes questions de filles capricieuse. Quand tu connaîtras mieux la vie tu viendras me parler.

Love : Et tu crois que je ne la connais pas ?

Aunty Nadia : Non apparemment.

Elle s’en va tranquillement à l’arrière, sûrement laver quelque unes de ses affaires. Je suis peut être jeune, mais je suis assez éveillé pour savoir de quoi elles parlaient. Donc comme ça aunty Nadia veut venir vivre à la maison a la maison et nous préparer plein de choses comme maman ? Je ne sais pas pourquoi, mais tout d’un coup je me sens obligé de me ranger du côté de Love. Papa n’a pas besoin que quelqu’un remplace maman. Je sais qu’il est mieux seul, oui je le crois, non j’en suis sûre. Bien que toutes ces questions me turlupinent, je décide de ne l’évoquer en aucun cas…

***Akin adulte***

Aunty Nadia a passé son temps à nous rendre visite jusqu’à un certain moment. Au bout de deux ans et quelques mois de visites, nous n’avons plus jamais eu de nouvelles d’elle. J’étais soulagé, tellement soulagé que j’en suis venu à oublier la mort de ma mère. S’il y a bien une chose qui m’attristait encore plus que le décès de ma mère, c’était le fait que papa puisse prendre une autre femme et ainsi l’oublier et peut-être nous délaisser nous aussi. C’était peut être égoïste de ma part mais je voulais encore profiter de mon père, pour de longues années.

Souvent on se sent si, bien, si solide dans notre zone de confort que l’on a plaisir à accomplir plusieurs choses. Aujourd’hui encore je me rends compte à quel point j’étais dans mon monde, naïf et surtout à la merci de tout mal. Mais ça je ne le savais pas encore. Tout ce que je désirais à ce moment c’était vivre en paix avec ma famille et oublier tout ce qui pouvait me rendre triste.

Malheureusement la providence ne voyait pas la chose de la même manière. Du jour au lendemain mon père partait à son tour vers un chemin sans retour. Oui, vous lisez parfaitement. La nouvelle nous est arrivée par le canal d’oncle Abeke. Ils s’étaient déplacés pour la ville et papa n’était plus jamais revenu. Nous étions tous dévastés, Love un peu plus que nous mais nous avons tenus bon tout au long du deuil. Nous nous sommes soutenus comme nous avons pu. Alors que nous manquions sérieusement de provisions, Love décida d’aller en ville chercher du boulot. Margaret était assez grande pour s’occuper de moi et de Chinere, alors nous n’avons eu aucun problème dans le fait de la voir quitter la maison pour quelques jours. Ces quelques jours se sont transformés en mois, et les mois en une année.

***Akin enfant***

Margaret : Snif Love est partie où eh ?

Moi : Peut-être qu’elle a eu un problème.

Margaret : Je fais comment avec vous deux là ? Je vais aller où ? Et pour ton école je vais faire comment ?

Moi : …

Margaret : Ça c’est quelle malchance qui s’abat sur nous comme ça hein ? Ehhhhhh Chineke me (ehhhh mon Dieu) !

Moi : Allons voir tonton Abeke !

Margaret : Depuis qu’on a nos problèmes là tu le vois faire quoi ?

Moi : Non mais…

Margaret : Love a dit que tous ceux qui ne nous aident pas là sont méchants et qu’on ne doit plus aller chez eux. Pardon, restons chez nous, on va trouver une solution. Mamie arrive bientôt, elle est même très fâchée parce que on ne lui a pas dit cela plus tôt.

Moi : Elle ne savait pas pour Love ?

Margaret : Elle devait savoir comment ? Tu sais qu’ils sont trop vieux pour se déplacer jusqu’ici et que les seules nouvelles qu’ils peuvent recevoir de nous sont des nouvelles écrites, des lettres. C’est par mon amie Gina que j’ai pu avoir une réponse favorable. Je ne sais pas comment elle va faire mais elle a promis de venir ici dans deux mois.

Moi : Et on fait quoi en attendant ?

Margaret : On va s’accrocher Akin, nous n’avons pas le choix. Je vais vendre certains plats sur la grande route et le peu qu’on aura nous servira à prendre des provisions à l’entrée du village. Si papa était encore là, nous n’aurions pas besoin de faire tout ceci.

Moi : Snif !

Margaret : huuum Akin ça va aller faut pas pleurer.

Moi : mais pourquoi le Dieu que maman priait souvent nous laisse souffrir comme ça ? Elle disait toujours qu’il s’occupait de tout le monde non ?

Margaret : Ah laisses moi les choses de maman !

A vrai dire, Margaret n’a jamais été très portée sur les croyances. La seule personne dans cette maison qui croyait fermement en un être supérieure était notre mère. Elle me racontait souvent des histoires venant d’un livre à l’aspect curieux, tout noir, qu’elle appelait la Bible. Mais elle n’est plus la pour le faire. D’ailleurs je me demande bien à quoi cela lui a servi toutes ces années et à quoi cela nous sert maintenant. Son Dieu est bien différent de ce qu’elle m’expliquait. S’il existe et qu’il nous aime, pourquoi nous laisse t-il autant souffrir ?

Margaret : vas te coucher Akin

Moi : Mais je n’ai pas sommeil.

Margaret : Va te coucher, je suis la plus grande ici et il faut faire ce que je te demande. Vas te coucher !

Moi boudeur : OK ! Bonne nuit !

Margaret : Ne fais pas de bruit, je ne veux pas que Chinere se réveille.

Je la laisse pour me rendre dans ma chambre. Mais je n’en ai vraiment pas envie. Curieusement cette nuit j’ai envie de rester avec ma grande sœur, c’est un besoin étrange, dû peut-être à l’absence des autres qui sait. Cependant, puisqu’il faut lui obéir en l’absence de Love, je n’ai pas de choix…

Le lendemain matin alors que je suis entrain de chercher Margaret dans toute la maison pour me rendre à la rivière, je ne la trouve nulle part. Pour ne pas me rendre tard en classe, je m’y rends seul pour la première fois. J’aperçois de loin un attroupement devant la rivière, et je tente de savoir ce qui se passe, mais ma petite taille me fait terriblement défaut. Par chance, j’arrive à me faufiler entre tous et ma progression est stoppée par ce le spectacle qui s’offre à moi.

Une jeune fille se trémousse contre les pierres de la rivière et agresse tous ceux qui tentent de s’approcher d’elle. Me tournant le dos, son corps me semble pourtant familier. Cette jeune fille ne porte aucun vêtement, sinon un morceau de tissu couvrant à peine son anatomie. Malgré le désir de tout le monde de la recouvrir, elle se débat de toutes ses forces. Je m’apprête à rebrousser chemin, mais la voix de la jeune fille m’interpelle :

_ :Hein ? Attends tu dis quoi ? Je n’entends pas bien.

Pourquoi sa voix est-elle si proche de celle de ma grande sœur ? Je reviens sur mes pas et fonce droit sur elle. Plusieurs grandes personnes essaient de me chasser en disant que je ne devrais pas être là vu mon âge, mais je suis certain d’avoir entendu la voix de ma sœur. La jeune fille se retourne enfin et mes craintes se matérialisent là sous mes yeux. Mais que se passe t-il avec Margaret ? Pourquoi est-elle là ? Et pourquoi fait-elle des choses aussi bizarres devant les gens ? Elle me fait penser à ses personnes qui ont perdu la tête que je croise souvent sur le chemin du retour, mais Margaret ne fait pas partie de ces gens, pas du tout, JAMAIS !

Moi le cœur gros : Margaret ? Margaret ?

Margaret en regardant ailleurs : …

Moi : snif Margaret je te cherchais dans la maison

Margaret : …

Moi désespéré : Margaret !

Une dame : Ahhhh tu ne vois pas qu’elle est devenue folle ? Vraiment les jeunes gens de nos jours on ne sait pas ce qu’ils cherchent. C’est sur qu’elle a fait de mauvaises choses, maintenant elle a perdu toute sa tête.

Moi : C’est faux ma sœur n’est pas folle.

Après cette phrase tout le monde se retourne vers moi et plusieurs d’entre eux me reconnaissent. Certains me demandent si c’est vraiment ma sœur. Je les comprends parce que Margaret n’est pas vraiment le genre de fille qui se balade beaucoup dans la région. A vrai dire dans la famille je suis le plus connu de tous les enfants. A part mes parents, je suis le seul enfant qu’on peut voir sur la route en allant à l’école, en rentrant ou pendant mes activités avec papa. Les filles ont toujours été plus discrètes et la maison est fort bien encadrée et éloignée du passage principal. C’est sûrement la raison pour laquelle certains ont du mal à croire en mes dires. Mais ils finissent par me croire.

L’étonnement fait place à de la pitié sur leur visage. Ils ont pitié de moi, du petit garçon qui pleure parce qu’il ne comprend pas les reactions de sa grande sœur à son égard. C’est un spectacle bien peinant, je vous l’accorde. Pensent-ils vraiment que ma grande sœur soit devenue folle ? Je refuse de croire une chose pareille. Bien décidé à leur prouver qu’ils se trompent, je m’échapppe des bras qui me retenaient et attrape ma sœur par le bras en criant son nom. Cette dernière me projette sans gros effort dans la rivière et m’entoure le cou de ses mains.

Margaret : Tu ne peux rien me faire sorcier.

Moi en toussant : Mais… Margaret… Margaret tu me fais mal.

_ : Attrapez là ! Elle veut tuer son petit frère oooh !

Ils se précipitent tous à ma rescousse pour la séparer de moi, mais elle crie comme un animal traqué, injuriant des personnes qu’elle semble être la seule à voir. Je sors de la indemne mais je ressens une grande douleur au fond de moi, comme si le ciel me tombait sur la tête une nouvelle fois. J’ignore ce qui me fait le plus mal à ce moment précis, les meurtrissures que je sens autour de mon cou ou le fait de réaliser que…

Que peut-être ces gens ont raison,

Que peut-être ma sœur Margaret est réellement devenue folle !

À suivre.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.