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Chapitre 2

Comment vous l’expliquer ? Je pense que le décès (oui le décès) de ma mère m’est tombé dessus comme un couteau. J’étais jeune, très jeune, alors je ne comprenais pas forcément pourquoi elle nous avait quittés si tôt. Les nouvelles allaient bon train et en moins de temps qu’il ne fallait pour le réaliser, notre maison était remplie de visage familiers et non familiers. Mais peu m’importe qui venait ou pas, le plus dur était de réaliser que je ne reverrai plus ma mère. La situation rendait Love assez farouche, et pour cause : elle se méfiait désormais de tout le monde, bon disons tout le monde à part nous…

***Retour à l’enfance***

Love en me prenant à part : Tu as mangé ?

Moi : Oui

Love : Qui t’a donné à manger ?

Moi : Margaret

Love : D’accord, il ne faut pas accepter la nourriture de n’importe qui.

Moi : Mais pourquoi ?

Love sur les nerfs : Fais ce que je te demande !

Moi : …

Love : Écoutes un peu ce qu’on te dit. Hum ?

Moi : D’accord !

Love : Bon vas te coucher, tu te lèves tôt.

Moi : Mais je connais quelqu’un dans ma classe qui n’est pas venu en classe pendant un mois à cause de la mort de son grand-père.

Love : Il faut éviter de prononcer le mot mort dans cette maison. Et puis vous n’êtes pas pareils. Akin, l’école que tu fais est importante pour ton futur et aussi pour la famille. Il faut comprendre ça. Ne suis jamais les autres ! Tout le monde compte sur toi, tu dois réussir. Regardes comment papa se tue pour te payer les cours. Il faut commencer à réfléchir comme un grand, on ne sait pas de quoi est fait demain. Quand tu peux partir à l’école, pars !

Moi boudeur : Ok mais je voulais vous aider ici.

Love : On n’a pas besoin de toi à la maison Akin, fais ce que tu as faire et nous aussi nous ferons ce que nous avons à faire. Allez vas te coucher !

Moi : Bonne nuit !

Love : Bonne nuit !

Je vais dans mon lit dans l’intention de trouver le sommeil mais rien n’y fait, il semblerait que Morphée m’ait raté sur le chemin. Alors que la somnolence commence à prendre possession de mon corps, je suis dérangé par des paroles provenant de la salle principale de la maison. Je reconnais là les voix de papa, Love et Margaret. Bien que ce ne soit pas dans mes habitudes d’écouter aux portes, je rapproche mon oreille de l’entrée de ma chambre non sans laisser la porte entrouverte.

Love : Papa je te dis que c’est la sorcellerie.

Margaret : Oh Love !

Love : mais oui ! Maman n’était pas malade, on se disait tout au téléphone. Comment se fait-il qu’elle soit morte juste comme ça, du jour au lendemain ?

Papa : Ce sont des accusations graves que tu portes la Love.

Love : Papa je t’ai toujours dit que personne ne nous aime dans ce village, c’est pour cette raison que j’ai préféré trouver du travail loin d’ici. En voilà la preuve. Tes parents comme tes amis sont des criminels potentiels.

Papa sur un ton grave : Tu insinues que ma famille est méchante ?

Love : Mais papa depuis qu’on habite ici tu as déjà vu qui venir fréquemment ici ? Ils font bien des réunions ailleurs, ils se retrouvent souvent mais ici c’est comme dans une maison hantée.

Papa : Non ma fille mes parents me rendent visite. Ton oncle Abeke est venu nous rendre visite il y a quelques jours voyons. Il a même pensé à ta mère après un long voyage comme celui qu’il a fait.

Love : Pensé à maman ?

Papa : Oui il lui a apporté une crème du corps.

Love : Depuis quand tes parents offrent des présents à maman ? Je suis sûre qu’il y est pour quelque chose dans la mort de…

Papa furieux : Bon ça suffit maintenant, je ne te permets pas de parler ainsi de ma famille. Tu te rends compte de ce que tu es entrain de porter comme accusation ? Mais c’est grave !

Love : Ce que je dis c’est que la mort de maman n’est pas simple, ce n’est pas simple du tout.

Papa : Et tu veux faire quoi ? Une enquête ?

Love : Ça ne servirait à rien. Elle ne reviendrait pas. Mais en tant qu’aînée je me dois de protéger mes petits frères et sœurs. Je ne peux pas les laisser fréquenter des gens malsains.

Papa : Love, laisses moi pleurer ma femme en paix, tout ce que tu racontes ne nous aide en rien.

Love sur un ton désapprobateur : Papa ! Papa oh ! Hum !

Papa : Je te dis de laisser tomber.

Love : En tout cas nous saurons la vérité un jour, crois moi !

Je n’attends pas plus longtemps et vais à nouveau dans mon lit, réfléchissant aux propos de ma sœur. Sorcellerie ? J’entends souvent des gens en parler à l’école mais j’ignore en réalité ce que cela signifie. Tout ce que j’ai retenu des histoires qu’on m’a racontées, c’est que cela reste quelque chose de mauvais. Mais quel est le rapport avec maman ? Je ferais mieux de trouver le sommeil au plus vite si je ne veux pas somnoler en classer et m’attirer par la même occasion la foudre de mon maître…

_ : Akin ? Akin ?

Je me retourne pour faire face à Mike, mon ami en quelque sorte. Il est d’une contrée un peu plus éloignée que la mienne. Ses parents connaissent le directeur de l’école, raison pour laquelle il apprend ici. Mike est plus âgé que moi d’un an, mais à nous voir, on ne dirait pas.

Mike : Alors Akin, comment vas-tu ces temps ci ?

Moi : Mieux qu’avant

Mike : Je voulais venir à l’enterrement, mais mes parents me l’ont interdit. Ils pensent que je ne suis pas assez grand pour assister à ce genre de chose.

Moi : Ils ont peut-être raison…

Mike : Tu as besoin d’aide ?

Moi : Pour quoi faire ?

Mike : Je ne sais pas. Pour te tenir compagnie. Je peux au moins faire ça.

Moi : Non ne te déranges pas. Je préfère rentrer et étudier dans ma chambre.

Mike : Alors tu ne restes pas un peu avec nous ?

Moi : Mon père ne sera pas content, surtout maintenant. Et ma grande sœur est très sévère depuis quelques temps. Elle m’interdit d’aller loin de la maison.

Mike : Je vois. Bon on se voit demain alors ?

Akin : Ça marche. Salues tes parents pour moi

Mike : Je le ferai. Et…OH ! J’ai failli oublier.

AKin : Quoi ?

Mike en sortant un sac attaché de son sac : Ma mère l’a fait pour toi, elle m’a demandé de te le remettre.

Moi : C’est quoi ?

Mike : Du Nkwobi (Recette de l’Est du Nigeria faite à base de pied de vache et d’huile de palme)

Moi : Non tu ne me l’avais jamais dit. Remercies la de ma part s’il te plaît !

Mike : Au revoir Akin !

Moi : Au revoir Mike !

Je rentre tout joyeux à la maison, portant de mon bras gauche la barquette de Nkwobi reçue de Mike. Une fois arrivé à la maison je la dépose dans la cuisine et je vais cogner chez Margaret afin qu’elle m’accompagne à la rivière me laver. A notre retour, nous trouvons Love au pas de la porte d’entrée avec la barquette de Mike à ses pieds.

Moi : Bonsoir Love

Love en pointant le sol : C’est à qui le pot de nourriture là ?

Moi : C’est à moi.

Love : Tu sais préparer depuis quand ?

Moi : Je n’ai pas préparé ça.

Love : Donc qui a fait ? Margaret ?

Margaret : Non c’est maintenant que je vois ce sac.

Love : Akin qui t’a fait à manger ?

Moi : La maman de mon ami Mike.

Love : Mike ?

Moi : Oui

Margaret : C’est son ami à l’école la-bas.

Love : Et sa mère te connait où ? Elle t’a préparé ça à quelle occasion ?

Moi : C’est peut-être parce qu’elle sait que je suis triste…

Love : Donc comme nous sommes en deuil nous n’avons pas de quoi manger ?

Moi : …

Love : Ton ami était là au deuil ?

Moi : Ses parents ont dit que c’est pas de son âge.

Love : Eux-mêmes ils étaient là ?

Moi : Non

Love : Et elle te fait à manger ? Il faut me jeter ça dans la poubelle.

Moi : Mais Love…

Love : J’ai dit de jeter. Je vous fais à manger tous les jours ici, je ne sais pas pourquoi tu vas manger la nourriture de dehors.

Moi : …

Love : J’ai dit de jeter hein !

C’est avec un grand chagrin que je me débarrasse de ce bon met préparé rien que pour moi, même si j’avais l’intention de le partager avec les autres. Des fois je me demande ce qui arrive à Love. Avant elle n’était pas comme ça. Ou le fait qu’elle ne passait que de courts instants avec nous atténuait ce côté d’elle que j’ignorais jusqu’à lors ? Elle m’interdit tout et me défend d’aller dehors sauf lorsque je me rends à l’école. C’est tout de même curieux, j’ai l’impression qu’elle se méfie vraiment de tout le monde. A cette allure, je ne pense pas pouvoir supporter…

Papa : Love !

Love : Oui papa ?

Papa : Bon il faut apprêter quelque chose pour ce soir, nous avons une invitée !

Love : L’invité là c’est qui ?

Papa : La petite sœur de ta maman

Love : Qui ? Aunty Nadia

Papa : Oui

Love : Elle revient d’où ?

Papa : Comment elle revient d’où ? C’est ta mère non ?

Love : Elle est juste venu faire 2h pendant le deuil et elle est partie non ?

Papa : Tu sais qu’elle n’habite plus ici, elle n’a pas assez de temps.

Love : Même pour sa sœur qui est morte ?

Papa : Toi je ne sais pas pourquoi tu n’aime spas mes parents mais prépares seulement la table. Elle va arriver.

Love : Hum !

Papa : Akin ?

Moi : Oui papa

Papa : Vas voir si j’ai fermé la porte de la pièce extérieure, on ne sait jamais.

Moi : Ok

Depuis le décès de ma mère et on essaie de s’accommoder à son absence comme on peut, ce qui n’est pas facile du tout et une visite est franchement la bienvenue. Comme papa nous l’a annoncé, Aunty Nadia vient nous rendre visite ce soir. Aunty Nadia est très gentille, elle nous ramène toujours de bonnes choses de la capitale les rares fois qu’elle se déplace. On dit dans le coin que son mari est très riche et qu’il s’occupe bien d’elle. Mais je n’ai pas encore eu la possibilité de le voir ici, dans notre maison. Peut-être qu’avec le temps ce sera possible.

Alors que maman vivait encore, elle m’a promis que je viendrais rester avec elle une fois mon primaire achevé. Sur le coup je n’y avais pas trop pensé, mais maintenant, et surtout avec tout ce qu’on raconte sur la capitale, je meurs d’envie d’y aller. Mais je ne pense pas être capable de laisser mon père tout seul ici. Après tout, je suis le seul à pouvoir l’aider dans les travaux extérieurs, je vois mal Love creuser une fosse ou Margaret réparer les canaux d’irrigation. Non, comme a l’habitude de dire mon père : c’est le travail d’un homme. Je crois que j’ai encore du temps pour y réfléchir, de plus je n’en ai jamais rien dit de peur de me faire réprimander ou que sais-je…

Aunty Nadia : mais mon garçon tu as grandi hein !

Moi en souriant : …

Aunty Nadia : Tu as quel âge maintenant ?

Moi : 9 ans

Aunty Nadia : C’est bien, c’est bien. Allez prendre les affaires dans la voiture, je vous ai apporté plein de choses les enfants.

Margaret et moi nous précipitons dehors pour décharger la banquette arrière de ce que nous devinons être un château de provisions pour notre modeste maison. En un rien de temps, le tout se retrouve à la cuisine et Margaret se charge de tout ranger, en attendant que Love apprête tout pour le repas. Moi je vais rester avec mon père, qui, me semble t-il, prend des nouvelles de la ville.

Papa : Ne me dis pas que tu es venue en voiture ?

Aunty Nadia : Mais non voyons, j’ai pris l’avion mais tu sais qu’il est difficile d’arriver ici en taxi alors j’ai préféré louer une voiture avec tous ces bagages. Mais mon beau frère tu maigris hein !

Papa : Tu sais que la disparition de ta sœur m’a affecté, c’est elle qui m’épaulait dans la maison.

Aunty Nadia : Mais tes filles ne t’aident pas ?

Papa en me voyant roder : Si mais tu sais elle ne peuvent pas jouer complètement le rôle de leur mère, il y a des choses dont je ne peux parler avec love.

Aunty Nadia : mais est ce que tu songes même à prendre une autre femme ?

Papa : euh… Akin il te restait des devoirs non ?

Moi : Oui papa !

Papa : Vas les finir avant qu’on ne mange.

Je comprends à cet instant que je suis de trop dans la pièce alors je m’éclipse sagement pour faire le reste de mes exercices de maison. Ce n’est qu’à l’appel de Margaret que je m’y rends à nouveau. Nous mangeons paisiblement mais je remarque que Love est hostile à Aunty Nadia.

Aunty Nadia : Mais beau frère tu sais que mon mari il aime trop les voyages, je suis même fatiguée de l’accompagner. Moi je préfère rester chez moi hein.

Papa : Ah mais c’est bien.

Love : Hum !

Papa : Love tu as quelque chose à dire ?

Love : Non

Aunty Nadia après quelques minutes de silence : Donc je disais que les voyages de mon mari me fatiguent. C’est pourquoi j’ai décidé de venir me reposer ici. Ça fait toujours du bien d’aller au village, l’air est pur et…

Love : Tchips !

Papa : mais Love c’est comment ? Si tu ne peux pas bien te tenir, tu vas en cuicine ou dans ta chambre.

Love agacée : Ah qu’elle arrête de mentir.

Aunty Nadia : Oh !

Margaret : …

Moi les yeux ronds : …

Il faudrait peut-être que Love nous explique ce qui ne va pas.

Non ?

À suivre.

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