Chapitre 3
Je le vois saisir ses hanches, la collé plus à lui et se figer. Vu la tête qu'il fait et le grognement qu'il lâche, je me doute bien qu'il est en train de jouir. Je comprends vite qu'il pourrait ouvrir les yeux d'une minute à l'autre, alors je me hâte de descendre du WC ; histoire de ne pas me faire prendre. Ce serait bête. Mon cœur bat la chamade et mes mains tremblent. Cela est sûrement dû à la peur d'être vu et à l'excitation que cette scène m'a procurée. Je m'assois sur les toilettes pour essayer de me calmer, mais c'est inutile. Alors je ferme les yeux et me remets à imaginer ce vieux en string qui avait réussi à calmer mes ardeurs quelques heures plus tôt.
Après quelques minutes de silence, j'entends la fille prendre la parole avec un ton moqueur.
- Pour quelqu'un qui ne voulait rien avoir à faire avec moi, tu sembles avoir bien pris ton pied !
- Ferme-la.
- Bah, quoi ? C'est la vérité.
- Tais-toi, je te dis ! Si tu ne m'avais pas chauffé pendant toute la journée, rien de tout ça ne serait arrivé.
- Tu n'as pas beaucoup résisté non plus.
Le silence se présente de nouveau, mais il est vite troublé par un bruit d'eau qui coule. Je crois que quelqu'un se lave les mains ou peut-être le visage. Je n’en sais trop rien en fait.
- Je me demande comment réagira ta petite copine quand elle apprendra ce qu'il vient de se passer à l'instant. La fille poursuit d'une voix malicieuse. Elle sera sûrement verte de colère.
Sur-le-champ, un bruit sourd se fait entendre.
- Tu n'as même pas intérêt à lui dire quoi que ce soit. La voix dure de Joshua résonne dans toute la pièce. Tu m'as compris ?
Jamais je ne l'avais entendu parler comme ça, auparavant. J'ai soudainement un pincement au cœur quand je me rends compte que bizarrement, pendant qu'ils s'envoyaient en l'air, je n'avais en aucun cas éprouvé le désir d'être à la place de cette fille. Certes j'avais été très excité, mais ça s'était arrêté là. Alors que là, j'ai très envie d'être à sa place, pas à celle de cette fille, mais à celle de la copine de Joshua. Alice.
- Est-ce que c'est bien clair ?
Juste pour qu'il soit dans cet état rien que pour moi.
- Oui, très.
Pour me garder.
°°°
Mes pas me mènent à la bibliothèque sans que je n'en aie vraiment conscience. Mes pensées se baladent encore dans les toilettes des filles et me rejouent en boucle la scène qui s'y est déroulée. Je n'arrive toujours pas à croire qu'aujourd'hui j'ai vu Joshua jouit. C'est la plus belle image qu'il aurait pu m'offrir. Enfin, il ne me l'a pas vraiment offert mais on s'en fout. Je l'ai eu et c'est ça le plus important.
Je me mets aussi à penser à cette fille. Je me demande bien qui elle peut être. Tout à l'heure, j'ai été trop occupée à contempler Joshua alors je n'ai pas cherché à savoir qui elle est. Mais apparemment, c'est seulement après avoir chauffé le beau Joshua qu'elle a réussi à coucher avec lui. Je me demande si ça pourrait marcher aussi avec moi. Je veux dire, si je le provoquais assez, est-ce qu'il coucherait avec moi ? Peut-être bien. Mais je n'aurais jamais assez de courage pour faire un truc pareil. Et puis franchement, je ne veux pas que juste après, il me jette comme il l'a fait avec cette fille.
La sonnerie de mon téléphone me ramène petit à petit à la réalité. Je m'arrête afin de le sortir de mon sac. Je vois sur l'écran que j'ai un nouveau message de Jack. Je déverrouille rapidement le téléphone pour pouvoir le lire.
" Après ta colle, fais-moi signe. Je viendrai te chercher. "
Plus tôt, nous avions convenu que je rentrais en bus, mais visiblement, il a changé d'avis. Je tape un rapide '' OK '' et lui envoie. Je m'apprête à ranger mon téléphone quand quelqu'un me bouscule assez brusquement. Mon portable m'échappe des mains et échoue au sol. Je me précipite sur lui pour voir s'il n'avait rien de cassé et Dieu merci, il est sain et sauf. Je lève la tête et vois que celui qui m'a bousculé continue son chemin.
- Eh ! T'excuser ne t'arrachera pas la langue, tu sais.
Quand il se retourne enfin pour me faire face, je le reconnais immédiatement. Il s'agit en fait de Colin Diaz, le meilleur ami de Joshua.
- Tu risques de te faire arracher la tête parce que tu es en retard. Tu le sais, toi ? Il me demande calmement avant de pénétrer dans la bibliothèque qui se trouve maintenant qu'à quelques pas de moi.
Non mais, il se fout de moi là ou...
Je baisse les yeux sur mon téléphone et vois qu'il est 17 heures et 14 minutes. Merde ! Je le glisse rapidement dans mon sac et m'active à parcourir la petite distance qui m'éloigne de la bibliothèque. C'est un peu essoufflé que je me présente devant mon professeur.
- Ah, enfin ! Voici la retardataire endurcie.
Je rougis de honte et baisse la tête. Il exagère un peu là. C'est bizarre, il ne semble pas fâché du tout. Du coin de l'œil, je vois Colin rire doucement. Qu'est-ce qu'il fait ici lui ? Est-il aussi collé ?
- Bien, il n’y a pas grand-chose à faire pour les jeunes. Vous avez juste à ranger ces livres par ordre alphabétique dans les étagères. Vous ne pourrez rentrer chez vous que quand ce sera fait. Sur ce, bonne fin de soirée.
Sans même nous laisser le temps d'en placer une, il s'en va. Sur une grande table devant moi, se trouve une tonne de livres. Pas grand-chose ; il a dit. Avec le nombre qu'il y a, nous en aurons pour toute la nuit ! Ce monsieur est fou.
- Bon, plus vite on s'y mettra, plus vite on finira.
Il a raison mais je ne crois pas qu'on finira de classer tout ça aujourd'hui. Mais je préfère ne rien dire. Après avoir posé nos sacs sur des chaises différentes, nous nous mettons au travail. Une heure passe sans qu'aucun de nous ne parle. Je suis fatiguée. Je pose ma tête contre une étagère pour soupirer un peu quand soudain je sens la chaleur d'un souffle dans mon cou. Je sursaute et me retourne pour faire face à Colin. Il me regarde bizarrement puis après m'avoir longuement fixé dans les yeux, il rapproche son visage du mien. Je le repousse immédiatement avant qu'il n'aille plus loin.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Tu ne vas pas me dire que c'est seulement lui qui te fait de l'effet !
- De... de quoi parle-tu ?
- Ne fais pas genre. Joshua est trop aveuglé par son amour pour Alice, pour le remarquer. Mais moi, je vois clair dans ton jeu. Tu te joues aux saintes mais en réalité tu n'es qu'une petite salope qui ne rêve que d'une chose : qu'on la baise. Et devine quoi : je suis ton homme.
Il se prend pour qui lui ?
Blessée par ses paroles, je lève la main dans le seul but de lui flanquer une bonne gifle, mais il m'en empêche en la saisissant fermement et me plaque contre l'étagère, maintenant ma main au-dessus de ma tête. Son autre main vient se poser sur ma nuque et ses lèvres s'écrasent violemment contre les miennes. Mes yeux s’écarquillent. Mais qu'est-ce qu'il fait ? De ma main libre j'essaie de le repousser mais je tombe sur des muscles en béton. Impossible de l'éloigner.
Il force le passage de mes lèvres et insère sa langue dans ma bouche pour qu'elle puisse jouer avec la mienne. Ses lèvres sont douces. Après quelques secondes de résistance, je finis par me laisser faire. Je ne sais pas vraiment quoi faire alors je laisse sa langue me guider. J'aime sa manière de m'embrasser. Il suce mes lèvres et les mord par moment.
Il finit par abandonner mes lèvres pour descendre dans mon cou et libère ma main par la même occasion. Elle vient directement passer dans ses cheveux alors que ses mains à lui, descendent plus bas sur mon corps. Elles remontent ma jupe avec précipitation et saisissent durement mes fesses. Un gémissement incontrôlé sort d'entre mes lèvres.
Oh, Anya, qu'est-ce que tu fais ?