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Le gérant de la pâtisserie vient juste d'arriver, lorsqu'il entre à la cuisine il est surpris de voir Adélaïde entrain de crémer un gâteau.
— je pensais t'avoir demandé de ne plus venir ici.
Elle sursaute et reprend son souffle quand elle constate qui c'est.
— tu m'as fait peur.
— que fais-tu ici Adé ?
Elle prend son air mignon.
— s'il te plaît Christophe laisse moi travailler ici, tu ne peux pas juste me virer comme ça, sans aucune raison valable.
— je t'ai donné la raison, tu es trop jeune pour travailler ici.
— justement ce que je disais, ta raison n'est pas valable Christ.
— je ne sais pas si tu l'as remarqué mais tu es la seule jeune fille qui travaille ici.
— est-ce vraiment une raison ? Franchement ça n'a pas de sens, en plus je ne suis pas si jeune que ça, toi et moi on a presque le même âge non ?
— Adélaïde tu as 24 ans moi j'en ai 39.
— ou est la différence ?
Il soupire.
— tu es mignonne mais désolé je ne peux plus te garder c'était déjà une erreur de t'employeur ici.
— tu ne peux me faire ça, tu connais mes conditions de vie, ma mère à cause de sa maladie ne peut plus travailler, j'ai à ma charge tous mes frères, si je perds ce job je suis foutue.
— tu sais que si ça ne dépendait que de moi je te gardais, mais je dois suivre les ordres du propriétaire, je risque perdre mon boulot si je ne lui obéit pas, il est très stricte là dessus.
— il a quel problème au juste ce propriétaire ? Où est le mal à ce qu'une jeune personne travaille ici ?
— il dit que les jeunes ne sont pas sérieux dans ce qu'ils font et créent trop de problèmes, voilà pourquoi, en plus c'est de ta faute s'il a remarqué qu'une jeune personne travaillait ici, pourquoi tu as ramené tes petits frères ici ?
— je ne pouvais pas les laisser seuls, maman était allé à l'hôpital et leurs aînés étaient à l'école, en plus ils sont si mignons, ils ne troublent pas donc je ne vois pas pourquoi ton boss s'est plaint.
— déjà monsieur Akwa n'aime pas les enfants, c'est ça qui t'a porté malchance.
— quel genre d'homme est-il au juste ?
— ne cherche même pas à le savoir, s'il te plaît va-t-en, s'il revient te trouver ici s'en est fini pour moi.
Il s'en va. Adélaïde soupire. Elle dépose la crème et se lave les mains, ensuite elle enlève son tablier et porte son sac. Elle s'en va stopper un taxi. Quelques minutes après il gare devant un carrefour. Elle le paie et se met à marcher le long d'un couloir. À quelques pas elle arrive devant chez elle. Elle retire sa babouche et quand elle est sur le point d'entrer elle aperçoit sa voisine qui est aussi son amie.
— hey Adélaïde !
Ça se voit que Adélaïde est heureuse de la voir, elle reporte ses babouches et court l'embrasser.
— tu es de retour c'est incroyable !
— je suis rentré juste ce matin.
— ohlala le village t'a fait du bien regarde comment tu as pris du poids.
— ne me dis pas ça s'il te plaît, je n'ai pas évité les nourritures grâces là-bas pour venir entendre ça de sa bouche.
Adélaïde rigole.
— pas besoin de faire cette tête Diane, je plaisentais, j'espère que tu m'as ramené des provisions.
— qui allait porter ?
— Humm ! Que Dieu t'envoie quelqu'un pour te couper ta paresse là.
— jamais ! Bref je viens avec des chaise.
Elle entre à l'intérieur et ramène deux chaises sur lesquelles elles s'installent. Diane et Adélaïde sont amis depuis l'enfance, c'est dans ce quartier qu'elles ont grandis en tant que voisines. Diane vit avec son grand frère qui s'occupe d'elle depuis l'enfance et sa belle sœur , les deux ne sont pas actuellement à la maison. Leurs parents vivent du côté de l'Est, c'est d'ailleurs de là que Diane vient ayant fait presque une semaine là-bas.
— alors comment se portent tes parents ?
— ils vont bien, ils sont tellement en forme qu'ils ont trouvé la force de me crier dessus quand je leur ai dis que j'arretrais avec l'école comme ça, comme si ça servait à quelque chose d'avoir tous ces diplômes, toi qui a arrêté l'école voilà que tu travailles et tu es très bien payée.
— tu sais que ce n'est pas par plaisir que j'ai dû arrêter...
— parlant même de job tu fais quoi à la maison à cette heure ?
Adélaïde soupire.
— j'ai été virée.
— quoi ? Pourquoi ? Quel est l'idiot qui a pu te faire ça ?
— un certain monsieur Akwa, quel idiot !
— je pensais que le nom de ton boss était Christophe.
— ah lui c'est le gérant, c'est le propriétaire qui exige que ses employés soient juste des personnes d'au moins trente cinq ans.
— tu m'en avais parlé mais on t'avait employé malgré ça non ?
— oui, il paraît que le propriétaire ne le savait pas puisqu'il n'était pas au pays depuis presque un an, et quand il est rentré il a tout de suite demandé qu'on me vire.
— il doit avoir un problème ce type, toi qui sais si bien faire les gâteaux, tu t'es formée en ça même si tu n'as pas terminé tu es très douée, je ne connais pas quelqu'un dans ce pays qui fasse aussi bien les gâteaux que toi.
— maintenant je me demande ce qu'il adviendra de mes frères, je suis seule à m'occuper d'eux depuis que maman est malade, on me payait si bien c'est vraiment dommage que je perde un tel job.
— je paris que si le propriétaire a demandé qu'on te vire c'est parce qu'il ne sait pas que tu fais les meilleurs gâteaux, il n'y a sûrement pas encore goûté, je propose que tu le fasses.
— que je fasse quoi ?
— des gâteaux bien-sûr et tu les amène à à cet homme pour qu'il goûte.
— Humm ! Non, c'est une mauvaise idée.
— tu es vraiment prête à perdre ce job ? Et comment feras tu maintenant ? Tu sais mon idée ne te coûtera rien hein.
Adélaïde reste hésitante un moment.
— t'a raison, ça ne coûte rien d'essayer.
— je sais je suis trop géniale, ne me remercie pas !
— je me mets tout de suite au travail, y'a pas de temps à perdre.
— n'oublie pas de réserver un bout pour moi.
— bien-sûr !
Adélaïde retourne chez elle et ouvre la porte, il y'a personne car comme c'est le weekend ils sont tous allé chez l'un de leurs oncle. Elle profite du calme pour faire des gâteaux en y mettant tout son amour et sa passion, elle espère vivement que ce fameux monsieur Akwa va apprécier et demander qu'on la réemploi.
En quelques heures elle a terminé, elle embale pour son amie et met de côté et pour monsieur Akwa elle prend le soin de le garnir avant de faire un bel emballage. Lorsqu'elle termine totalement elle sourit. Elle met dans un joli carton et sort avec, tenant pour son amie en main. Elle va chez elle avec à l'intérieur.
— waouh ! Ce monsieur Akwa est chanceux, il a droit à tout ça.
— j'espère juste qu'il va me reprendre, tiens ! Dit-elle en lui tendant le sien.
— merci, bonne chance.
— merci.
Elle s'en va toute souriante à la pâtisserie. Christophe l'aperçoit venir à distance et il s'approche lui même.
— tu es revenu.
— je ne te dérange pas t'inquiètes, j'ai fait ces gâteaux pour monsieur Akwa et j'aimerais que tu les lui remette et que tu le supplie de me réemployer.
— tu n'as pas fait ça ? Tu as vraiment perdu ton temps, cet homme quand il prend sa décision il ne change pas d'avis.
— je veux quand même essayer, s'il te plaît prend.
— tu sais c'est mon boss mais je l'évite très souvent, et je pense que si tu veux vraiment le convaincre c'est à toi de lui remettre ce gâteau.
— d'accord mais où vit-il ?
— il est très discret, je sais juste où il travaille.
— il travaille ? Alors qu'il a une si grande pâtisserie ?
— et si je te disais qu'il a un boss tu le crorait ?
Adélaïde sort les yeux, Christophe sourit.
— attends moi ici je trouve un bout de papier pour écrire l'adresse.
Adélaïde reste devant la pâtisserie et il revient l'instant d'après avec un bout de papier où il a noté l'adresse qu'il lui remet
— mais c'est vraiment très loin d'ici.
— tu crois toujours que ça vaut la peine ?
Elle soupire et hoche la tête.
— en ce moment je crois que je suis capable de tout pour retrouver mon job, j'y vais.
— je te souhaite bonne chance parce que cet homme est compliqué.
Adélaïde stoppe un taxi et entre. Elle est vraiment nerveuse mais serre le coeur. Quelques heures plus tard elle est arrivée à destination. Elle se trouve devant un très grand immeuble tout en vitre qui représente une entreprise. Elle fait un signe de croix avant d'avancer. Lorsqu'elle entre elle se pert dans l'immensité de la pièce... C'est tellement grand et beau l'accueil, on sait qu'on y a investie des milliards pour que ça ressemble à ça.
— ça vaut vraiment la peine de faire tout ça ?
— pardon ?
Elle sursaute et se retourne pour faire face à un jeune homme.
— vous avez l'air perdue mademoiselle, je peux vous aider ?
— euh... Je suis à la recherche d'un homme, monsieur Akwa.
— lequel ?
— euh pardon ?
— plusieurs hommes portent ce nom ici, quel est le monsieur Akwa que vous recherchez ?
— euh... Un homme riche.
— tous ceux qui travaillent ici le sont.
Elle se gratte la tête, elle essaie de réfléchir à un détail que Christophe lui aurait donné.
— hey ! Êtes-vous avec moi ?
— euh... Il tient une pâtisserie ! Dit-elle subitement.