Chapitre 8 : Le petit Jolan
Le lendemain, après l’étrange journée d’hier, il fallait que je récupère mon retard au travail. Bien que mon excellente assistante Selena ait déjà tout fait. Je dois quand même passer des appels importants. D'ailleurs, ça fait depuis quelques heures que mon téléphone est accroché à mon oreille. Les appels ne veulent pas s’arrêter. D’après ce que je comprends, j’ai dû boulot à faire et des nouveaux projets à leur présenter. Comme je suis une femme, ils attendent beaucoup de moi. Je ne risque pas de les décevoir.
Selena : Madame ? Dit-elle en rentrant avec une tasse de café.
Je lui fais signe d’attendre quelques secondes le temps de terminer mon appel avec un client.
-Bien. À très bientôt, monsieur Georges.Passez une excellente journée. Finis-je en coupant.
Selena : Vous avez l’air épuisé. Dit-elle en s’approchant de mon bureau. Je vous ai fait un café.
Je le prends en la remerciant et le boit d’un seul coup. Il faisait chaud, mais j’en avais tellement besoin que je n’ai même pas fait attention à la chaleur. D’ailleurs, je me rends compte que depuis ce matin, je n’ai même pas pris une seule pause.
Selena : Qu'est-ce que je peux faire pour alléger votre travail ?
-Humm..Dis-je en posant la tasse sur mon bureau.J’aimerais juste que vous trouviez un rendez-vous avec Monsieur Salomé, j'ai besoin de lui parler et aussi avec son meilleur partenaire, quel est son nom déjà ?
Selena : Samy Rodriguez ?
-Voilà. Dis-je en me levant. Après ça vous pouvez rentrer chez vous, merci encore pour votre excellent travail.
Selena : De rien.Sourit-elle.
Je l’imite et on sort toutes les deux de mon bureau. Ce qui est bien, lorsqu’on est patron la plupart du travail est fait par les employés, mais ce n’est pas pour autant que je vais les maltraiter. Je ne suis pas aussi cruelle que mon père.
Lors du dîner, je remarque que mon fils n’est pas au top de sa forme. Il n’a même pas touché à son assiette. Je m’inquiète pour lui, l’absence de son père commence à se faire ressentir et ça se voit dans son regard qu’il est triste. Je fais de mon mieux pour combler ce vide, mais je n’y peux rien. Comment je peux remplacer une personne qui a fait partie de sa vie ?
-Tu n’aimes pas ce que j’ai fait ? Je lui demande.
Jolan : Si. Il répond froidement.
-D’accord. Tu préfères manger le dessert ? Et...et si on sortait faire un tour ? Dis-je en souriant.
Il hausse les épaules en jouant avec sa nourriture. J’essaye de le faire parler mais il reste tout aussi muet. Je m’en veux, ce n’est pas ce que je voulais pour lui... je me sens impuissante.
-Que ce qui ne va pas ? Dis-je en me levant pour m’asseoir prêt de lui. Tu te sens pas bien ?
Jolan : Si.
-Alors que ce qui ne va pas ? Tu veux qu’on aille acheter un nouveau jeu ?
Il pose son regard sur moi, et pendant un instant j’ai cru avoir l’impression de retrouver mon fils. Ses yeux se mirent à pétiller comme à chaque fois qu’on lui parle de nouveau jouet. Je souris en ajoutant :
-On peut acheter un nouveau livre ou une nouvelle console de jeu ?
Jolan : J’en ai déjà.Dit-il en détournant son regard.
-Mais non, j’en suis sûre que ça te fera du bien d’en rajouter un de plus.
Jolan : Non. Dit-il en me dévisageant.
Je m'arrête et hausse les sourcils surprise par son ton ferme. En tant normal, je n’aurais jamais accepté qu’il soit aussi fermé mais je prends sur moi et lui laisse le temps. Il est triste et je dois l’accepter, peu importe le temps que ça prendra. Je veux juste qu’il me parle, garder tout pour soi, c’est la pire des choses, surtout à son jeune âge.
-Tu sais...Commencé-je en soufflant.Ton père aussi il me manque.Je dis en caressant sa joue. Tout comme toi, je suis triste.
Jolan : Ah Bon ? Dit-il en haussant les sourcils. Je...je pensais que tu n’étais pas triste.
-Si. Lui souriais-je. Maman à beaucoup pleurer, mais tu sais quoi ?
Jolan : Quoi ? Dit-il en lâchant sa fourchette pour porter toute son attention sur moi.
-J’essaye de rester forte pour toi..pour mon petit prince. Alors, si un jour tu es triste, j’aimerai que tu me le dises au lieu d’être silencieux, tu peux tout me dire comme tu le faisais avec papa.
Il hoche la tête et me prend dans ses bras. Je le serre fort contre moi les larmes aux yeux. C’est la pire des choses de voir son fils souffrir, sans avoir la possibilité de faire quelque chose. En plus de me blesser, il blesse aussi son propre fils. Pourquoi nous avoir vendu du rêve ? Comment l’homme peut-il être aussi mauvais au point de laisser toute une vie derrière lui ?
-Alors on va faire un tour ? Dis-je en me détachant de lui pour essuyer mes larmes.
Jolan : On va où ?
-On va t’acheter un nouveau jeu.
Jolan : D’accord. Est-ce que je suis obligée de finir ça ?Dit-il en me montrant son assiette.
-C’était si mauvais que ça ?
Jolan : Oui.
J’ écarquille les yeux la bouche ouverte, choquée par sa réponse. Non, mais je rêve... est-il en train d’insinuer que je suis une mauvaise cuisinière ? Peut-être pour ce plat... j’avoue que j’ai voulu essayer quelque chose de nouveau, et j’ai malheureusement échoué. Mais, je ne m’attendais pas à une réponse aussi honnête de sa part. La vérité sort vraiment de la bouche des enfants.
Jolan : Désolé, maman.Dit-il en quittant la pièce en courant.