Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

06

***Nathalie MOUKOURY***

Alors que je suis déjà allongée, on cogne à ma porte

- Entre Ken

Je le vois qui entre seul

- C’est comment ? Il dort ?

- Oui

Il vient s’assoir sur le rebord du lit l’air vraiment soucieux

- Maman…

- Oui ?

- On s’était promis qu’on avancerait toujours ensemble, en toute clairvoyance. Tu sais comment je fais pour rapporter ce que je rapporte à la maison. Mais toi depuis quelques temps tu me caches des choses. Comment voudrais-tu que je profite en toute innocence de ce faste quand je sais que ton salaire net est de 150.000 ?

Je soupire

- Quand demain il faudra faire face à des difficultés c’est à ce moment-là que tu estimeras que je mérite de savoir ce qui se trame ?

- Kendrick tu n’es encore qu’un enfant

- (Ken s’énerve) : Ah oui ?! Un enfant qui a appris tout seul à trouver ce qu’il va manger et ce qu’il peut faire pour avoir quelques pièces il avait à peine 8ans ?! Un enfant qui a été assez mâture très tôt pour comprendre qu’il ne doit pas envier les gosses de riche lorsqu’il entrait dans leur voiture et les voyait manger des hamburgers tandis que lui c’était les restes de beignets vendus le matin qui faisaient office de déjeuner ? C’est aujourd’hui que je redeviens cet enfant là qu’il faut protéger de la faim et des difficultés de ce monde maman ?! C’est aujourd’hui ???

- ….

- (Il reprend son souffle) De quoi as-tu peur en me parlant ? Que je te juge ?

- Un peu

- Je serai bien con de te juger vu que tout ce que tu es en train de faire, tu le fais pour nous. Je mérite toutefois de ne pas être surpris demain

- De toutes les façons tu n’as rien à craindre Kendrick

- Tu n’en sais rien Maman ! Tu n’en sais rien.

Silence

- (Je prends une forte inspiration) Je vois quelqu’un en ce moment

- Il est riche et marié c’est ça ?

- Comment tu as su ?

- C’est toi seule qui pense que je suis encore un enfant

Je ris d’un rire triste

- Es-tu sûre que ce n’est pas dangereux ?

- J’en suis plus que sûre. Sa famille est basée à Yaoundé. Il est seul ici

- Ok

Il s’est levé et une fois sur le pas de ma porte il se retourne et me dit

- Tu me promets que tu arrêtes tout dès que ça devient dangereux

- Je te le promets

Il est allé se coucher. Nous avons eu la chance que Nathanaël nous est arrivé faisant déjà ses nuits. Il prend juste un biberon à minuit, le dernier puis il ouvre de nouveau les yeux à 5h. Je me suis toutefois levée pendant la nuit pour aller dans leur chambre vérifier qu’ils dormaient bien. Le père était couché à l’avant, son fils à l’arrière. J’ai pris une photo du tableau et je suis retournée dans mon lit. Pour de nouveau en sortir à 5h quand je l’ai entendu pleurer. Je suis allée direct à la cuisine lui faire son bibi de 5h et je son père et moi nous sommes croisés dans le couloir, il le portait

- Donne-le-moi, retourne te coucher

Il y est allé sans un mot tandis que j’ai pris le petit avec moi qui s’est aussitôt rendormi après avoir mangé. J’ai appelé Rose à 7h du matin quand Ken partait en cours, pour lui dire que je la préviendrais si j’avais besoin qu’elle vienne à la maison en journée. A 8h il m’a appelé

- Bonjour Nathalie

- Bonjour Christian

- Je suis en bas de l’immeuble

- (Je suis surprise) Oh ! Tu sais où c’est ?

- L’agent immobilier me l’avait indiqué oui

- Ah d’accord. Tu peux monter (ironique) je suppose que tu sais également de quel appartement il s’agit

- (Il ignore ma remarque) : Ok

La minute d’après il sonnait et juste vêtue de mon pyjamas je suis allée lui ouvrir. Il m’a regardé de la tête aux pieds d’un air sobre, rien de brillant ni de reluisant dans son regard avant d’entrer

- (Je lui cède le passage) Tu veux faire le tour du propriétaire ?

- Je veux bien

Je lui ai montré tout d’abord le salon où il n’y avait que mes 2 vieilles chaises en bois, en lui expliquant que j’attendais qu’on me livre le salon

- Pas de salle à manger ?

- Je ne pouvais pas me le permettre

Il a juste hoché la tête. Nous sommes allés dans la cuisine aussi

- Tu ne t’es pas prise de cuisinière ?

- Trop chère

Nous sommes allés dans les chambres puis nous sommes revenus au salon où il s’est assis sur l’une des chaises

- Il existe encore de nos jours des téléviseurs à tube cathodique ?!

- Des téléviseurs à quoi ?

Les pleurs de Nathanaël m’ont interrompu

- (Il se lève lestement) Je pense qu’on a besoin de toi…

- (Je le regardant pour savoir s’il prendrait la porte ou pas) Oui

- (Il répond à ma question muette) Tu peux aller prendre le bébé. C’est une fille ou un garçon ?

- Un garçon. C’est que c’est l’heure de son bain. Je dois m’en occuper. Ça peut prendre du temps

- Faire chauffer de l’eau prend du temps avec un chauffe-eau électrique ?

- ….

- Je suppose que tu t’en es pris un ?

- Je ne peux pas me le permettre. Je ne suis pas sûre que je puisse assumer les factures

- Je te donne pourtant 250.000/mois. Tu peux te le permettre.

- ….

- Occupe-toi de lui, j’attends

Je suis allée dans la cuisine mettre de l’eau à chauffer sur ma plaque bien lente et sortir Monsieur de mon lit dont le visage était baigné de larmes. Je lui ai fait un biberon vite fait que je suis venue lui donner au salon en attendant l’eau de son bain. Christian est resté les yeux rivés sur l’écran de ma TV tout le temps. De temps en temps il parlait au téléphone. J’ai encore pris soin de l’observer un tantinet. Il est en ensemble veste. Elle est bleue marine et la chemise à l’intérieur est d’un blanc immaculé. Je me suis excusée un moment et je suis allée donner son bain à Nathanaël puis je l’ai ramené au salon tout propre pour trouver que Christian était debout, posé devant la fenêtre de la pièce, me tournant le dos.

- Tu vas te faire livrer tout à l’heure un téléviseur plasma un chauffe-eau électrique un tapis d’éveil pour le petit et une cuisinière. (Puis me regardant) J’aimerais qu’on se voie ce soir

- (Agréablement surprise) « J’aimerais »Ça change des ordres de tous les jours….

- Alors ?

- Je pense que c’est possible. Je dois m’organiser avec mon fils pour la garde du petit

- Pourquoi vous ne prenez pas quelqu’un à plein temps ?

- Non ! Nous ne voulons pas d’intrus chez nous. Nous allons nous organiser lui et moi. Comme hier je pense que 20h c’est faisable

- Ok, 20h je passe te chercher

Sans me laisser le soin de riposter il était déjà devant la porte.

J’ai passé la journée à pouponner et à aimer le faire. Cet enfant est juste adorable et tellement attachant. Son père avait raison hier. Il n’est pas habitué à rester seul. Pour un peu qu’il se sent seul dans la pièce l’écho de ses cris peut t’arracher le cœur mais dès qu’il te voit il s’arrête et te sourit

- T’est un petit coquin toi…

Christian a vraiment fait fort j’ai reçu la livraison de tout ce qu’il a cité en journée. Je suis vraiment gâtée par la vie. Toutes les factures portent mon nom. Je ne perds pas de vue mes objectifs. Mieux vivre tout en mettant de côté le maximum d’argent possible. Donc à la moindre incartade je revends tout ce qui est possible et je me prends un studio à la hauteur de mes moyens. J’espère au moins tenir dans cette relation le temps que Ken ait son baccalauréat et parte à l’université. Contrairement à certaines je n’ai pas une ambition démesurée. Je voudrais juste de cette relation qu’elle me permette de faire de mon fils un diplômé universitaire qui puisse nous prendre en charge son fils et moi. Si cette relation peut tenir 4 à 5 ans max je pense que ça peut se faire. Oui, je ferai ce qu’il faut pour rester dans ses bonnes grâces le temps que Ken soit autonome financièrement. Lui par contre je ne comprends pas ce qu’il m’a vu et pourquoi dépensé autant sur une fille de ma trempe. Il aurait pu se faire une jeunette de 10 ans ma cadette….

**Kendrick MOUKOURY**

De retour à la maison de nouvelles merveilles nous attendaient.

- T’as vu ?! On a un écran plasma !

- (Sobrement) Hum !

Je me suis dirigé sans un mot vers ma chambre pour prendre mon fil endormi dans mes bras

- (Elle est derrière moi) Tu lui donnes de mauvaises habitudes. Quand il dort laisse-le dormir. Ne le porte pas s’il ne le réclame pas

- ….

- Tu n’as pas à t’inquiéter tu sais ? Je sais ce que je fais

- J’espère juste qu’il n’est pas un sectaire !

- C’est pour lui et sa famille ! Mon sang est amer même dans la sorcellerie !

J’ai reposé Nathanaël qui m’a souri dans son sommeil quand je l’ai pris dans mes bras

- Je vais me laver

- Vas-y j’ai préparé du poulet

Je suis allé me doucher tout en réfléchissant. Jusqu’ici nous avons été dignes même dans notre misère. Jamais nous n’avons dépendu de quelqu’un. Ou du moins l’argent gagné a été gagné à la sueur de nos fronts. Je me sens si petit et si frustré de savoir que par ma faute ma mère en est réduite à faire ce qu’elle fait ! Oui parce que pour moi ce n’est pas différent de la prostitution ! Même si elle dit elle gère la situation me dirait-elle vraiment si ça se compliquait ?! Et à ce moment-là que ferions-nous ?! Nous retournerions dans la chambrette que nous occupions à logbaba ? Il faut vraiment que j’en finisse avec ce diplôme et que je rentre dans la vie active. Il faut que je sorte ma mère et mon fils de la misère.

J’ai pris la peine de manger et de me reposer. A 16h45 je me suis apprêté et j’ai mis mes vêtements neufs pour aller donner cours à Ornella et à sa petite sœur

- Stp sois là à 19h30 au plus tard, je dois sortir

J’ai juste hoché la tête et je suis parti. A 17h15 j’étais devant le domicile des EKANI et cette fois-ci c’est Ornella qui est venue ouvrir. Vêtue d’une robe droite et avec de fines cordes.

- (Ornella est toute souriante) Bonsoir Kendrick

- Bonsoir Ornella

Je l’ai suivi jusque dans la salle de la dernière fois.

- Ornella je préfère commencer avec Wendy si tu le veux bien

- Ça m’arrange aussi

Elle est sortie puis m’a rejointe avec sa jeune sœur habillée d’une robe décente qui tirait la tronche

- Bonjour Wendy

- ……….

- Tu peux me montrer pour un premier temps tes cahiers de Maths, de Français et d’Anglais ?

Sans un mot elle s’est exécutée tandis que sa sœur nous a laissé. J’ai observé, dans ses cahiers l’étendue de la tâche qui m’attendait. Il m’a bien fallu plus d’une heure pour situer exactement son niveau d’études et lui inculquer quelques notions de base. Ornella m’a ensuite rejointe et avec elle c’était plus aisé. Nous avons utilisé les 45 minutes qui nous restaient à bon escient.

- (Je range mes effets regardant la montre sur le mur en face de moi) Bon ! On se revoit Vendredi 17h.

- (Ornella pose sa main sur la mienne) Pour les cours ?

- (Surpris) : Oui !

- Ok. Toi et moi on se voit donc quand ?

- (Je me gratte la tête) Ornella je ne pense pas pouvoir combiner les deux rôles. Je suis ton répétiteur. Je ne peux pas aussi être ton petit ami

- L’un n’empêche absolument pas l’autre ! Je sais faire la part des choses il me semble

- C’est peut-être moi qui ne sais pas le faire donc

- Je vais te guider. Tu n’as rien à craindre

- Je reste très mal à l’aise avec l’idée

- (Elle m’adresse un sourire aguicheur) Je suis persuadée que quand nous nous connaîtrons mieux tu seras moins timorée. Ça fait quand même un an que je négocie cette relation. Tu sais je suis belle hein ! D’autres que toi me courtisent aussi

- Tu devrais peut-être essayer avec eux

- C’est vraiment ce que tu veux ?

- Non. Ce que je veux c’est que tu te concentres sur tes études et que tu obtiennes d’abord ton probatoire ensuite ton baccalauréat.

- (Elle colle son front contre le mien avec son même sourire aguicheur) Tu me donneras quoi en échange ?

- (Je me dégage) Tu sais bien que je n’ai rien à offrir.

Elle s’est dégagée et a croisé les mains sur sa poitrine

- Kendrick tu fais chier ! Très sérieusement tu me fais chier !

Silence

- Quoi je ne te plais pas c’est ça ?

- Je n’ai jamais dit ça !

- Alors c’est quoi ton Pb ?

- Ornella je ne suis pas comme les autres jeunes de nos âges. Je ne peux pas te faire vivre ta romance à la Melrose Place. Je n’en ai pas les moyens

- (Elle roule des yeux) L’argent ! Tu rapportes tout à l’argent ! Comme toujours

- (Avec véhémence) Ce n’est pas vrai !

- Si c’est vrai !

Nous nous jaugeons du regard

- (Elle se ravise et rassemble ses effets) Tu sais quoi ? C’est bon là on arrête avec ! Je m’adresse dorénavant à mon répétiteur. Bonne soirée Monsieur, vous connaissez la sortie

Elle se lève et se dirige vers la sortie

- D’accord essayons !

Elle s’arrête à la porte sans se retourner

- Mais à une seule condition : nous restons chastes jusqu’à ton baccalauréat. Je suis ton petit ami mais nous restons chastes jusqu’au baccalauréat.

- (Elle se retourne et me regarde) Ça peut se faire. Mais si on est ensemble je veux qu’on s’affiche. Je n’ai rien à cacher moi

- (Je hausse les épaules) C’est comme tu veux. Moi non plus je n’ai rien à cacher. Mais quand je viens chez toi c’est pour…

- Je sais ! Pour dispenser tes cours et rien d’autre

- Voilà ! Aucune démonstration affective devant ta famille

- Mais on se verra quand même hors d’ici j’espère ?! Je veux dire en dehors d’ici, de chez toi et du collège ?

- Oui si tu le veux bien. Mais même ça, ça doit être régulé. Je n’aime pas beaucoup les filles qui sont tout le temps dehors. Tu veux sortir on en parle avant. Je ne te surveille pas. Mais tu dois rester concentrée sur tes études.

- (Elle rit amusée) C’est tout un contrat qu’on est en train de passer là

- (Imperturbable) Et je suis vraiment sérieux Ornella. Si je dis non tu ne sors pas tu ne sors pas

- Tu te prends pour mon père ?

- (Je me lève à mon tour et la retrouvant à la sortie) C’est à prendre ou à laisser.

Elle ne dit rien mais s’interpose entre moi et la porte. Elle rapproche ses lèvres des miennes

- (Je détourne la face) Tu enfreins déjà les règles ! On a bien dit qu’on ne fait rien ici

- On a quand même le droit de sceller notre accord

Elle a posé ses lèvres sur les miennes. Je me suis tout de suite senti excité. Depuis plus d’une année je n’ai plus eu de copines. Il a fallu qu’elle pose ses lèvres sur les miennes pour que j’en ressente le manque cruel. Je me suis écarté

- Je dois rentrer

- (Elle me montre la sortie d’un geste théâtral) : Après vous Monsieur

Je suis rentré à la maison avec tout un tas de questions en tête. Il est plus qu’impératif que je ne perde pas mon boulot. Nous en avons besoin de ces 60.000 francs. Nous devons économiser le plus possible car l’avenir est incertain. Mais je ne cache pas qu’avoir une copine me manque. Etre de nouveau homme dans ma chair me manque. Cette vie de sacrifice n’est pas de tout repos.

Quand je passe ma clé dans la serrure, Maman est là, debout, visiblement prête

- Ah ! Tu es là ! Bon, j’y vais

- Il est où il fait quoi ?

- J’ai découvert que les dessins animés captivent son attention. Il est devant la TV

Je suis directement allé trouver Nathanaël installé dans son transat, le regard rivé sur l’écran

- (Je lui caresse la joue) : Hey bonhomme

Il m’a souri et s’est mis à gigoter dans son siège me tendant ses petites menottes. Je l’en ai sorti et je l’ai pris dans mes bras. Un moment d’alchimie parfaite que je ne saurai décrire. Mes yeux rivés dans les siens je suis allé m’assoir sur l’une des chaises en bois

- (Maman se tient derrière moi) Je t’ai déjà dit que tu lui donnes de mauvaises habitudes. Apprends à le laisser dans son transat s’il ne pleure pas

- (J’ai le regard rivé sur mon fils) : Ok

- Bon j’y vais. N’oublie pas qu’il a son biberon de 21h à prendre. Lange-le juste avant

- Je sais tout ça maman tu peux partir

- Hum ! Ok

J’ai entendu la porte d’entrée se refermer à clé et net à ce moment-là j’ai reçu un SMS d’Ornella :

« La norme voudrait que mon petit-ami me rassure qu’il est bien arrivé….

Je ne suis pas sûre de tenir 2 ans sans te toucher comme je voudrais.

A demain au Collège »

- (Je me parle plus à moi-même) Moi non plus je n’en suis pas si sûr….

**Nathalie MOUKOURY*

Je suis descendue trouver Christian dans sa voiture. Il déverrouille et j’entre en mettant d’emblée ma ceinture. Elle sent bon, il sent bon. Il porte un polo bleu nuit et un pantalon Jean. Il fait plus jeune et moins sévère dans cet accoutrement.

- Bonsoir Nathalie

- Bonsoir Christian

Il a démarré et nous avons roulé en silence. Silence que j’ai fini par rompre

- On va où ?

- Chez moi

Je pensais pourtant que c’était à moi d’émettre l’envie de lui. Sinon pourquoi me ramène-t’ il chez lui ? J’ai gardé ma question pour moi et nous avons roulé jusqu’à son immeuble où il s’est rangé comme la veille contre le mur de clôture en position de départ.

Je l’ai suivi sans appréhension aucune jusqu’à son appartement. Il m’a laissé assise dans son salon et est parti vers son intérieur sans un mot. Je suis restée indécise. Est-ce une invitation tacite à le retrouver dans sa chambre ? Ou je dois rester assise-là et il finira par se pointer ? La réponse s’est vite faite sentir. Il est revenu me tendant un plastique d’une boutique de marque

- 1ère chambre sur ta gauche. Tu peux t’y changer, je t’attends

J’ai pris le plastique et je me suis rendu dans cette chambre neutre et classique. J’ai sorti la tenue de son emballage et après quelques minutes à comprendre comment la porter, j’ai fini par y arriver. J’ai dû me débarrasser de mon soutien-gorge qui devenait encombrant et gênant avec cette tenue et je l’ai fourré dans le même plastique, en même temps que ma tenue initiale. Il y’avait également la paire de sandale assortie qui m’allait comme un gant ! Comment a-t’il su pour ma pointure ? Je l’ai rejoint au salon où il m’attendait, assis devant un verre d’une liqueur rosâtre

- (Je lance timidement) Je suis prête

Il s’est levé et sans aucune gêne, m’a contemplé.

- Ça te va bien

- Comment as-tu su pour ma pointure ?

- J’ai deviné

- Tu devines comme un pro !

Il s’est contenté de me lancer un sourire bref et de passer devant moi. Cet homme est trop austère à mon goût. Je ne sais pas s’il lui arrive de péter un peu. J’ai beau essayé de me préparer à l’inéluctable je ne nous vois pas dans un lit. Si oui il faudrait avant que l’on éteigne la lumière et qu’on ferme les yeux.

Nous sommes de nouveau rentrés dans son véhicule

- Où allons-nous ?

- Dîner

- Ok….

Il a tripatouillé devant lui et de la soul pop a envahi la voiture. Je ne sais plus quand il m’est arrivé d’être aussi bien traitée par un homme. J’ai eu avec lui sans même lui faire un bisou sur la bouche tout ce que je n’ai jamais eu en une vie de débauche bien sentie. Rien que pour cela je veux bien faire quelques concessions et céder à ses caprices. Parce que pour qu’un homme de cet envergure et légalement marié se retrouve à chercher une amante et à investir autant, c’est qu’il la prépare sûrement à quelque chose de difficile à avaler. Mais ne t’en fais pas mon coco. Je vais tenir le temps qu’il faudra.

Christian m’a emmené dans un magnifique restaurant avec piscine où on nous a traité comme des gens de la haute. Je me suis presque sentie traitée comme une reine. Nous avons principalement parlé du bureau le temps du repas et même avant. C’est quand ils sont venus débarrasser que j’ai réalisé qu’il était 21h30.

- (J’essaie de me lever) Excuse-moi je dois passer un appel important

- (Il me retient par le bras) Tu peux le passer devant moi

- (Je réprime mon soupir) Ok….

J’ai composé le numéro de Ken qui a décroché et m’a tout de suite rassuré. Oui Nath a mangé. Oui Nath est langé. Mais non il ne dort pas. Ils sont et je le cite « yeux dans yeux » et je les perturbe. J’ai raccroché en riant

- Parle-moi du père de ton fils

- (Je fouille ma mémoire) Il s’appelait Marc je pense bien

- Saurais-tu le reconnaître si tu le voyais aujourd’hui ?

- (Après une légère hésitation) Je pense que oui. Pourquoi ?

- Simple curiosité

- Parle-moi de toi

- Parcours classique. Etudes primaire et secondaire ici universitaire en Angleterre.

- Quel âge as-tu ?

- (Il sourit d’un air mûr) : 40ans

- Tu n’as pas eu tes filles tôt….

- Tôt c’est relatif

- Et ton épouse ? Comment tu la rencontres ?

- On s’est rencontré à une fête à Londres. Nous avons décidé de revenir nous installer ici

- Si je puis me permettre pourquoi la trompes-tu ?

- (Il rit, moqueur) Parce que les hommes ça trompe Nathalie. Tu ne le savais pas ?

- Je n’ai jamais vraiment eu de relation suivie

- (Il plisse les yeux) Il faut bien un début à toute chose. Tu veux autre chose ? Ou on peut y aller ?

- C’est bon pour moi, on peut y aller.

Il a fait signe au serveur pour l’addition et il l’a réglée. Nous sommes sortis et il nous a conduits dans un cabaret discret où il a salué 3 ou 4 personnes avant de se faire installer dans un carré vip. Je me suis revue à mes 16, 20 ans. L’ambiance était bonne, très bonne même. J’ai avalé sans trop compter un nombre incalculable de verres de baileys tout en remuant ma tête et mon corps sur place. J’avais envie de danser mais je me suis retenue. Lui par contre a gardé la même position tout le temps de notre séjour et a peu bu. Il pianotait beaucoup plus son téléphone

- (Vers 23h) On va y aller si tu le veux bien

- (Je suis toute guillerette) Ok… C’est comme tu veux

Nous sommes sortis j’avais envie de lui, envie de sexe. Il ne faut vraiment pas grand-chose pour mettre une femme dans son lit. Il a rallié en si peu de temps toutes les conditions nécessaires : le fric et la galanterie. J’ai regardé mon téléphone pour voir si Ken m’avait écrit et oui, il m’a envoyé une photo d’eux dans leur lit

- (Il a les deux mains sur le volant le regard rivé sur la route et les mâchoires serrées) Il est 23h tu devrais éteindre ce téléphone

- (Moi du tic au tac) J’ai un fils et un petit fils dont j’aimerais avoir des nouvelles

Silence

- Tu peux l’appeler de mon téléphone

- Je ne veux pas mêler mon fils à notre histoire

Il a brusquement freiné. Heureusement que j’ai mis ma ceinture de sécurité. Sinon j’aurais aisément fracassé mon front contre son pare-brise

- (Ton dur) Je ne tolère pas qu’une femme soit sur son téléphone à pas d’heure. Si c’est vraiment ton fils que tu veux avoir tu l’appelles de mon téléphone est-ce que c’est clair ?!

Je l’ai regardé un instant. Alors c’est ça… Il est un gros jaloux doublé d’un paranoïaque !

- (Posément) Déverrouille ta voiture

- Tu ne me donnes pas d’ordre !

- (Je hausse le ton) Déverrouille cette putain de voiture et laisse-moi sortir !

Il me regarde. Son regard ne laisse rien transparaître

- Je te dois mon nouveau statut certes mais pas la vie ! Si cette histoire doit exister j’exige un minimum de liberté ! Ce n’est pas la mer à boire !

Il a repris sa route sans plus rien dire. J’ai croisé mes bras contre ma poitrine mon regard rivé sur ma vitre. Je ne voulais pas savoir où il allait. Chez lui chez moi ça m’importait peu ! Une chose était sûre je finirai par rentrer chez moi. J’ai compris au bout d’un instant que c’est la route de mon immeuble qu’il a pris. J’ai senti une douleur atroce me traverser l’estomac. Ça voulait dire qu’il est en colère, qu’il ne voulait plus de moi. C’en était terminé. La belle vie n’aura duré que quelques jours. Il a garé en bas de mon immeuble :

- Descends

J’ai défait ma ceinture sans rien dire et je suis sortie de sa voiture. Je suis entrée chez moi c’était éteint de partout. Normal il était quasiment minuit ! Je suis allée directement dans ma chambre me mettre en pyjama et plonger dans mon lit. Ah cette vie ! J’ai failli au tout premier obstacle ! J’ai cherché le sommeil sans succès me tournant et me retournant dans mon lit puis mon téléphone a vibré, attirant ainsi mon attention. Il était de lui

« Je t’enverrai demain aux aurores quelqu’un pour veiller sur les enfants. Je passerai te prendre en fin d’après-midi. Prends le stricte minimum : Nous partons sur Kribi»

Ce type est fou !

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.