Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 6

Sadiya (souriante) : alors tu la trouve comment ?

On vient de faire le tour de l’appartement, si je peux l’appeler ainsi. En tout cas, elle n’a rien à envier. L’appartement même sent le neuf, avec des décors digne des grandes palaces. Dès l’entrée tu sais qu’ici sont passées les grands maîtres du design. Des fauteuils en cuire, une table en verre, une télé plasma dernier… C’est tellement bien décoré qu’on se croirait à un mirage.

Une grande espace avec une ouverture sur la cuisine qui fait face à la mer. Une pergola à la sortie équipé comme à l'intérieur avec de très beaux matériels.

Moi (la regardant) : c’est toi qui l’a décoré ?

Elle (s’asseyant) : bien sûr que non, mon chéri a appelé un professionnel.

Hum, qu’est ce que je disais.

Elle (tapotant près d’elle ) : viens là, on doit parler.

Je refrogne le visage et pourtant viens m’asseoir près d’elle. Elle semble d’un cou nerveuse alors que la connaissant bien, on sait qu’il en faut pour qu’elle soit ainsi.

Moi : il y’a quoi Sadiya ?

Elle (triturant ses doigt ) : euhh je veux te dire quelque chose mais je ne sais pas comment tu vas réagir.

Moi (soufflant) : accouche au lieux de tourner en rond.

Elle (d’un coup) : je l’ai fais.

Moi (perdu) : tu as fait quoi ?

Elle (jouant avec ses mains) : euh tu sais… euh ce qui se passe entre un homme et une femme.

Moi (choqué) : quoi ? ? ? ?

Elle (levant les mains) : ehh crie pas.

Moi (tête de choqué) : Sadiya tu mens.

Elle : je te jure que non.

Moi (dépassé) : p’tain, tu es folle.

Elle (déçu) : ehh dis pas ça.

Moi : non je ne peux pas le croire, tu te souviens de notre promesse de ne jamais aller jusque là ?

Elle (tordant la bouche) : écoute moi d’abord Assiya, je sais ce qu’on s’était promis. Mais réfléchis bien, depuis qu’on fait ça avec les jeunes là, on ne ramasse que des miettes alors qu'en passant cette étape, on peut gagner beaucoup plus…

Moi (la coupant) : tu t’entends là ?

Elle : sheut je savais que t’aller réagir comme ça. Tchipp dis moi depuis trois ans que tu collectionne deux ou trois gars, tu as gagné quoi ?

Moi : tu parles de quoi ?

Elle (me fixant) : depuis que tu fais ça, tu n’as eu que des petites sommes de rien du tout, au max ils te donnent cent à deux cent mille francs et pour combien de temps ?

Moi : ….

Elle : crois moi, depuis que j’ai rencontré cet homme marié qui m'entretient. J’ai décalé tout les autres, il me suffit, me tire des chèques, sans compter l’argent qu’il me donne comme cadeaux à chaque fois qu’on passe du bon temps.

Moi (outré) : non mais c’est de la prostitution.

Elle : et comment appelle t-on ce que tu fais ?

Moi (blessé) : et tu crois que ça va te conduire loin ?

Elle (levant les yeux) : en tout toi-même tu vois, moi j’ai mon appartement et ce n’est que le commencement, après une maison dans les plus beaux quartiers de la ville puis des voitures et des voyages...

Moi : pourquoi tu ne l’épouses pas plutôt s’il répond tant à tes exigences ?

Elle (riant) : tu es bête, tu crois qu’il fait cela pour sa femme ? Les hommes d’ici ne connaissent le romantisme qu’avant le mariage sinon après tu peux bien rêvé. En plus on ne parle pas d'amour.

Moi (dépassé) : je n’arrive pas à y croire, et après si un jour tu veux te marier ?

Elle (riant aux éclats) : tu es bien démodé, il y’a bien l’hymen artificiel ?

Moi : ?

Elle : ne me lance pas ce regard deh.

C’est ce qui se fait ici maintenant et tout le monde le sait.

Moi (pouffant) : parle pour toi.

Elle : arrête d’être coincé, la manière la plus rapide de gagner de l’argent et de pouvoir sortir ta famille de la pauvreté c’est celle-ci. Qu’est ce que tu as à perdre ?

Moi : la seule chose qui me reste, ma dignité.

Elle : pff crois moi, ce n’est rien. Les gens en font tout un plat alors que ce n’est rien que quelques gouttelettes de sang et une toute petite brûlure, à force tu t’y habitues dès la première semaine.

Moi (dégoûté) : tu sais quoi, arrête.

Elle : ahh Assiya, la vierge Marie.

Moi : ok moque toi, mais en tout cas faire ça c’est même pas dans mes pensées.

Elle (soupirant) : donc contente toi des miettes, alors que tu pourrais tout avoir. Bon je reste à l'écoute si tu changes d'avis.

Je quitte chez elle toute tremblante, moi qui n’a jamais mangé plus de deux cent mille d'un homme. Je viens de voir Sadiya avec plus de neuf cent mille francs en liquide. Hum, alors qu’au début ce n’était qu’un jeu, puis nous avons commencé à avoir plus de deux ou trois copains à la fois. Pour leur soutirer de l’argent nous avons eu à créer des cérémonies, des anniversaires ou même des payements de prêt. Il existait deux genres, ceux qui donnaient sans arrière pensée alors que d’autres réclamaient une contrepartie, et ces derniers étaient disqualifiés sur le champ. Alors si aujourd’hui Sadiya parle de faire ces choses avec des hommes qui ne cherchent que où passer du bon temps, j’ai peur. Serais-je capable de faire cela pour l’argent ou le confort ? Je doute.

DEUX SEMAINES

Avec Sadiya, on ne sait plus revu depuis la dernière fois et là je commence à me poser des questions. Pour le moment, je cherche du boulot. Hier j’ai été appelé par ma tante, la femme de mon oncle. Ohh cette famille, mon oncle est un grand homme d’affaires en plus d’être dans le gouvernement, il gagne très bien sa vie, mais à chaque fois que maman était partie lui demander de l’aide pour me trouver un boulot, il lui répond toujours la même chose, qu’il va essayer de passer à la maison. Mais jamais rien, souvent même le gardien lui interdit de passer la porte. Je lui répète à chaque fois de ne pas y aller mais elle me rétorque souvent que c’est son grand frère et qu’elle à pleinement le droit de lui demander service. Mais à quoi lui serve t-elle ? Il n’a jamais mis les pieds chez nous, elle reçoit toujours les mêmes réponses face à ses demandes.

La première cause c’était pour qu’il m’aide à faire une formation, mais ça s’est soldé en échec ainsi de suite. Vraiment hein après on appelle ça la famille, ici en Afrique lorsque l’argent te monte à la tête, tu oublies vite d’où tu es venu et lorsque tu as la malchance de ne pas être au même niveau qu’eux. Ils te considèrent comme inférieur. Pff comme si cet argent allait les garantir une vie infinie, hum que chaque personne se pose la question à savoir la réponse qu’il donnera au Seigneur le jour où il demandera « chaque centime que tu as dépensé » on verra là bas que tout cette richesse n’était qu'un test pour eux.

Bref j’arrive à la porte et trouve le gardien

Moi (à lui) : bonsoir monsieur j’ai rendez avec Tata Amina.

Lui (me reluquant) : ehh jeune fille toi ? Un rendez-vous avec madame ?

Moi (le toisant) : oui

Lui : hum j’en doute, mais attend j’appelle pour voir, madame ne reçoit pas n’importe qui dehh. Votre nom ?

Moi : Assiya

Je reste silencieuse en le regardant, ce n’est parce que je n’ai pas garé de voiture où de taxi ici qu’il doit me prendre pour une moins que rien. Il parle un moment au téléphone avant de raccrocher.

Lui : madame a demandé que tu reviennes demain parce que là elle va faire sa sieste.

Non mais j’entends pas bien ou quoi.

Moi : lol vous blaguez j’espère ?

Lui (pouffant) : j’ai l’air d’un comédien moi ? C’est madame qui m’a bien dit ça ou tu as des problèmes de compréhension ?

Moi : vous lui avez bien donné mon nom, parce que c’est elle qui m’a demandé de passer aujourd’hui à cette heure.

Lui : hé jeune fille ne me fatigue pas, j'ai bien donné ton nom et c’est la réponse qu’elle m’a fournie.

Moi (tournant les talons) : ok merci.

Je marche en fulminant, voyant un arrêt de bus, je m’assois sur le banc en sortant mon portable, je compose son numéro en attendant à ce qu’elle me réponde, mais ça sonne dans le vide au final je décide de couper contact.

Vraiment cette femme là se prend pour ce qu’elle n’est pas, je n’ai pas halluciné, c’est elle qui m’a téléphoné hier pour que je passe aujourd’hui et là, elle me dit quoi, elle doit faire sa sieste ? Ok on verra bien. Ou peut-être même c’est parce que ma mère continue d’insister.

Je vois le bus et me lève pour pouvoir monter dessus et lorsque qu’il s’arrête, je donne le temps aux autres de descendre avant de monter et achète un ticket. Le bus est tellement bondé qu’on peine à s’y tenir correctement mais je parviens à m’agripper dans les grilles du receveur.

J’entends des éclats de voix, des rires et même des plaignants qui disent que le bus est trop chargé. Parfois oui, ils n'en font qu'en leur tête à vouloir surchargé le bus, mais aussi il y'a des personnes qui veulent monter dans les bus et ne pas être dérangé. Pff ils savent bien que c’est toujours comme ça, tout le monde n’a pas les moyens et même si ça les dérange autant, il faut aller prendre un taxi.

J’arrive chez moi fatigué comme jamais avec le long trajet et le fait de m’être tenu debout au bout de deux heures ou plus avant de descendre prendre un autre bus.

Maman : ahh toi tu n’as durée deh

Moi : pff je n’ai même pas franchis la porte.

Elle : pourquoi ?

Moi : parce que c’était l’heure du sieste de sa reine la majesté.

Elle : quoi ? ? ?

Moi : tu as bien entendu, elle devait faire sa sieste donc plus possible de me recevoir. En plus c’est de ta faute, moi je ne voulais pas y aller.

Elle : attend c’est elle qui t’as dis cela de sa propre bouche ?

Moi : non mais elle l’a dit à son gardien qui me la répété.

Elle : hii Amina là je ne la reconnais plus dehh. Elle a tellement changé depuis.

Moi : toi-même tu sais que nous sommes pas considéré dans ce pays parce qu'on est pauvre.

Elle : mais ce n’est pas une fatalité, ils oublient que c’est Dieu qui donne pas la personne.

Moi : ça ils ne s’en souviennent plus.

Elle : ok, ohh avant j’oublie fama était là tout à l’heure elle dit qu’elle a une proposition de boulot.

Moi : hum et elle t’as dis où c’est ?

Elle : non elle m’a juste chargé de te dire cela et que tu l'appelle ou que tu viennes chez elle pour avoir les renseignements.

Moi : ok je l’appellerai lorsque je me serai reposé.

Elle : ok moi je vais faire quelques courses.

Moi : tu as des sous avec toi ?

Elle : oui ce que tu m’as remis la fois passée est avec moi.

Moi : ok c’est bon, j’ai payé l’eau et l’électricité, là je pense prendre le reste pour le ravitaillement et donner un peu d’argent aux enfants.

Elle : il faut me laisser l’argent comme ça je verrai comment les répartir entre eux.

Moi : humm maman on se connaît après tu vas sortir des excuses pour dire que l’argent est déjà fini, laisse je m'en occuperai pour savoir ceux dont ils ont besoin avec les études.

Elle : ok comme tu veux.

J’entre dans la chambre, me déshabille avant de porter une tenue plus légère.

(……)

Moi : allô Sophie

Elle : oui Assiya cava, je suis passé tout à l’heure chez toi mais tu n’y étais pas.

Moi : oui c’est vrai, j’étais sorti

Elle : oui c’est ce que ma dit ta mère, enfin comme tu m’avais demandé chercher du boulot. J’ai une amie qui dit que son patron cherche une assistante personnel.

Moi : Hum intéressant, c’est où ?

Elle : je vais t’envoyer les renseignements par SMS.

Moi : ok merci beaucoup.

Elle : De rien. Je vais l’appeler tout à l’heure comme ça elle va t’appeler et vous allez fixer un rendez-vous pour voir.

Moi : ok merci ma petite

Elle : de rien, alors à plus.

Je raccroche et me laisse tomber sur lit une nouvelle fois. Je commence à réfléchir et tout, ma vie est bien différent de ce que je m’étais imaginé. Étant plus jeune, je pensais à cet âge devenir médecin spécialisé en pédiatrie. J’ai toujours adoré les enfants, mais la réalité est bien différente. C’est tellement vrai cette phrase « on propose et Dieu dispose ». Je ne me consacrais que sur mes études et malheureusement voilà où j’en suis aujourd’hui. Ceux qui n’ont jamais connu cette situation ou qui n’ont jamais été dans ces cas me jugent en répétant que je pourrais faire autre chose que ces minables petits boulots. Mais quand on doute de pouvoir déjeuner au réveil par manque de sous, on sait ce qu’on endure.

Un moment plus tard j’entends mon téléphone sonner.

Moi (décrochant) : allô

Elle : oui cava, c’est Assiya à l’appareil ?

Moi : euh oui c’est moi.

Elle : je m’appelle Fatou, c’est Sophie qui m’a donné votre numéro.

Moi : ah oui Sophie c’est vrai.

Elle : alors j’aimerais savoir si le poste vous intéresse parce que Sophie m’a un peu expliqué votre cas.

Moi : oui bien sûr que ça m’intéresse .

Elle : êtes vous disponible demain ?

Moi (surexcitée ) : demain, à quelle heure ?

Elle : à neuf heures.

Moi : ok, euh c’est quoi votre adresse.

Elle : *************

Moi : ok

Elle : dès que tu arrivera sur place, tu m’appelles et je te guiderai.

Moi : donc à demain in cha Allah

Elle : OK merci.

Elle raccroche et je souffle enfin, j’espère avoir le boulot comme ça je pourrais aider maman avec la maison. Elle est tellement fatiguée que j’ai de la peine en la voyant toujours là à faire ce boulot qui ne rapporte presque plus rien.

Je jette encore un coup d'oeil et un SMS me parvient.

~Salope c'est à cause de toi que mon mari nous fuis moi et mes enfants. Tu vas voir que ce n'est pas le mari de tout le monde qu'on vole ?~

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.