Chapitre 9 : Femme remariée, tu es enceinte ?
— Qu’est-ce que vous voulez de moi ? s’alarma Lisa.
Elle voulait fuir, mais fut directement neutralisée.
— Non ; ne me touchez pas ! s’écria-t-elle. Lâchez-moi !
N’attendant pas qu’elle réagisse de nouveau, un des hommes s’avança vers elle, puis la porta sur son épaule, se précipitant rapidement vers l’extérieur. Les autres le suivirent aussitôt. Tout le monde sur place était stupéfait, ne comprenant pas ce qui venait de se passer.
***
Au Groupe Chevotet...
Basstien étant pressé de rendre compte de la situation à son maître, se lança directement vers la salle de réception. Yves qui y était en ce moment-là en train de recevoir un client très important, fut interrompu par l’entrée soudaine de Bastien. Il leva sur ce dernier, ses sourcils de mécontentement. Mais son air changea quand ;
— Monsieur Yves, on a des nouvelles venant des hôpitaux. L’informa Bastien.
— Quelles nouvelles ? chercha à comprendre Yves.
Bastien lança un regard aux autres, puis hocha la tête de cette manière solennelle. Une seconde plus tard, ayant compris le geste, Yves se tourna vers son invité, et lui dit avec indifférence :
— Monsieur Jules ; désolée, mais j’ai quelque chose d’important à régler. Je m’arrangerai pour que quelqu’un d’autre vous reçoive !
Après ces mots, sans attendre la réponse de monsieur Jules, Bastien fit déjà un pas vers son maître assis dans son fauteuil roulant, et le poussa hors du bureau. Dès qu’ils montèrent dans la voiture, Yves fronça les sourcils.
— Comment ? voulut-il plus d’explications.
— Monsieur Yves, vous m’avez demandé de prêter attention aux hôpitaux, n’est-ce pas ? expliqua Bastien. Alors, c’est ce que j’ai fait ! Tout à l’heure, mes hommes m’ont renseigné, qu’une femme vêtue d’une manière drôle, portant un chapeau et un masque, est allée au département de gynécologie obstétrique, avec un air coupable. De plus, elle n’était pas accompagnée.
A ces mots, Yves plissa les yeux d’un air dangereux.
« Ça devrait être elle ! » s’imagina-t-il.
— On l’a déjà emmenée à la Villa Dragon. Ajouta Bastien.
***
— Que me voulez-vous ? Lâchez-moi ! gigota Lisa.
Elle était toujours portée sur l’épaule de l’homme. Le fait d’être balancée ainsi sur l’épaule de ce dernier le long du chemin, lui donna le vertige, ainsi qu’une envie de vomir. Heureusement qu’ils montèrent ensuite dans une voiture. Mais un peu de temps plus tard, arrivée à destination, Lisa fut de nouveau portée sur l’épaule, ne sachant plus pour combien de temps dura le balancement, quand elle fut finalement déposée.
— C’est du kidnappage ! éructa-t-elle, quand ses pieds touchèrent le sol. Ecoutez bien ; je n’ai rien, alors n’essayez jamais d’obtenir...
Puis le reste de ses paroles moururent au fond de sa gorge, dès qu’elle vit l’homme devant elle. Elle le regardait stupéfaite, ne croyant pas en sa propre vision.
Yves ??!!
« Pourquoi était-il là ? » pensa-t-elle.
Derrière lui, se trouvait Bastien qui la dévisageait sans expression. Et Yves, le regard ténébreux, affichait un tempérament très froid.
Seulement un regard, et Lisa s’empressa de baisser les yeux.
Heureusement qu’elle portait un chapeau, un masque et des lunettes, donc impossible pour l’instant, qu’Yves la reconnaisse.
« Toutefois, pourquoi a-t-il envoyé les gens l’emmener ici ? » se demanda-t-elle.
Était-ce parce qu’il s’était déjà rendu compte de son état de grossesse, et qu’il ne pouvait pas alors l’accepter ? A ces pensées, son visage changea immédiatement !
Le fait qu’elle avait remplacée Clélie pour l’épouser, l’a rendit déjà furieux. S’il découvrait maintenant sa grossesse, certainement qu’il la chasserait de chez les Chevotet. A ces pensées, Lisa poussa ces gens, et tenta de s’échapper.
— Allez ; attrapez-la ! ordonna Bastien en la voyant prendre la poudre d’escampette.
Yves regarda la figure fragile, se souvenant de ce soir-là, il y a un mois déjà. Les yeux plus sombres, il dit à voix basse :
— Ne la blessez pas !
Bastien était stupéfait par sa demande, mais hocha la tête en avançant.
— Faites attention ; ne la blessez pas ! leur recommanda-t-il.
Lisa n’était pas de taille à se mesurer à ces hommes en noir, qui étaient les subordonnés bien entraînés, d’Yves. N’ayant pas pu courir loin, elle fut rattrapée. Entravée fortement, elle lutta et se démena désespérément ; mais en vain ! Yves la regardait fixement, les yeux brillants, et puis leva légèrement le menton. Bastien comprit tout de suite sa demande, et l’aidait à s’avancer. Regardant Yves s’approcher d’elle, son cœur battit violemment.
« C’était fini ! Elle serait dévoilée ! » pensa-t-elle.
Bien qu’il soit dans un fauteuil roulant, et grâce à sa grande taille, il leva sa main, puis toucha son masque. Les yeux écarquillés, elle tourna la tête. La main d’Yves essaya de nouveau de lui ôter son masque. Et Lisa toujours les yeux écarquillés, détourna de nouveau sa tête. Ce jeu du chat et de la souris, rendit joyeux Yves. Il sourit légèrement, et d’une belle voix basse, il la taquina :
— Vous aimez tellement jouer ?
« Comment ça ? » s’étonna-t-elle in petto.
Lisa le regardait, l’air incroyable surprise.
« Était-ce toujours, cet Yves froid et indifférent ? Pourquoi sa voix et son ton sont devenus si doux ? »
Pendant qu’elle était perdue dans sa rêverie, son masque fut soudainement enlevé par Yves.
— Ah ! s’écria-t-elle avec effroi.
Elle voulut inconsciemment tendre la main pour couvrir son visage, mais se rendit compte que ses bras étaient entravés. Alors, elle était incapable de se cacher.
Quelques instants plus tard, Yves plissa les yeux, avec un air dangereux.
— Toi ? cracha-t-il.
Elle aussi parut stupéfaite.
« Donc, il ne l’avait pas reconnue ? »
— Pourquoi me le demandes-tu ? contra Lisa. N’est-ce pas toi qui as envoyé tes sbires m’emmener ici ?
A ces mots, Yves pensa à quelque chose, avant de plisser les yeux en la regardant fixement.
— Pourquoi étais-tu à l’hôpital ? la questionna-t-il.
Lisa tomba dans l’anxiété. Elle n’était pas forte pour mentir, mais les cils tremblant, essaya quand même.
— J’ai attrapé froid, alors j’y suis allée pour consulter un médecin.
— Vraiment ? railla-t-il les sourcils levés. Et chez un médecin en département de gynécologie obstétrique ? (Il soupira.) Ou tu me dis honnêtement pour quelle maladie tu es partie te faire consulter, ou je le découvrirai par moi-même. Mais à ce moment, je ne donnerai pas cher de toi !
Lisa restait en silence.
« Merde ! Quoi faire ? » soliloqua-t-elle.
Elle se mordit les lèvres, et réfléchit quelques secondes, avant de demander brusquement :
— Et quand n’est-il de toi ? Tu ne m’avais pas reconnue et pourtant, tu as envoyé tes subordonnés m’emmener ici ! Pourquoi ?
A ces paroles, Yves parut hébété.
Il n’avait jamais prévu cette coïncidence. Celle qu’il était en train de rechercher, était cette femme qu’il avait rencontrée il y a un mois, et avec qui, il avait passé une nuit. Mais alors, il ne s’attendait pas à ce que ses subordonnés la surprennent, au département de gynécologie obstétrique. En réfléchissant à cela, la mine d’Yves changea. Il lui lança un regard sournois.
— Toi, une femme remariée, et tu es enceinte ?
Une parole si sévère et directe, rendit le visage de Lisa pâle. Les lèvres tremblantes, elle écarquilla les yeux de surprise, en le regardant fixement.
— Alors, maintenant je comprends, dit Yves. Rien d’étonnant à ce que tu aies eu si hâte de remplacer ta sœur, et de te marier à un Chevotet. Comme tu as un enfant adultérin, tu étais impatiente de lui trouver un père, n’est-ce pas ?
Derrière Yves, Bastien serra les poings de rage, quand il entendit les paroles de son maître.
— Pour qui prends-tu monsieur Yves ? vociféra-t-il à l’encontre de Lisa. Comment tu oses te marier chez les Chevotet, en étant déjà enceinte ? Rien d’étonnant à ce que tu sois allée subrepticement au département de gynécologie obstétrique. Mais voilà que tu t’es faite démasquer, car tu ne t’attendais pas à nous y rencontrer, n’est-ce-pas ?
Lisa se trouva incapable de répliquer à cette accusation. Elle avait voulu régler ce problème en secret, mais ne pensait pas être attrapée et emmenée ici. Jusqu’à présent, elle ne comprend pas encore ce qui s’était passé.
« Non, Lisa ; calme-toi ! Calme-toi ! » se répéta-t-elle.
Elle essaya pendant quelques instants de contrôler sa peur au fond de son cœur, avant de relever la tête pour regarder directement dans les yeux d’Yves.
— Quelqu’un a-t-il dit que le fait d’aller au département de gynécologie obstétrique, signifie être enceinte ? l’affronta-t-elle. Tu m’appelles « Femme remariée », alors normal que j’ai des problèmes gynécologiques, et que j’aille pour me faire consulter pour cela ?
A ses mots, Yves tendit sa main mince pour lui pincer son menton.
Sa voix était si froide, qu’elle lui donna l’impression de venir de l’enfer.
— On dirait que tu ne verseras pas de larmes jusqu’à voir ton cercueil, dit-il.