Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 8 : Etablir des règles

Face à l’effronterie de cette domestique, Lisa garda quelques secondes de silence, avant de poser plus tard, son regard sur cette dernière.

« Il était évident qu’elle l’a fait exprès. » pensa-t-elle.

Sans un mot de plus, Lisa se redressa, puis continua son chemin. Mais en s’éloignant, elle les entendit médire dans son dos ;

— Pense-t-elle que se marier chez les Chevotet, signifie vraiment une promotion de statut ? éructa une. Si monsieur Yves l’aime pas, elle restera inférieure, même aux domestiques.

— Exactement ! renchérit une autre. Regarde sa mine ! J’ai même entendu dire, qu’elle a été chassée hier soir de la chambre par monsieur Yves, et qu’elle a dormi au dehors. Si j’étais elle, je me serai empressée de rassembler mes affaires, et de rentrer chez moi, au lieu de rester ici, et subir des humiliations de la sorte !

— Des femmes comme elle, ont perdu toute dignité, et n’ont honte de rien ! ajouta une autre. Dans leurs yeux, il n’y a que de l’argent qui compte !

Continuant son chemin, et étant maintenant assez loin d’elles, Lisa ne pouvait plus entendre leur ragots. L’air terriblement pâle, et une main sur la poitrine, elle s’accroupit lentement devant la porte de sa chambre.

« Pourquoi ? » Ne put-elle s’empêcher de penser.

Pourquoi devait-elle supporter tout ça ? Parce qu’elle avait divorcé ? Elle cacha sa tête entre ses genoux, et à ses oreilles, retentissaient encore toutes les humiliations récentes de ces domestiques. Elle repensa aussi à la scène où elle avait été obligée de se marier juste après son divorce ; son retour à la maison, et aussi à cette nuit-là...

Soudainement, elle avait mal au ventre, et releva la tête.

« Non ; elle ne pouvait pas rester comme ça ! » se fustigea-t-elle mentalement.

Demain, elle devra retourner à l’hôpital pour passer un examen.

« Elle ne pouvait pas être enceinte ; non ! » paniqua-t-elle en secret.

Lorsqu’elle leva de nouveau la tête, la porte s’ouvrit au même moment. Bastien poussa Yves à l’extérieur de la chambre. Au bruit que fit la porte, Lisa tourna ses yeux dans cette direction.

***

Quand Yves sortit de la chambre, il jeta directement un coup d’œil à la jeune femme. Quand ses yeux noirs croisèrent ceux de Lisa, il constata que ses yeux étaient beaux, même avec des larmes. On aurait dit du gravier se jetant dans le lac de son cœur, dont la surface avait été tranquille, y laissa quelques rides. En effet, Lisa n’était pas laide. Au contraire, son visage était très délicat, avec les cils frisés, et de jolis yeux, telle une source limpide. Cependant, cette source semblait froide et figée.

Parce que d’ordinaire, les yeux de la demoiselle avaient toujours l’air naturelle, sans la coquetterie des femmes. Mais à cet instant précis, ses yeux étaient rouges, et ses cils accrochés par les larmes, avaient l’air fragiles. Son corps mince s’accroupissant là comme une petite boule, lui donna une envie de la chérir.

Tous les deux restèrent silencieux. Un peu plus tard, c’était Lisa qui rompit le silence.

— Tu... tu vas sortir ? prononça-t-elle à voix basse.

Yves remarqua que sa voix était enrouée et nasillarde. A sa grande surprise, Yves se pinça les lèvres, ensuite hocha la tête.

— Oui ! affirma-t-il.

— D’accord. Comprit-elle.

Elle se tut, baissa les yeux, puis regarda la pointe de ses pieds, totalement hébétée. Il la regardait, d’un visage sombre.

— Ne t’ai-je pas demandé de ne pas te laisser humilier par les autres ?

A ces paroles, elle releva la tête, le regardant avec couardise.

— Mais on avait un accord, et tu ne l’avais pas refusé ; n’est-ce-pas ?

— Hum ! a ricané Yves. Quel accord, et quand ?

Elle ne pouvait rien répliquer à cela, car tout porte à croire qu’ils n’étaient jamais parvenus à un accord. Juste que le soir-là, il avait juste déserté sa chambre.

« Alors, c’est elle qui avait mal compris ? » pensa-t-elle.

A cette pensée, Lisa baissa de nouveau les yeux, et se mordit les lèvres.

— Avant que je ne puisse la retrouver, je te permets de partager ma chambre. Balançant tout à coup Yves. Mais d’abord, on doit établir des règles.

Elle releva immédiatement la tête.

— Qui ? chercha-t-elle à savoir.

Le regard d’Yves devint si sombre et effrayant.

— Il vaut mieux pour toi de ne pas poser des questions sur ce qui ne te regarde pas ! la rembarra-t-il.

Elle rebaissa donc les yeux.

« Voilà ! » approuva-t-elle silencieusement.

Peu importe qui, il recherchait, cela ne la regardait pas !

« Alors, pourquoi voulait-elle savoir ? » se sermonna-t-elle.

Après tout, ils n’étaient qu’un faux couple. Il lui suffisait juste de rester ici.

— Ok ; comme tu veux ! finit-elle par acquiescer à voix basse.

— Le lit m’appartient ! l’avertit-il. Tu peux te coucher n’importe où, sauf dans le lit. Toutes tes affaires doivent rester dans tes valises. Ne les range pas dans mon armoire. Et aussi, ne me touche pas !

Lisa se mit aussitôt à penser aux règles énumérées à l’instant par son mari. Ouais ; « Pas de lit ». Elle pouvait se coucher par terre.

« Interdiction de poser ses affaires dans son armoire » ; elle pouvait acheter la sienne. « Il ne fallait pas le toucher ? »

Lisa lui jeta brusquement un regard drôle.

« Qui voulait même le toucher ? » se dit-elle in-petto.

Bien qu’il ait une belle apparence, elle n’a jamais été une femme assoiffée de sexe. Après analyses, elle accepta sans hésiter ses consignes.

— D’accord ; j’accepter tout ! lui fit-elle savoir.

— Bastien. Interpella Yves ce dernier.

— Oui ! répondit-il présent.

— On y va !

Puis Bastien le poussa, et ils s’en allèrent. Les voyant tous deux partir, elle fut finalement soulagée, qu’un lent sourire émergea du coin de ses lèvres. Ayant établit les règles avec Yves, signifia qu’elle pourrait vraiment habiter ici ? Elle se leva, et entra dans la chambre, avec ses affaires.

***

Le lendemain, quand Lisa se réveilla, elle mit des vêtements ordinaires, et puis sortit avec un chapeau sur la tête. Au portail, elle rencontra Brunoi qui était sur le point de se rendre à l’entreprise.

— Clélie ? l’interpella-t-il. Tu vas rejoindre Yves ? Puis-je t’y emmener ?

Elle était surprise de le rencontrer. Mais après s’être souvenue de l’endroit où elle se rendait, elle secoua la tête.

— Merci Brunoi, mais je ne vais pas à l’entreprise. Le remercia-t-elle.

— Oh ? s’étonna ce dernier. Alors où vas-tu ? Je peux t’y déposer.

— Non merci ! L’endroit où je vais, n’est pas sur le chemin de l’entreprise.

— Ok ! finit-il par abandonner. Fais bon voyage alors !

***

Voilà un long moment, qu’elle marchait dans la rue. Dès son entrée dans le bus, elle se camoufla d’un masque.

« Elle se sentait tellement coupable. »

Le résultat du test de grossesse d’hier, l’avait rendit si nerveuse, au point qu’elle n’a même pas pu bien dormir.

« Elle espérait que le résultat soit faux ! »

A son arrivée à l’hôpital, Lisa se fit enregistrer avant d’aller faire la queue. Les gens autour d’elle, porta un drôle regard sur elle.

Elle toussa légèrement, et sortit des lunettes pour cacher ses yeux.

Et alors là encore, les regards des gens sur elle, devinrent plus bizarres. A leur place aussi, si elle voyait une femme arriver au département de gynécologie obstétrique, avec un drôle d’accoutrement pareil, elle serait sûrement curieuse, tout comme eux.

Plus Lisa voulait être discrète, plus elle se faisait remarquer. Après tout, agir comme ça en public, suscitait plus d’attention.

« Enfin ; c’était à son tour ! » pensa-t-elle.

***

Quand le docteur posa son regard sur la femme devant lui, il fronça les sourcils, en la détaillant d’un œil curieux.

— Pourquoi êtes-vous là ? la questionna-t-il. Pour faire un examen ?

Elle toussa légèrement, avant de tendre la main vers son masque, et l’ôter.

— Oui, Docteur ! lui confirma-t-elle. Je suis ici pour faire un examen.

— Et pourquoi tout ce mystère ? Vous ne voulez pas être remarquée ? demanda le docteur sans réfléchir. (Plissant les yeux, il ajouta :) Vous êtes une professionnelle ?

A ces paroles, Lisa se mit à réfléchir. C’était évident qu’elle n’avait pas compris le sens de la question.

— Pardon ? souffla-t-elle.

— Je vous demande si vous êtes une professionnelle du sexe ! réitéra le docteur. M’avez-vous comprise maintenant ?

Après une petite réflexion, elle en saisit finalement le sens.

— Docteur, je... commença-t-elle quand ;

— Vous avez une grossesse non désirée ; alors, il vous faut pratiquer un avortement. L’interrompit le docteur dans un soupir las. Vous les jeunes, je me demande pourquoi vous ne chérissez point votre santé ?

Puis, il se mit à lui faire la morale.

— Hier, il y avait aussi une professionnelle comme vous, qui était enceinte pour la cinquième ou sixième fois. Mais de toute sa vie, combien d’avortement lui faut-il ? Vous n’avez pas peur de la détérioration de votre état de santé ?

— Non, je ne suis pas... tenta-t-elle de nouveau de lui faire comprendre.

Lisa voulait expliquer au docteur qu’elle n’était pas une professionnelle, mais fut de nouveau interrompue dès qu’elle ouvrit la bouche, par l’entrée en sursaut de quelques hommes en noir dans la salle, les surprenant. Quand ils entrèrent, elle s’empressa de remettre son masque, l’air coupable, et puis se leva pour se glisser furtivement par la porte.

— Halte ! l’arrêta un des hommes en noir.

Ce qu’elle ne savait pas, c’est que ces hommes en noir, étaient justement là pour elle. Vu qu’elle voulut tenter de s’échapper de nouveau, ils la capturèrent directement.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.