Chapitre 10 : Crois-tu que j’accepterai un bâtard ?
— Amène-la à l’hôpital. Ordonna d’un coup Yves sur un ton glacial. Va vérifier si elle est enceinte, et tiens-moi au courant !
— A vos ordres ! obtempéra Bastien en hochant la tête, avant de la soulever.
— Pas question ! riposta Lisa. On est seulement mari et femme sur le papier. Donc Yves, tu n’as pas le droit de me faire ça ! (Elle se débattit.) Lâchez-moi !
— Te lâcher ? ironisa Yves. Si tu es enceinte, et tu connais bien la conséquence. (Puis de son regard froid la fixant, il ajouta d’un ton indifférent :) Bastien, amène-la.
Sachant qu’elle n’est pas la femme qu’il recherchait, Yves n’éprouva aucune pitié pour Lisa.
— Dépêchez-vous de l’amener à l’hôpital. Ordonna Bastien à ses hommes.
Malgré elle, Lisa fut traînée jusqu’à la voiture par ces hommes, et l’y fit monter dedans. Sur le trajet, elle ne cessa de se débattre, mais en vain. Elle finit par être ramenée à l’hôpital, et auprès du même médecin. Voyant ces gens revenir, les précédents témoins de la scène, se mirent machinalement sur côté. Ces gens avaient l’air tellement méchants, qu’ils ne voulaient pas les offenser.
***
Le docteur à mit beaucoup de temps pour examiner Lisa. Après coup, on la ramena à Yves avec en main, le rapport des examens.
Bastien de son air grave, tendit le rapport à Yves, avoir jeté un coup d’œil de pitié à Lisa. Mais Yves ne le prit pas, et déclara seulement d’un ton glacial :
— Résulta !
Au son de sa voix, Bastien se figea et finit par répondre :
— Elle est vraiment enceinte.
A ce moment-là, Lisa se crut foutue. Maintenant qu’Yves savait qu’elle était enceinte, elle ne pourrait plus rester chez les Chevotet.
Comme imaginé, Yves le fixa de son regard perçant.
— Voulais-tu me duper ? C’est que tu es très naïve.
A l’entendre, Lisa releva ses yeux pour le regarder avec désespoir.
— Peux-tu me donner un peu de temps ? tenta-t-elle de le raisonner. Je ne savais pas que j’étais enceinte.
— Ah bon ? ironisa-t-il en haussant ses sourcils. Et tu t’es rendue à l’hôpital pour te faire avorter ?
Ses paroles figèrent Lisa un moment. Certes qu’elle avait voulu régler cela en cachette, mais elle n’avait jamais pensé à l’avortement. Soudainement, le regard d’Yves s’assombrit comme la veille de l’arrivée de la tempête. Il attrapa le menton de la jeune femme, puis le pinça.
— Sinon, je te donne une chance de pouvoir rester chez nous ; à la condition de te faire avorter. déclara-t-il.
Lisa écarquilla aussitôt les yeux.
— Me faire avorter ? répéta-telle. Non ; hors de question !
— Hors de question ? répliqua Yves avec un regard moqueur. Crois-tu que je vais accepter un bâtard ?
— Un ba... Bâtard ? répéta-t-elle incrédule.
Les lèvres pâles de Lisa se mirent à trembloter sur le coup. Elle ne s’était pas préparée à l’idée d’être enceinte.
— Alors, as-tu bien réfléchi ? insista Yves d’une langue venimeuse, en la fixant de son regard froid. Crois-tu que je vais accepter l’enfant de ton ex-mari ? Ou te fous-tu juste de moi par rapport à mon handicap ?
— Jamais, je n’ai pensé à ça ! le détrompa Lisa en secouant énergétiquement la tête.
Elle n’avait jamais pensé qu’elle serait enceinte. Bien qu’elle ait vécu deux ans avec Colin, celui-ci n’avait jamais couché avec elle.
Elle n’avait aussi jamais prévu qu’elle se ferait déflorée dans une nuit pluvieuse, par un inconnu qui plus est ! Toute cette situation était comme un mur qui s’écroula sur ses frêles épaules.
— Je vous en supplie ! murmura-t-elle avachie.
Lisa savait bien qu’il était hors de question qu’elle reste enceinte, sinon dans le cas contraire, elle serait renvoyée chez elle ; et ses parents deviendront la risée de tout le monde à la Cité du Nord.
— Donnez-moi encore un peu de temps ! supplia-t-elle de nouveau.
— D’accord. accepta son mari, avant d’ajouter dans un rire cruel ; pour traiter une femme vaniteuse comme toi, il me faut vraiment un peu plus de temps. Je te donne alors trois jours pour que tu te fasses avorter. (Il fit une pause.) Dans trois jours, si je découvre que tu gardes encore ce bâtard, je te foutrai à la porte.
Après qu’il ait terminé, Bastien le déplaça, en laissant Lisa seule dans sa chambre. Elle s’écroula au sol et sentit que ses membres se refroidirent. Au bout d’un bon moment, Lisa sortit son téléphone portable de ses mains tremblantes, puis appela sa meilleure amie, Julenne Beaufils.
***
Une demi-heure plus tard, Julenne vint chercher Lisa en voiture, et l’emmena chez elle.
— Dis-moi ce qui s’est passé. Demanda Julenne en lui servant un jus glacé, pour qu’elle puisse se calmer en le buvant.
Lisa prit le verre de jus, mais le posa sur une table. Elle pensait qu’elle ne pouvait pas boire quelque chose de frais, vu son état de grossesse. Et elle s’étonna ensuite d’avoir pareille idée. Elle se demanda aussi, pourquoi elle accordait tant d’importance à cet enfant ?
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Julenne curieuse, après avoir vu son amie s’abstenir de boire son jus. Tu avais un faible pour le jus de fruit glacé, avant.
— Oui ; mais je ne peux pas en boire maintenant.
— Et pourquoi ? chercha à comprendre son amie.
— Je suis enceinte. Lui annonça-t-elle.
Julenne hocha la tête à sa nouvelle, et dit :
— C’est normale que tu le sois, vu que tu t’es mariée, il y a déjà deux ans.
— Mais j’ai divorcé il y a un mois...
— Quoi ? s’exclama Julenne.
— Puis je me suis mariée de nouveau récemment. Termina-t-elle.
— Attends une seconde Lisa ; je n’en reviens pas ! Tu viens à peine de divorcer, et t’es déjà même mariée de nouveau ? Donne-moi un peu de temps pour digérer. S’exclama Julenne en mettant une main sur sa poitrine, avec un air choqué.
Lisa lui raconta alors ce qui s’était passé ces derniers temps dans sa vie, et Julenne finit par comprendre son état d’esprit.
— Alors tu es madame Yves Chevotet maintenant ? la taquina son amie.
— Juste à titre nominatif ! contra Lisa. Et peut-être même que je ne la serai plus, dans peu de temps.
— Je vais t’étrangler ! s’exclama Julenne avant de lui sauter dessus.
Alors, elle fit semblant de l’étrangler en disant :
— Si tu me considères comme ton ami, pourquoi ne m’avais-tu rien dit avant ?
— Tout s’était passé tellement vite, que je ne savais pas comment te l’expliquer. S’excusa Lisa.
— Tu aurais dû, vu la gravité de la situation. insista Julenne, avant de continuer d’un ton froid. Je vais t’accompagner à l’hôpital pour que tu te fasses avorter.
Lisa releva la tête suite aux paroles de son amie et s’exclama :
— Me faire avorter ?
— Tu veux le garder ? s’étonna Julenne avec gravité. C’est un bâtard, alors ne déconnes pas. Tu ne connais même pas son père, et il te faut absolument te débarrasser de cet enfant.
— Mais c’est une vie ! Tu ne trouves pas ça cruel ? se lamenta Lisa en baissant la tête sur son bas-ventre, et le caressa.
— Ne déconne pas ! insista Julenne. Si tu ne le fais pas maintenant, tu vas le regretter dans quelques mois, quand tu ne pourras plus rester chez les Chevotet, et que tes parents t’en voudront pour cela.
A ces mots, Lisa plongea son regard dans les yeux de Julenne.
Elle savait que Julenne avait raison. Si elle voulait rester encore chez les Chevotet, il lui faudra se faire avorter.