Chapitre 6 : Mais je suis ta femme
Lisa ne compta plus le nombre de cafés qu’elle avait préparé pour son cher époux. Tellement elle était fatiguée, qu’elle ressentit un vertige la tenailler.
Elle n’en pouvait plus !
Quand elle entra de nouveau dans la salle de réunion avec un café, elle constata qu’Yves était déjà parti.
« Alors, il disparait juste comme ça, sans lui dire si elle a réussi au test ou non ? » s’étonna-t-elle.
Elle posa le café sur la table, avant de rebrousser chemin. Quand elle descendit au premier étage, elle vit la voiture d’Yves s’éloigner.
« Alors comme ça, il l’a de nouveau abandonné à elle-même ! » se désespéra-t-elle.
— De toute les façons, j’aurai dû m’attendre à un revirement pareil. Se moqua-t-elle, d’elle-même.
Pendant qu’elle marcha au bord de la route pour se trouver un taxi, une voiture blanc argenté, vint s’arrêter devant elle.
— Viens ; je te ramène ! entendit-elle une voix l’inviter.
La vitre de la voiture s’abaissa, pour révéler le doux et beau visage de Brunoi. Lisa se figea un moment, avant de secouer la tête.
— Non, merci. Refusa-t-elle gentiment à l’invitation de ce dernier.
Si par le plus grand des hasards, Yves la voyait monter dans la voiture, il prétendrait qu’elle était en train de toujours chercher à séduire d’autres hommes.
— Allez ; je vois que tu es épuisée après avoir tant couru pendant toutes ces heures. Insista Brunoi, en détachant sa ceinture de sécurité. Il sortit ensuite de la voiture pour aller lui ouvrir la portière.
Il était si gentil et prévenant, qu’il lui fut difficile de lui refuser sa proposition. Alors, Lisa décida d’accepter son invitation.
— Merci. Lui fut-elle reconnaissante, avant de prendre place.
— Il n’y a pas de quoi ! la rassura-t-il avec un doux sourire, tout en lui rappelant d’un mouvement de tête, de porter sa ceinture.
Sur la route de retour menant chez les Chevotet, Brunoi ne posa pas trop de questions à Lisa. Il se contenta juste de la déposer devant la porte de la maison. Pendant que Lisa monta lentement à l’étage, et se tint enfin au seuil de sa chambre, elle était toujours impressionnée par la tendresse de Brunoi.
« Ils sont évidemment frères, mais pourquoi existe-t-il tant de différences entre leur personnalité ? » pensa-t-elle.
Elle ouvrit la porte et entra dans la pièce, mais se figea instantanément pendant quelques secondes, à la vue sa valise jetée au sol. Quand elle releva les yeux, elle vit Yves dans la pièce, accompagné de son éternel serviteur, Bastien.
— Qui t’a autorisée à occuper toute ma chambre avec ta valise ? grommela Yves.
Lisa resta silencieuse pendant un moment, puis s’avança pour redresser la valise.
— Pourquoi es-tu ici ? lui demanda-t-elle. Je croyais que tu n’occuperais plus cette chambre.
Parce qu’au cours de la nuit de noces, il était parti avec Bastien en l’y laissant seule, si bien qu’elle avait cru qu’il n’y reviendra pas.
— Mais c’est ma chambre. Se défendit-il.
Elle se tut et se mordit la lèvre inférieure.
— Mais je suis ta femme ! riposta-t-elle.
— Une femme qui s’est fait passer pour sa sœur ? ironisa-t-il.
A cela, elle ne savait plus quoi répondre.
« Il semble qu’il ne me laissera pas rester dans cette pièce. Et d’après ses paroles et ses actes, il est évident qu’il me déteste beaucoup. Mais je ne peux pas partir comme cela. » pensa-t-elle.
Par conséquent, elle le regarda et ;
— S’il te plaît, peux-tu me laisser seulement un coin de cette pièce ? le supplia-t-elle
— Pas question ! refusa-t-il avec hargne.
A sa réponse, elle pâlit aussitôt :
— Mais le beau grand-père le saura si je sors. Plaida-t-elle pour sa défense.
Bastien depuis là silencieux, s’avança vers Lisa, dès qu’Yves avait donné l’ordre.
— S’il vous plaît madame Maret, ne m’obligez pas à vous chasser ! l’avertit ce dernier.
Elle se mordit la lèvre inférieure.
— On ne peut même pas s’arranger ? insista-t-elle à l’adresse de son mari, son regard plongé dans le sien.
Les yeux d’Yves étaient aussi sombres et profonds que ceux d’un loup. Après qu’ils se défièrent du regard pendant un moment, Lisa se retourna finalement en silence, puis sortit avec sa valise, sans toutefois, oublier de fermer la porte derrière elle.
— Monsieur, il semble qu’elle se soit vraiment dégonflée. Lui fit remarquer Bastien.
Yves releva ses lèvres avec dédain et dit :
— Je croyais qu’elle était persévérante. Ce n’est pas le cas !
— Comme, elle est faible ! renchérit Bastien
Après quelques secondes de silence ;
— As-tu déjà envoyé quelqu’un à l’hôpital ? balança brusquement Yves, changeant ainsi de sujet.
Bastien pâlit sur le coup.
— Pas encore monsieur ! répondit-il. Je n’en ai pas encore eu le temps.
— Alors, je peux savoir ce que tu fais encore planter là devant moi ?
— Je vais de ce pas le faire tout de suite !
Aussitôt dit, Bastien quitta la chambre. En trouvant Lisa à la porte avec sa valise, il lui jeta un regard compatissant avant de disparaître.
***
Le soleil se leva...
Quand Bastien vint voir Yves, il écarquilla les yeux de stupeur à la vue de Lisa toujours devant la porte. Cette dernière y était couchée. Il entra dans la chambre de son maître, réveilla celui-ci, puis l’aida à faire sa toilette, aussi qu’à se changer. Après avoir fini tout cela, il ne put s’empêcher de ;
— Monsieur, madame Maret... commença-t-il avant de s’arrêter au changement d’humeur de son maître.
Quand Yves l’entendit prononcer son nom, il fronça directement les sourcils, et son air devint soudainement apathique.
— Monsieur, je ne l’ai pas mentionnée exprès. S’excusa-t-il avec hésitation. Mais c’est qu’elle... (Puis, il s’arrêta de nouveau.) Il vaut mieux que vous jetiez un coup d’œil à la porte.
— Alors conduis-moi s’y !
Aussi mentalement fort soit-il, Yves fut quand même surpris, quand il vit Lisa couverte d’un manteau, en train de dormir là, au seuil de la porte. Elle avait sa valise à ses côtés, tandis que son dos était collé contre le mur, un manteau la recouvrant, et les yeux clos. A force de trop somnoler, elle finit par s’écrouler au sol. Ressentant sûrement le froid du carrelage, elle remonta avec force le manteau sur elle, de telle sorte que, seul son visage blanc se fit voir. Sa peau délicate était toute blanche à briller, et ses beaux cheveux étaient à la fois, raides et souples. Quelques mèches collées à son front, la rendirent plus innocente. Cette image d’elle fit pitié à Yves, quand il posa ses yeux sur elle. Au bout d’un moment, il murmura froidement à Bastien :
— Réveille là !
Bastien se figea directement à ses mots.
— Mais Comment ? s’étonna-t-il.
— A ton avis ? rétorqua Yves de cette manière sarcastique.
Bastien s’approcha alors de la demoiselle, et lui flanqua légèrement un coup au cul. Voyant cela, le visage d’Yves s’assombrit soudainement. et sa voix se fit froide.
— Mais qu’est-ce que t’as fait ? le réprimanda-t-il.
Bastien d’un air innocent, ouvrit légèrement la bouche.
— J’essaie de la réveiller. répondit-il en se touchant le nez. Pensez-vous que j’aurai dû le faire avec plus de force ?
Il savait qu’Yves détestait beaucoup Lisa, et supposait que ce dernier a trouvé sa méthode de réveil assez douce.
— Ça suffit ! Je t’ai demandé de la réveiller, et non pas de lui faire mal. Bougonna Yves, en retenant à peine sa colère.
— D’accord ! obtempéra Bastien, avant d’aller s’accroupir devant Lisa.
Il secoua cette dernière par les épaules. Tellement son sommeil était profond, que difficilement, elle arriva à y émerger.
— Madame Maret ; c’est déjà le matin ! Levez-vous vite ! l’exhorta Bastien.
— Il fait déjà jour ? demanda-t-elle surprise, quand elle finit par ouvrir ses yeux.
Une fois assise, elle regarda autour d’elle, avant de se frotter les yeux. Elle ne s’était pas attendue à passer toute la nuit au dehors, et aussi, il lui a semblé que le temps a vite passé.
— Qui t’a autorisé à dormir devant la porte ? l’attaqua froidement Yves.
Elle leva la tête dans la direction de ce dernier, et constata qu’il la regarda avec mécontentement. Toute silencieuse pendant un long moment, Lisa essaya de se rappeler ce qui s’était passé. Au bout d’un moment, elle resserra le manteau dans ses bras, et murmura de la voix nasillarde :
— Je n’ai nulle part où aller !
C’était le résultat d’avoir passé toute la nuit à l’extérieur, et pire en plein air .
— Alors, tu as préféré te ridiculiser ici ?
Elle se mordit la lèvre inférieure, avant de relever la tête quelques instants plus tard, pour ancré ses yeux dans les siens. en disant obstinément :
— Si tu trouves que je me suis ridiculisée en dormant là au dehors, alors tu aurais dû me laisser dormir dans la chambre. Répliqua-t-elle abruptement.
— Tu... commença-t-il, avant de s’interrompre, sans savoir quoi rétorquer à sa réplique.
Yves trouva sa femme incroyable. Pendant qu’il essaya de trouver ses mots, elle au contraire, l’affrontait toujours du regard. Contrairement à la veille, son visage était anormalement pâle, d’une manière morbide. La voir ainsi, lui fit de nouveau pitié. Alors, il renifla de cette manière glaciale.
— Allons-y ! ordonna-t-il à Bastien.
Ce dernier aussitôt l’ordre émise, s’avança et poussa le fauteuil roulant.
— Monsieur ; alors madame Maret... suggéra-t-il.
Yves tourna aussitôt la tête en arrière, et déclara de ses yeux pétillants :
— Tu me fais honte en restant au dehors. Alors, tu peux retourner à l’intérieur.
Après leur départ, Lisa se leva du sol en tenant son manteau.
« D’après ce qu’il vient de dire, cela suppose qu’il me laisse entrer dans la chambre ? De toute façon, il est déjà parti, et je peux aller faire ma toilette avant. » se dit-elle.
***
Pendant que Lisa se brossait les dents, elle se sentit d’un coup nauséeuse, et vomit plusieurs fois, en s’appuyant de ses mains, sur le lavabo. Quand ça finit par passer, elle put terminer de se brosser les dents. Après s’être gargarisée la gorge, elle sentit le froid l’envelopper, et donc, elle prit une douche chaude. Mais même après la douche chaude, elle se sentait toujours fiévreuse. En plus, elle trouva que sa voix devint enrouée, et qu’elle avait la tête lourde. Elle réfléchit alors un instant, puis décida d’aller à l’hôpital se faire consulter, et ainsi suivre un traitement.