Chapitre 05
Chapitre 5
Je suis arrivée chez Ibra, je prends une énorme respiration avant de sonner à la porte. Je suis anxieuse et de raison. Un premier jour n’est jamais simple et je n’ai aucune idée de ce qui m’attend derrière cette porte. J’ai vu Ibra une fois on a pas échangé beaucoup de mots étant bien trop occupée avec Abdoul Aziz.
Une fille, un peu plus jeune que moi je suis tentée de dire, ouvre la porte.
-Bonsoir. Je suis Azizatou, l’aide-devoir des enfants, me présenté-je comprenant qu’évidemment elle ne peut pas me laisser sans savoir qui je suis.
-Bonsoir, dit-elle en me montrant des dents blanches sans doute sa façon à elle de me souhaiter la bienvenue. Madame m’a parlé de toi. Je pense qu’elle t’attend dans le salon.
-Merci…Dis-je alors qu’elle se pousse avant de me laisser entrer. Elle m’accompagne au salon où m’accueille une ravissante dame de teint marron vêtue d’un boubou taille basse (tenue traditionnelle sénégalaise) en wax.
-Bonsoir, dit-elle.
-Bonsoir, je réponds assez timidement alors qu’elle m’invite à m’asseoir.
-Tu dois être la fille dont Abdoul Aziz nous a parlé. Rappelle-moi ton nom s’il te plait.
-Azizatou.
-Oui Azizatou comment j’ai fait pour oublier. Je m’appelle Sokhna. Ce n’est pas un entretien, mon mari et moi avons une confiance aveugle envers Abdoul Aziz s’il nous a donné ton nom c’est forcément parce que t’es à la hauteur. Mon mari n’est pas encore rentré du travail, mais tu le rencontras avant de partir.
Elle vient de dire « rencontrer ». J’en déduis qu’elle ne sait pas que j’ai déjà vu son mari. Abdoul Aziz ou Ibra ou les deux ont dû taire notre rencontre.
Je préfère ne rien dire et faire simplement un sourire et un hochement de tête.
Elle continue :
-Pour les enfants ça ne sera pas très compliqué. Ils sont jumeaux et dans la même classe. Ils ont les mêmes exercices et les mêmes devoirs. Je te demanderai juste d’être aussi ferme que possible. Je connais mon fils et ma fille et ce ne sont pas des cadeaux. Ne laisse rien passer et s’il y a quoi que ce soit, n’hésite pas à venir me voir.
-D’accord, dis-je en essayant de rien laisser paraître. Si une mère dit que ces enfants ne sont pas des cadeaux, cela veut dire qu’ils doivent être de réels petits monstres.
-Aziz nous a également dit que tu étais élève.
-Oui je suis en terminale.
-Ah oui quand même.
-Oui quand même.
-Je vais pas te demander pourquoi tu veux travailler. Je sais déjà que si Aziz a longuement insisté pour qu’on te le donne c’est parce qu’il sait tes raisons. Mais bon, je voulais juste te dire que si les enfants sont occupés avec un exercice, tu peux ouvrir ton cahier et apprendre tes leçons. Ça me dérangera pas.
-Merci ça m’arrangera de prendre de l’avance.
-Tant que je vois des résultats sur les notes de mes enfants, tu as carte blanche sur ta méthode.
Elle se lève avant de me dire :
-Suis-moi. Je vais t’amener dans la chambre d’Adama. C’est là-bas où se trouve le tableau des enfants. Ils doivent t’attendre.
Sans me faire prier. Je me lève et suis Sokhna.
Elle m’amène comme prévu dans la chambre.
Je vois les jumeaux en question ainsi qu’un espace aménagé juste pour les devoirs.
-Je te présente Adama et Awa, me dit-elle avant de s’adresser à ses enfants. Les enfants, je vous présente Azizatou, elle sera votre institutrice à la maison. Je compte sur vous pour être sages et faire ce qu’elle vous dit.
Les enfants ne disent rien mais elle me fait un sourire avant de sortir et de me laisser seule alors que je n’ai aucune idée par où commencer.
J’ai l’habitude d’aider mes sœurs dans leurs devoirs. Les enfants sont en CE1, ça peut pas être pire.
J’essaie de lancer la conversation en les trouvant très conciliants. Adama me montre ce qu’ils ont fait dans la journée d’aujourd’hui, je pense que ça va de soi c’est sur ça qu’on va travailler aujourd’hui.
*****
Je pense être assez satisfaite de ce premier jour de cours particulier. Après avoir parlé à leur mère, je m’attendais à pire. A moins que ce comportement soit juste temporaire, j’espère que non.
Avant de rentrer je passe par le salon.
Je vois Sokhna avec un bébé je dirai de 2 ans sur ses genoux. Ibra est là. Ils sont en train de regarder la télé. Je me rappelle le fait qu’elle m’ait donné l’impression que son mari ne savait pas qui j’étais. Il faudra que je pose cette question à Aziz.
-Bonsoir. Je viens de finir.
-Ah Azizatou. Comment ça s’est passé avec les enfants ?
-Très bien. J’ai hâte d’être à demain pour qu’on puisse continuer.
-Je suis ravie de savoir que ça s’est bien passé. Voici mon mari, Ibrahima.
-C’est elle Azizatou, enchanté, dit-il comme s’il ne m’avait jamais vu.
-Pareillement, je réponds. Je pars avant qu’il ne se fasse trop tard.
-Non, il n’est que 20h. Attends le diner, Julie doit bientôt finir.
-Non, merci. J’ai déjà dit à ma grand-mère que je finissais à 20h, si je n’arrive pas dans les minutes qui suivent elle s’inquiétera.
-Je comprends. A demain.
-A demain merci.
En sortant j’essaie d’appeler Aziz mais il ne répond pas. Peut-être qu’il est en train de conduire ou tout simplement occupé.
J’espère qu’il va me rappeler surtout avant que j’arrive chez moi car une fois dans la chambre répondre au téléphone deviendra impossible.
J’aimerai parler avec Aziz en premier parce que j’ai envie de lui parler et en second ça m’intrigue de voir un Ibra qui joue aux inconnus.
Quand mon portable sonne, je lâche un soupir. Heureusement que je suis pas encore arrivée.
-Bonsoir, commence-t-il. Je peux entendre qu’il est dehors.
-Bonsoir.
-Ça va ? J’espère que c’était pas urgent.
-Non. Il y a rien.
-J’ai failli penser que quelque chose s’est produit avec les enfants.
-Non, ils sont très cool. Quand je repense que leur mère m’a mise en garde, je me mets à rire.
-Tu penses que quelqu’un peut connaître des enfants plus qu’une mère ?
-Non.
-Merci pour la réponse. Mais si tu as la chance de les dompter, c’est tout à ton honneur.
-Dompter ? C’est pas des animaux sauvages.
-Ces enfants sont pires.
Je peux l’entendre rire de l’autre bout du fil.
-On dirait qu’il ne s’agit pas des enfants d’un de tes amis.
-C’est parce qu’ils le sont que je dis ça.
-En parlant d’Ibra, aujourd’hui il a fait comme si on ne se connaissait pas.
-C’est normal, d’ailleurs même on en a parlé et on s’est mis d’accord. Dire qu’il te connaissait reviendrait à dire dans quelles conditions et c’est des choses qu’il vaut mieux taire.
-Hun… Ce son puisqu’il ne s’agit pas d’un mot est tout ce que j’arrive à faire sortir. Dans quelles conditions on s’est connu pour qu’il décide de faire taire cela. Ils doivent avoir leurs raisons. Franchement au point ou j’en suis, je préfère ne pas me créer de faux problèmes. J’en ai déjà assez.
-Ça était pour l’anglais ? Demande-t-il alors que je cherchais quoi dire pour rompre ce silence.
-Je me suis concentrée sur ce qu’ils ont fait aujourd’hui et il n’y avait pas anglais.
-C’est une bonne méthode. Ça te dit qu’on se voit demain quand tu as fini ?
-Tu viendras chez Ibra ?
-Absolument pas. Pour Sokhna on est juste des connaissances et je préférerai que ça le reste.
-Je vois. Pas demain. Pourquoi pas mercredi ?
-Mercredi ne m’arrange pas. Je suis attendu à un baptême et puisque que tout le monde sait que les mercredis après-midi sont libres pour la plupart d’entre nous, je n’ai pas d’excuse.
-Et tu le dis avec tellement d’enthousiasme. Je vois que tu adores les cérémonies, dis-je sarcastiquement.
-Tu te fous de ma gueule ? Quand je te mettrais un 2 à votre prochain devoir, tu vas rien comprendre.
-Ahh… Qu’est-ce que j’ai dit ? Et je sais que tu bluffes, t’oseras jamais me mettre un 2.
-Azizatou, ne me mets pas au défi.
-Ok, je me tais. J’ai pas envie de jouer à ça. Je ne sais pas pourquoi mais je te sens capable de me mettre un 2 juste pour me montrer que tu oserais m’en mettre un.
-Non, toi-même tu sais que je rigole. Tous les 2 que t’auras venant de moi seront ceux que tu auras mérité.
-Je sais que dès que tu liras Azizatou Tall, tu mettras un 15 automatiquement sans même chercher à savoir ce que j’ai écris.
-Hey Allah !!! Comment je me suis arrangé pour que cette fille prenne la confiance en 2 semaines. Non mais 2 semaines. 2 mois j’aurais compris mais deux semaines.
-Si tu comptes le fait qu’on s’est vu mercredi ce sera 20 jours.
-Je lâche l’affaire. Alors on se voit demain ?
-Non, j’ai des choses à faire.
-Des choses ?
Ça fait un moment que suis à côté de la boutique à côté de chez nous. Je rentre pas tant qu’Aziz sera à l’autre bout du fil.
-A moins que tu me dises que tu es hyper calé en PC, laisse-moi rentrer chez moi.
-PC, je passe mon tour.
-Je préfèrerai samedi.
-Samedi je ne pourrai pas, je passe la journée chez des amis.
-Il reste que dimanche sinon la semaine prochaine.
-T’as un problème pour jeudi et vendredi ?
-Ok pour vendredi. Samedi je ferais la grâce matinée.
-Je finis à 19h. En principe je mets 30mn entre l’école où je serai et chez Ibra. Ce serait top si tu pouvais commencer plutôt, tu pourras finir à 19H30 et je ne serai obligé de t’attendre.
-Je peux faire ça ?
-Je pense qu’on en avait parlé. Tu commences à l’heure que tu veux, tant que les enfants sont disponibles et que tu fasses tes deux heures.
-D’accord, je verrai comment m’arranger. On se voit vendredi.
-Jeudi plutôt.
-Jeudi ? Je comprends plus rien.
-Oui jeudi quand je vous donnerai cette chose qu’on appelle dans la langue française, cours.
-Je suis sûre que c’est interdit de dire ça à son prof mais tu es fou.
-Et le 2 continue de se confirmer. Je suis que je te le donnerai sans même m’en rendre compte.
-Alors que je continue de penser que c’est le 15 qui se confirme.
Je l’entends rire à l’autre bout du fil.
-Excuse-moi, j’ai un autre appel., me fait-il savoir. Ça te dit qu’on continue par message.
-D’accord. Pas de souci.
-Bisous.
-Bisous.
J’étais tellement obnubilée par ma conversation que je n’avais même pas fait attention à ma sœur Oumy qui était très concentrée sur moi et me scrutait.
Comment ai-je pu penser que me recueillir dans une boutique où n’importe qui peut venir y compris les membres de ma famille était une bonne idée ?
Heureusement pour moi que c’est ma sœur et pas une de mes cousines car si c’était ça, j’aurai été dans la merde jusqu’au cou.
-Ziza, à qui tu parlais ?
-Ça te regarde, répondis-je assez sèchement. Et qu’est-ce que tu fais là ?
-Pas besoin d’être aussi désagréable. En tout cas j’ai entendu des « bisous ». Que va dire grand-mère si elle apprenait ça ?
-Tu n’oserais pas…
-Je peux oser mais si tu me dis avec qui tu parlais. J’oublierai la conversation.
-Fais-moi chanter, tu verras que la seule personne qui te donne de l’argent c’est moi et que je peux bien arrêter de le faire.
-Grand-mère t’en empêchera.
-Va lui dire que tu m’as entendu parler au téléphone et tu verras les conséquences.
Je m’éloigne d’elle en l’entendant me faire un tchip. C’est bien sa marque de fabrique. Mais je pense avoir ma petite victoire et dans les prochains jours j’éviterai la boutique quand je parlerai avec Abdoul. Le mieux serait d’éviter carrément notre rue. N’importe qui peut m’entendre parler, n’importe quand.
******Ellipse de 2 mois******
Je suis devant la porte des Ndiaye pour donner leurs cours aux enfants. J’ai sonné et j’attends que Julie vienne m’ouvrir. En attendant qu’elle arrive, une femme de teint claire vient me rejoindre. Je devine que ça doit être une amie de Sokhna.
-Bonsoir, me salue-t-elle.
-Bonsoir, je réponds alors que Julie ouvre la porte.
Elle nous salue toutes les deux chaleureusement.
Nous nous dirigeons toutes les deux vers le salon pour voir Sokhna.
-Radia chérie, comment tu vas ? Dit-elle avant d’aller à l’encontre de son amie et lui faire la bise.
-Je vais très bien et toi ? Comme tu le devines, je suis venue pour voir les sacs dont tu m’as parlé au téléphone.
-Petite curieuse, tu m’étonneras toujours. Azizatou, ça va ? Dit-elle. J’ai failli croire qu’elle ne m’a pas vu.
-Je vais bien et toi? Je monte voir les enfants.
Avant de quitter les lieux, j’entends Sokhna dire à son amie :
-Pourtant, c’est Abdoul Aziz qui nous l’a présentée.
-Abdoul est « connait tout ». Mon frère l’appelle « renseignements généraux ».
Je tends pas plus l’oreille et je m’éloigne de leur conversation.
*****
Je tiens le cahier d’Adama pour qu’il recite sa leçon. Ce ne sont que 3 lignes mais à apprendre par cœur. C’est une leçon d’observation. Il a beaucoup de mal. J’ai du mal à me rappeler de comment j’étais à cet âge-là.
J’ai pas fait la classe de CI, j’ai fait le jardin d’enfant et ça m’a aidé pour sauter cette classe. Je pense avoir déjà été en avance.
Apprendre une leçon par cœur n’est jamais facile. Même ceux qui ont de la mémoire peuvent flancher parfois. A cet âge ça doit être pas facile. En parlant de leçon, j’ai pris du retard en Histo-Geo. Heureusement, nous allons prendre nos vacances de Noël demain. Et ceci et la dernière fois que je verrai les enfants durant cette année. Sokhna m’a demandé d’échanger le cours de demain vendredi soir contre dimanche à savoir dans 2 semaines, la veille de la reprise des cours. Si elle me l’avait pas demandé, je l’aurai proposé. Ça n’aurait servi à rien que les enfants apprennent leurs leçons demain, ils auraient tout oublié dans 15 jours.
Ce travail est quand même super. Au début, j’avais peur qu’on ne me paie pas les deux semaines de vacances et que mon salaire soit scindé en 2. Heureusement pour moi, Sokhna a su voir mes interrogations et a répondu à ma question sans que je n’aie besoin de la poser. Je la trouve vraiment superbe. J’ai eu beaucoup de chance d’être tombée sur elle.
En voyant qu’Adama beugue énormément, je préfère lui demander de prendre quelques minutes
Au tour de sa jumelle, elle est beaucoup plus fluide que son frère. J’ai bien eu raison de lui demander de se reconcentrer sur sa leçon. Il n’y a pas mis le temps qu’il faut.
Quant à Aziz, que dire ? Il est toujours là quand j’ai besoin de lui. Il m’aide énormément dans les cours. Surtout en anglais, je ne savais qu’il avait un si bon niveau. Parfois quand on se voit il me dit tout simplement « tu te débrouilles comme tu veux mais on parle anglais ». Je remercie google traduction et lui aussi de m’avoir payé un pass internet.
Quand je repense à ce qu’on est en train de vivre, je me dis que j’ai bien fait d’avoir attendu, de l’avoir attendu. Aujourd’hui je suis avec lui en étant sûre que ce n’est pas juste une distraction. Si j’étais en L c’est sûr que j’aurais 15 de moyenne. Je lui ai demandé l’autre jour pourquoi il n’était pas prof de maths ou même de PC. Il a complétement ignoré ma question. J’ai compris pourquoi il m’a ignoré, il m’a déjà dit pourquoi il est devenu prof de français.
Cette semaine, rendez-vous n’a pas été pris. On ne peut pas se voir toutes les semaines mais il a prévu qu’on passe toute une journée ensemble. Il a dit que ce sera juste une journée pour nous deux et qu’on laissera tout derrière nous, autant les cours que le travail.
J’ai hâte !
J’ai déjà pensé à ce que je vais dire à grand-mère. « Fatima nous a invité pour le repas. »
J’ai tellement utilisé le nom de Fatima pour mes rencontres avec Abdoul Aziz que je pense que je lui dois des excuses. Si je meurs avec ça, je n’irais pas au paradis.
Je souris en y pensant.
Adama est revenu mais cette fois-ci, il a bien pris son temps.
Après 2 mois avec eux, je ne pense pas que les enfants soient des monstres. Peut-être avec les parents et les amis de leurs parents. Mais avec moi, ils sont obéissants. Possible que je sois sauvée par la figure de l’instituteur.
*******
Quand Abdoul Aziz me parlait d’une journée ensemble, je m’attendais à ce que ça soit samedi ou dimanche mais il préfère que ça soit un jeudi. Il dit que sortir les week-ends c’est risqué à Dakar tout le monde sort le week-end et qu’on pouvait tomber facilement sur une tête connue.
En juillet, je fais le bac, j’ose espérer que je l’aurais par la suite il ne sera plus mon prof et j’espère qu’enfin notre relation aura un semblant de normalité.
Il m’a donné rendez-vous à midi toujours à notre lieu de rendez-vous. Une chose qui ne changera jamais. Du moins pas avant juillet et qu’enfin j’ose le présenter à grand-mère. En revanche peut-être qu’on va continuer ainsi après juillet. Si je le présente à grand-mère, je la vois bien capable de lui demander d’envoyer ses parents pour demander ma main. Peut-être qu’Aziz n’est pas encore prêt pour ça, peut-être que moi je ne suis pas encore prête pour ça.
Je suis arrivée avant lui pour une fois.
Il y a le soleil qui tape actuellement. On a beau être en décembre, il ne fait frais que la nuit et le matin. En plein jour, on a droit au soleil de juin.
Heureusement que je ne l’ai pas trop attendu. J’allais lui envoyer un message pour lui signifier ma présence.
-Tu es là depuis longtemps ? Demande-t-il en ouvrant la portière.
-Juste 5mn.
-Cool alors. Dis-moi, qu’est-ce que tu veux faire ?
-Attends, tu veux dire que tu n’as rien prévu ? Moi je m’attendais à avoir une surprise.
-J’avais pensé à un truc mais c’est une mauvaise idée.
-Si on allait à la plage.
-Plage en plein décembre, il se met à rire. C’est ce qui arrive quand on se met avec une fille qui sort pas souvent.
-Il est où le problème ? On va à la plage parce qu’il fait chaud par parce que c’est la saison.
-Finalement, ce n’est pas si bête. Surtout que pour la discrétion dont on a besoin, si nos amis pensent comme moi, il y a peu de chance qu’on tombe sur une tête connue.
-J’ai toujours de bonnes idées, me venté-je alors qu’il commence à conduire.
-Ça va ces vacances ?
-Je profite de mes peu de jours de vacances. Tes collègues ont eu la brillante idée de nous faire venir la semaine prochaine.
-Tu voulais 15 jours… Azizatou, fais pas ta gamine. Tu es en terminale pas en Seconde. Moi aussi j’irai faire cours aux L la semaine prochaine. Donc on est 2.
-Tu es bien payé pour ça.
-C’est tout ce que tu trouves à me dire ? Aucune compassion ?
Je réponds en haussant les épaules.
******
Quand nous sommes arrivés à destination il a fallu qu’il nous achète à tous les deux de quoi se baigner. Ni lui, ni moi n’avions prévu ce programme.
Après avoir fait la traversée, il s’est automatiquement dirigé vers une maison. Je vois qu’il connait le gérant.
Il m’explique qu’à chaque fois qu’il vient ici, il prend une chambre. Il préfère payer ce qu’il faut et savoir ses affaires en sécurité plutôt que de prendre une simple tente sur la plage pour après voir ses affaires se faire subtiliser.
Quand j’ai regardé la plage, je savais bien qu’aller à la plage était déterminé par le climat non les jours. C’était pas bombé mais la plage était loin d’être déserte.
-Je te laisse te changer après j’y vais, me dit-il avant de me laisser seule dans la chambre.
J’essaie d’attacher mes mèches en sachant que si je rentre et qu’elles sont mouillées, je serais dans la merde.
-T’as fini ? Il demande en toquant à la porte. Alors que je suis en train de me battre avec mes mèches dans la salle de bain.
-Qu’est-ce que tu fais ??? Il sourit en me voyant tellement fatigué.
-J’en peux plus.
-Les couper est une solution.
Il prononce ces mots en m’ébouriffant les mèches.
-Arrête ça.
-Je suis sûr que tu serais magnifique sans.
-Je ne suis pas sûre que tu me trouves magnifique, dis-je avec dépit en m’asseyant sur le lit trop fatiguée de ma coiffure.
-Pourquoi tu dis ça ? Il me rejoint.
-Je ne sais pas. J’ai souvent du mal à savoir ce que je suis pour toi.
-J’ai pas compris.
-Je suis sûre que si… Je croise les bras. Chose que je fais souvent quand je boude.
-Non, absolument pas. Azizatou, je vais pas te dire que je tiens à toi je pense qu’on a dépassé ce stade-là.
-J’ai du mal à savoir ce que je suis pour toi. Parce qu’à part ton élève, je me vois pas faire autre chose.
-Tu penses que je serai à la plage avec une simple élève ?
-Je parle avec mes amies, et ce qu’on partage n’est pas une relation. Du moins pas comme la leur.
-Tu dis ça parce que je t’embrasse jamais. Si tu savais à quel point j’en ai envie. Rien qu’en ce moment-là, tu veux pas savoir ce que je suis en train de te faire dans ma tête surtout avec cette tenue. Mais le fait est que je ne veux pas profiter de toi.
Je comprends qu’il me prend pour une victime mais je n’ai aucune envie qu’il me prenne pour une victime.
Pour lui montrer que j’en suis pas une, je décroise les bras, prend le col de son Lacoste et l’embrasse.
NDA : Il dit qu’il veut pas profiter d’elle mais il l’amène à la plage. Ehem, Ehem. Abdou Aziz ame ga melo (quelqu’un pour traduire siwouplai)