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Chapitre 06

Chapitre 6

Il ne proteste pas. Ce qui devait être un baiser furtif devient plus approfondi. Je sentais son haleine de menthe, il a dû prendre un bonbon avant notre rencontre. J’avais envie de lui demander s’il l’avait pris parce qu’il espérait qu’on allait s’embrasser. Mes pensées divaguent mais nos lèvres étaient toujours collées. A bout de souffle, j’y mets un terme mais j’avais automatiquement envie de recommencer.

-On doit faire attention, dit-il en rompant le silence.

-On vient de partager un moment aussi particulier et « on doit faire attention » est tout ce que tu trouves à dire. Je suis aussi nulle que ça ?

-Je n’ai pas dit ça, il se défend avant de me donner un bisou.

-Je ne sais pas. En tout cas c’était mon deuxième baiser. Le premier étant celui que tu m’as donné dans ta voiture.

-Tu me charries, là ?

Je réponds en secouant la tête.

-Non mais c’est extraordinaire.

Je pouvais voir ses yeux pétillés.

-Si je savais su, je ne t’aurais pas embrassé dans la voiture.

-Pourquoi tu dis ça ?

-Le premier baiser peut être pas mal de chose mais il ne mérite pas d’être un baiser volé.

-Volé mais je t’ai rendu. Peut-être j’aurai dû te gifler ?

-Aucune chance. Tu penses que je fais traîner ma langue dans n’importe quelle bouche ? Je savais bien que j’avais une touche avec toi sinon jamais je n’oserai.

-Si tu le dis.

-Ça m’intrigue quand même de savoir que c’était ta première fois. Ta grand-mère est aussi contre aux relations que ça ? Je peux la comprendre aussi, tu es si jeune.

Jusqu’à mes 18 ans, pour lui mon âge sera toujours un problème. Heureusement que je les aurai en mars. Donc dans 3 mois, il cessera de me voir comme une mineure.

-Pour ça, c’était mon choix. Oui grand-mère est contre maintenant plus qu’avant mais je suis bien ici avec toi. Si je voulais avoir des copains avant, j’en aurais eu. Sans doute derrière son dos, mais ça serait pas un problème.

-Pourquoi tu voulais pas en avoir ? J’ai vu des filles commencer à 13 ans, 14 ans surtout vous la génération 2000.

J’ignore pourquoi ceux qui sont nés avant 2000 aiment nous charrier. Il y a même des 99 qui se moquent de nous alors que tout s’est joué en quelques mois.

-On est toutes différentes. Chacune avec sa manière de voir les choses. En ce qui me concerne, les garçons ne m’ont jamais intéressé. Je préférais me concentrer sur mes études en les considérant comme une distraction.

-Et moi j’en suis pas une ? Sourit-il.

-Vous êtes mon professeur Monsieur Diaw, ceci a dû vous laisser un certain avantage.

-Je vais finir par me sentir comme utilisé, dit-il faussement vexé. Ce qui me fait rire.

-Loin de là. Tu m’as plu sans que je sache que tu étais mon prof. Et c’est bien toi qui es venu à moi, je me défends sur le même ton.

-J’étais obligé. Comme je t’avais dit durant notre premier rencard, depuis notre rencontre je suis comme ensorcelé et rien y personne ne peut faire en sorte que je te laisse filer.

-Rien.

-Rien du tout.

-Ta carrière ?

-Ma carrière c’est un autre débat.

-C’est bien ce que je pensais.

-Je me change et on va se baigner. Tu sais nager ?

-Quand tu me regardes, est-ce tu vois la tête de quelqu’un qui sait nager.

Il éclate de rire.

-Puisse que tu es petite, ce sera facile de t’amener là où tu n’auras pas pied et là j’aurais de bonnes occasions de tripoter tout ceci.

Il s’exprime et je peux lire un sourire pervers sur ses lèvres. Ma bouche est ouverte de stupeur.

-Je veux rentrer, dis-je.

-Non, je rigole. Rien ne sera fait sans ton consentement.

-Je préfère ça.

-T’inquiète. Je n’ai pas non plus envie d’aller en prison. Le scandale que ça serait. Non merci.

Il finit de parler avant de se changer et comme prévu nous allons ensemble à la plage.

******

Il avait dit qu’il allait m’amener là où je n’aurais pas pieds mais ne vous inquiétez pas, il a pas pu.

Je dois avoir la phobie de la mer. Je ne sais pourquoi j’ai eu la mauvaise idée de lui demander de m’amener à la plage.

Durant la baignade, je me suis tellement accrochée à lui que même si j’avais pieds j’avais peur de tomber.

Il a préféré ne pas prendre de risque. Il était sûr d’avoir une bombe à retardement entre ses mains.

Il a pas cessé de me traiter de « tapette » (poltronne) mais je m’en foutais.

Hey, je tiens bien trop à la vie. Je n’ai que 17 ans.

Le voir aussi enjoué, le rajeunit forcément. J’utilise le verbe rajeunir mais il est pas si vieux que ça. Même si je ne lui ai jamais demandé son âge, je sais qu’il doit être dans la trentaine. Peut-être dans la fin de la vingtaine.

Il m’a dit qu’il avait eu son master avant d’aller à l’Ecole Normale. Master, parce qu’il voulait aller directement au lycée alors il fallait mettre toutes les chances de son côté.

Il a commencé dans les régions. D’après ce qu’il m’a dit il a eu de la chance car il a pas trop duré là-bas avant d’avoir une affectation au lycée qu’il voulait, en occurrence notre lycée.

J’ai pas tout compris parce qu’il y a un lycée dans son quartier, à sa place c’est celui-là que j’aurais demandé.

Il doit avoir ses raisons. Si je ne lui pose pas la question, il vaudrait mieux ne pas y penser.

La journée s’est bien passée, pour le repas on s’est payé du bon poisson grillé. La dame sait bien les faire.

On s’est à nouveau embrassé dans la chambre. On a également fait quelques papouilles et mamours. Ne vous emballez pas. On est pas allé plus loin que ça. Je pense qu’il n’oserait pas aller plus loin et même si tel était le cas, je n’allais pas me laisser faire.

Nous venons d’arriver et il vient de se garer.

-Quand aurais-je l’occasion de te déposer chez toi ?

Cette question je ne l’attendais pas. Je réponds par la première chose qui me vient à l’esprit.

-Quand grand-mère jugera que j’ai le droit d’avoir des copains.

-Je suppose que le synonyme de cette phrase est « jamais ».

-Je n’ai pas dit ça.

-Ce que tu as dit est tout comme. Pour une mère, sa fille est toujours un enfant alors pour une grand-mère, c’est forcément pire. Mais bon, je disais ça juste comme ça. Avant de parler de ce genre de chose il vaut mieux attendre que tu aies tes 18 ans, que tu aies ton bac et que tu ne sois plus mon élève.

-Donc on en reparle en juillet.

-Allez, rentre bien. Je t’appelle.

-D’accord. Bisous. Dis-je en descendant.

-Bisous, l’entendis-je me répondre.

Je marche avec le sachet de choses mouillés. Je réfléchis à une excuse.

Grand-mère ne va pas fouiller dans mes affaires mais mes fouines de sœurs, oui.

De toute façon, une fois à la maison, je monte direct à la terrasse parce que je dois tout laver. D’ailleurs je dois passer à la boutique pour acheter du savon en poudre.

********

Je suis actuellement au lycée pour nos cours de rattrapage. On avait math mais c’est fini. Actuellement nous avons une rencontre avec Fatima pour l’exposé de Français qu’Abdoul Aziz m’a obligé de faire. Quant à Fatima, je lui ai forcé la main. Il y a également 2 autres garçons avec nous donc on est 4.

Normalement, il fallait profiter de la première semaine de vacance pour lire le livre. Moi je l’ai fait durant les vacances, craignant manquer de temps, donc je ne suis pas concernée. J’espère juste qu’ils ont tenu parole et qu’ils ont lu.

Personnellement si je devais donner mon avis sur cette œuvre, je dirais que c’est un livre qui se lit tout seul. Même ceux qui détestent lire peuvent trouver du plaisir en lisant l’Etranger, une œuvre très décalée de ce qu’on a l’habitude de voir.

Avec Fatima on est déjà sur place et nous attendons les garçons. Tout ce qu’on a à faire aujourd’hui c’est un plan et après chacun va rentrer avec sa partie à traiter.

-Ils sont où ? Finis-je par demander à Fatima. Là je commence vraiment à m’impatienter.

-Momo vient de m’envoyer un message. Ils arrivent.

-Ah, eux aussi. Ce qu’ils avaient à faire ne pouvait pas attendre. On avait prévu d’enchaîner après la sortie du prof de math.

-Tu connais les garçons. Ils trouvent toujours un truc à faire.

-J’espère au moins qu’ils ont lu le livre.

-J’espère aussi. Enfin, je pense pas qu’ils auraient demandé à faire cet exposé s’ils n’avaient pas prévu de lire. J’imagine qu’ils ne sont pas aussi inconscients.

-Avec les garçons surtout ce de cette classe-là, je parie rien du tout.

-Momo assure toutefois dans toutes les matières. Il est pas premier de classe pour rien. Pour lui c’est sûr. En revanche pour notre cher Gabriel, je n’irai pas loin.

-On verra…Soupiré-je avant que les messieurs daignent se montrer…Ce n’est-pas trop tôt, leur fais-je savoir.

-Ziza, c’était juste 10mn. Et il fallait bien que Gabe fume.

-Tu va pas mourir avec des poumons, dis-je à l’encontre de Gabe.

-Je vais arrêter, j’ai juste besoin de temps.

-Commençons, dit Fatima. Elle me connait assez pour savoir que si je commence à parler de cigarette. Je vais pas m’arrêter. Je déteste ça. Abdoul Aziz ne fume pas, je sais pas ce qu’il pense de la cigarette. Peut-être qu’il fumait avant. Je suis sûre d’une chose et c’est que s’il fumait j’allais pas sortir avec lui. Enfin je crois.

-Je pense qu’on a tous lu le livre, commence Mouhamed Bâ (Momo). Je pense qu’on peut déjà commencer par le contexte historique. Placer l’œuvre dans l’histoire nous permettra de parler de cette première phrase culte : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier je ne sais pas. » Pour moi, si vous êtes pas d’accord on changera, cela est comme une dénonciation des nouvelles formes technologiques de l’époque.

-Comment ça, demandé-je.

-J’y viens. Il a reçu un télégramme. A l’époque tout le monde louait cette avancée de la science. On était loin des lettres qu’il fallait poster et attendre. Cependant, le télégramme était incomplet. Ce télégramme n’a pas permis au narrateur d’avoir des détails qu’il aurait eu si c’était une lettre. En fait ce que je veux c’est qu’on montre ce contraste-là.

-Pour moi Meursault est juste un fou qui meurt seul. D’où le jeu de mots.

Gabriel réussit à nous faire rire.

-Personnellement j’aime bien son idée.

-Moi aussi. Je réponds en rejoignant Fatima.

-Il y a forcément d’autres choses à dire. Je veux vraiment qu’on déchire tout comme ça si on passe à côté durant les compositions de février ces notes nous sauvera.

-Je pense qu’on peut y arriver, dis-je avant de proposer. Il y aura aussi une partie où il faudra parler des personnages. J’ai pensé qu’on peut l’appeler relations humaines.

-T’as juste envie qu’on parle de sa relation avec Marie, se moque Gabe.

-T’oses appeler ça relation, toi ? Souris Fatima.

-C’était bien une relation, je précise pour Fatima. Relation bizarre mais relation quand même.

-Ce mec est juste un grand abruti et Marie nous a permis de voir son indolence et absence d’émotivité.

-Ça peut être une bonne idée…Dit Mouhamed. Comme Sartre l’a dit, merci wikipédia, Albert Camus vise à mettre en évidence « le sentiment de l’absurde ».

-Sentiment de l’absurde ?

-Oui. Fatima vient juste de le traiter d’abruti. Je pense que toute personne ayant lu le livre, la rejoindra sur ce sens. Après forcément y a plusieurs nuances qu’on a pas vu surtout après l’avoir lu une fois. Je parle pour moi, à chaque fois que je relis un livre je découvre des choses que j’avais pas vu avant, surtout les œuvres philosophiques.

-Ça c’est un autre débat.

-Certains considèrent l’Etranger comme une œuvre philosophique. Peut-être qu’on doit également parler de ça.

-Si on te suit, cet exposé aura 20 pages et franchement, je ne veux pas qu’on dépasse 5.

Fatima essaie de recadrer Momo et elle a bien raison. J’ai envie d’épater Monsieur Diaw mais on a quand même d’autre chose à faire à côté. On ne peut pas consacrer tout notre temps à cet exposé.

Il nous a fallu deux heures mais on sort avec un plan de 4 parties plus introduction et conclusion.

On peut pas parler de tout et c’était difficile de convaincre Momo.

J’ai pris les relations humaines. Je pense que cette partie est plus simple pour moi.

Une fois qu’avec Fatima nos chemins se sont séparés, j’appelle Abdoul Aziz. Il devait finir son cours à midi et il est 14h passée.

-Allo !

-Oui, ça va ?

-Je vais bien et toi ?

-Je vais bien aussi. Je viens de me séparer de Fatima, Momo et Gabe.

-Votre groupe d’exposé ?

-C’est ça même.

-J’en déduis que vous avez parlé de moi ?

-Pas vraiment. On s’est juste demandé ce qui allait te plaire pour qu’on ait une bonne note mais sans plus.

-Tu veux que je te le dise ?

-Je dirai pas non.

-Trop facile ça. Je vous mets au même pied d’égalité que les autres.

-Non mais sérieusement, en tant que ta copine, je mérite de savoir.

-C’est surtout parce que tu es ma copine que tu ne mérites pas de savoir. Je n’ai pas réellement envie de te donner un 15 en me demandant si je l’aurais fait en toute circonstance.

-Je t’ai déjà montré que j’étais pas nulle en français.

-Je sais. Vous avez fini ?

-Non, c’était juste pour le plan. Là maintenant chacun va faire sa partie.

-Quelle est la tienne ?

-Les relations humaines du livre.

-T’auras des choses à dire et soit sûr que je vais pas te rater.

-Normalement tu dois me rater. N’oublie pas que tu avais dit et je cite, tu te mettais de côté durant les exposés et que la classe était celle des élèves.

-Ok… Je l’entends rire. Mais après je fais quand même mon cours sur le livre, ce qui veut dire que je corrigerai tout ce que tu diras de travers.

-Je ferai en sorte de tout déchirer.

-C’est tout le mal que je souhaite. Ça me tuerait de ne pas te mettre la moyenne.

-Heyyy. Dans les exposés on a toujours la moyenne.

-Fais-moi de la merde et tu verras si tu auras la moyenne.

-Je pensais que tu allais m’aider. Tu as envie que je mette à pleurer.

-D’accord, je t’aiderai comme ça je suis sûr que tu ne feras pas n’importe quoi. Mais je ne le ferais tout à ta place et je ne te dirais que les grandes lignes.

-C’est toujours mieux que rien.

-Tu vois ce que tu me fais faire. Je t’avais demandé de ne pas compter sur moi mais tu réussis quand même à me faire faire ce que tu veux.

-Ne doute jamais de mon pouvoir de persuasion. Je sais déjà que tu ne peux pas résister quand je fais ma mine toute triste.

-Tu connais l’expression « trafiquant de personnalité ».

J’éclate de rire.

-C’est exactement ce que tu es, il finit et je suis toujours en train de rire. Mais on va en parler demain. Prépare ce que tu peux ce soir. Demain je te dirai ce que j’en pense.

-On se verra au restaurant ?

-Pourquoi cette question ? Tu voulais un lieu plus intime ? Si c’est ça, je peux toujours m’arranger.

-Non, restaurant ça ira. J’ai envie qu’on parle de Meursault.

-Parler de Meursault lors d’un rencard était la dernière chose que je m’imaginais avant de tomber sur toi.

-Vous vous attendiez à quoi quand vous avez décidé de sortir avec votre élève Monsieur Diaw ?

-Vous marquez un bon point mademoiselle Tall.

-Je marque toujours de bons points.

-Je vois que vous êtes toujours aussi modeste.

-La modestie est une de mes vertus.

En plaisantant, je l’entendais rire. Il finit par raccrocher en me disant « au revoir » et « à demain ».

*****

J’ai passé tout mon après-midi à relire certains passages du livre et à prendre des notes. J’ai très mal à la tête c’est vraiment intense.

Je décide de googaliser tout ça et voir ce que internet en raconte.

Je vois pas mal de choses.

J’aurai adoré pouvoir faire un copier-coller mais je pense que si je fais ça et qu’il s’en rende compte il me tuera.

Je lis assez vite fait et je ne prends que certaines idées évidemment je remanie à ma propre sauce.

*******

Nous sommes actuellement au resto et il est en train de lire les 2 quelques pages que j’ai écrites. Malgré un délai relativement court j’ai quand même réussi à écrire quelque chose.

Son expression est complétement impassible. Je ne saurais dire s’il aime ou pas. A part attendre je ne peux faire rien d’autres.

-C’est juste un brouillon, y a encore des choses à faire, j’en suis sûre.

-En gros c’est pas si mauvais. Je m’attendais quand même à ce que tu parles de l’avocat, du juge d’instruction, le président du tribunal et de l’aumônier. Ce sont quand même des personnages auxquels se trouve confronté Meursault, le plus important étant qu’ils incarnent tous des fonctions sociales. Tu pourras aussi faire une partie pour montrer le contraste de ses relations entre ces individus et des individus singuliers comme Marie. Les relations du narrateur avec les premiers que j’ai cités permettent de préciser de manière plus évidente les ressorts fondamentaux de son étrangeté en particulier du rejet de l’absolu et de l’absurdité de l’ordre social.

Il finit de parler, je n’ai rien compris mais je préfère ne pas le lui dire.

-Je vois.

-Par exemple avec l’avocat commis d’office, il y a la partie où l’avocat lui a dit que ça l’arrangerait de savoir qu’il a eu de la peine. Il lui a tout simplement répondu qu’il a perdu l’habitude de s’interroger et qu’il était difficile de le renseigner. Je pense que la chose la plus simple est de savoir ce qu’on ressent. Mais pour Meursault ces choses simples ne le sont pas.

-Surtout avec sa phrase fétiche « je ne sais pas ».

-Tu te rends au moins compte que tu t’es faite avoir ?

-Comment ça ?

-Tu as eu la partie difficile.

-Je pense qu’aucune des 4 n’était facile.

-Possible. Mais ce sera à toi de montrer l’étrangeté du narrateur. Ce sera sur toi que repose le plus important du livre. Mais t’en fais pas. Fais ce que je t’ai dit et le 15 sera sur la table. Réponds bien aux questions de tes camarades et tu auras le 16.

-Juste un point pour avoir bien répondu aux questions. Monsieur Diaw j’ai toujours su que vous étiez radin.

-Mademoiselle Tall, n’exagérons rien. J’ai dit 16, parce que c’est vous.

-Dois-je me sentir flattée ?

-A votre place, je le serai. Je pense que n’avoir pas donné 5 « 16 » depuis que j’ai commencé. Si tu réussis tu vas entrer dans un cercle de VIP très fermé.

-C’est gentil de votre part de me laisser cette chance.

-En tant que professeur et copain, c’est le moins que je puisse faire.

Il le dit avec un tel sérieux que je peux m’empêcher de sourire.

On finit par parler des autres parties et il me dit ce qu’il en pense.

*******

17 jours que je n’ai pas vu les enfants. J’espère juste qu’ils ne sont pas en format vacance. Je n’ai aucune idée de comment faire pour les booster si c’est ce qui m’attend.

Aujourd’hui c’est Sokhna qui a ouvert la porte pour moi, pas Julia. Elle doit probablement être partie en week-end.

Je suis passée au salon et j’ai vu Ibra. Je ne sais pas si Aziz lui a dit qu’on sortait ensemble. Ce qui est sûr est que Aziz ne veut absolument pas que Sokhna le sache, à savoir pourquoi. Mais bon c’est évident. J’ai 17 ans, il a pas envie que ces amis le jugent de sortir avec une gamine comme moi donc il préfère éviter tout ça s’ébruite.

J’arrive dans la chambre je vois Adama occupé avec une voiture et Awa avec une poupée.

Les enfants sont comme je le craignais en mode vacance.

Je tape sur les mains pour attirer leur attention.

-Comment vous allez les enfants ?

-Je vais bien, réponds Adama alors que je vois plus Awa.

Je sors la chercher. Je la trouve dans sa chambre qu’elle partage avec Julia.

Je la vois sortir une belle robe.

-Azizatou regarde c’est ça que je vais porter demain.

-Ah c’est très beau. C’est maman qui te l’a acheté ?

-Non c’est tata Radia qui me l’a offert.

Je me rappelle que c’était celle que j’avais trouvé la dernière fois que j’étais là.

-La copine de ta maman.

-La femme de tonton Aziz.

Awa vient de dire la femme de tonton Aziz ?

Mon cœur n’a jamais battu aussi fort.

J’essaie de me calmer. Abdoul Aziz Diaw n’est pas marié. Il me l’aurait dit.

Aziz est quand même un prénom commun au Sénégal, Ibra peut bien avoir deux amis avec le même prénom.

-Ton père a beaucoup d’ami qui s’appellent Aziz ?

Je demande à Awa en priant pour que la réponse soit oui.

-Non, je connais un seul. Le mari de tata Radia.

Mes jambes ne peuvent plus supporter mon poids et je me mets automatiquement sur le lit de la gamine.

Note de l’auteur : Petite question mes louloutes. Je pense que c’est une question à laquelle certaines d’entre nous ont dû être confronté. A votre avis qu’est-ce qui peut pousser un homme marié à taire sa situation matrimoniale ?

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