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CHAPITRE VIII

CROSSED DESTINIES

CHAPITRE VIII

Véronica: Je suis heureuse d'apprendre qu'au-delà des péripéties du voyage somme toute éprouvant, et du travail de fourmi que tu as eu à abattre auprès de tes hôtes, pour donner satisfaction à ceux pour qui, ils s'étaient attachés tes services, tu aies pu te faire plaisir, à la faveur des moments d'évasion donc de plaisir, qui t'ont été aménagés pendant ce séjour. Cette initiative est à féliciter, ça été une idée lumineuse de la part des personnes qui t'ont accueilli. En effet, il est utile de se recréer, de s'offrir des moments agréables, davantage pour des gens comme toi qui sont toujours à la tâche, impliquées dans plusieurs chantiers en même temps, sinon, on a vite fait d'atteindre la zone de saturation, de basculer dans le surménage. Il est bon, chaque fois que cela est possible, de changer d'horizons, de partir à la découverte du monde, de personnes et de choses nouvelles, de voir du pays. C'est une démarche thérapeutique donc utile à plus d'un titre car fondamentalement réparatrice. Non seulement, elle nous épargne, mieux, nous éloigne de la monotonie si souvent pesante, handicapante et contre-productive, mais également, elle nous met en capacité de pouvoir nous ressourcer, nous revigorer, donc nous réinventer. C'est fondamental lorsqu'en l'occurrence, on est dans les domaines de l'art, de production des œuvres de l'esprit en somme, où l'impératif d'inventivité et de créativité doit être constant. Ces moments d'escapade qu'on s'aménage, participent au raffermissement où à la construction de l'équilibre psychosomatique, si nécessaire, pour la pleine mobilisation de nos ressources, c'est-à-dire l'utilisation optimale de notre potentiel, de nos capacités, donc la production de résultats probants. La cérise sur le gâteau de ta belle aventure, étant que tu as booster ton portefeuille relationnel, un point majeur, un enrichissement grandeur nature, il n'est de richesse que d'hommes.

Clément Richard : Tu as fait là, avec force arguments, l'économie impeccable de mon séjour. Je partage entièrement ton avis sur la nécessité de s'organiser à partir à un moment donné, à quitter sa zone de confort de temps en temps, à aller à la rencontre de l'autre. Ce changement d'air a véritablement été bénéfique pour moi, il a ajouté comme une autre corde à mon arc, ça été une bouffée d'oxygène, j'ai la sensation d'avoir acquis quelque chose de nouveau, d'être devenu une personne nouvelle, d'avoir pris un nouveau départ. C'est très important. Cependant, j'ai beaucoup souffert de l'absence de votre absence, je me suis langui de ma famille pendant les trois semaines passées en dehors de ce cadre. Toute chose m'ayant conforté dans ma conviction selon laquelle, on n'est plus à l'aise que chez soi. Ce départ à la rencontre d'autrui m'a permis de comprendre qu'il est important, pour l'épanouissement des enfants, qu'on leur permette, à tout le moins pour un court moment de changer de milieu, de partir de leur zone d'habitation habituelle pour voir autre chose. Il faudrait qu'on prenne des dispositions dans ce sens, qu'on d'aménage des moments d'évasion avec eux en dehors de ce village. A ton tour de me dire maintenant comment vous vous êtes organisés ici en mon absence.

Véronica : Ton absence s'est déroulée sans coup férir, il n'y a eu aucune fausse note dans nos affaires propres, en dehors des aigreurs habituelles de ton oncle, qui plus est, le chef de ce village. C'est avec lui qu'il y a eu des gorges chaudes, il a continué à nous chercher chicane, en multipliant des attitudes vexatoires pour que je m'emporte. Il estime que tu travailles à l'augmentation de ta côte d'amour et à polir de ton capital sympathie auprès des populations pour lui faire ombrage. Pour sa part, tu aurais un agenda supposé caché, mais il voit clair dans ton jeu. Tu lorgnerais du côté de sa chefferie, tu chercherais à le déboulonner de son pouvoir. Il ne s'encombre plus de circonlocutions pour faire savoir que le conflit entre vous est ouvert. Je me demande de quel conflit il s'agit. A proprement parler, on ne saurait dire quelle est votre pomme de discorde, on ne saurait identifier ce qui vous oppose. Il dit à qui veut l'entendre qu'il ne se laissera pas faire, que ça ne se passera pas selon tes plans et des projections. Il te prouvera qu'il n'y a qu'un seul lion dans ce village en sa personne, il te fera mordre la poussière.

Clément Richard : Je ne sais pas où est-ce qu'il va chercher ces idées saugrenues, je me demande ce qui fonde cette rancœur. J'ai moi-même constaté que son attitude à mon endroit à changé, il est devenu très irascible et vindicatif à mon égard. Ma percée lui poserait de sérieux problèmes. Il nous administre depuis un certain temps, pratiquement tous les jours, la preuve qu'il est contre les initiatives par moi prises, et qui visent à faire bouger les lignes dans ce village. Décidément, il ne supporte pas mon accomplissement, le relatif bien-être dans lequel nous vivons. Pourtant, je fais preuve d'un sens élevé du partage, chaque fois que j'ai quelque chose à donner, je pense prioritairement à lui. Que je sache, je ne suis pas de ceux-là qui se plaisent à être vus, à occuper les feux de la rampe. J'ai toujours fait preuve de modestie, j'ai le triomphe modeste. Je suis un fervent militant de la thèse selon laquelle : pour mieux vivre, il faut vivre caché. Je l'applique d'ailleurs religieusement. Que dois-je faire face à cette levée de bouclier, on ne choisit pas sa famille. Son animosité ne me fera pas changer, je continuerai d'être l'être sociable que j'ai toujours été.

Véronica : Tu ne saurais aliéner tes convictions, ton essence, ton exemplarité au gré des sentiments désobligeants, des attitudes d'hostilité qu'on affiche à ton égard. Lorsqu'on est sûr de son fait, on avance contre vents et marées : le chien aboie, la caravane passe. Ta posture est responsable et louable. La réalité c'est que tu es quasiment parti au pied levé, ton voyage est arrivé de manière impromptue. Ce qui fait qu'il ne t'a pas été possible comme à ton habitude, de faire part de ton déplacement, aux personnes de ton relationnel, avec lesquelles tu partages des informations de cette nature. Bilan des courses, nombre de personnes ont cherché après toi et se plaignaient de ce que le village avait perdu de sa superbe, il manquait d'entrain depuis ton voyage, il n'avait plus aucun relief. Ces sorties n'ont pas été du goût de ton oncle, pour qui, ils constituaient un pied de nez. Toute chose ayant servi de catalyseur à l'endurcissement de son cœur. Pourtant, tu fais des efforts surhumains pour lui plaire, pour être en bons termes. Tu l'as toujours associé à tes projets et t'arrange toujours à recueillir son avis, avant de t'engager dans une aventure, qui, de ton point de vue est digne d'intérêt. De mémoire, c'est prioritairement à lui que tu as fait part de ton voyage, en lui confiant la garde de ta famille. Tu es victime aujourd'hui de ton altruisme, de ta générosité. Ce n'est pourtant pas si compliqué que ça de se concilier les autres, de s'aliéner leurs sympathies. Tout est dans l'attitude et l'aptitude aussi. S'il faisait des efforts dans ce sens, je suis convaincu que ses les habitants du village, abstraction faite de sa qualité, le trouverait plus fréquentable.

Clément Richard : Pour revenir aux dispositions prises avant mon départ, j'ai exactement procédé comme tu l'as souligné. C'est le seul parent qui me reste, je lui accorde la même attention que j'accorderais à mes parents biologiques s'ils étaient encore vivants.

Véronica : En tout état de cause, le constat malheureux que je fais, c'est qu'il est très mal à l'aise avec ta réussite. Le fait que tes affaires soient prospères, que je jouisse d'une grande notoriété dans ce village lui pose un sérieux problème. Il me laisse penser qu'il ne lésinerait pas sur les moyens, si cela lui était possible, d'éteindre ton étoile à tout jamais. Heureusement, nous avec notre Dieu avec nous, il est notre égide. Cependant, il faudrait redoubler de vigilance, Il est de notre intérêt de rester sur le qui-vive. Si sa haine grotesque se limitait à ta seule personne, se serait relativement plus facile à gérer, le fait qu'elle s'étende désormais aux enfants rend la situation plus ardue, elle se corse de plus en plus, les choses vont descrescendo. Qu'à cela ne tienne, ces petites manœuvres de sorcellerie ne nous ont pas éloignés de nos objectifs, elles ne nous ont pas empêchés d'évoluer dans notre feuille de route. Nous avons poursuivi nos activités allègrement. Seulement, on a souffert de ton absence. Il fallait se réorganiser pour faire face. Fort heureusement, les garçons ont pris leurs responsabilités, ils ont fait le job. Je pense que tu ne seras pas déçu de ce qui a été accompli lorsque tu feras le tour du propriétaire, dans ta cacaoyère notamment. Je te laisse le soin d'apprécier par toi-même le moment venu.

Clément Richard: Je sais que tu es la tête de proue de cette bonne organisation, je te suis reconnaissant d'avoir valablement suppléé mon absence. Tu t'es toujours donnée en holocauste pour la bonne marche des affaires de cette famille. Ton soutien est incomparable. En fait de provisions, j'ai profité de l'escale faite à Yaoundé pour t'acheter de nouvelles tenues, j'en ai également prises pour les enfants, et même je me suis procuré des étoffes pour en confectionner ici sur place. Tu devrais défaire les paquets, en dehors du gros sac de couleur noire dont le contenu est réservé à mes frères et amis de ce village. Je sais que tu te retrouveras sans problème. Songe également à trouver un moyen de conservation approprié pour les produits frais que j'ai rapportés. Ce serait même intéressant que les enfants cuisinent le poisson tout de suite. Je te laisse le soin de gérer tout ça.

Antonia Maria: Papa n'avait même encore eu l'opportunité de se reposer, de reprendre ses marques, que la nouvelle de son retour s'était déjà répandue au village comme une traînée de poudre. Je ne sais par quelle alchimie, ses frères et cousins du village avaient su qu'il était déjà là. Toujours est-il que notre concession avait été prise d'assaut par ces derniers et ne désemplissaient pas. Peut-être l'avaient-ils vu dans le car qui avait assuré son transport. On le savait fort généreux et particulièrement expansif, ses frères savaient en tirer en profit. Heureusement, lui-même les connaissait bien, il était parfaitement au fait du mode fonctionnel du village, il s'était préparé à l'éventualité d'une telle ''invasion'' en rapportant de petits paquets. Tout compte fait, chaque fois que cela était possible, il comblait les siens de gâteries. Il fit donc installer des chaises dans la cour, sous le manguier qui y trônait majestueusement pour recevoir ses ''convives''. Les circonstances de son voyage et son séjour en dehors du village avaient cristallisé les échanges. Tout le monde cherchait à en avoir le maximum d'informations. Après ces échanges particulièrement plaisants autour du carton de vin rouge qu'il avait rapporté pour les besoins de la cause, il s'était arrangé à ce que, chacun de ses ''invités'' rentre chez-soi avec un produit de la ville. Ça comptait énormément pour les habitants du village. On pouvait avoir maille à partir avec son voisin du village, parce qu'on n'avait pas cru devoir partager avec lui un biscuit acheté en ville. La rancune s'avérait souvent très tenace. Entre baguettes de pain, boîte de sardine, morceaux de savon, poisson fumé, chacun y trouvait son compte. Naturellement la part belle avait été réservée à notre grand oncle problématique. Nonobstant, les misères qu'il nous avait fait subir en l'absence de papa, ce dernier avait tenu à se rendre à son domicile pour lui faire le compte rendu de son voyage et lui remettre les provisions qu'il lui avait apportés. Papa, tenait à ne pas verser dans son négativisme malgré sa volonté affichée de l'y entraîner, sa personnalité devait rester intacte, sa réputation sauve. Joignant la parole à l'acte, il franchit le pas. Après une quarantaine de minutes passées à ses côtés, il nous fit ce rendu:

Clément Richard: Je l'ai trouvé dans une colère noire, son visage était totalement renfrogné. Je n'ai pas manqué de lui demander ce qui le mettait dans un tel état. C'est à peine qu'il m'a répondu. Malgré son manque total d'enthousiasme à ma vue, je suis tout de même allé au bout de ce pourquoi je m'étais rendu. Il m'a remercié toute honte bue pour son paquet.

Véronica : Incontestablement, il a eu vent des moments conviviaux que tu as passés avec tes frères ici. C'est ce qui l'a mis en rogne. C'est vraiment dommage. Les populations du village ne seront pas interdites de séjour ici pour lui faire plaisir. On n'a jamais demandé à qui que ce soit de ne pas aller lui rendre ses honneurs. Ça commence à bien faire. Il faut arrêter l'hémorragie avant qu'il ne soit trop tard. Un dicton de chez-nous commande de quitter la rivière tant que la marée est encore basse.

Clément Richard : Reste zen. Tout finira par s'arranger.

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