CHAPITRE NEUF : S'ÉCHAPPER
On dit que les yeux sont les miroirs de l'âme. Son âme, lui, était de pierre et complètement morte. Ses yeux, eux, étaient d'aciers et démoniaques. Il affichait la puissance et sentait le pouvoir. Il était malfaisant. Quelques mèches de ses cheveux ébouriffés tombaient sur ses yeux noirs. Son regard perçant m'intimidait autant que son corps imposant. Sa position était droite et impeccable. Il était vêtu d'un costume sombre, ses mains s’enfoncent dans ses poches. Il détourna le regard de mon visage et le descendit lentement sur mes jambes écrasés au sol.
Son expression restait immobile et silencieuse. Sa mâchoire était serrée et il se tenait juste au-dessus de moi, me jaugeant comme une bête de foin, il fit un pas lent en arrière et prit finalement la parole :
— Lève-toi. me dit-il d’une voix rauque, fessant vibrer mon corps entier.
Mes mains se mirent à trembler alors que je luttais pour me lever. J'avais peur. Je mis mes mains a plat sur le sol et me levai, sentant la tension dans la pièce monter alors que je lui obéissais.
Je tournai lentement la tête, ne supportant pas son regard intense sur moi et posai mes yeux sur le corps de Fiodor. Il se tenait là, à quelques centimètres de satan, les mains jointes derrière le dos.
Je n’aimais pas être dans des telles positions. Je ressentais juste le besoin de me recroqueviller sous les regards qu’il portaient tous sur moi, ils me donnaient la boule au ventre. Surtout lui, il me regardait avec un dégoût presque interdit, comme ci j’étais sale. Il descendit doucement son regard sur mon corps, me faisant me figer. Sa tête se tourna très légèrement vers la gauche, comme s'il faisait signe à quelque chose et soudain, le monde se mit en mouvement.
Fiodor se rapprocha rapidement de moi et m'attrapa le bras avant de me trainé avec lui, mes yeux ne me quittant jamais ceux de cet homme qu’à j’avais percuté. Quand sa silhouette disparut de ma vision et que Fiodor me fit passer une porte, je sentis la panique monter en moi et je mis à essayer de me dégager de l'étreinte de Fiodor. Sentant ma main libre agripper son poignet, sa prise ne fit que se resserrer, ses ongles s’enfoncent dans ma chair. Il me traîna à travers l'entrepôt alors que mes talons n'arrêtaient pas de glisser sur le ciment. Il me tira précipitamment dans un couloir alors que la peur montait en moi. Les couloirs étaient immenses et sombres, avec des portes à chaque coins. Toutes les deux minutes, des bruits intenses éclataient derrière les portes, m’en faisant sursauter.
— O-où allons-nous ? j’eu le courage de demander.
À ma question, il me jeta un rapide coup d'œil avant de simplement me balancer :
— Tu dois te préparer.
J'ouvris la bouche pour dire quelque chose, mais la refermai, ne trouvant pas mes mots.
— Tu devrais le dire à Morozov. finit-il par dire après quelques secondes de silence.
Morozov ?
— Q-qui est-il ? Et… que devrais-je lui dire ? demandé-je, ne comprenant pas de quoi il me parlait.
— L’homme que tu as vu tout à l’heure et qui t’a acheté. Mieux vaut que tu lui dises qui tu es maintenant avant qu'il ne le découvre. Et crois-moi, il le découvrira. il dit et me tira à travers ce qui me semblait être une porte de garage avant que nous ne nous retrouvions à l’intérieur d'une grande demeure.
La maison, ou plutôt devrais-je dire la villa était massif et sombre. Plusieurs couloirs et des portes étaient visible. Les murs étaient presque tous recouverts de tableaux les unes plus incompréhensible que les autres. Je n’eus le temps d’en observer un seul que Fiodor me tira rapidement à travers une porte en métal qui menait à un escalier confiné.
— C-comment pourrais-je lui dire ? Pourquoi est-ce que je ferais ? fini-je par lui répondre.
— …Putain, c'est ton problème ! il me siffla.
Cet homme était vraiment incompréhensible bordel !
Nous commençâmes à monter les escalier mais Fiodor était beaucoup trop rapide, me faisant rater plusieurs marches alors que j’essayai de suivre son rythme.
— R-ralenti ! gémis-je en essayant de tirer sur son bras.
Il grogna avant de brutalement se retourner vers moi, de se baisser et de m’attraper par mes cuisses nu avant de me balancer violemment sur son épaule et se mettre à monter les escaliers deux à deux. Je lâchai un cri de peur et attrapai précipitamment sa chemise alors que je fermai les yeux.
Quand nous arrivâmes en haut des escaliers, Fiodor me fit brutalement descendre de son épaule et ne me laissa pas le temps de reprendre mes esprits qu’il m’attrapa de nouveau par le bras et me traîna dans un couloir recouvert de moquette.
— Tu devrais lui dire car si tu ne le fais pas, suka, il te tuera. Je m'en fou si tu meurs, mais je me soucie de l'argents que Morozov à dépensé. Il dit avant de sortir une carte de sa poche et la glissa sur la porte qui s'ouvrit, il ne perdit pas de temps et me poussa à l'intérieur, propulsant de nouveau mon corps sur le sol.
— Change-toi et ferme bien ta gueule sur ce qui s’était passé. il dit avant de claquer la porte, m’enferment à l’intérieur de ces quatre murs.
Je sentis les larmes me monter aux yeux, mais je savais que c'était maintenant mon destin.
Mieux valais faire de la vie de ce Morozov… un enfer.
Je restai quelques secondes comme ceci, dans le silence, seule, à me morfondre sur mon pitoyable sort ou devrais-je dire : mon pitoyable destin ? Je savais que ce jour viendrais au fond de moi. En mourant, mes parents n’avaient pas fini de payer la totalité de leurs dettes.
Pff, foutu parents !
Tout en tremblotent, je me levai et essayai de refouler les larmes brûlantes qui menaçaient de couler de mes yeux et contemplai la pièce.
La chambre était assez petite, elle comptait un lit à une place, un minuscule placard en vieux bois et une minuscule pièce ou se trouvait une douche et une toilette. Je m’approchai du lit et remarquai qu'un sac y avait été déposé. Je m’approchai doucement de celui-ci et le saisis prudemment avant de doucement l’ouvrir.
Une courte jupe noire et un petit haut dos nu noir se trouvaient à l'intérieur. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Oh ouais... Ils pensent que j’étais une prostituée.
N'ayant pas vraiment le choix et craignant qu’une personne n’ouvre la porte et ne me voit nu, je me précipitai et enlevai la robe que la femme m’avait filé avant de glisser la jupe et le petit haut noir sur mon corps. Ces morceaux de tissus s'accrochaient à mon corps, exposant ma taille lors que la jupe ne cessait de remonter sur mes jambes.
Quand j’eus fini, je me dirigeai vers la salle de bain et entrai dans celle-ci avant de lâcher un gémis de peur en voyant mon propre reflet à travers le miroir.
J'avais vraiment l'air d'une prostituée. Le mascara que la femme m’avait appliqué avait littéralement coulé sous mes yeux que j’avais frotté une énième de fois alors que le rouge à lèvre sang qu’elle m’avait appliqué s’était éparpillés autour de mon visage. Mes cheveux étaient en pagaille, les boucles n’étant plus visible. J'avais l'air fatigué, des cernes pouvaient être vu sous mes yeux et mes pommettes hautes semblaient plus fines. Mon corps étaient maintenant également fin, affichant les muscles de mes clavicules encore plus fortement. Je tournai ma tête dans la petite pièce et repérai une brosse bon marché, je en perdis pas de temps et l’attrapai, me mettant à brosser mes cheveux comme je le pouvais. Quand ils eurent au moins bonne forme, je passai de l’eau sous mes yeux, essayant d’enlever le mascara qui accentuait encore plus mes cernes. J’ouvris le tiroir qui se trouvait en dessous du miroir et trouvai une vielle brosse à dents pas encore déballé et un petit dentifrice, je l'utilisai rapidement et frottais tellement fort que le goût du sang métallique s’en fit sentir.
J'étais juste tellement foutu en ce moment !
Je rinçai ma bouche et aspirai une grande bouffée d'air.
Un éclat dans le coin de ma vision attira mon attention. Je jetai un coup d'œil au pommeau de douche qui avait l'air de faire mal et pas très bien attaché. Je m’approchai de celui-ci jusqu'à l’intérieur de la douche et remerciai Dieu de porter des talons pour pouvoir l’atteindre. Je l’attrapai et me mis à tirer sur celui-ci mais il ne voulait pas céder.
Je devais m’échapper de cet endroit, je devais m’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Je devais m’enfuir et j’allais le faire !
Voyant que le pommeau de douche ne voulait bouger, je le lâchai et enlevai une paire de mes talons avant de le rattraper et de me mettre à donner des coups sur le métal.
— Mais tombe bordel ! dis-je rageusement.
C’était plus dur que je ne le pensais….
Après plusieurs coups, le pommeau de douche se décida enfin à laver, laissant mes bras meurtriers retomber le long de mon corps.
J'avais maintenant une arme, je pouvais à mon tour leurs faire du mal. Je n’avais plus rien à perdre comme eux n’avaient plus rien à gagner de moi. Après tout, ils m’avaient prit toute ma dignité…
Je retournai dans la chambre en serrant le pommeau de douche comme si ma vie en dépendait quand soudain la porte s'ouvrit sur le corps de Fiodor. Celui-ci me regarda fixement de son expression habituelle alors qu'il me reluquait de vas en haut.
— Qu'est-ce que tu fous, suka ?
Je fis rapidement passer le métal derrière mon dos alors que je perdais toute once de bravoure face a cet homme, me jambes se mettant à trembler sous son regard insistant.
— J-je… reste où tu es ! répondis-je maladroitement, trébuchant sur mes mots.
Fiodor resta immobile et le fixa pendant quelques secondes avant de machinalement s'avancer vers moi, fessant augmenter mon stresse.
— Arrête ce que tu veux faire… me dit-il doucement en continuant d’avancer vers moi. Tu penses que c'est une sorte de blague, suka ? Tu penses que tu peux t'en sortir ? continua-t-il en affichant un rictus sur son visage.
— V-va te faire ! lui criai-je violemment, plaçant le pommeau de douche devant mon fin corps.
Je sentis la panique monter dans ma gorge alors que Fiodor se rapprochait rapidement de moi. Celui-ci ramena sa main à sa poche de jean et mes yeux suivirent son geste avant de se mettre à briller à la lueur de la silhouette d’une arme suspendu à son pantalon.
Et en une fraction de seconde, ses mains m'arrachèrent le métal et sa main se posa meurtrièrement sur mon poignet, ses ongles s’enfoncent dans ma chair.
Il me tira rapidement prêt de lui avant de me chuchoter au coin de l’oreille :
— Sois prudente, petite ange tes plumes se sont égarées dans un monde de diables.
