Chapitre 6
Nolan
Je rentre à l'appartement un peu après onze heures du matin. Les gars sont déjà debout et seule Scarlett manque à l'appel. Je ne lui ai pas reparlé de la soirée d'hier, comme si elle avait fait en sorte de ne jamais se retrouver en ma présence.
Je l'ai vue plusieurs fois parler avec un type, que son frère a d'ailleurs tenté d'intimider en vain. Ça faisait clairement chier Edgar de voir qu'un mec lui tenait tête aussi ouvertement et séduisait sa sœur sous son nez. Dans son appart. Techniquement, la règle numéro un n'avait pas été enfreinte. Scarlett n'avait pas fait venir ce gars, c'était la soirée que nous faisions qui l'avait attiré. Léo a tenté de calmer Ed, parce qu'il commençait à monter dans les tours et que botter le cul de ce morveux juste parce qu'il parlait avec Scarlett n'était pas la meilleure technique.
Moi, je me marrais. Si j'avais été dans mon état normal, j'aurais fait une petite réflexion à Scar et quelques regards meurtriers au type pour qu'il lâche l'affaire. Juste histoire de voir s'il tenait le coup et s'il la méritait. Je l'ai fait, mais pas autant que j'aurais dû. Après ma petite mésaventure de chambre, j'ai surtout fait profil bas.
Putain.
J'étais à deux doigts de baiser ma meuf dans le pieu de Scarlett. Je n'étais pas bourré au point de ne pas savoir marcher, jaurais dû me douter que j'avais ouvert la mauvaise porte. Ça m'est déjà arrivé lorsque Milo habitait ici, il ne s'en est jamais plaint. Quand je suis dans le feu de l'action, je ne fais gaffe à rien. Sauf que cette année, ce n'est plus Milo qui est dans cette chambre, mais Scarlett Martin. Petite sœur de substitution qui ne devrait même pas savoir à quoi ressemble ma bite. Ni celle de personne d'autre d'ailleurs. C'est encore une gamine qui écoute du Justin Bieber.
Et porte des sous-vêtements en dentelle rouge beaucoup trop moulants, sur un corps beaucoup trop formé
Je grimace malgré moi et chasse cette dernière pensée.
Et voilà que moi je me suis mis à tripoter Harriet dans ses draps. Je savais quand je suis entré que quelque chose clochait : la disposition du lit, l'odeur bizarre dans la pièce. Mais j'étais trop concentré sur ce qu'était en train de faire Harriet avec ses doigts pour percuter que, non, le parfum que ie sentais n'était pas le nouveau de ma petite copine.
- Bien dormi, Jones ?
Edgar me file un mug de café au moment où j'arrive dans la cuisine dans laquelle il est avec Léo. Je les salue tous les deux rapidement et attrape la tasse que me tend mon pote. Je bois une gorgée rapide.
- Pas beaucoup.
La frustration du milieu de la soirée s'est déversée une bonne partie de la nuit.
- Ahouuu ! hurle Léo comme un chien en rut, en nous faisant marrer.
- Vous foutez quoi là-dedans ?
La voix légère de Scar nous fait nous retourner. Les cheveux en bataille, elle a dressé un chignon défait sur le haut de sa tête. Laissant toutes ses autres mèches tomber de manière fouillis sur le dessus de ses épaules. Elle porte un simple tee-shirt et les pointes de ses seins se devinent sous le tissu. Je détourne le regard, ne jugeant pas utile de rappeler à ma vue cette même poitrine aperçue hier soir. Je gobe un biscuit sorti sur le plan de travail.
-Ce n'est pas pour les petites filles, lâché-je la bouche pleine.
- C'est vrai ? dit-elle sur le ton du défi. Pourtant je croyais que tu voulais m'apprendre des choses hier quand tu étais allongé sur mon lit, la bite en feu !
J'avale de travers, tapant du poing contre ma poitrine pour tenter de faire passer le gateau sec.
J'évite soigneusement de regarder Edgar que j'imagine crispé au possible et ajoute rapidement :
- Je me suis trompé de chambre.
- C'est quoi cette histoire ? crache Edgar.
- La bite en feu, tiens donc ! rigole Léo.
- Ça va ! On voulait un petit coup rapide avec Harri et je suis allé dans la mauvaise piaule. Pas besoin d'en faire tout un plat !
- Putain, mais mec, t'as un problème avec les portes, toi. Ce n'est pas la première fois que tu fais ca en plus !
- Je sais, grogné-je.
Je fusille du regard Scarlett, qui glousse. Elle est fière d'elle, consciente que si je n'avais pas donné d'explications rapides et plausibles, Edgar me serait tombé dessus. C'était sa petite vengeance et j'avoue qu'elle est de bonne guerre.
- Si la prochaine fois tu pouvais t'assurer que ma sœur ne tombe pas sur ton cul, ça serait top.
- Oh, elle aurait surtout vu celui d'Harriet si tu veux mon avis, s'esclaffe Léo.
- Merci, marmonne Scarlett en nous contournant.
Elle attrape une tasse dans un placard, se dressant sur la pointe des pieds. Je ne retiens pas mon regard fugace qui bloque une seconde de trop sur le short qu'elle porte. Je ne sais pas pourquoi je la reluque autant ce matin, mais ça excite un truc dans mon bide que je relègue volontairement dans la case « besoin de baiser avec ma copine ». Je fixe le fond de ma tasse avec attention.
- Bon, puisque vous êtes tous réveillés, reprend Edgar, j'ai pensé que nous pourrions passer l'après-midi à Revere Beach ! Il fait super beau.
- Carrément ! s'exclame Scar. Je vais aller enfiler un maillot !
- C'est moi qui pilote, propose Léo en sortant de la cuisine.
Edgar le suit en rigolant et je retiens de justesse Scarlett, enroulant ma main autour de son poignet. Elle se retourne, les sourcils froncés et le regard confus. Elle baisse les yeux vers mes doigts puis plonge de nouveau ses iris dans les miens. Un sourire taquin se dessine sur mes lèvres et je garde mon emprise sur elle. Ses joues se colorent et, pour la faire rougir davantage, je la tire un peu plus de sorte que son corps se rapprocne au mien. ve la sens se crisper landls que ma bouche se colle à son oreille. S'il ne s'agissait pas de Scarlett, on pourrait croire que je suis en train de flirter. Mais c'est Scar et j'aime simplement la taquiner. Rien à voir avec ce malaise que j'ai l'impression de ressentir entre nous ces derniers jours. Une odeur de jasmin, la même que j'ai sentie hier dans sa chambre, titille mes sens. J'ignore l'agréable sensation de familiarité que ça provoque dans ma poitrine et chuchote d'une voix lente et mesurée :
- Crois-moi, Scar, si j'avais eu envie de t'apprendre des choses, je m'y serais pris bien différemment.
Je me recule, lui faisant un clin d'œil équivoque. Je jurerais qu'elle cesse de respirer, mais ne m'attarde pas sur son silence et me rue dans ma chambre pour me changer.
Nolan 1 - Scarlett 0.
Elle devrait se douter qu'à ce petit jeu, je suis bien meilleur qu'elle. Je suis né pour la faire chier, elle le sait depuis le temps !
Je sors de l'eau, les cheveux trempés, et marche d'un pas rapide sur le sable brûlant. Je m'allonge à plat ventre sur ma serviette installée à quelques mètres de celle de Scarlett qui n'a pas bougé depuis que nous sommes arrivés. Les gouttes d'eau salée glissent sur mon visage et je passe un coup de lanque sur mes levres
- Tu sais que si tu restes là, tu vas finir rouge comme une écrevisse, Scar ?
- Ta gueule, Nolan. Si je t'avais demandé ton avis, tu l'aurais su !
J'explose de rire au moment où les gars nous rejoignent. Edgar s'essuie rapidement avant de s'asseoir sur la place libre entre sa sœur et moi.
T'es pas obligée d'être désagréable, Scarlett. Et puis lâche ce fichu téléphone, profite du soleil !
Elle soupire, l'air boudeur, et range son portable dans le sac derrière elle.
- Laisse-la, Ed, elle essaye de récupérer le mec qu'elle a fait fuir hier soir en ouvrant la bouche
J'évite de justesse le short en jean qu'elle m'envoie, et suis secoué par mon rire que j'étouffe sur ma serviette. Avec ses grosses lunettes de soleil qui lui mangent la moitié du visage, impossible de voir ses sourcils, mais je suis persuadé qu'ils sont froncés au possible.
Tellement facile de l'énerver.
- Qu'elle est susceptible, cette enfant !
- J'avais oublié à quel point vous étiez usants tous les deux, souffle Edgar. Des fois je me demande qui est le plus immature des deux !
- Pas besoin de te poser la question, se rebiffe Scarlett. Il porte un short de bain jaune et il a la pire tête à claques de la terre!
Je lui envoie un baiser imaginaire et elle me fait un doigt d'honneur. Je rigole comme un gosse
Edgar a raison sur ce coup, des fois je me demande si je ne suis pas encore plus puéril qu'elle. Elle fait ressortir ça chez moi et ne pas l'avoir vue durant presque un an me donne envie de rattraper le temps perdu. Même si la Scarlett qui a pris l'avion ce jour-là n'est pas celle qui est allongée sur cette plage Le corps est le même, bien que je ne l'aie jamais réellement regarde en détail. Je fixe son ventre en vitesse puis remonte sur sa poitrine, habillée d'un maillot de bain bleu marine en forme de brassière Malgré moi, je tente de deviner ses seins compressés sous le tissu et une chaleur incontrôlable se propage dans le bas de mon ventre. Je remonte illico mon regard sur ses cheveux coupés dans un carré négligé dont quelques mèches se sont éclaircies avec le soleil. Je finis par baisser la tête, collant mon front sur ma serviette pour m'éviter de la reluquer plus longtemps.
- Tu parles vraiment avec le mec d'hier soir ? reprend Edgar d'une voix calme.
Sujet glissant, surtout quand on sait que la veille, ça le mettait plutôt hors de lui.
- Pourquoi, je n'ai pas le droit ?
-Je ne sais pas. Je ne le connais pas.
- Parce que tu vas me faire croire que tu n'as pas demandé à toutes les personnes présentes à la soirée des infos sur lui, peut-être ?
Je me marre en jetant un coup d'œil railleur vers Léo.
- Touché, lâche-t-il en rigolant à son tour.
- Je ne veux juste pas que ce soit un deuxième Evan Teryl.
- Tu es encore bloqué sur lui ? s'agace Scarlett. Sérieux, ça fait plus d'un an ! Passe à autre chose
- Ce mec était un bouffon, le défend Léo.
- Il ne te méritait pas.
- Ce n'est pas à toi de décider ça pour moi. Si j'ai envie de sortir avec Corey, je fais ce que je veUx.
Je me redresse sur mes coudes, regardant le frère et la sœur se lancer dans une joute verbale, puis me mets sur le dos. Là-dessus, je ne peux que soutenir mon pote. Scarlett a la fâcheuse manie de se dégotter des connards, et Evan Teryl était en haut de la liste. Ce n'est pas faute d'avoir toujours garde un cil sur ses fréquentations.
- Laisse tomber, Ed, fais-je avec désinvolture. Ce mec n'est ni basketteur, ni footballeur, ni rien qui se rapproche de près ou de loin à Teryl.
Ca, l'en suis certain.
- Tu t'es renseigné ? s'énerve Scarlett.
Je la fixe une seconde, un sourire amusé sur les lèvres.
- Bien sûr que je me suis renseigné, ma petite, et plutôt deux fois qu'une.
Entre ma tentative ratée de me faire Harriet dans un lit qui n'était pas le mien et la fin de la soirée. Ce n'est pas parce que je suis en retrait et que je me marre de voir Edgar s'exciter tout seul, que je ne fais pas attention. Quand Scar avait le dos tourné, j'ai tenté deux ou trois coups d'œil réprobateurs vers ce Corey Burton, sans qu'il ne se sente menacé. Alors plutôt que d'aller le confronter, j'ai fait jouer mes connaissances. Là où Edgar pense avec ses émotions, je pense avec ma tête. Scarlett veut sortir avec un type, rien à foutre. Par contre, le mec a intérêt à être clean. Et je m'en suis assure, point final.
- Vous faites vraiment chier!
Elle balance ses lunettes de soleil sur sa serviette et marche d'un pas rapide vers la mer. Les coudes posés sur le sol, je la fixe jusqu'à ce qu'elle entre dans l'eau. Sa peau a légèrement bruni au soleil, mais c'est le déhanchement de ses fesses qui attire toute mon attention. Je me replace sur le ventre, m'obligeant à laisser tomber mon analyse un peu trop appuyée de la Scarlett-retour-de-France pour me focaliser sur la voix d'Edgar.
- Tu ne m'avais pas dit que tu avais cherché à savoir qui était ce mec.
-Je comptais t'en parler aujourd'hui, avoué-je.
- Il a l'air bien, alors ?
- Sciences po, famille de riches, un palmarès tout à fait acceptable et une bande de potes soft. Il peut lui convenir.
Edgar soupire et se lève à son tour.
- Alors j'imagine que je vais devoir fermer ma gueule.
- Tu vas surtout arrêter de te prendre la tête pour des conneries et profiter du soleil ! ajoute Léo.
- Faut surtout qu'il baise, vanné-je en me redressant. Parce que franchement, Ed, c'est d'une tristesse mortelle de penser à ce que ta sœur fait de son cul plutôt que de t'intéresser à ceux que tu pourrais te faire !
J'explose de rire quand il me pourchasse jusqu'à la mer et plonge la tête la première.
Un Martin par excellence : si facile à faire sortir de ses gonds !