Chapitre 7
Scarlett
Quand je sors de mon dernier cours de la journée, il est cinq heures passées. Je regarde rapidement mon téléphone, écoutant d'une oreille ce que les filles racontent. Je suis lessivée malgré un week-end plutôt tranquille et calme. J'ai bien dormi samedi soir, par contre hier était une autre affaire. Je suis allée me caler sur le canapé vers deux heures du matin et j'ai zappé plus d'une heure et demie avant de finalement m'endormir. Réveil brutal au lever du soleil et impossible de finir ma nuit après ca.
- Oh, oh ! chantonne Paige. Je crois qu'il y a quelqu'un pour toi, Scarlett !
Je releve les yeux au moment ou une silhouette se materialise devant notre groupe. Le visage toujours aussi souriant, la démarche toujours aussi assurée, Corey se plante devant nous.
- Salut. dit-il.
II lance un coup d'œil vers mes copines, les saluant avec gentillesse avant de plonger son regard dans le mien
- Je passais te prendre pour aller boire un café tous les deux, ça te dit ?
Les traits de son visage s'illuminent à la mention d'un moment en tête à tête en ma compagnie et je me mords l'intérieur de la joue, gênée. Depuis qu'on s'est rencontrés à la soirée de vendredi soir, on n'a pas arrêté de discuter par messages tout le week-end. C'était facile, sans prise de tête, mais maintenant qu'il est bien visible devant moi, je ne sais plus quoi faire. Je ne suis pas une experte en relations et encore moins lorsque la personne avec qui je parle est ouvertement intéressée par moi. Il me l'a dit vendredi soir, et hier, alors qu'on discutait des événements qui nous avaient amenés à nous rencontrer.
Je lui plais.
Lors de la soirée à l'appartement, c'était simple : j'avais bu, j'étais énervée contre Nolan et Harriet pour avoir failli souiller mon lit et Corey était là. Drôle, taquin, intéressant. Une brusque bouffée de chaleur se répand dans ma poitrine au souvenir de ces derniers jours en sa compagnie et je lui souris en ajoutant avec franchise
- Avec plaisir !
Je me tourne vers mes copines, pleine d'assurance alors qu'au fond de moi je panique en sachant que je vais être seule avec un mec. Sobre. Ce ne sera pas la première fois, mais les choses depuis Evan Teryl ont changé. J'ai changé. Je me pose toujours autant de questions, mais j'ai surtout encore plus de mal à faire entrer les hommes dans ma vie. C'est un blocage. Il était déjà là avant mon départ en France, il était toujours là quand j'étais à Paris, mais il est encore plus oppressant depuis que le suis rentree.
Et ce blocage porte un nom qui me donne toujours autant de frissons malgré toutes mes tentatives pour le sortir de mon esprit.
Mais Corey est cool et je serais idiote de ne pas lui donner une chance. En tout cas, c'est ce que les filles n'ont pas arrêté de me dire tout le week-end, après avoir passé une partie de la soirée de vendredi avec lui et moi. Elles l'ont trouvé charmant et m'en ont fait que des éloges : « Il est parfait ! »
Elles n'ont pas eu besoin de préciser, leur déduction était claire comme de l'eau de roche. Il était parfait parce qu'il n'etait pas Nolan et c'est le mieux que je puisse demander à l'heure actuelle.
Et je sais qu'au fond, elles ont raison.
- On se voit demain ? lâché-je.
Elles ont déjà commencé à se diriger vers la sortie et me font des signes rapides, le regard un peu lourd et le sourire aux levres.
-Amusez-vous bien ! Ravie de t'avoir croisé, Corey.
Ce dernier leur rend la politesse et nous nous retrouvons finalement seuls au milieu du couloir de la fac
-Je pensais qu'on pourrait prendre un café à emporter et se poser au parc, ça te va ?
- Très bonne idée.
Il m'invite à le suivre jusqu'au parking et je monte à l'avant de sa Volvo. L'odeur du cuir me pique légèrement le nez mais la fraîcheur intérieure me fait soupirer d'aise. Il fait énormément chaud en ce moment à Boston et après avoir passé la journée enfermée dans des amphithéâtres bondés, j'aurais bien envie d'une douche froide.
- Tu as prévu quelque chose ce week-end ? m'interroge-t-il, le regard rivé sur la route.
- Nous sortons de week-end, gloussé-je.
Je fixe son profil une seconde, le regardant sourire tout en restant concentré sur sa conduite. Je me sens étrangement mieux que tout à l'heure, comme si j'étais là où je devais être, avec lui. Il me lance un coup d'œil furtif et esquisse une moue espiègle.
- Tu me mates ?
-Je vérifie que tu sais conduire.
- Un peu tard après être montée dans la voiture d'un inconnu, mademoiselle Martin !
Je rigole et il me fait un clin d'œil. Nous nous taisons sur environ un kilomètre puis lorsque Corey sengage en ville, il reprend :
- Je pensais te voir ce week-end, à moins que tu aies autre chose de prévu et que tu en aies marre de ma compagnie ?
Il rigole, l'air détaché et toujours aussi sûr de lui.
Il est bien le seul.
- Je rentre chez mes parents.
- Dommage.
Il passe une main rapide dans ses cheveux et je souris, tentant de me détendre un peu.
- Ce n'est que partie remise !
Il se tourne vers moi, le regard pétillant, et mon cœur se serre. Il est vraiment beau garçon et je serais stupide de ne pas lui laisser une chance. On descend de sa voiture et on se dirige vers le premier café
Il est presque huit heures du soir quand Corey me dépose devant mon immeuble. Il a laissé sa voiture un peu plus loin et nous marchons jusqu'à l'entrée en silence. On vient de passer plus de deux heures l'un avec l'autre et le temps a filé à une vitesse folle. J'appréhendais, j'avais peur et au final ça a été l'un des moments les plus sympas depuis que je suis rentrée. C'était tellement spontané, naturel et je regrette presque de devoir le quitter tout de suite.
- Je suis vraiment content d'avoir passe du temps avec toi, confie-t-il en se tournant vers moi.
Nous nous arrêtons devant la grande bâtisse où se trouve mon appartement. Il m'observe, se rapprochant doucement tandis que je ne bouge pas d'un centimètre.
- J'ai adore aussi, admets-je.
-J'imagine que monter avec toi jusqu'à ta porte serait contraire aux règles ?
Je grimace, il ricane.
Les règles.
Celles qui m'nterdisent entre autres de ramener un garçon à l'appartement ou de sortir avec l'un des potes de mon frère. Comme s'il s'agissait même d'une éventualité plausible.
Seconde option parlant, puisque la première aurait grandement besoin d'être supprimée, rayée, abolie ! Elle n'a aucune chance d'arriver. Jamais.
- Je suis désolée.
Je baisse le regard vers mes chaussures, ne sachant pas si je suis censée le planter ici, l'embrasser sur la joue, le prendre dans mes bras ou... Ses doigts se posent sur mon menton et Corey redresse mon visage pour ancrer ses yeux dans les miens. II me sonde une minute, attendant certainement un rejet de ma part, quelque chose. Je ne dis rien, ne bouge pas, obnubilée par la sensation de chaleur qui se propage dans mon ventre à l'idée qu'il m'embrasse. J'en ai envie.
Pourquoi ? Je n'en sais rien, avec Core c'est différent, il est différent.
Ses lèvres se posent sur les miennes avec une douceur inédite. Mon estomac se serre.
J'agrippe son tee-shirt, voulant le sentir plus proche de moi encore. Sa bouche reste en surface, se fait légère, délicate, sans brusquerie. Puis sa main glisse le long de ma gorge, de mes hanches, avant de venir se poser sur mes reins. II me ramène vers lui, collant mon corps contre son torse. Je m'échauffe, me sentant émoustillée par la sensibilité de ses gestes. J'enfonce ma langue dans sa bouche, exigeante de prendre plus. Désireuse de recevoir plus. De ressentir plus. Sa seconde main se presse à son tour au-dessus de mes fesses avant de descendre un peu plus bas. Ses doigts me caressent avec une certaine pudeur, comme s'il ne voulait pas gâcher le moment en étant trop entreprenant, en se hâtant. Pourtant, j'ai vraiment envie qu'il prenne ce qu'il veut, qu'il m'embrasse comme si j'étais une chose exceptionnelle, comme s'il ne voulait même pas reprendre son souffle. J'ai besoin qu'il me fasse ressentir des trucs, qu'il retourne mon estomac, qu'il fasse déferler des papillons, qu'il me fasse vibrer.
Je passe mes mains sur sa nuque, prête à intensifier notre baiser, mais des pas dans notre dos me déconcentrent et une voix s'élève. Elle est rauque, agacée... Et vient tout foutre en l'air.
- Bas les pattes !
Putain.