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Te protéger

Nous voilà, tous les trois sortons du magasin et nous nous dirigeons directement vers le club qui se situe à environ trente minutes de là. Salim conduit son splendide SUV Mercedes tandis que Medhi nous suit de près sur sa moto.

Je suis assise aux côtés de Salim, le trajet se fait dans le calme. Il est concentré sur la route, cependant je sens bien qu'il a quelque chose à me dire. Je décide alors de rompre le silence.

Moi : " Bon crache le morceau. " lui dis-je tout en gardant mon regard fixé sur le paysage qui défile à toute vitesse.

Je l'entends soupirer fortement, soudain il se gare à l'arrache sur le bord de la route, ce qui me surprend légèrement. Je suis habituée aux comportements anormaux de cet être hors du commun mais bon quand même !

Medhi s'arrête à notre hauteur mais Salim lui fait signe de continuer son chemin. Je sens bien qu'il est énervé, mais je ne comprends pas pourquoi. Je n'ai rien fait qui pourrait susciter sa colère.

Il reste silencieux un moment, il éteint le moteur de la voiture et je le regarde attentivement. Dieu que cet homme est beau. Il a des traits fins, comme sculptés. Un nez droit parfait. Son profil est tout à fait hypnotisant. Sa mâchoire est serrée, ses sourcils froncés. J'aime le voir ainsi, il dégage une aura menaçante et ça me rend dingue.

Il se tourne vers moi après quelques minutes de silence, il plonge son regard dans le mien comme s'il tentait de me sonder. Mais je suis comme les voies du Seigneur, impénétrable.

Salim : " Pourquoi ? Pourquoi tu fais toujours comme si tout était normal devant les autres ? " me dit-il agacé.

Il me fixe attentivement, attendant une réaction de ma part. Sa question me donne la nausée. Pourquoi ne devrais-je pas me comporter normalement ? Je déteste les gens qui me prennent en pitié. Tout le monde sait ce que je subis au quotidien mais je ne laisse personne me questionner là-dessus. Je hais les questions stupides du genre " Ça va, tu tiens le coup ? " Ba non, connard rien ne va, mon père me bat tous les soirs mais ça va, je kiff. Pffff.

Moi : " C'est quoi, cette question à la con ? Comment suis-je censée me comporter Salim ? Dis-moi. " Je lui demande sur un ton neutre, sans expression particulière et ça le rend fou.

Salim : " Mais putain Ana ! Pleure, plains-toi, je sais pas moi !!! T'es toujours là, comme si ta vie était tranquille. Tu gardes toujours cette face de poker, on ne sait jamais ce qui se passe dans ta tête ! "

Il tape le volant avec sa main droite, il est visiblement très énervé.

Je soupire lourdement pour faire descendre la pression, ma jambe commence à trembler toute seule. Je dois me calmer, il faut que je me calme. Pleurer ? Moi ? Jamais ! Ça ne me ressemble pas. Même sous les coups de mon père, je n'ai jamais versé une larme et je ne vais certainement pas lui faire plaisir.

Salim voit bien que j'essaie de garder le contrôle. Il me regarde furtivement, démarre la voiture et repart à vive allure. Il sait très bien que rien de bon ne ressortira de cette conversation. Dernièrement on se dispute souvent à cause de ça et franchement ça me gave. J'ai l'impression que notre amitié est sur la sellette et il est hors de question que je le perde à cause de ça. Je ne veux tout simplement pas qu'il s'implique trop. Il en fait déjà assez, ainsi que sa famille et je ne veux pas trop en demander. S'il pouvait me prendre en charge à 100% il en serait très heureux. Hassan me dit souvent que Salim me considère plus que comme une simple amie mais je ne veux pas y croire. Il n'y a jamais eu de ça entre nous.

Nous arrivons au club à vive allure, à peine arrêté que Salim descend en trombe et claque la portière violemment. Je descends et le regarde partir. Cet homme !

Je secoue la tête et me dirige vers l'entrée du club. À peine ai-je franchi le seuil de la porte que des petits monstres me sautent dessus. Les gamins du quartier nous adorent et je les adore tout autant. Ils m'épuisent mais sans eux le club serait bien triste et trop calme !

Je les embrasse tendrement chacun leur tour puis je tape dans mes mains.

Moi : " Hop hop hop, les monstres ! C'est le bazarre là-dedans ! Rangez-moi tout ça et vous aurez le droit de vous battre avec Toto. "

Eux : " Ouaiiiis !!!! C'est parti, les gars !! " Ils sont visiblement contents de pouvoir se battre avec Anthony. Ahahah il va me détester ! Qu'est-ce que je ferai pas pour ces gosses...

En parlant du loup... Anthony s'approche de moi. Il vient de terminer son cours de Krav-Maga. Il porte un simple jogging noir de marque célèbre, il est torse nu au plus grand plaisir de mes yeux. Quelques gouttes de sueur déferlent sur son front et viennent s'écraser sur son torse. Je suis en extase. Limite je bave devant son corps d'athlète. Je m'égare, je m'égare ! Je secoue la tête pour chasser cette tentation démoniaque qui s'approche de mon âme pure. Je lui lance une serviette qu'il prend en pleine face. Il me regarde, surpris par ce geste et arbore un sourire exquis. Il s'essuie grossièrement le visage, il tend sa main droite vers moi, la place sur ma nuque et dépose un léger baiser sur mon front. C'est sa façon de me dire bonjour depuis qu'on se connaît et je dois dire que c'est très agréable.

Anthony : " Comment va ma princesse ? " me demande-t-il en me caressant la joue. Il me regarde et frotte le coin de sa bouche en me disant : " Il te reste encore un peu de bave là. "

Je le frappe sur le torse. Mais quel goujat !

Moi : " Mais ta gueule, toi ! " Aaah il m'a grillée en train de le mater ! Ça m'apprendra ! En même temps, je suis entouré de corps sublime à longueur de temps, comment voulez-vous que je reste concentré ? Impossible !

Il rit joyeusement et me frotte la tête comme à son habitude. Je dois ressembler à un chiot ou un truc du genre.

Moi : " Les petits t'attendent pour te foutre une branlée. Je leur ai promis en échange de leurs services. " lui dis-je avec un sourire malicieux.

Il baisse la tête, l'air défaitiste et soupire.

Anthony : " Tu soules Anastasia, je voulais me poser un peu avec toi avant mon prochain cours... " Il me regarde l'air triste mais je n'aurai aucune pitié pour cet homme.

Moi : " Trop tard, chéri, un deal est un deal. " Il va me détester jusqu'à la fin des temps ahaha.

Anthony : ( en russe ) " Tu me le paiera Anastasia ISSAÏEVA ! " Je suis agréablement surprise. Son russe s'est beaucoup amélioré. Il m'épate de jour en jour.

Moi : ( en russe ) " Moi aussi, je t'aime " Je lui fais un clin d'œil en même temps et je le vois rougir. Visiblement il a compris ce que je lui ai dit. Il est trop mignon.

Anthony : " Au fait, il lui arrive quoi à Salim ? Il s'est enfermé dans le bureau en arrivant en mode vénère. "

Je lui tapote légèrement l'épaule et lui lance un regard désespéré.

" Si seulement je le savais. Il a encore essayé de me faire vriller en venant ici mais je n'ai pas cédé. Ça l'a probablement frustré comme d'habitude. Je vais aller le voir, ne t'inquiète pas. "

Anthony : " Quel relou lui aussi. Il est en mode ronchon en ce moment. Je te laisse gérer, je vais aller botter le cul à ces petits monstres ! " Il me pince la joue en partant et cours dans la salle d'entraînement. J'entends les cris des petits et ça me met de bonne humeur.

Me voilà devant la porte du bureau. Je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête avec cette bête féroce qui est enfermée là-dedans ! Je prends une grande inspiration et je toque à la porte ( d'habitude j'entre sans frapper mais là faisons preuve de civisme ).

" Entrez ! " crie-t-il d'une voix grave et imposante.

Merde il est vraiment en colère !

J'entre, je referme la porte derrière moi et j'attends.

Il me jette un regard noir à faire pâlir un mort, puis il se remet à lire les documents qu'il a en mains. Sauf que je le connais par cœur ce petit. Je sais qu'il n'est pas du tout intéressé par ce genre de lecture. C'est Gabriel qui se charge de ça en général. Il essaie seulement de se distraire pour ne pas gueuler sur tout ce qui bouge.

Toujours debout devant la porte, les mains derrière le dos, je le regarde. Je sais que ça le rend fou car je vois sa mâchoire se serrer et se desserrer sous l'énervement. Je souris légèrement et m'approche de lui.

Salim : " Qu'est-ce que tu veux ? " me dit-il sur un ton hostile.

Je m'appuie contre son bureau, juste à côté de lui, les bras croisés sur la poitrine.

Moi : " Ah ouais, c'est comme ça entre nous maintenant ? " lui dis-je, faisant semblant d'être vexée.

Il pose les papiers qu'il tenait, du moins il les jette sur le bureau. Il s'adosse à son fauteuil en cuir, un coude posé sur l'accoudoir, sa main effleurant ses lèvres. Ce geste me fait frissonner. Il est tellement imposant et charismatique. S'il n'était pas mon meilleur ami, mon frère de cœur, j'en ferai qu'une bouchée ( dit-elle alors qu'elle n'a jamais eu de petit copain ). Son autre main tapote lourdement le bureau. Il me regarde avec des yeux noirs comme l'ébène, j'ai comme l'impression qu'il pourrait me tuer là, tout de suite.

Salim : " Anastasia ISSAÏEVA, je te jure sur ma vie, ne me cherche pas ! "

Bon, le ton est donné, quand il prononce mon patronyme entièrement, c'est que je suis dans la merde si je continue. Mais j'aime trop le pousser à bout. Pauvre fille, je vais sûrement me faire déchiqueter par ce monstre. Peu importe, je suis une folle dans ma tête.

Moi : " Je suis là, je n'ai pas besoin de te chercher " lui dis-je, un sourire innocent sur le visage.

Il se met à rire jaune, je sais qu'il déteste ce genre d'humour à deux balles. Il frotte son visage de ses mains et se lève d'un coup me faisant sursauter. Il s'approche de moi et m'attrape le visage.

Salim : " Est-ce qu'un jour tu vas enfin te rendre compte que tout ce que tu endures, je le subis également ? Est-ce que tu vois au moins à quel point je souffre de te voir si malheureuse ? Putain, Ana, reveille-toi ! Il est temps de chasser Sven ISSAÏEVA de ta vie et de penser à ton propre bonheur ! "

Pour le coup, là, j'ai les larmes aux yeux. Le voir si soucieux à cause de mon père me rend malade. Il arrive même à atteindre mes amis.

Salim a les yeux plongés dans les miens, je tente de lire en lui, je lis toujours en lui... Je vous l'ai dit, je le connais par cœur.

Moi : " Je ne suis pas malheureuse, Salim. Je vous ai auprès de moi, j'ai le club mais surtout, je t'ai, toi " Merde, je dois avouer que ce qu'il m'a dit m'a retourné l'esprit. Il faut que ma situation cesse.

Son regard s'adoucit, il dépose un long et doux baiser sur mon front et me prend dans ses bras. J'adore quand il fait ça, je me sens invincible auprès de lui.

Salim : " Tout ce que je veux, c'est te protéger... Il en a toujours été ainsi. " me chuchote-t-il à l'oreille.

Moi : " C'est déjà ce que tu fais au quotidien, alors ne te mets pas la pression d'accord ?”

Je le serre plus fort dans mes bras, j'écoute son cœur battre la chamade. Son souffle chaud tombe sur mon cou, bizarrement il y a un sentiment étrange qui me traverse. Je ne m'attarde pas trop là-dessus et savoure son étreinte. Il me caresse les cheveux délicatement et me répond à contre cœur " D'accord ".

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