Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 6

Je n’étais pas encore arrivée à ce niveau où la folie te prend dans tous les sens ; non ! Je me devais d’encaisser et de digérer en silence la supercherie ; la seule chose que j’ai pu faire, c’est de m’ouvrir un peu à cette dame qui avait eu l’honnêteté de me dire la vérité ; elle a vite compris ce qui se passait…

-Ma fille ! Va, rentre chez toi et ne pleure pas ! Je peux imaginer ta déception !

-Je ne comprends pas ! Je suis dépassée ! Merrrde !!!

-Tu veux entrer pour t’assoir ? Le temps de te calmer un peu ! Je sais que c’est très difficile !

-Non ! Merci ça va ! Heureusement que je n’avais encore rien dit à ma famille ! J’aurai eu l’air de quoi ? Je ne comprends rien !

-Roger a toujours été comme ça ! Un petit bandit de première ! C’est mon neveu ! Reste à savoir si la fille qu’il est allé rejoindre là va le supporter ! Tu veux que je te donne mon avis ? Tu as eu de la chance ! Onong* (Je jure) ! Tu allais souffrir avec lui ! Pars seulement ! Pries ton Dieu, c’est tout ! Il va te donner un homme que tu mérites !

Ce sont ses paroles qui m’ont donné la force de pouvoir rentrer ; tout ce que j’ai fait c’est de marcher, errer, tout en réfléchissant ; je ne me suis même pas rendue compte que j’avais fait tout le chemin à pieds, d’Essos jusqu’au stationnement des cars en partance pour Soa. Par chance je n’ai pas trouvé Mireille ; mais je savais qu’à son retour elle me bassinerait avec toutes sortes de questions ; j’ai pris un bain et je me suis couchée, le corps et le cœur tous endoloris. Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, mais à mon réveil il était pratiquement 22h ; Mireille regardait la télé…

-Tu es réveillée ? Raconte !!! Comment étaient les présentations ? Demande-t-elle toute excitée.

-Yeuch !!! La vraie malchance ma sœur !!! Assieds-toi seulement bien pour que je te raconte l’une des pires humiliations de ma vie ! Je n’ai même pas la force de pleurer ! Au contraire, j’ai même envie de rire ! Je sais que je partais même où comme ça mama ?

-Roger ? Roger Talba ? Pardon raconte vite !!!

Après lui avoir tout raconté, elle s’est mise à pleurer à ma place…

-Hééé !!! Comment il a pu te faire ça ? Snif ! Comment ? Snif ! Après tout ce que tu as enduré !

-Laisse seulement ! Hum ! J’étais même pressée que quoi ? Il m’a seulement embrouillé le cerveau !

-Je vais chercher ses coordonnées sur Facebook ! Je vais l’insulter propre !!!

-Ah laisse dis-donc ! Je me suis encore trompée c’est tout ! Il n’était pas pour moi !

-J’achète le problème !!! Je ne laisse pas ! C’est quelle sorcellerie ça ? Il demande ta main et le lendemain il part épouser une autre !

-Si tu savais ce que j’ai déjà vécu avec les gars ici dehors ! Pour Roger c’est petit !

Je croyais que Mireille était juste triste et en colère pour moi ; je ne savais pas qu’elle irait jusqu’au bout de sa pensée quand un soir elle attire mon attention sur un fait…

-Gars !!! Viens voir toi-même !!! Le salaud !!! Le saligaud !!!

-C’est quoi ? Pourquoi tu cries comme ça ? C’est qui que tu insultes de la sorte ?

-Regarde toi-même ! Ton gars ! Enfin ton futur ex-mari !

-Aka ! Tsuip !!!

-Mais non ! Regarde par toi-même ! Apparemment tu n’es pas sa seule victime ! Regarde comment les filles l’insultent sur sa page !

-Massa ! Tu fais les recherches ! Tu as le temps !

-Regarde… un, deux, trois, quatre… jusqu’à dix filles ! Ça c’est à la manière d’Ulrich ! Na popo hélélé* (le vrai, l’authentique) !!!

-Vraiment ! Je ne tombe que sur ce genre de personnes ! Attends ! Je lis là qu’il y a une avec qui il s’est aussi fiancé ici au pays ! Au… au même moment que moi !

-Vous allez seulement former l’association vrai vrai !!!

-Elle s’appelle Irène ! Merde !

-Tu veux lui parler ?

-Pourquoi pas ? Après tout nous sommes les victimes d’un même larron !

Je découvrais par la suite qu’Irène et moi on se ressemblait presque en tous point, même âge, même teint ; elle était aussi étudiante comme moi ; on avait les mêmes goûts. Prise de compassion ou de solidarité pour elle, je lui ai écrit ; elle m’a tout de suite répondu…

-Oui je m’appelle bien Irène ! Je suis sortie avec Roger ! Mais je jure que je vais lui faire la sorcellerie au village !

-Moi aussi je suis sortie avec lui ! On avait même en projet de nous marier, jusqu’à ce que je découvre le pot-aux-roses !

-Nooon j’ai la rage ! J’ai trop mal !

-Pas toi ma sœur ! J’ai eu très mal, mais je me suis vite reprise ! Mais bon c’est la vie ! Laisse-le là où il est ! Il n’en vaut pas la peine ! Ça lui donne trop d’importance !

-Ok merci pour tes conseils ! Je vais essayer !

-Oui avec le temps tu vas l’oublier et passer à autre chose !

-C’est vrai ! Ça me rassure !

-C’est mieux !

-Toi tu es dans quelle ville ? Moi je suis de Douala, mais je vis maintenant à Londres en Angleterre, depuis 6 mois !

-Moi je suis à Yaoundé !

-Ok ! Ravie de faire ta connaissance ! Quand je viendrai en congé au pays on va se voir !

-Pas de problème, je suis là !

Le fait de causer avec Irène m’a apporté une sorte de bien-être et de baume au cœur ; je savais que je n’étais pas seule, et que je n’étais qu’une victime parmi tant d’autres ; avec elle nous sommes restées en contact ; on s’écrivait régulièrement ; un jour j’ai décidé de faire un tour à Douala pour effectuer quelques achats spécifiques ; en même temps cela me permettrait de changer d’air ; j’en ai profité pour informer Irène, toujours par écrit…

-Oui ! Je descends comme ça sur Douala ! On m’a dit que je pouvais trouver ce que je cherche là-bas ! Mais comme je n’ai pas où dormir, j’ai pensé que tu pouvais m’aider à trouver un endroit !

-Ah oui ? Mais je peux te mettre en contact avec mon frère qui vit là-bas ! Il s’appelle Roméo ! Il pourra t’aider et te servir de guide !

-C’est gentil de ta part ! Merci !

-Mais de rien !

Je suis donc quittée vendredi matin ; Irène semblait si enjouée à cette idée de me savoir dans la ville…

-C’est cool ! J’ai dit à Roméo ! Il est d’accord ! Il va te contacter à ton arrivée ! Me dit-elle.

-Il n’y a pas de problème ! On fait donc comme ça !

Vendredi à 10 h tapantes, j’étais déjà dans la ville de Douala ; Irène avait donné les consignes à son frère ; ça n’a donc pas été difficile pour lui de me repérer, Irène avait pris le soin de lui montrer une de mes photos…

-Bonjour Adissa ! Moi c’est Roméo, le frère d’Irène !

-Bonjour !

-Bienvenue dans la ville de Douala ! Je suis votre humble serviteur !

J’ai éclaté de rire…

-Irène m’a dit que tu serais là comme convenu !

-Oui ! Je vais vous servir de guide en attendant ! Vous connaissez la ville ?

-Non ! C’est vraiment la première fois que moi je viens ici !

-Alors vous êtes bien tombée ! Je suis la personne idéale pour vous faire découvrir toutes les merveilles de la contrée !

-Merci quand même ! Mais comme je viens d’arriver, je me sens un peu fatiguée !

-Il n’y a pas de problème ! Je vais vous accompagner chez Irène, le temps de vous reposer ! Si vous avez besoin de moi, je reste à l’écoute !

Une fois chez Irène, je lui ai envoyé un message pour lui signaler mon arrivée dans la ville…

-Allo ? C’est comment ma sœur ? Je suis bien arrivée !

-Bon arrivée !!! Moi je suis au boulot ! Je finis tout à l’heure à 15h 30 ! Amuse-toi bien !

-Ok ! Ça marche ! Roméo ton frère est venu me chercher !

-Il me l’a dit ! Il te trouve canon !!!

-Ekie !!! A peine arrivée ?

-Je sais que quoi ? Bon repose-toi bien ! Si tu veux manger il pourra t’amener quelque part !

-Pas de soucis !

Je n’ai pas eu besoin de réclamer quoi que ce soit ; Roméo se comportait comme un gentleman, et le fait que je lui plaise avait le don de m’amuser ; pour moi je ne pensais pas que je sois prête pour une quelconque aventure, je n’en savais trop rien ; il m’a invitée à sortir dans l’après-midi ; nous sommes allés à la boulangerie Saker, et nous avons commandé à manger, puis à boire ; J’ai été surprise par son calme subit et sa façon d’être posé ; ou alors j’ai mis ça sur le compte de l’intimidation ; il se contentait juste de me lancer des coups d’œil furtifs, ce que je trouvais très rigolo. Quelques instants plus tard, je reçois un message d’Irène…

-Je viens de finir au taf ! Mais si tu veux on pourra causer après !

-Ok ! Prends ton temps on se parle après !

-C’est comment avec Roméo ? Il m’écrit qu’il est dingue de toi ! Il veut sortir avec toi !

-Mince ! Il me dépasse ! Il est là en face de moi et il ne parle pas !

-Je crois qu’il est plus que troublé par ta beauté ! C’est ce qu’il vient de me dire !

-Oooko !!! Je sais que je vais faire comment alors ? Tu connais ma part de souffrance ici dehors ! Je ne sais pas ! C’est même encore trop tôt ! Je ne peux pas me prononcer !

-C’est à moi que tu dis ça ? Gérez ça là-bas tous les deux !

-Mouf !!! Tu te moques de moi hein !

-Je te dis ! A toute à l’heure ! Je viens d’arriver au supermarché !

-A toute !

Les choses sont allées vite ; si vite qu’en un mois je m’affichais déjà avec ce Roméo ; il me plaisait bien en fin de compte ; je n’ai pas trop réfléchi au fait que je voulais être ou non avec lui, vu que j’étais seule ; à la fin j’ai accepté de devenir sa copine, et voilà que ça dure depuis presque deux mois.

A la fac c’était mort, il n’y avait pas cours, j’ai donc décidé de repartir sur Douala pour un week-end et prolonger mon séjour ; ce qui m’arrangeait bien, Roméo aussi. Irène étant au courant, n’a pas cessé de me chahuter par messages, en me demandant de profiter de notre belle amourette. Ce que j’aimais chez Roméo, c’était son calme, sa discrétion et sa gentillesse ; il paraissait très amoureux, et moi aussi…

En l’espace de cette période j’apprenais à le connaître et vice-versa ; je découvrais des tas de choses incroyables avec lui ; je découvrais la vie, la détente, le bien-être et l’ambiance de Douala ; bref Roméo Ndoumbe c’était le nec plus ultra du fun et de l’amour ; il savait donner de l’amour ; il savait partager…

-Tu es incroyablement belle Adissa ! Tu crois que je suis tombé bébête le premier jour comme ça pourquoi ?

-Ah quitte là ! Vous dites toujours ça ! Après on va entendre ! J’ai déjà tout vu ici dehors !

-Et moi donc ? J’ai vécu une séparation douloureuse ! J’ai failli ne pas m’en remettre !

-C’est pareil pour moi ! Je te jure ! Trop de déceptions !

-On se ressemble alors dans ce sens !

-Si tu le dis ! J’ai quand même un peu peur !

-D’une nouvelle déception avec moi ? Et si c’est toi qui décidais de me quitter ?

-Je ne sais pas Roméo ! Mais je me sens bien avec toi !

-Moi aussi !

A 27 ans Roméo faisait quand même très mature ; très entreprenant et très réfléchis, il était le frère aîné d’Irène. Il était en stage de pré-emploi dans une entreprise de la place ; il attendait juste d’être confirmé. Pendant cette période j’ai entrepris de passer plus de temps avec lui ; la première fois où nous avons fait l’amour j’ai été toute retournée ; Roméo était le maître dans l’art. Je venais de découvrir le sexe sous une autre forme, plus intense, plus sauvage ; c’était palpitant ; alors qu’on venait de savourer notre premier coup, on a remis ça après une pause d’une heure. Je m’étais levée pour aller me servir un verre de jus à la cuisine, en tenue d’Eve ; il m’a suivie du regard…

-Ne traîne pas trop ! Me dit-il.

-J’ai compris le message ! Ai-je ironisé.

Au second round il a voulu que je prenne les devants…

-Monte sur moi ! Vas-y ! Pilonne-moi !!! Pilonne-moi !!!

-Oh mon Roméo !!! Je mouille grave !!!

C’était divinement bon, exquis et sans bavure selon moi ; repus et comblés, nous nous sommes laissés bercés tendrement au son des décibels de notre chanson préférée ; elle passait en boucle, juste pour apporter un peu plus de piment à la sauce…

-Reste ici ! Je ne veux pas que tu retournes à Yaoundé !

-Je ne peux pas ! Avec les cours à la fac ce n’est pas évident !

-Je comprends ! N’eut été mon boulot je serai venu passer du bon temps avec toi là-bas !

-Tu peux venir me voir les week-ends aussi !

-C’est ce qu’on va faire ! Je viens là-bas, ensuite toi tu viens ici, et ainsi de suite ! On va souvent alterner !

-Bonne idée !

Après mon retour sur Yaoundé, je comptais souvent les jours, et je l’attendais sur place ; on avait coutume de nous rendre à l’hôtel, c’était plus pratique et moins encombrant…

-Si tu veux je peux revenir le week-end prochain, vu que tu as les cours à gérer à la fac et tout !

-Tu es sérieux ? Tu ferais ça ?

-Que ne ferai-je pas pour toi ?

-Tu es chou quand tu veux !

Il a promis de revenir, et je n’avais que ça dans la tête, mais à cause de certains imprévus, on a remis ça à deux semaines plus tard. Les jours précédant donc son arrivée, j’ai décidé de tout planifier ; je suis allée moi-même faire la réservation à l’hôtel ; j’ai également changé de coiffure, bref je suis faite belle pour l’occasion. Nous étions déjà un jeudi lorsque j’ai reçu son coup de fil, c’était un numéro fixe ; généralement nous communiquions toujours via les réseaux sociaux, d’où mon étonnement…

-Allo ? Roméo ? Ça va ?

-Adissa ! Je ne vais pas bien je t’assure !

-Oh non !!! Qu’est-ce qui ne va pas ?

-Je suis très malade ! Depuis plusieurs jours, et ça ne fait que s’aggraver ! Je t’assure chérie ça ne va pas !

-Tu me fais peur ! De quoi souffres-tu ?

-On m’a diagnostiqué une infection pulmonaire !

-Mince ! C’est quoi ça ? Irène ne m’a pas dit !

-Non ! J’ai dit à Irène de ne rien te dire !

-Il faut te soigner !

-Oui c’est ce que je voulais te dire… je vais voyager !

-Quoi ? Pour où ?

-Je vais en Tunisie me faire soigner ! Avec la famille on a décidé ainsi !

-Je ne sais même pas quoi te dire ! Tu y vas quand ? Et pour combien de temps ?

-Je pars la semaine prochaine, j’en ai pour 3 mois, et après je rentre !

-Weee mon chéri ! Soignes-toi bien !

-Merci ma belle ! Prie pour moi stp ! J’en ai besoin !

-Je le ferai ne t’inquiète pas ! Soigne-toi bien et reviens vite !

Pendant cette rude épreuve l’inquiétude et l’anxiété se sont emparés de moi ; Irène me mettait souvent au parfum de la situation…

-Ton chéri est entre de bonnes mains ! Il est avec la mater ! Je crois que ça va bien se passer, ne t’inquiète pas !

-Ok ! Si tu me rassures aussi comme ça c’est bon !

-Ca va aller !

Je ne pouvais qu’espérer et être confiante sur l’évolution de l’état de santé de Roméo ; j’avais peur de le perdre ; je comptais les jours, et je les marquais dans mon agenda perso, même s’ils me paraissaient si longs. Et même trois mois après, je ne savais pas quand Roméo rentrerait, mais en fait j’étais juste inquiète qu’il ne me fasse le coup comme avec mes ex. Son état de santé s’étant beaucoup amélioré, je faisais des efforts en patientant tout simplement son retour.

Ce matin-là ; j’avais la flemme de me lever pour aller en cours ; le stress, la fatigue et tout ne me permettaient pas d’entamer la journée avec aplomb…

-Tu dors encore ? Il est 10h du mat ! Demande Mireille, qui elle s’en allait déjà pour les cours !

-Vas-y ! Je suis trop casss !!!

-Ok ! A plus tard !

-Prends tes clés !

-Mais tu es là non ?

-Oui ! Mais je ne suis même pas sûre de pouvoir me lever là où tu me vois là ! Donc mieux prends tes clés !

-Hum ! J’espère que ce n’est pas un petit champion qui commence à pousser dans ton ventre !

-Quitte-moi là ! Je dors !!!

30 minutes après son départ j’entends encore frapper ; je ne réagis pas ; on insiste, je finis par demander…

-Weee Mireille !!! Tu fatigues !!! N’est-ce pas tu as tes clés ?

-Ouvre ! C’est moi ! J’ai croisé Mireille en route, elle m’a confirmé que tu es là !

-Hein ? Mais c’est la voix de…

-Oui c’est moi ! Ouvre !

Je bondis du lit et je fonce vers la porte…

-Roméooooo !!! C’est toi ?

-C’est bien moi !

-Tu es arrivé quand ? Ça va mieux ? Tu as un peu fondu !

-Je vais beaucoup mieux ! Tout s’est très bien passé ! Je voulais te faire la surprise !

-Pour ça le mot surprise est trop faible ! Ooooh je suis contente !!!

J’ai tout de suite eu un regain d’énergie, comme si j’avais bu dix cannettes de Red Bull, toutes d’un trait. Nous avons donc copieusement fait l’amour, pour fêter nos retrouvailles ; j’avais pris ce risque tout en sachant que Mireille ne rentrerait pas de sitôt…

-J’espère que je te n’ai pas trop secouée ! Me dit-il.

-C’est plutôt à toi que je renvoie la question !

-Non tout va bien ! Je vais beaucoup mieux maintenant !

-C’est rassurant ! Tu repars quand sur Douala ? Si je pouvais même venir avec toi !

-Je te dis ! En fait je venais aussi te dire que j’ai trouvé un boulot ailleurs ! C’est mieux payé !

-Ah bon ? Où ça ?

-Le hic c’est que c’est hors du pays !

Je me redresse vivement…

-Seigneur pas ça !!! Non !!! J’ai déjà vécu ça ! Tu… tu pars travailler où ? Dans quel pays ?

-C’est en Côte d’Ivoire ! J’ai eu la proposition quand j’étais en Tunisie ! C’est vraiment bien payé ! Avec le temps tu pourras me rejoindre !

J’ai pleuré comme une madeleine ; retour à la triste réalité ; Roméo devait lui aussi s’en aller ; découragée et abattue, je n’ai même pas eu la force de l’en dissuader, car il s’agissait de sa vie à lui, c’était pour son bien et je sentais qu’il voulait vraiment y aller…

-Ne t’inquiète pas, on va rester en contact !

Cette phrase… comme je n’aimais pas l’entendre ! Les souvenirs avec le prêtre ont tout de suite rejailli ; pareil pour Roger ; c’est à croire que moi je leur portais chance en ce qui concernait leur avenir propre…

-Je n’aime pas entendre cette phrase !

-Non bébé ! Ecoute ! Je t’aime et je viens de te dire que j’y vais pour me faire assez d’argent, ensuite je reviens te chercher, puis on se marie !

J’ai juste hoché la tête ; que pouvais-je faire de plus ? Rien !

Un mois après le départ de Roméo, la vie réelle avait repris son cours normal ; il est bien vrai que nous étions en contact ; il n’y a pas un seul jour où on ne se parlait pas ; je tentais juste d’être optimiste et de croire en l’avenir, notre avenir, certain ou incertain. Avant de nous souhaiter bonne nuit cette nuit-là, on s’est donné rdv pour le lendemain matin…

-Je me sens très fatigué ce soir ! Je vais me coucher, mais je t’appelle demain matin pour te réveiller d’accord ?

-Assia* (Patience) ! C’est sûrement le boulot ! Repose-toi bien ! Tu passes une bonne nuit ! Je t’aime Roméo !

-Je t’aime aussi ! Fais de doux rêves !

Le lendemain matin c’est justement la sonnerie de mon téléphone qui m’a réveillée; c’était un message ; souriante et assez confiante, j’ai ouvert pour lire…

« Nous sommes désolés de vous apprendre le décès survenu cette nuit de Monsieur Roméo Ndoumbe… vous êtes le dernier numéro qu’il a appelé deux heures avant de rendre l’âme aux alentours de minuit ! Recevez nos sincères nos condoléances ! »

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.