Chapitre 2
J’avais l’esprit tout chamboulé ; Ulrich comme il s’appelle, préférait ma sœur à moi ; j’ai bien vu comment ils se sont regardés, j’ai bien vu comment il m’a snobée, de manière si délibérée. Après que ma sœur et lui se sont salués, il s’est arrêté juste derrière nous et il a immédiatement appelé Mireille…
-Mireille ? Tu as une minute stp ?
Ma sœur, comme si elle n’attendait que ça a vite faite de décaler et de le rejoindre.
-Mireille tu me retrouves à la maison ! Moi j’avance ! Ai-je lancé sur un ton agacé.
Elle a fait mine de ne pas m’entendre ; en m’éloignant d’eux, j’ai eu le réflexe de me retourner et de voir cet Ulrich sortir son téléphone portable ; bien sûr il lui demandait son numéro de téléphone…
-Quel connard ! Ai-je maugrée en silence.
Mireille m’a rejoint un peu plus tard à la maison, mais j’ai tout fait pour l’éviter, et surtout éviter le sujet ; j’avais un peu honte de me retrouver face à ce genre de situation avec ma sœur ; se pourrait-il qu’elle soit elle aussi attirée par Ulrich ? Je ne voulais en aucun cas voir surgir une sorte de rivalité entre nous, chose que je trouvais très malsain ; alors pour désamorcer, j’ai décidé d’aborder en premier le sujet en soirée. Nous partagions la même chambre et le même lit…
-Mireille ! Il faut que je te dise…
-Moi aussi j’ai à te dire…
-Bon toi commence !
-Non Adissa ! Toi commence !
-Ok ! Je ne vais pas être longue ! Tu as dû constater que je suis un peu distante depuis le matin quand nous sommes rentrées de l’Eglise !
-Oui ! Justement ! Je n’ai fait que venir vers toi pour en parler, mais tu étais un genre ! J’ai préféré attendre !
-Oui ! Tu sais que moi je ne suis pas ce genre de fille ! Je ne djoss* (discute) pas les gars ! Donc je vois bien qu’Ulrich et toi vous avez l’air de bien vous entendre ! Il te plait et toi aussi tu lui plais et…
-Ekie !
-J’ai bien vu comment vous accrochez bien ! En tout cas si vous vous entendez bien c’est le plus important !
Mireille éclate soudain de rire ; un rire qui m’irrite un tout petit peu, mais je fais mine de ne laisser rien paraître.
-Nooon !!! On sympathise juste ! Rien de plus !
-Je vois !
-Eh ! Mais… ne serais-tu pas…
-Non ! Bof ! On cause non ?
-Tu sais quoi ? Je vais lui dire qu’il n’est pas mon genre !
-Pourquoi ? Je ne comprends pas !
-Laisse seulement ! Il est trop beau gosse, et ça fait peur ! Me dit-elle.
-Et c’est ça qui te décourage ?
-Je te dis que hein ! Je ne sais même pas !
L’attitude de Mireille me paraissait assez tordue ; mais c’était ma sœur et en aucun cas je ne voulais pas me retrouver dans ce type d’embrouilles avec elle, surtout pas à cause d’un garçon. Le lendemain, j’étais pile à l’heure au boulot. J’étais plongée dans le travail ; entre la gestion des commandes et des livraisons, il fallait aussi gérer les quelques clients qui venaient et repartaient, ensuite je me replongeais corps et âme dans la paperasse, au point où je n’ai pratiquement pas entendu l’un des derniers clients entrer dans la boutique…
-Bonjour ! Excusez-moi ! Dit-il. Euh… bonjour ! Est-ce que je peux...
En levant finalement les yeux, mon cœur rate un battement ; je me ressaisis à l’immédiat ; je le reconnais tout de suite, c’est Ulrich ; il était planté là comme un piquet, les mains dans les poches, apparemment très intimidé…
-Bonsoir ! Lui ai-je répondu.
-Ah oui ! Désolé ! Nous sommes en début d’après-midi ! C’est vrai !
-Comment puis-je t’aider ?
Il esquisse un sourire ; le même que la dernière fois, le même d’il y a 3 ans quand nous étions stagiaires dans cette micro finance bidon…
-Excuse-moi de te déranger ! En fait je venais voir si vous vendez des housses pour laptop ! J’en ai besoin !
Je savais bien au fond de moi que ce n’était qu’un prétexte pour pouvoir m’aborder ; mon indifférence ne l’aidait pas ; en fait j’étais aussi intimidée que lui et je ne savais pas comment faire pour détendre l’atmosphère ; tout ce que j’ai pu faire c’est de jouer à son jeu…
-Les housses pour laptop ! Oh ! Désolée ! On a vendu la dernière pièce ce matin ! Mais nous recevrons les commandes d’ici à jeudi ! Tu pourras passer ce vendredi, il y en aura !
-Super ! Merci d’avance ! Tu passes une bonne journée !
J’ai juste secoué la tête en guise d’affirmation ; j’avais les idées qui se mélangeaient dans ma tête et aussi, tout mon corps était en ébullition ; je le confirmais, cet Ulrich me faisait un effet particulier ; je sentais aussi que c’était bien réciproque, vu la manière dont il faisait des pieds et des mains pour m’aborder. Le jeudi suivant il est revenu à la boutique, mais malheureusement la commande des housses pour laptop n’était pas encore arrivée…
-Tu vas seulement repasser la semaine prochaine ! Il y a eu du retard !
-C’est pas grave ! Je repasserai alors ! C’est peut-être mieux que je prenne ton numéro de téléphone ! Voici le mien ! Dès que la commande est là tu peux m’appeler, ou alors j’appellerai entre temps pour savoir !
-Ok ! Ça ne dérange pas ! Mais pour sûr, la commande arrive lundi prochain !
-D’accord ! A bientôt alors !
-A lundi !
J’ai préféré ne rien dire à Mireille ; je ne savais pas ce qui se tramait dans la tête d’Ulrich, ni à quel jeu il voulait jouer ; d’un autre côté j’étais persuadée que Mireille était amoureuse de lui et que ce dernier prenait un malin plaisir à vouloir se jouer de nous. Par mesure de prudence, j’ai préféré rester sur mes gardes afin d’avoir les idées claires. Bizarrement ni lui, ni moi, personne n’appelé l’autre durant tout ce temps, jusqu’à ce fameux lundi.
J’étais en train de me préparer pour aller à la boutique que Mireille a décidé de me coller au train. Mon instinct ne me trompant pas, je savais qu’Ulrich viendrait à la boutique pour la fameuse commande de housses pour laptop ; elle était enfin arrivée vendredi en fin d’après-midi.
-Je viens avec toi ! Je m’ennuie un peu ! Me dit Mireille.
-Aaaah tu vas me déranger dis donc ! Il y a trop de travail !
-T’inquiète ! Je ne vais même pas ouvrir la bouche ! Je pourrai même te donner un coup de main !
-Toi tu es là ! Tu montes tu descends ! Tu ne fais rien !
-Ce sont les vacances ! Rétorque-t-elle. Tu sais très bien que je bosse très dur à Yaoundé ! C’est qui qui va vendre avec la mater au marché les week-end ? Tu oublies même que les mercredis dès que je fini les cours je pars la rejoindre !
-Bon ça va ! Viens ! Mais tu me laisses bosser !
-Promiiiiis !!!
Je priais juste pour qu’Ulrich ne pointe pas sa tronche à la boutique, mais c’était peine perdue. A peine on a ouvert la boutique que le bon monsieur est arrivé 30 minutes juste après ; c’est à croire qu’il nous espionnait en permanence.
-Toc ! Toc ! Je peux ? Dit-il en passant sa tête à l’embrasure de la porte.
Drôle de question ! Et si je lui répondais « Non ! Tu ne peux pas entrer ! » ça aurait eu quel sens ?
-Oui entre Ulrich ! Lui dis-je. La commande est là depuis vendredi ! Tu peux…
-Ehhhh Ulrich Adzang ! Quel bon vent ! S’exclame allègrement Mireille.
Cette dernière croisait et décroisait sans cesse ses jambes tout en arborant une mine aguicheuse. Je l’ai juste lorgnée avec arrogance avant de détourner mon regard. Pendant qu’ils papotaient gaillardement, j’apprêtais la fameuse commande. Tous les deux riaient à gorge déployée, sans toutefois prêter à attention à moi ; à la fin j’ai préféré me concentrer sur mon travail et ne plus m’occuper d’eux. Si Mireille et lui s’entendaient bien, c’était tant mieux pour eux.
La semaine tirant à sa fin, on était vendredi ; j’avais hâte que la journée se termine pour enfin entamer le week-end. Ce n’était jamais de tout repos à la boutique, et pour combler le tout, Mireille qui était de passage dans le coin y a fait escale…
-Hé ! Sis ! On dit quoi ?
-Comme quoi ? Je bosse !
-Gars il fait chaud mal ! J’ai soif tu n’as pas l’eau à boire ici ?
-Voilà le frigo ! Tu ne vas pas me demander de te servir ! Hum !
-Ekie ! Calmas !!! Je vais me servir moi-même ! Je viens aussi taper quelques divers !
-On va taper les divers à la maison ! Je ne…
Nous sommes interrompues pas l’arrivée d’Ulrich…
-Encore celui-là ! Ai-je marmonné entre les dents !
-Adzang ! Tu sors d’où ? Demande Mireille.
-Je passais par-là ! Et j’ai eu envie de m’arrêter ! Bonjour Adissa ! Comment vas-tu ?
-Bien ! Ai-je répondu sèchement.
Il fait vite de détourner son regard et de continuer les sales blagues avec ma sœur ; j’étais à deux doigts de leur demander de sortir quand j’entends Ulrich s’exclamer à voix basse, mais pas trop…
-Quoi ? C’est… c’est ta grande sœur ? Miiince !!!
-Oui Adissa est ma grande sœur !
-J’ai cru que vous étiez des jumelles !
-Tu entends ça Adissa ? Ulrich pensait que nous étions jumelles !
-Très drôle ! Ai-je lancé avec désinvolture.
Complètement décontenancé, Ulrich n’a pas su cacher son trouble ; il a fini par s’excuser auprès de nous avant de s’en aller. Je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater franchement de rire, pareil pour Mireille.
Nous sommes restées ensemble à la boutique jusqu’à la sortie ; et sur le chemin du retour nous tombons encore sur Ulrich qui nous fait signe de la main ; on s’arrête…
-Il veut encore quoi ton type ? Ai-je lancé avec agacement.
-Weee !!! Laisse seulement ! Il est juste sympa !
-Tsuip !!!
-Pardon les filles ! Dit Ulrich en nous rejoignant. J’ai préféré attendre la fermeture de la boutique ! Mireille est-ce que tu peux nous laisser un moment ? J’aimerai m’entretenir avec ta sœur ?
-Hein ??? Ok ! Mais ne mettez pas trop long ! Je vous préviens ! Rétorque Mireille.
-Mais qu’est-ce que…
-Ne l’écoute pas ! M’interrompt Ulrich. Ta sœur est une vraie timbrée !!! Ahahahah !!!
-Vous jouez même à quoi ? Leur ai-je demandé. Vous n’êtes pas drôles !
-Adissa ne l’écoute pas ! Viens stp ! Il faut que je te parle ! Ajoute Ulrich en me prenant par la main.
-Hum !!! Faites gaffe ! S’exclame Mireille.
J’essayais de comprendre ; mais ni l’un ni l’autre ne m’a laissé le temps de réaliser ce qu’Ulrich voulait vraiment…
-C’est d’accord ? Me demande Ulrich.
-Hein ? Je… ok ! C’est d’accord !
Je n’ai pas vite remarqué qu’il m’avait prise discrètement par la main ; j’ai tout de suite relâché la sienne discrètement ; fallait pas confondre les choses ; et encore, je ne comprenais toujours pas très bien ce qui se tramait.
-On va causer de l’autre côté de la route !
-Ok !
Nous avons traversé la chaussée ; et nous nous sommes dirigés vers une bâtisse fermée ; la zone était plutôt calme et déserte…
-Alors ? Comment tu vas Adissa ?
-Je vais bien merci !
-Tu es vraiment calme ! Tu ne bavardes pas trop !
-Quand j’ai rien à dire je me tais !
-Ok je comprends ! Tu sais je t’observe depuis un bon bout ! Voilà ! Je… je voulais te dire que… je… j’aimerai sortir avec toi !
Sa dernière phrase m’en jette un max ; je n’ai pas vu l’autre là venir ; il n’est vraiment pas allé par quatre chemins…
-Je ne comprends pas ! Je croyais qu’avec ma sœur vous étiez…
-Je t’avoue que j’étais perdu quand j’ai vu ta sœur en premier ! J’ai cru que c’était toi, celle avec qui j’ai fait le stage à la micro finance il y a de cela 3 ans ! C’est elle qui m’explique que ce n’est pas avec elle que j’avais fait le stage ! Vous vous ressemblez trop ! Je décide alors d’enquêter sur toi en lui posant toutes sortes de questions indirectes ! Un jour donc je te croise au supermarché ! Je fais semblant de te bousculer, parce que je voulais savoir si toi aussi tu m’avais reconnu ! Voilà ! Pour le reste tu connais !
-Je vois !
-Tu es restée belle ! En fait tu as encore plus embelli ! Tu es plus belle que ta sœur ! Sérieux ! Et aussi tu es l’aînée et… c’est sur toi que j’ai flashé !
Je souris honteusement…
-J’ai préféré être direct ! Ça fait des semaines que ça dure ! Des semaines que je fais des pieds et des mains pour essayer de t’aborder ! Mais ton calme et ton sérieux me faisaient en même temps peur !
-C’est ma nature !
-J’aime ça ! Me dit-il en se rapprochant de moi. Tu veux être ma petite amie ?
-Oui ! Ai-je lancé sans réfléchir.
Je trouvais qu’il était assez audacieux, mais j’ai laissé faire ; j’ai dit oui. Surtout que sa bouche, ses lèvres me faisaient un tel effet ! Lorsqu’elles ont effleuré les miennes, j’ai failli décoller sur place ; je ne sentais plus rien, et je n’entendais plus rien, à part le contact de sa bouche sensuelle sur la mienne ; pire encore lorsque j’ai senti sa langue me titiller et vouloir entrer en contact avec ma langue... je me ressaisis rapidement et j’interrompt ce baiser langoureux…
-Mireille ! Lui dis-je.
-Quoi Mireille ?
-Tu as oublié qu’elle nous attend de l’autre côté de la route ?
-Aaaah oui ! Allons-y !!!
-Qu’est-ce qu’on va lui dire ?
-Rien ! On reste normaux ! Je te causais c’est tout !
Plus tard en soirée je n’arrivais pas à réaliser que j’étais amoureuse et que j’avais désormais un petit ami ; cela relevait du rêve ; je me remémorais sans cesse ce baiser si tendre et affectueux qui avait le don de me mettre dans un état second. Mireille ne se doutant de rien, j’ai pensé qu’il fallait quand même que je la mette au parfum, sans évoquer bien sûr la scène du baiser…
-Quoi ? Il te drague ? Ulrich t’a draguée ?
-Oui ! Il m’a demandé de sortir avec lui !
-Nooon !!! Non ! Non !!!
-Pourquoi ? Tu en pinces pour lui ? Dis-moi !
-Non pas du tout ! Mais c’est que… c’est vrai qu’il est pas mal comme mec, mais… hum !!! Ce n’est pas le genre de gars avec qui tu peux sortir ! Toutes les filles l’aiment je te dis ! C’est un playa* (joueur). Il ne faut pas accepter !
-J’ai déjà accepté !
-Attends-toi aux conséquences avec lui ! Je ne serai pas là pour t’entendre pleurer ! En tout cas c’est toi qui voit !
Je n’ai pas tenu compte de ses propos ni de son ressenti ; Ulrich avait jeté son dévolu sur moi au détriment de ma sœur.
Avant de m’endormir ce soir-là, on n’a fait que s’envoyer des sms jusqu’à pas d’heure.
Je ne voulais pas me brouiller avec ma sœur, mais la pilule a été difficile à avaler pour elle ; j’ai senti qu’elle ne nous pardonnerait peut-être jamais le fait de l’avoir ridiculisée ; mais elle en voulait beaucoup plus à Ulrich au point de couper entièrement les ponts avec ce dernier ; elle ne lui a plus adressé la parole.
-Mireille ! Je peux imaginer ce que tu ressens, mais tu es ma sœur et…
-C’est bon j’ai compris ! Tu es aussi ma sœur ! J’ai compris que vous êtes faits l’un pour l’autre ! Fais seulement attention ! Je ne dis pas qu’il est mauvais, mais on ne sait jamais !
-Oui ! Je ferai attention ! C’est sans rancune non ?
-Sans rancune ! Raconte alors ! Vous avez déjà…
-Ehhh nooon !!! Pas encore ! Ahahaha !!!
-Aahahaha !!!
-Il me dit toujours que tu es sa pote ! Et que vos divers lui manquent !
-Aka !!! C’est lui qui lâche les cop’s ! Dit Mireille. Il sait où j’habite norrr !!!
-Je vais lui dire t’inquiète !
Rassurée et soulagée que tout rentre dans l’ordre, Mireille a su faire la part des choses en acceptant de redevenir l’une des meilleures potes d’Ulrich. Entre temps nous, nous filions le parfait amour. Les grandes vacances arrivant bientôt à leur terme, il nous fallait retourner sur Yaoundé la semaine suivante ; Ulrich et moi avions donc décidé de se voir le plus souvent et de passer la plupart du temps ensemble. Nous ne nous contentions jusqu’ici que des câlins en tout genre et des caresses un peu poussées ; je sentais bien qu’il voulait qu’on passe à l’acte, mais je ne lui ai pas dit que j’étais encore vierge.
-Heureusement que ton travail à la boutique est fini ! On va se voir le plus souvent !
-Je te dis ! Lui ai-je répondu entre la série de longs baisers qu’on se faisait.
-Et si on allait chez moi ?
-Quoi ? Chez… chez toi ?
-Oui ! Chez moi ! Je veux rendre nos derniers moments encore meilleurs ! Surtout que tu t’en vas bientôt ! J’ai trop mal ! On se voit toujours soit chez un de mes potes, sois ici derrière les bosquets !
-Moi aussi ça me fait mal ! Mais… chez toi… et si ton père le préfet nous voyait ? Tu sais qu’il connait ma tante !
-Oui ! Je sais ! Et où est le drame ? Il n’est jamais là de toutes les façons ! On sera dans ma chambre ! Elle se trouve à l’extérieur ! T’inquiète ! Je vais m’arranger !
-Et ta maman ?
-Sa femme est décédée il y a de cela cinq ans ! C’est un veuf qui se cherche lui aussi ! En fait ce n’est pas mon père, c’est mon oncle ! Le frère à ma mère ! Mes parents sont à Douala, mais j’ai toujours vécu avec mon oncle, depuis tout petit ! J’ai raté le Bacc cette année, mais ce qui est sûr, l’année prochaine sera la bonne ! Je retournerai soit à Douala, soit à Yaoundé ! Mais je crois que je vais opter pour Yaoundé, à cause de toi !
-N’est-ce pas ! On fera donc le Bacc ensemble cette année !
-Je te dis ! J’ai 20 ans et je commence à me faire vieux dis donc !
-Et moi 17 ! Mais ça change quoi ?
-Rien ! Je t’aime c’est tout !
-Moi aussi je t’aime !
-J’ai envie de toi !
-Ulrich ! Je dois te dire quelque chose !
-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
-En fait je suis encore vierge et…
-Ooooh je comprends !
-Oui ! Je tiens à toi, mais je ne me sens pas encore prête !
-Pas grave ! On va attendre ! On le fera quand tu seras prête !
Le jour de notre retour sur Yaoundé j’étais mal, lui aussi ; j’ai même pleuré et je me suis laissée bercer dans ses bras ; on en a profité pour faire un selfie mémorable ; il me tenait très fortement contre lui ; nous étions en parfaite osmose et je trouvais injuste qu’on ne puisse pas se voir pendant quelques mois…
-Je reviens à Noël !
-Promis ?
-Promis !
A notre retour Ulrich et moi étions en contact permanent ; les classes avaient bien repris, et même si je parvenais à me concentrer, je ne suis pas parvenue à chasser de mon esprit les bons moments passés avec mon gars.
Les rumeurs allaient bon train, puisque Mireille et moi étions aussi en contact avec certaines de nos amis à Ebolowa…
-Ulrich a les nga jusquaaaa !!! Il paraît ! Me lance un jour Mireille.
-Hum ! Les gens aiment trop s’occuper de ce qui ne les regarde pas !
-Je t’ai bien dit de faire attention !
-Je fais attention ! Mais les gens aiment trop parler pour rien !
Même si je ne croyais pas un seul mot de ce qui se racontait, j’ai commencé à avoir des doutes ; et pour cela, je priais juste pour que les congés de Noël arrivent à grand pas. Même mes parents ne comprenaient pas cet acharnement que j’avais pour retourner à Ebolowa de sitôt…
-C’est quoi comme ça ? Tu pars faire quoi là-bas à Noël ? Demande ma mère un soir.
-Ma’a je veux partir ! Tu sais que j’ai mes petites activités là-bas ! Et en plus ma’a Julienne est d’accord !
-Hum ! En tout cas c’est toi qui voit ! Attention !!! Ne me ramène pas la grossesse !!! Je vous connais ! Si c’est ça que tu pars chercher je vais…
-Eeeekie !!! Mater ! Moi ???
-J’ai parlé une fois ! Tu es prévenue !
Mois seule savait ce que j’allais faire à Ebolowa en plein mois de décembre ! Au diable les fêtes en famille ; je voulais à tout prix revoir Ulrich ; il me manquait et j’avais hâte de lui donner ce qu’il désirait tant, à savoir ma virginité. Mireille n’étant pas de la partie, elle a préféré rester, et c’était tant mieux…
48 heures de temps plus tard…
Je descendue du bus ; et incognito j’ai bifurqué chez Ulrich ; il savait que je descendrais sur Ebolowa, mais il n’avait pas de date précise ; je voulais lui faire une belle surprise ; il m’a fait comprendre que son oncle ne serait pas dans la ville avant le 24, la voie était donc libre…
Il occupait la chambre dans la dépendance, située à l’arrière de la maison ; j’ai contourné ; j’ai entendu des éclats de rire ; je reconnaissais bien sa voix, c’était lui ; je me suis rapprochée devant la porte, j’ai voulu frapper ; hésitante, j’ai décidé d’ouvrir ; mais la porte était fermée à clé…
-Ulrich ! Surprise c’est moi ! Ouvre !
-Toi qui ?
-Ekié ! C’est… c’est moi ! Adissa !
Il marque un petit temps d’arrêt avant de venir ouvrir ; il n’a pas l’air enjoué, au contraire il est plutôt froid...
-Pourquoi tu débarques comme ça sans prévenir ? Me dit-il sur un ton nerveux.