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Chapitre 1

Adissa ! Adissaaaa !!! Criait ma mère à l’autre bout de la pièce qui nous servait de cuisine.

-Oui ma’a Pau !

-Viens ici ! Mais pourquoi tu me fais crier comme ça ? On t’a dit que j’ai encore la voix ? Tu étais que où ?

-J’étais dans la chambre !

-Prends L’assiette ci pour tamiser le couscous avec ! Dépêches-toi ! Il est bientôt midi ! Et ton père a déjà faim !

-Ok ma’a j’ai compris !

Ma mère le savait, qu’elle pouvait toujours compter sur moi ; je n’étais pas la seule fille à mes parents, et je n’étais pas l’aînée non plus, même si je sais qu’elle prenait toujours un malin plaisir à m’appeler pour me commissionner, parce qu’elle savait que je ne rechignais presque jamais. Issue d’une famille de six enfants, dont cinq filles et un garçon qui est le benjamin ; je suis la quatrième. A cette époque-là notre sœur aînée, Bernadette venait de se marier ; raison de plus pour faire rêver tout le reste de la fratrie, surtout mes sœurs ; elles n’étaient jamais là, préférant se pavaner dans toute la ville, ou alors prétextant des visites inopinées chez Bernadette.

Nous vivions à Bamendjou qui est une commune du Cameroun située dans la région de l’ouest ; c’est un village de montagnes. J’y ai passé toute la majeure partie de mon enfance jusqu’à la fin du primaire. Mon entrée au secondaire est marquée par l’affectation de mon père pour la capitale, à Yaoundé. Il a fini par trouver un travail là-bas. Il nous a annoncé la nouvelle un soir ; nous étions tous aux anges. Désormais nous serions considérés comme des citadins.

A Yaoundé papa a trouvé un studio de deux chambres dans un quartier populaire, à « Rue manguiers ». C’était loin d’être le luxe, et nous nous contentions de vivre dans des conditions extrêmement rudes. Mais l’essentiel était là ; papa ramenait l’argent de son travail, et maman qui était une bayam sellam expérimentée et confirmée, a continué dans ce business. En dehors de l’école, j’aidais souvent ma mère dans son commerce ; elle appréciait très bien mon engagement et ma volonté de l’assister quand je pouvais…

-Tu vois ? Ça fait déjà 4 ans qu’on vit ici à Yaoundé ! Me dit-elle un jour, alors que nous étions en route pour le marché Mokolo. Tu es la seule qui m’accompagne toujours ! Les temps sont de plus en plus difficiles, et ton père et moi nous prenons de l’âge ! Je ne sais pas combien de temps nous tiendrons, mais ton père va bientôt à la retraite ! Je te le dis à toi parce que tu es désormais l’aînée ; tes deux autres sœurs sont parties elles aussi en mariage ! Si jamais les forces nous manquent, tu vas devoir apprendre à te battre ! Ne baisse jamais les bras ! Est-ce tu comprends ?

-Oui ma’a ! Je comprends !

-C’est bien ! Comme ce sont les grandes vacances, dès la semaine prochaine tu viendras souvent seule pour me remplacer ! Je ne vais pas prendre les bénéfices, ça sera pour toi ! Commence d’abord comme ça !

-Ehhh merci ma’a !!! Je vais me battre !

J’ai donné raison à ma mère lorsque l’année qui a suivi papa a pris sa retraite ; désormais l’étau se resserrait davantage, et on ne pouvait quasiment plus compter sur lui ; ma mère qui avait toujours un œil sur moi a continué à me motiver et à m’encourager, comme elle l’a toujours fait depuis ma plus tendre enfance. Je savais déjà me débrouiller toute seule et à m’occuper de moi. Au fil du temps, je sentais la pression venant de mes parents dans ce sens que je devais m’occuper de mes deux derniers, ma sœur Mireille dont on avait l’écart d’un an juste, et Robin, notre dernier petit frère. La même année j’ai réussi à avoir mon Brevet avec brio.

A cet effet mes parents ont promis de m’envoyer chez ma tante à Ebolowa. Mireille ma sœur a fait des siennes pour venir avec moi ; d’ailleurs nous étions très proches l’une de l’autre ; on avait l’habitude de nous appeler les sœurs jumelles ; notre ressemblance était très frappante.

-Tu pars donc avec ta jumelle ! S’exclame ma mère. N’allez pas seulement me créer les dégâts là-bas ! Avec vos fesses qui poussent comme les pastèques là ! En tout cas Julienne va me dire !

La joie de ça ! J’avais vraiment envie de changer de cadre et de faire autre chose. Il était question que j’y aille en même temps pour faire un stage de vacances et aussi pour tenir compagnie à ma tante. Je me sentais très motivée et je voulais vraiment y donner du mien dans cette nouvelle expérience. Maman nous a accompagnées à l’agence « Bucca Voyages » ; elle a insisté pour nous donner encore quelques recommandations de dernière minute…

-Vous devez être respectueuses là-bas hein ! Je ne veux pas entendre !!! N’importe quoi qu’on vous demande de faire vous faites ! Si c’est le ménage oohhh ! La vaisselle ooohhh !!! Et j’en passe !!! Vous faites seulement sans tordre la face ! Je ne veux pas entendre le scandale chez ma sœur ! Elle t’a promis le stage Adissa ! Pars seulement et tu suis ce qu’elle te dit !

-Ma’a Pau on a compris le message ! Weekeee !!! Regarde comment les gens nous regardent ! Tu te donnes trop en spectacle!

-Hé ! Mbap ! Quittes-moi là ! Les gens là sont où ? Je m’en fou ! Je parle vous avez honte de votre mère ! Tsuip !!!

-Ma’a ! Papa et toi vous nous avez déjà parlé à la maison norrr ? Ajoute Mireille.

-C’est bon on a compris ! Ai-je conclu. Le bus part bientôt !

-Vous ne m’embrassez même pas !!! Hééé !!! Les enfants d’aujourd’hui !!! Dit-elle en claquant des mains.

Nous étions parties presque sans regarder derrière… je me souviens encore comme si c’était hier ; mais nous n’étions qu’en 2006, je venais d’avoir 14 ans. Ma tante Julienne la sœur cadette à maman vivait à Ebolowa depuis plusieurs années ; elle s’y était installée avec son mari qui avait pu s’intégrer dans cette ville en ouvrant un petit centre commercial dans la ville ; malheureusement il est décédé il y a de cela une dizaine d’années ; ma tante a assuré la gestion avant de faire faillite. Avec le temps, elle a su se tisser des liens très fort avec les gens du terroir ; je ne sais pas comment elle fait pour vivre assez décemment, mais par respect pour elle je n’ai jamais cherché à savoir.

Quand elle nous a vu arriver, elle était toute en joie, et nous aussi ; je précise que cette dernière n’a pas eu d’enfants…

-Ma joie est grande ooooh !!! Les filles Dassi !!! S’exclame-t-elle. Je croyais que Pauline ne voulait plus que je vois un jour mes nièces ! La pierre avait déjà remplacé son cœur ou quoi ? Ooooh !!! Venez dans mes bras !!!

-Ça fait longtemps ma’a Julienne !!! Me suis-je exclamée ! Nous sommes venues ! Dorénavant nous reviendrons ici chaque année pour te tenir compagnie !

-Même si j’ai quitté Bamendjou depuis longtemps ça ne veut pas dire que je suis une autre ! Dit ma tante. Je suis toujours Ma’a Demgne Julienne, la femme de feu Demgne Christophe ! Paix à son âme ! Je suis attachée à cette ville, je ne peux pas partir comme ça !

-Oui ! Tu as raison ! Tu es déjà une femme d’ici ! Lui ai-je répondu.

-Hé ! Mais attendez un peu… toi c’est Adissa ou bien c’est Mireille ? Je vous confonds souvent ! C’est qui qui a eu le brevet ?

-Moi c’est Adissa ! C’est moi qui ai eu le brevet ! Et elle c’est Mireille, la petite sœur !

-C’est toujours la ressemblance comme ça ?

-Oui ! On nous prend pour des jumelles !

Nous étions bien installées et aux bons petits soins ; mais je n’avais qu’une seule idée en tête, débuter mon stage de vacances. Je n’avais juste pas le courage d’évoquer le sujet en premier, sachant bien qu’elle en était consciente ma tante. Nous savions tous qu’elle avait tissé beaucoup de liens et de bonnes relations avec les élites du coin, mais il ne fallait pas la brusquer, et pour cela je gardais mon mal en patience, tout en respectant les consignes données par ma mère…

Ce n’est qu’au bout de deux jours, et contre tout attente qu’elle a mis le sujet sur la table…

-Adissa ! Tu as eu le brevet ! Tu penses que tu peux faire quoi comme travail ?

-Euh… je peux tout faire ! Nous sommes venues ici pour te tenir compagnie et en même temps je veux faire un stage, n’importe lequel, ça va me permettre de me faire un peu d’argent et de pouvoir payer mes études ! Papa ne travaille plus, et maman fait toujours le commerce, mais c’est très dur ! Voilà aussi pourquoi elle m’a envoyé ici ! Mireille a dit qu’elle vient aussi ! Elle ne voulait pas que je la laisse !

-Huuuum !!! Bon demain on va se lever tôt pour aller voir quelqu’un ! C’est mon plus grand ami ici !

-D’accord ma’a !

Je ne savais pas de qui elle voulait parler, mais je lui faisais confiance. Grande a donc été ma surprise de constater le lendemain qu’il s’agissait en effet du préfet. Nous sommes allées directement à son bureau. Ce dernier nous a reçues en grande pompe. J’étais également surprise de voir ce monsieur traiter ma tante avec beaucoup d’égards, de délicatesse, et surtout de l’appeler… « ma chère ! », et d’entendre ma tante le tutoyer en retour.

-Aaaah ma chèèère !!! S’exclame-t-il. Que me vaut l’honneur de cette visite matinale ?

-Tu sais que les temps sont très durs ! Lui répond-elle en roulant des yeux. Je suis venue avec ma nièce ! Elle est là pour les vacances, mais il faut qu’elle s’occupe un peu ! Trouve lui quelque chose, un stage ! Elle vient d’avoir son brevet !

Adissa ! Adissaaaa !!! Criait ma mère à l’autre bout de la pièce qui nous servait de cuisine.

-Oui ma’a Pau !

-Viens ici ! Mais pourquoi tu me fais crier comme ça ? On t’a dit que j’ai encore la voix ? Tu étais que où ?

-J’étais dans la chambre !

-Prends L’assiette ci pour tamiser le couscous avec ! Dépêches-toi ! Il est bientôt midi ! Et ton père a déjà faim !

-Ok ma’a j’ai compris !

Ma mère le savait, qu’elle pouvait toujours compter sur moi ; je n’étais pas la seule fille à mes parents, et je n’étais pas l’aînée non plus, même si je sais qu’elle prenait toujours un malin plaisir à m’appeler pour me commissionner, parce qu’elle savait que je ne rechignais presque jamais. Issue d’une famille de six enfants, dont cinq filles et un garçon qui est le benjamin ; je suis la quatrième. A cette époque-là notre sœur aînée, Bernadette venait de se marier ; raison de plus pour faire rêver tout le reste de la fratrie, surtout mes sœurs ; elles n’étaient jamais là, préférant se pavaner dans toute la ville, ou alors prétextant des visites inopinées chez Bernadette.

Nous vivions à Bamendjou qui est une commune du Cameroun située dans la région de l’ouest ; c’est un village de montagnes. J’y ai passé toute la majeure partie de mon enfance jusqu’à la fin du primaire. Mon entrée au secondaire est marquée par l’affectation de mon père pour la capitale, à Yaoundé. Il a fini par trouver un travail là-bas. Il nous a annoncé la nouvelle un soir ; nous étions tous aux anges. Désormais nous serions considérés comme des citadins.

A Yaoundé papa a trouvé un studio de deux chambres dans un quartier populaire, à « Rue manguiers ». C’était loin d’être le luxe, et nous nous contentions de vivre dans des conditions extrêmement rudes. Mais l’essentiel était là ; papa ramenait l’argent de son travail, et maman qui était une bayam sellam expérimentée et confirmée, a continué dans ce business. En dehors de l’école, j’aidais souvent ma mère dans son commerce ; elle appréciait très bien mon engagement et ma volonté de l’assister quand je pouvais…

-Tu vois ? Ça fait déjà 4 ans qu’on vit ici à Yaoundé ! Me dit-elle un jour, alors que nous étions en route pour le marché Mokolo. Tu es la seule qui m’accompagne toujours ! Les temps sont de plus en plus difficiles, et ton père et moi nous prenons de l’âge ! Je ne sais pas combien de temps nous tiendrons, mais ton père va bientôt à la retraite ! Je te le dis à toi parce que tu es désormais l’aînée ; tes deux autres sœurs sont parties elles aussi en mariage ! Si jamais les forces nous manquent, tu vas devoir apprendre à te battre ! Ne baisse jamais les bras ! Est-ce tu comprends ?

-Oui ma’a ! Je comprends !

-C’est bien ! Comme ce sont les grandes vacances, dès la semaine prochaine tu viendras souvent seule pour me remplacer ! Je ne vais pas prendre les bénéfices, ça sera pour toi ! Commence d’abord comme ça !

-Ehhh merci ma’a !!! Je vais me battre !

J’ai donné raison à ma mère lorsque l’année qui a suivi papa a pris sa retraite ; désormais l’étau se resserrait davantage, et on ne pouvait quasiment plus compter sur lui ; ma mère qui avait toujours un œil sur moi a continué à me motiver et à m’encourager, comme elle l’a toujours fait depuis ma plus tendre enfance. Je savais déjà me débrouiller toute seule et à m’occuper de moi. Au fil du temps, je sentais la pression venant de mes parents dans ce sens que je devais m’occuper de mes deux derniers, ma sœur Mireille dont on avait l’écart d’un an juste, et Robin, notre dernier petit frère. La même année j’ai réussi à avoir mon Brevet avec brio.

A cet effet mes parents ont promis de m’envoyer chez ma tante à Ebolowa. Mireille ma sœur a fait des siennes pour venir avec moi ; d’ailleurs nous étions très proches l’une de l’autre ; on avait l’habitude de nous appeler les sœurs jumelles ; notre ressemblance était très frappante.

-Tu pars donc avec ta jumelle ! S’exclame ma mère. N’allez pas seulement me créer les dégâts là-bas ! Avec vos fesses qui poussent comme les pastèques là ! En tout cas Julienne va me dire !

La joie de ça ! J’avais vraiment envie de changer de cadre et de faire autre chose. Il était question que j’y aille en même temps pour faire un stage de vacances et aussi pour tenir compagnie à ma tante. Je me sentais très motivée et je voulais vraiment y donner du mien dans cette nouvelle expérience. Maman nous a accompagnées à l’agence « Bucca Voyages » ; elle a insisté pour nous donner encore quelques recommandations de dernière minute…

-Vous devez être respectueuses là-bas hein ! Je ne veux pas entendre !!! N’importe quoi qu’on vous demande de faire vous faites ! Si c’est le ménage oohhh ! La vaisselle ooohhh !!! Et j’en passe !!! Vous faites seulement sans tordre la face ! Je ne veux pas entendre le scandale chez ma sœur ! Elle t’a promis le stage Adissa ! Pars seulement et tu suis ce qu’elle te dit !

-Ma’a Pau on a compris le message ! Weekeee !!! Regarde comment les gens nous regardent ! Tu te donnes trop en spectacle!

-Hé ! Mbap ! Quittes-moi là ! Les gens là sont où ? Je m’en fou ! Je parle vous avez honte de votre mère ! Tsuip !!!

-Ma’a ! Papa et toi vous nous avez déjà parlé à la maison norrr ? Ajoute Mireille.

-C’est bon on a compris ! Ai-je conclu. Le bus part bientôt !

-Vous ne m’embrassez même pas !!! Hééé !!! Les enfants d’aujourd’hui !!! Dit-elle en claquant des mains.

Nous étions parties presque sans regarder derrière… je me souviens encore comme si c’était hier ; mais nous n’étions qu’en 2006, je venais d’avoir 14 ans. Ma tante Julienne la sœur cadette à maman vivait à Ebolowa depuis plusieurs années ; elle s’y était installée avec son mari qui avait pu s’intégrer dans cette ville en ouvrant un petit centre commercial dans la ville ; malheureusement il est décédé il y a de cela une dizaine d’années ; ma tante a assuré la gestion avant de faire faillite. Avec le temps, elle a su se tisser des liens très fort avec les gens du terroir ; je ne sais pas comment elle fait pour vivre assez décemment, mais par respect pour elle je n’ai jamais cherché à savoir.

Quand elle nous a vu arriver, elle était toute en joie, et nous aussi ; je précise que cette dernière n’a pas eu d’enfants…

-Ma joie est grande ooooh !!! Les filles Dassi !!! S’exclame-t-elle. Je croyais que Pauline ne voulait plus que je vois un jour mes nièces ! La pierre avait déjà remplacé son cœur ou quoi ? Ooooh !!! Venez dans mes bras !!!

-Ça fait longtemps ma’a Julienne !!! Me suis-je exclamée ! Nous sommes venues ! Dorénavant nous reviendrons ici chaque année pour te tenir compagnie !

-Même si j’ai quitté Bamendjou depuis longtemps ça ne veut pas dire que je suis une autre ! Dit ma tante. Je suis toujours Ma’a Demgne Julienne, la femme de feu Demgne Christophe ! Paix à son âme ! Je suis attachée à cette ville, je ne peux pas partir comme ça !

-Oui ! Tu as raison ! Tu es déjà une femme d’ici ! Lui ai-je répondu.

-Hé ! Mais attendez un peu… toi c’est Adissa ou bien c’est Mireille ? Je vous confonds souvent ! C’est qui qui a eu le brevet ?

-Moi c’est Adissa ! C’est moi qui ai eu le brevet ! Et elle c’est Mireille, la petite sœur !

-C’est toujours la ressemblance comme ça ?

-Oui ! On nous prend pour des jumelles !

Nous étions bien installées et aux bons petits soins ; mais je n’avais qu’une seule idée en tête, débuter mon stage de vacances. Je n’avais juste pas le courage d’évoquer le sujet en premier, sachant bien qu’elle en était consciente ma tante. Nous savions tous qu’elle avait tissé beaucoup de liens et de bonnes relations avec les élites du coin, mais il ne fallait pas la brusquer, et pour cela je gardais mon mal en patience, tout en respectant les consignes données par ma mère…

Ce n’est qu’au bout de deux jours, et contre tout attente qu’elle a mis le sujet sur la table…

-Adissa ! Tu as eu le brevet ! Tu penses que tu peux faire quoi comme travail ?

-Euh… je peux tout faire ! Nous sommes venues ici pour te tenir compagnie et en même temps je veux faire un stage, n’importe lequel, ça va me permettre de me faire un peu d’argent et de pouvoir payer mes études ! Papa ne travaille plus, et maman fait toujours le commerce, mais c’est très dur ! Voilà aussi pourquoi elle m’a envoyé ici ! Mireille a dit qu’elle vient aussi ! Elle ne voulait pas que je la laisse !

-Huuuum !!! Bon demain on va se lever tôt pour aller voir quelqu’un ! C’est mon plus grand ami ici !

-D’accord ma’a !

Je ne savais pas de qui elle voulait parler, mais je lui faisais confiance. Grande a donc été ma surprise de constater le lendemain qu’il s’agissait en effet du préfet. Nous sommes allées directement à son bureau. Ce dernier nous a reçues en grande pompe. J’étais également surprise de voir ce monsieur traiter ma tante avec beaucoup d’égards, de délicatesse, et surtout de l’appeler… « ma chère ! », et d’entendre ma tante le tutoyer en retour.

-Aaaah ma chèèère !!! S’exclame-t-il. Que me vaut l’honneur de cette visite matinale ?

-Tu sais que les temps sont très durs ! Lui répond-elle en roulant des yeux. Je suis venue avec ma nièce ! Elle est là pour les vacances, mais il faut qu’elle s’occupe un peu ! Trouve lui quelque chose, un stage ! Elle vient d’avoir son brevet !

-Laisse alors !

Deux jours plus tard alors que nous étions de retour du culte le dimanche, Mireille me tapote discrètement l’épaule et me fait signe de regarder dans sa direction…

-Voilà alors ce qu’on appelle « The gars ! » le beau garçon ! Pas le bep bep bep que tu me disais là ! Je suis sûre qu’il est plus beau que celui dont tu m’as parlé avant-hier !

Je cligne tout de suite les yeux, je n’en reviens pas…

-Mais c’est le même gars ! Lui dis-je.

Alors que ce dernier se rapprochait de nous, je n’ai fait que me crisper ; Mireille quant à elle paraissait plus détendue…

-Mireille tu le connais ?

Elle ne me répond pas, se contentant de sourire à tout va en direction du gars en question. Quand il est arrivé à notre niveau, j’ai remarqué que son regard était plutôt porté sur Mireille ; en nous traversant, il lui a fait un signe de la tête au quel elle a répondu avec autant de manières que possible…

-Bonjour Ulrich ! Lui a-t-elle répondu.

-Quoi ? Tu… tu le connais ? Ai-je réitéré.

-Mais bien sûr que je le connais ! C’est le fils du préfet Adzang. Ulrich Adzang !

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