Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 08

« Ah mince alors ! » ai-je continué avec l’accent, le rire de mon prof résonnait encore plus fort à l’autre bout du fil. Je jouais avec la corde du combiné, mes yeux étaient posés vers la cuisine, où Quentin sortit, avec un paquet de pringles. Il mangeait les chips et s’affala sur le canapé, son portable collé à l’oreille.

« Et le pire, c’est que tu le fais mal ! » remarqua-t-il.

« Ah bah merci, cela me fait très plaisir ce que tu me dis là ! » je venais de me rendre compte que je l’ai tutoyé, « … Ce que vous me dites là ! »

« Tutoie-moi si tu veux, cela ne me dérange pas. » sa voix suave me donna des frissons qui parcourent lentement ma colonne vertébrale. Je triturais de plus belle la pauvre corde du combiné.

« Je… Enfin ça me fait bizarre de tutoyer mes professeurs, un jour peut-être. » répondis-je. Quentin mâchait bruyamment la bouche ouverte. Je lui mimais de la bouche qu’il devait faire moins de bruit. Il a dû comprendre, car il s’est tu. Il avait raccroché au téléphone et semblait absorbé par le film Saw qui jouait sur la télé plasma.

« Je vois, je vois. »

« En tout cas ce n’est pas sympa. J’avais fait de mon mieux et puis bon vous n’êtes pas un pro à imiter l’accent japonais, si ? »

« J’y arrive pas justement. Mais je sais très bien faire l’accent russe. » se vanta-t-il en imitant l’accent. Il le faisait à perfection, c’est limite si je me croyais dans Les Promesses de l’ombre, avec la mafia russe.

« Vous n’êtes pas en train de vous vanter là monsieur ? » j’entendis son rire envoûtant à l’autre bout du fil. « De plus, je m’y prends mieux avec que l’accent japonais que vous avec l’accent russe. »

« Je n’arrive pas à le faire ? »

« Non. » j’’ai échappé un rire.

« Même pas un peu ? » me demanda-t-il d’un air faussement déçu et triste, je pouvais sentir son expression du visage ayant l’équivalent d’un chiot abandonné par ses maîtres partant en vacances.

« Non ! » je pouffais de plus belle.

« Bon… je dois y aller à demain Sophie. Et la prochaine fois fais un canular plus crédible. »

« J’essayerai. » il a raccroché, je me sentais un peu vide, comme à chaque fois que j’adore entretenir une conversation avec quelqu’un et que la personne se sente obligée de raccrocher ou de partir. C’est tellement injuste. Bon ne dramatise pas tout Sophie.

« Bonjour Ming Yu ! » m’a interpellée monsieur Stevenson, un sourire narquois en coin tandis que j’entrais dans la salle de classe. Les yeux comme scotchés aux siens je m’asseyais en face de son bureau, à côté d’Imane.

« Konichiwa monsieur. » lui ai-je répondu, un sourire en coin avec l’accent japonais. Je m’inclinai légèrement devant lui, les mains jointes. Son sourire narquois augmenta en longueur et ses yeux bleus profonds brillaient d’amusement. Toute la classe nous regardait avec confusion, elle ne peut pas comprendre. Qui peut comprendre les délires des autres ? Le fait d’avoir des délires avec lui me donna un sourire aux lèvres. Ce dernier prit place en face d’Imane et moi. Les mains jointes il se racla la gorge et redevint sérieux.

« Bon, j’ai corrigé vos rédactions, la meilleure note de la classe est de 19,5. Tu pourras distribuer la moitié Imane ?’’ Imane se leva docilement et prit la moitié des copies et les distribua à la classe. Le prof distribua l’autre moitié. Tandis qu’il se déplaçait, sa démarche était souple et élégante. Vous voyez comme les mannequins. Mais dans la sienne, on ressentait quelque chose de naturel, de gracieux, sans qu’il fasse un effort. C’est moi qui ai eu la meilleure note ! Sans me vanter je savais que je l’aurais.

J’étais assise en face de monsieur Stevenson et on discutait de tout ce qui nous passa par la tête.

‘’Bon… Qu’aviez-vous fait de votre weekend ?’’ Lui ai-je demandé. Il y a avait un silence, il semblait réfléchir.

‘’Vendredi soir, je suis allé en boîte, samedi j’ai… ‘’ Il me racontait son weekend mais j’écoutais à moitié. Il est allé en boîte, un sentiment de jalousie s’empara de moi. L’imaginer danser, boire, s’éclater avec d’autres filles me rendait folle. Je ne savais même pas pourquoi. Je le connaissais à peine et me voilà déjà attachée. Ma mère m’a toujours répété et me répète encore aujourd’hui : « Les gens sont libres, et l’attachement est une absurdité, une incitation à la douleur. ». Mais bon c’est facile de dire ça mais difficile de l’appliquer.

‘’Et… toi ?’’ me demanda monsieur Stevenson, je sentais de l’hésitation dans sa voix. ‘’Elle était bien la soirée ?’’

‘’Euh oui, oui !’’ répondis-je rapidement, peut-être même trop. Il semblait sceptique vis-à-vis de ma réponse.

‘’Et après tu as fait quoi ?’’ il haussa un sourcil.

‘’Quentin a dormi chez moi le lendemain et dimanche je suis allée à la piscine, comme tous les dimanches. ‘’ je lui ai souris.

‘’Toi aussi tu vas à la piscine tous les dimanches ?’’ son visage s’éclaira, ‘’Moi aussi.’’

‘’Ah bon ?’’ ai-je sorti sans cacher mon étonnement, ‘’Vous êtes la première personne dans mon entourage qui aime aller à la piscine !’’ il échappa un petit sourire. Ce genre de sourire qui fait à ce que vous vous sentiez spéciale.

‘’Je fais de la natation depuis que j’ai 4 ans.’’ M’a révélé mon professeur, en faisant rentrer sa lèvre inférieure dans sa bouche. Il est tellement adorable quand il fait ça.

‘’Idem. Mais c’est bizarre que je ne t’ai pas vu dimanche dernier.’’

‘’C’est normal je viens assez tôt, vers neuf heures.’’ M’a-t-il informé, un sourire en coin. ‘’A cette heure-là, il y a peu de gens. Ce serait bien si un dimanche on ferait une petite course au crawl.’’

‘’Bonne idée.’’ J’ai hoché la tête.

‘’Histoire de voir qui est le ou la meilleur€.’’ Il me fit un clin d’œil, mon cœur sauta un battement.

‘’Ah parce que tu oses me défier ?’’ j’ai échappé un petit rire.

‘’On parie-‘’

‘’Pari d’ami, j’ai peur de perdre.’’

‘’Ahah d’accord !’’

Je me suis dirigée vers mon casier prendre mes affaires pour le cours suivant après la récréation. En le refermant je vis Julie adossée contre le casier d’à côté. Ses sourcils étaient froncés, ses narines étaient légèrement ouvertes me faisant penser à un cochon. Elle me poussa contre le casier et m’attrapa par les cols de ma chemise, il n’y avait personne autour, hélas… Je tremblai légèrement, cela me ramenait à de mauvais souvenirs en 5ème… Julie avait plus de force que moi, vu sa corpulence.

‘’Ah Sophie, Sophie… Mais que vais-je faire de toi Sophie ?’’ elle cracha mon prénom comme si il était une insulte.

‘’Je dois y aller Julie lâche-moi !’’ je vis au loin le proviseur s’approcher, Julie relâcha brusquement les cols de ma chemise à carreaux et me toisa du regard. Son regard me donnait la chair de poule.

‘’Je n’ai pas fini avec toi pauvre allumeuse. Arrête de draguer monsieur Stevenson, cela peut se retourner contre toi.’’ Elle tapota ma joue, ’’Allez kiss.’’ Elle s’éloigna, quand je n’entendais plus les claquements de ses louboutins, le proviseur s’approcha de moi.

‘’Vous allez bien mademoiselle Brois ?’’

‘’Oui monsieur, merci de demander.’’

‘’Je vous en prie. ‘’ il s’éloigna à son tour. Je me suis dirigée sous le préau du lycée, où j’ai enfin retrouvé la bande.

‘’Sophie, je te cherchai partout !’’ s’exclama Quentin.

‘Moi aussi je te cherchais tiens, pendant que Julie me faisait vivre un enfer.’ Ai-je pensé.

‘’Ce soir je viens te chercher à 18 heures et non à 9 pour le cinoche, ça marche ?’’ m’a-t-il proposé.

‘’Ça roule ma poule !’’ j’ai échappé un petit rire.

Après les cours je me hâtai de rentrer chez moi me préparer. C’était un peu notre première sortie à deux, d’habitude on sortait avec la bande donc j’appréhendais un peu.

Une heure plus tard, cheveux lissés, khol appliqué, jupe asymétrique noire, t-shirt simple, blazer en cuir et Doc Martens enfilés, j’étais enfin prête. La sonnerie de la maison retentit. J’ouvris la porte et un Quentin, vêtu d’une chemise noire un peu déboutonnée, un jeans délavé gris, des sneakers noires était en face moi. Ses cheveux étaient en bataille, il avait dû y repasser plusieurs fois sa main. Les mains dans les poches et incliné légèrement vers moi car il faisait une tête de plus, il me sourit. Il me dévora des yeux.

‘’On y va ?’’ il me tendit sa main douce et tiède que j’acceptai sans hésiter.

On a fait que rigoler et se moquer des acteurs durant tout le film, comme si on pouvait jouer mieux. Ça a du gêner les autres j’imagine…

‘’Vous pouviez faire moins de bruit ?’’ nous demanda une voix agacée de derrière. Je me retournai, c’était mon professeur d’anglais. Il a dû me reconnaître et me fit un sourire. Je me retournai dans rien lui adresser, en pensant aux mots de Julie.

‘’ Ça va ?’’ me demanda Quentin en caressant le dos de ma main, d’une voix douce et concernée. Je lui répondis oui d’un hochement de tête.

‘’Je serais toujours là pour toi Sophie, tu le sais.’’

Jouez la musique maintenant !

Ce sentiment de peine, d’affliction, on l’a tous ressenti au moins une fois dans notre vie. On a tous regretté au moins une fois quelque chose. Franchement qui n’a jamais été rongé par ce sentiment de culpabilité et de regret lorsque par exemple nos parents nous gronde à cause d’une bêtise qu’on a faite ? Ce sentiment-là je l’ai ressenti en sortant du cinéma avec mon meilleur ami. Je ne regrette pas le fait d’avoir fait une bêtise et de me faire gronder par mes parents, non loin de là. Ils sont en Afghanistan en plein reportable donc ça ne risque pas ! Je me souviens du jour où j’ai brisé le vase japonais de ma mère. Il coûtait assez chez en plus et venait droit du Japon. J’ai pris cher ce jour-là, plus cher que ce fameux vase asiatique !

Enfin bon le truc que je regrettai c’est d’avoir été en couple avec Jordan. 2 ans avec un mec, qui à part être un romantique de temps en temps était égocentrique, narcissique et sans aucun sens de l’humour ! Je suis trop gentille-là il est bien pire, l’amour rend tellement aveugle. Franchement quel petit ami rabaisse sa petite amie à cause de son physique ? J’ai un corps svelte et il avait tendance à se moquer.

Arrivés devant chez moi, Quentin me prit dans ses bras, il sentait bon… Sans me quitta des yeux il recula, recula, recula… Arrivé au milieu de la route pas loin de sa maison, il me cria.

‘’Je t’aime !’’

‘’Moi aussi, mais en amitié trou du-‘’

Et…

Là…

Tout…

Se passa… vite, très vite…

Une voiture arriva et renversa Quentin, mon meilleur ami… Paniquée sans voir le chauffeur de la voiture qui sortit de son véhicule, j’accourus vers Quentin en poussant des cris de douleur, mon cœur battait la chamade, ma gorge se noua. Son corps inconscient gisait sur le goudron, le sang dégoulinant de sa bouche entrouverte. Tremblante, je composai le numéro du SAMU.

La mère de Quentin, affolée arriva à une vitesse grand V avec d’autres docteurs. C’est avec une vue brouillée par les larmes que je vis le corps de Quentin sur le brancard dans le camion, les phares de cette ambulance briller dans la nuit et le bruit des sirènes. Je me retournai, le chauffeur de la voiture était en face de moi. Son visage était pâle, ses yeux bleus apeurés et ses cheveux encore plus en bataille… Monsieur Stevenson…

Bah voilà, c’est tout pour le chapitre 8, j’espère que vous l’aviez aimé ! N’oubliez pas de me donner votre avis par commentaire, il compte beaucoup pour moi !

Bisous !

@road_to_infinite

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.