Monsieur et madame Ivanović
Lyndsay Kimberley PETROVIĆ
J'ai pensé qu'Alek serait revenu toquer à ma porte. Mais il ne l'a pas fait. Loin de me soulager, j'ai commencé par me poser des questions. J'ai même pensé au fait qu'il pouvait être dehors à cette heure de la nuit. Et je n'avais pas tord. Le matin, il est rentré à la maison dans ses vêtements d'hier.
- Et surtout évite de penser à où il a pu être pour porter encore ces habits Lindsay, me répétais je en regagnant ma chambre.
Déjà, il semblait perturbé. Par quoi ? Ça, il ne me l'aurait pas dit. Même si je le lui demandais cela aurait été une perte de temps.
Je demande à ce que l'on me monte mon repas depuis ma chambre. C'est pas tous les jours que je peux faire ça. Mais, une fois parfois, Alek ne s'y oppose pas. Dieu merci, cela n'a pas été le cas aujourd'hui. J'avais vraiment besoin de prendre du recul face à tout ça.
En ce moment, je travaille depuis la maison. Ordre de mon cher mari. La dernière fois, j'ai cherché à fuir cette maison infernale. Et depuis, la surveillance est double.
A chaque fois, j'attends que mon mari s'en aille pour commencer à bosser car j'utilise souvent son bureau. Sachant qu'il y a des caméras, je ne touche à rien.
Ce matin, alors que je m'apprêtais à y aller, j'eus un appel de ma belle sœur.
- Coucou ma best ! Comment tu vas ?
- Ça va. Et toi ?
- Moi ça va. Mais toi on ne dirait pas. C'est quoi cette voix chargée de peine ? C'est mon frère pas vrai ?
- ...
- Dit moi ce qu'il t'a fait.
- Rien.
- Lindsay, je connais mon frère. En dépit de tout, il t'aime énormément. Néanmoins je sais que mon frère est rancunier. Alors raconte moi tout. Et si je dois lui tirer l'oreille à ce con, je le ferai. Je sais des choses. Mais je veux que ce soit toi qui m'en parle.
- Euh... je ne comprends pas, dis je troublée. Qu'est ce que tu sais ?
- Par exemple, je sais qui est ton frère. Tu me l'avais dit ce soir là où tu t'étais saoulé la tronche, tu t'en souviens ?
- Euh... oui, oui.
- Et bien je sais que mon frère le sait. Alors... Qu'il t'aime à en creuver ne supprimera pas ce détail.
Savoir qu'elle savait déja a été comme une délivrance pour moi. Trop longtemps j'ai supporté toute seule dans mon coin sans personne à qui en parler. Avec elle je me suis lâchée.
- J'ai toujours attendu que tu le fasses de toi même.
- J'avais peur. J'avais honte de moi même.
- Tu n'as pas à avoir honte ma belle. Combien d'entre nous n'aurait pas fait pareil ? La famille vient avant toute chose ma best.
Elle a passé un bon bout de temps à me remonter le moral avant de finir par prendre congé de moi. De mon côté, je suis allée bosser.
Milan IVANOVIĆ
- Tu crois que ça va marcher ce que tu veux tenter Ghost ?
- Il y a intérêt oui. Je ne veux pas qu'à cause de la stupidité de Zoe que la police nous colle dans les pattes. Je préfère leur donner une fausse piste qui ne mènera pas à nous et gérer en interne avec Zoe. Amir n’est pas trop sous les projecteurs avec nous. Ça va le faire. Zayn a dit qu'il allait s'en charger. Voyons voir ce qu'il fera en attendant.
- Et il va faire ça depuis la Serbie ?
- Il devrait être ici au cours de la semaine.
- Ah ! Je vois.
On revenait de l'hôpital Alex et moi. Étant donné qu'on n'avait pris qu'une seule voiture, je devais le ramener chez lui avant de me rendre chez moi. On n'habite pas trop loin l'un de l'autre de toute façon.
- Explique moi une chose Alex.
- Hmmmm hmmm, vas y, accepte Aleksandar le regard perdu dans le vide.
- Pourquoi lui avoir confié cette mission spécifiquement alors que je pouvais le faire moi même ? Je ne suis pas assez au courant des choses du groupe depuis quelques temps et je m’interroge. Y a t'il une raison spécifiquement à cela ? Tu m'exclus pourquoi Alex ?
- Tu es mar...
- Epargne moi l'excuse du mariage Ghost. Je te signale que toi aussi tu es marié. Tu n'as pas ralenti sur les missions pour autant. Au contraire, il y a bien des années où je ne t'ai pas vu bosser autant. Alors, l'excuse du mariage, ça prend pas avec moi. Cherches en une autre.
- Sauf que tu es père maintenant. Elle a quel âge ta fille ? 5 mois ? 6 ? 7 ? Tu crois qu'à cet âge, c'est une bonne chose qu'elle devienne orpheline ? Tu as une femme qui...
- Foutaise ! En quoi mon statut familial diminue mes capacités à bosser proprement ?
- Ce n'est pas...
J'ai eu un appel de Madame IP, dénomination pour ma femme, au même moment. J'ai décroché en mettant le haut parleur car je conduisais.
- Tu es où Milan ?
- Je reviens du NHS. Maintenant je ramène Alex chez lui.
- Du NHS ! Elle s'affole. Comment ça ? Quelqu'un est blessé ? Comment ça tu ramènes Alex ? Que se passe t'il avec mon frère Milan ? Il est où sa voiture ?
- Non bébé personne n'est blessé. Du calme.
- C'est donc quoi le souci ? Il est près de 4 heures du mat IVANOVIC ? Tu me laisses toute seule avec un bébé de 6 mois à la maison. Et toi tu es dans la rue à rouler pour aller chez Ivan. Moi et mon bébé sommes moins importants que ce que tu fais IVANOVIĆ ?
- ...
- Alors comme ça Lindsay a laissé mon frère passer la nuit dehors elle aussi ? Elle laisse des portes ouverte cette petite.
- Bonjour petite sœur ! La salue Alex. Comment est ce que tu vas ?
- Bonjour Ivan ! Rend moi mon mari s'il te plaît et va retrouver ta femme.
[Clic]
Elle a raccroché. Elle a toujours cette manie de raccrocher juste parce qu'elle est frustrée. Elle sait pertinemment que je déteste quand elle fait cela. Elle le fait quand même juste pour me faire chier.
- Tu viens de comprendre ou je dois te faire un dessin ?
- Je saurais gérer avec ma femme. Merci de t'inquiéter pour mon couple. Je sais encore canaliser ma femme Alex.
- Fais le alors.
Je gare devant chez lui, il descend sans rien dire et moi je rentre chez moi. Il sait que je suis frustré. Mais il fait celui qui ne le remarque pas. Il a dû penser qu'en ignorant le problème, cela allait se volatiliser comme par magie. Ce n'est pas comme ça que l'on gère ce genre de dossier.
En rentrant chez moi, j'ai trouvé Liyah qui m'attendait débout dans le salon, s'appuyant sur le canapé. Elle frappait le sol de ses pieds à tour de rôle en un rythme déstabilisant. A chaque fois son pied si gracieux touchait le sol, on pouvait entrevoir la forme fière et hardie de ses petites jambes, emprisonnée dans un bas de coton rouge avec des boules grises, cachant sa peau si douce.
- Bonjour chérie ! Je ralentis mes pas.
J'allais lui faire la bise. Elle me stoppe de la main, le visage froissé et pointa l'horloge mural.
- Tu as vu l'heure Milan ? Il est déjà 4 heures du mat. C'est une heure pour rentrer chez soi ? Et si on avait eu un problème Yeleen et moi, on aurait fait quoi ? Tu l'auras su comment ? Devrait on attendre jusqu'à ce que tous tes problèmes soient résolus pour que tu daignes te pointer ici tous les jours ?
- Il y a eu un problème au bar. C'était urgent que l'on s'en occupe Alex et moi.
- Ok.
- Ma chérie je suis désolé. Ce sont les risques du métier mon cœur. Tu m'as epousé comme ça Liyah. Que veux tu que je te dise ?
Kyra me dévisage.
- Bon je vais dormir un peu. Je suis un peu fatigué chérie.
Je vais vers elle, la prend par la taille, l'enlace, hume son parfum et me détache.
- Allons nous coucher mon cœur. On finira cette discussion demain si tu y tiens. Tu viens ?
- Ou, elle traîne sur le mot...
Elle empoigna ma chemise et me colle à elle.
- Ou ? Répétais-je.
- Ouuuuu, on peut profiter que la princesse de la maison dort pour faire autre chose, elle m'allume le regard coquin.
- Autre chose comme quoi madame IVANOVIĆ ?
J'ai epousé Kyra, tout de suite après le mariage d'Alex. Après 3 mois en fait. Elle a fini par me pardonner de l'avoir quitté quand son frère me l'avait exigé. Puis, de retour de notre lune de miel elle m'a annoncé être enceinte de 9 ou 10 semaines déjà.
Avec cette nouvelle, elle a ajouté un grand plus au bonheur que l'on vivait déjà. 6 mois plus tard, notre fille est née. Elle s'appelle Yeleen Aaliyah IVANOVIĆ. C'est Liyah qui a choisi le prénom du bébé. Suivant ce qu'elle m'a dit, la signification du prénom Yeleen correspond à celle qui représente l’équilibre. Chanceuse, séductrice, généreuse et courageuse, des qualités qui lui permettent de réussir sa vie. Puis elle a voulu ajouter l'un de ses prénoms. Elle a donc choisi Aaliyah.
On est en mars et notre bébé a 6 mois maintenant. C'est une jolie petite fille au yeux vert comme sa maman. Physiquement, Yeleen n'a rien de moi. J'espère que cela changera lorsqu'elle grandira. Elle pourra au moins avoir mes traits de caractères.
Profitant du fait qu'elle devrait être à fond dans le sommeil, avec Kyra, on a tiré un coup vite fait sur le canapé avant de rejoindre notre chambre. Je lui ai mis ça bien. Elle a scandé mon nom au summum du plaisir. Rien de mieux qu'une bonne partie de baise après un petit differend dans un couple.
En regagnant notre chambre, je constate qu'il y a le berceau de notre fille. Mon regard s'attarde dessus cherchant une explication.
- Je l'ai emmené ici par précaution. On était seule à la maison toutes les deux. Et...
Je m'approche du berceau et caressa la joue de ma fille d'un doigt.
- C'est toi qui n'a pas voulu de personnel de maison résident Kyra. Je te l'ai proposé tant de fois. Tu as tout refusé sans évaluer les avantages et les inconvénients. Tu n'aurais pas cette peur bleue à chaque fois que je ne suis pas là. Et moi je serai plus tranquille quand je suis dehors. Tu sais te défendre. Tu sais manier une arme. Mais est ce suffisant Liyah ? Si tu ne voulais pas un de nos gars, j'aurais pu très bien prendre quelqu'un de l'agence de sécurité.
- On aurait fait comment pour ne pas qu'ils sachent plus que ce que l'on aurait voulu ?
- C'est leur métier d'être discret Kyra, je lui réponds tout en admirant ma fille.
- Je sais ce que tu veux faire Milan. D'abord, la dame de ménage. Puis le gardien. Ensuite des gardes du corps. Tu aurais fini par me convaincre de ramener un tas de monde dans notre maison. Je ne veux pas de ça pour ma fille. Je n'ai jamais compris au moment où mon frère me tenait éloigner de tout ceci. Maintenant que je suis devenue mère, je ressens ce besoin de protéger mon bébé de toute mes forces. Mon amour, pour notre fille, limitons ces choses là dans notre vie commune. Je n'ai aucun problème avec qui tu es. Je savais qui j'épousais. Mais notre fille... Elle est innocente Milan.
- Je comprends ton inquiétude. Mais il nous faut un gardien, au moins bébé.
- Mais le portail est automatique. Pourquoi voudront nous d'un gardien.
- Oui, mais... Chez Alex aussi le portail est automatique.
Kyra soupire.
- Juste le gardien alors.
Je caresse une dernière fois la joue de ma fille, embrasse ma femme et je m'en vais me coucher. Kyra en fait de même. Je ne sais pas quand je me suis endormi. Quand je me suis réveillé le lendemain, il était déjà 9 heures. La nounou de notre fille était déjà là et ma femme, partie à son boulot.
En venant ici, ma femme avait déjà terminée son master en droit pénal. Quelques mois après, elle a ouvert un cabinet ici à Manchester. Elle s'occupe majoritairement des affaires où l'accusé n'arrive pas à se payer les services d'un bon avocat (en commission d'office en grande partie). Elle épluche d'abord le dossier et si elle est convaincue que la personne est vraiment innocente, elle le prend.
Je prend ma douche et descend prendre mon petit déjeuner. Il y avait une note de ma femme.
"Mon chéri, je suis partie travailler. Je sais que tu le sais. Mais bon... Comme tu n'as pas trop dormi dans la soirée, j'ai jugé bon de te laisser récupérer ce matin. J'espère juste que je n'ai pas mal fait. Ton petit déjeuner est déjà servi et Jade est avec notre fille. Passe une bonne journée mon cœur. Je t'aime. Bisous !"