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Chapitre 4 : Tôdaï

Le jour de la rentrée, le campus de Komaba me semblait bien différent de la fois où j'y étais venue pour finaliser mon inscription.

Tout semblait bien plus grand et solennel. Le bâtiment principal avait des airs de cathédrale érigée en l'honneur du savoir et de la connaissance.

Deux concepts totalement flous pour mon esprit simple et paresseux.

Le seul intérêt que je portais aux lieux se limitait au fait qu'ils étaient un magnifique fond pour mon histoire d'amour en devenir.

Imaginez-vous, une balade en amoureux, un matin, dans l'immense allée aux cerisiers, une dispute en début d'après-midi près de la ravissante fontaine, et pour finir, une touchante réconciliation dans le verdoyant parc de la faculté.

Je me voyais déjà fièrement suspendu aux bras de Ren sous le regard envieux des autres étudiantes mortes de jalousie.

Tout en passant ses mains dans mes cheveux, il me disait à quel point je suis la seule qui compte pour lui. A cet instant, je le regarderais comme on regarde un astre et je sourirais.

Pour parfaire cette idylle digne d'un conte de fées, je lui apporterai de mignonnes boîtes repas, confectionnées par mes soins. Enfin pour que ce dernier rêve se réalise, je devais encore progresser en cuisine…

Prise dans mes rêveries, je m'aperçus qu'après un bon moment de l'errance dans laquelle je me trouvais.

J'étais totalement perdue, les pieds empêtrés dans une terre boueuse et les arbres qui me dominaient, m'empêchait de voir où je me situais.

Je réprimais un cri d'exaspération avant de me taper le front de la main. « Mais pourquoi faut-il que tu sois aussi bête ? Me fustigeais-je.

Me rappelant qu'il y avait un assez grand parc dans l'université, je me rassurais. Je n'avais pas pu aller bien loin de toute façon.

Rebrousser chemin me parut être la meilleure solution en l'état actuel des choses. En sortant de la végétation, je me dirigeais tout droit vers un panneau de repérage qui ne se trouvait pas loin.

Voilà, premier jour de cours, premier retard.

Ça donnait le ton pour la suite.

- Tu es perdue ? M'interpella une voix féminine, derrière moi.

- Heu, disons que c'est un peu grand ici, bredouillais-je en me retournant vers l'inconnue, qui devait avoir mon âge mais qui semblait tout droit sortie d'un drama télévisé, en fait, j'ai cours dans le bâtiment numéro sept...

- Le sept ? Répéta l'inconnue pleine d'entrain. J'y vais aussi. Tu n'as qu'à me suivre. Je m'appelle Hatomi Yoko, continua-t-elle. Et toi ?

- Yamamoto Hana, répondis-je penaude à la première connaissance que je me faisais en tant qu'universitaire.

- Eh bien, enchantée, Hana... Je peux t'appeler, Hana ?

- Euh… Oui, oui, pas de soucis…

On fit un peu plus connaissance sur le trajet qui nous menait à notre bâtiment.

Elle me confia d'emblée qu'elle repassait sa première année à cause d'un souci de santé. Elle n'avait pas pu assister à tous les cours l'année précédente.

Je l'écoutais d'une oreille tout en jetant discrètement un œil à l'heure sur mon téléphone.

Tout comme moi, elle était en retard mais ne semblait en rien s'en inquiéter. Elle prenait tout son temps dans les escaliers en me faisant une petite visite des lieux.

- Ici, tu auras tous les cours en groupe, et les travaux dirigés…

- Je vois, opinais-je de la tête. Et sinon, pour notre retard ?

- Ne t'inquiètes pas, je m'en charge.

Notre arrivée dans la salle de cours fut remarquée, le professeur qui était en pleine présentation du programme de l'année s'arrêta et nous observa avec insistance.

Alors que j'allais lâcher un timide “Excusez-nous pour le retard !”, je fus devancée par la voix porteuse de Yoko.

Elle se lança dans une explication sans fin, au bout de laquelle, le pauvre homme nous demanda simplement de regagner nos places. Nous nous exécutâmes sous les yeux réprobateurs de nos camarades qui n'avaient pas apprécié cette interruption.

Sans prêter la moindre attention à ces lèche-bottes, Yoko me fit signe de la suivre et m'entraîna vers la fenêtre où il restait une table vide.

- Nous serons bien ici, me dit-elle en déballant ses affaires.

- Hm, acquiesçais-je tout heureuse de la rencontre que j'avais faite.

Après de longues minutes interminables à essayer de canaliser mon attention sur ce que racontait le prof, je jetais un œil désespéré à ma montre.

Il restait encore une bonne demi-heure avant la fin du cours.

Je soupirais si bruyamment que tout le monde s'était tourné vers moi, le regard assassin.

“Hé qu'est-ce que j'y peux, moi si je manque de concentration.”

Et puis, cela faisait plus d'un an que je m'infligeais un rythme de travail infernal, alors pas étonnant que je sois arrivée à saturation.

C'était donc en bon futur leader des pires statistiques de l'établissement, que je commençais ma tâche en m'affalant sur mon pupitre.

Je reprenais mes rêveries là où je les avais laissées. Vous vous souvenez ?

Mais si, la fontaine, le parc…

- Eh bien ! Me lança Yoko après que l'on eut quitté la salle. On ne peut pas dire que tu sois très concentrée pour un premier jour.

- Tu as trouvé ? Fis-je évasive. Après tout ce n'était que des informations de rentrée, il n'y avait rien de très intéressant à retenir.

- Je vois. Écoute, si tu veux on peut...

Alors qu'elle n'avait pas terminé sa phrase, mon attention se détacha d'elle pour s'accrocher à une silhouette qui passait non loin de nous, et que j'aurai reconnue entre mille.

Mon cœur se mit à battre tellement fort que je pouvais sentir son martèlement jusque dans ma gorge.

Mes mains devinrent moites et mes jambes programmées pour cet instant, s'activèrent.

C'était Ozawa Ren...

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