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Chapitre 13 : Le dîner

- Tu comptes rester accrochée encore longtemps à ce pauvre poteau ? Me demanda Ren en me sortant de ma tentative de meurtre contre ma voix intérieur.

- Non ! Grommelais-je d’un air boudeur, puis après avoir lâché le cou fictif de Maria, je déclarais avec force que dorénavant, je prendrais le restes des ingrédients au supermarché !

Sans attendre de réponse de sa part, je me dirigeais d’un pas boiteux, plus que décidé vers l’arrêt de bus que j’avais vu en arrivant dans le quartier.

Je bouillais littéralement et malgré tous les sentiments que j’avais pour ce type, je ne pouvais continuer à prendre sur moi.

Son caractère infect, son air narquois, tout m’insupportait.

J’allais faire à dîner pour lui, et lui ne faisait aucun effort pour paraître, un tant soit peu, agréable. En plus de ce fichu mal de pieds, cette situation, me donnait des coliques.

- Tu vas faire la tête encore longtemps ? M’interrogea Ren une fois que nous étions arrivés à l’abri bus. Tu sais tu n’es pas obligé de faire ce dîner si tu n’en as pas envie.

- Qui te dis que je fais la tête ? Et qui te dis que n’ai pas envie de le faire ?

- Ton attitude peut-être ?

- Mon attitude ? Tu me critiques et tu aimerais que je sois souriante ?

- Je ne t’ai pas critiqué, dit-il amusé, je t’ai simplement conseillé de faire attention à ce que tu avalais. Mais comme tu me l’as dit toi-même, c’est sans conséquences sur toi, alors il n’y a pas de quoi se vexer.

Mais pourquoi ma bouche avait sorti ce mensonge aberrant, aussi ?

Il n’y avait qu’à voir mes bonnes joues pour comprendre que le moindre excès me faisait gonfler comme un ballon.

J’avais le chic de tendre le bâton pour me faire battre et pour le coup, je pris une bonne leçon.

Fatiguée de ronchonner, je m’assis sur le banc et me mis à masser le dessus de mon pied le plus endolori.

- Que t’arrives-t-il ? Demanda Ren un peu plus sérieux.

- Mes chaussures sont neuves et elles me font mal.

- Je vois. Si tu veux je peux finir les courses seul…

- Non ça ira ! Rétorquais-je en priant, tout de même, pour qu’il me le propose encore, voir qu’il insiste un peu.

Mais Ren se contenta d’un : « Comme tu voudras ! » aussi froid et glacial que la Toundra.

Dépitée, je montais dans ce maudit bus qui venait d’arriver et qui me fit marcher un peu plus en ne s’arrêtant pas là où il aurait dû.

Il faut dire que les douleurs devenaient de plus en plus insupportables. J’avais beau prendre toutes sortes de postures, me tortiller, m'appuyer sur une jambe, puis sur l’autre, mais impossible d’avoir ne serait-ce qu’un peu de répit.

Mes pieds me brûlaient affreusement, et tout le monde me fixait, croyant sûrement que je faisais face à une envie plus pressante…

Il était dix-neuf heures tapante quand nous arrivâmes, enfin, à la maison.

Michiko fut surprise de nous voir rentrer ensemble, des sacs de courses à la main.

- J’ai cru entendre une voiture ? Lança-t-elle intriguée.

- C’est le taxi, lui répondit Ren sans plus d’explications.

- Le taxi ? Vous êtes rentré en taxi ?

- Oui, ta pensionnaire avait mal aux pieds, alors j’en ai appelé un.

Michiko n’y comprenait rien mais elle opina de la tête.

Ren ne lui avait, apparemment, pas parlé du dîner. Il s’était, seulement, contenté de lui dire de ne rien préparer pour ce soir.

En apprenant que je me proposais pour faire à manger, elle fut ravie et se prêta volontiers au jeu.

Elle se tint à ma disposition pour une aide éventuelle, mais Ren qui l’avait entendu, lui ordonna de ne pas s’en mêler.

Je montais d’abord soigner mes pauvres petons et je me changeais pour être plus à l’aise. Je dois dire que je n’avais jamais autant apprécié les chaussons de ma vie.

Mon tablier noué autour de ma taille, je m’encourageais à voix haute. J’épinglais mes fiches de préparations au frigo, puis je réunissais tous les ingrédients sur la table pour n’en oublier aucun.

Je commençais par préparer mon tiramisu qui devais prendre un long moment au frais, j’avais choisi ce désert pour sa simplicité, il n’y avait pas de cuisson et cela allait grandement me simplifier la tâche. À ma grande joie, sa confection fut facile et amusante.

« A refaire. M’étais-je exclamée en léchant la cuillère. »

C’est avec le même entrain que je passais à la suite des opérations, je coupais les légumes, faisais mariner le poulet, je lavais le riz…

Si bien qu’au bout d'une heure, la cuisine ressemblait à un véritable chantier et une multitude de plats et d’ustensiles se bousculaient dans l’évier et sur le plan de travail.

J’avais fini la soupe sucrée aux Mochis, mon riz était prêt, les légumes aussi et il ne me restait plus qu’à mélanger la pâte à friture pour mes beignets de poulet.

Pour gagner du temps, je mis l’huile à chauffer.

J’avais déjà vu maman faire cette pâte, seulement, je ne comprenais pas pourquoi dans la mienne il y avait autant de grumeaux.

« Je ne peux pas demander à Michiko sans que l’autre grincheux ne s’en mêle. »

Tant pis, j’allais trouver la solution par moi-même. Ou plutôt sur mon téléphone.

Après un moment à visionner des vidéos de recettes, à tenter toutes sortes d’astuces infructueuses, je finis par me rabattre sur une idée qui me vint, le mixeur.

- Je suis un génie ! M’exclamais-je tout heureuse. Ma pâte était sauvée !

Une drôle d’odeur me sortit de mon autocongratulation.

Et cela semblait venir de derrière moi...

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