Chapitre 3
La limousine noire s’arrêtait lentement devant le majestueux manoir des Donte, un édifice imposant en pierre grise entouré de jardins parfaitement entretenus. Dorothy prit une profonde inspiration en observant le domaine par la fenêtre, ressentant un mélange de curiosité et d’appréhension. Sa mère, Margaret, et sa sœur, Diane, étaient assises à ses côtés, silencieuses et stoïques.
« Souviens-toi, Dorothy, » murmura Margaret d’une voix froide. « C’est ta chance de racheter ton honneur et de faire quelque chose de bien pour cette famille. »
Dorothy acquiesça sans répondre, son regard fixé sur la vaste demeure devant elle. La porte de la voiture s’ouvrit et le chauffeur l’aida à descendre. Diane la suivit de près, son visage affichant une expression de satisfaction sournoise. Margaret fermait la marche, dirigeant le groupe vers l’entrée principale où les attendaient deux majordomes impeccablement vêtus.
En franchissant les portes en chêne massif, Dorothy sentit une vague de nervosité la submerger. L’intérieur du manoir était somptueux, avec des lustres en cristal suspendus au plafond, des tapis persans ornant les sols et des œuvres d’art anciennes accrochées aux murs. Chaque détail témoignait de l’immense richesse de la famille Donte.
« Veuillez nous suivre, » dit l’un des majordomes en s’inclinant légèrement. Ils les conduisirent à travers un long couloir jusqu’à une grande salle de réception où plusieurs membres de la famille Donte étaient déjà réunis.
Carlos Donte se tenait debout près de la cheminée, entouré de ses parents et de quelques proches. Dorothy sentit son cœur battre plus fort en posant les yeux sur lui. Carlos était effectivement loin de l’image idéale que l’on pouvait se faire d’un héritier de famille riche. Il était mince, presque émacié, avec des traits marqués par la fatigue et la maladie. Sa peau était pâle et tirait sur le gris, ses yeux étaient enfoncés et cernés de noir, mais malgré cela, ils brillaient d’une intelligence et d’une détermination indéniables.
« Bienvenue, » dit Carlos en avançant pour les accueillir. Sa voix était douce mais ferme, trahissant une force intérieure insoupçonnée. « Je suis Carlos Donte. Enchanté de faire votre connaissance, Dorothy. »
Dorothy sourit faiblement et hocha la tête. « Merci, Carlos. Je suis ravie de vous rencontrer également. »
Le père de Carlos, Alessandro Donte, prit la parole. « Margaret, Diane, Dorothy, soyez les bienvenues dans notre humble demeure. Nous espérons que cette union sera bénéfique pour nos deux familles. »
« Nous en sommes certaines, » répondit Margaret avec un sourire crispé.
Diane resta silencieuse, ses yeux fixés sur Carlos avec une expression de dégoût à peine dissimulée. Dorothy ne put s’empêcher de remarquer le contraste entre la froideur de sa sœur et l’apparente amabilité de Carlos. Elle se demanda comment cet homme, bien que malade et affaibli, pouvait rester si courtois face à tant de mépris.
« Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? » demanda Carlos en se tournant vers Dorothy.
« Un verre d’eau, s’il vous plaît, » répondit-elle.
Carlos fit signe à un domestique, qui s’empressa d’apporter un verre d’eau. Dorothy le prit avec gratitude et s’assit sur l’un des fauteuils en cuir disposés autour de la salle. Carlos s’installa en face d’elle, ses yeux ne quittant pas son visage.
« Alors, Dorothy, » dit-il après un moment de silence. « Pouvez-vous me parler un peu de vous ? »
Dorothy hésita, cherchant ses mots. « Je… je suis médecin. J’ai travaillé dur pour devenir interne dans une clinique avant que tout ne change. »
« Vous avez des ambitions, » remarqua Carlos, une lueur d’admiration dans ses yeux. « C’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. »
« Merci, » répondit Dorothy, touchée par sa sincérité. « Et vous, Carlos ? Pouvez-vous me parler de vous et de votre famille ? »
Carlos esquissa un sourire triste. « Il n’y a pas grand-chose à dire. J’ai passé la majeure partie de ma vie à lutter contre cette maladie. Mais je ne veux pas que cela définisse qui je suis. J’essaie de contribuer à la famille de toutes les manières possibles. »
Dorothy sentit un élan de compassion pour cet homme qui, malgré sa condition, essayait de trouver sa place dans le monde. « Je suis sûre que vous faites de grandes choses, Carlos. »
Leurs regards se croisèrent et, pendant un instant, il sembla qu’ils se comprenaient parfaitement. Cependant, la tension dans la pièce était palpable, alimentée par la présence de leurs familles respectives.
« Alors, Dorothy, » intervint Alessandro Donte, brisant le silence. « Que pensez-vous de cette union ? Êtes-vous prête à rejoindre notre famille et à soutenir Carlos dans ses efforts ? »
Dorothy prit une profonde inspiration avant de répondre. « Je comprends l’importance de cette union pour nos familles. Et je suis prête à faire de mon mieux pour que cela fonctionne. »
Margaret, Diane et Alessandro approuvèrent de la tête, mais Carlos sembla lire plus profondément en elle. « Je vous remercie, Dorothy, » dit-il doucement. « Je sais que ce n’est pas facile, mais ensemble, je suis sûr que nous pouvons surmonter les défis qui nous attendent. »
La rencontre se poursuivit avec des discussions formelles sur les détails du mariage, des arrangements financiers et des attentes des deux familles. Dorothy écoutait attentivement, mais une partie de son esprit restait focalisée sur Carlos. Il y avait quelque chose en lui qui la touchait profondément, une force intérieure qu’elle admirait et respectait.
Lorsque les discussions prirent fin, Carlos proposa à Dorothy une visite du manoir. « Si cela vous convient, j’aimerais vous montrer les lieux. Cela vous aidera peut-être à vous sentir plus à l’aise. »
Dorothy accepta avec gratitude. « Avec plaisir, Carlos. »
Ils quittèrent la salle de réception et commencèrent à se promener dans les couloirs ornés du manoir. Carlos lui montra les différentes pièces, chacune plus opulente que la précédente, mais ce fut la bibliothèque qui retint particulièrement l’attention de Dorothy. Les murs étaient recouverts de livres du sol au plafond, et l’odeur du cuir et du vieux papier embaumait l’air.
« C’est magnifique, » murmura Dorothy en parcourant les étagères du regard.
« C’est l’une de mes pièces préférées, » avoua Carlos. « J’aime passer du temps ici à lire et à réfléchir. »
« Vous avez de bons goûts, » répondit-elle avec un sourire.
Ils continuèrent leur visite, passant par les jardins luxuriants et les terrasses ensoleillées. Dorothy se sentit de plus en plus à l’aise en présence de Carlos, découvrant en lui un homme sensible et intelligent, bien loin de l’image que sa famille avait tentée de lui imposer.
« Carlos, » dit-elle enfin, s’arrêtant sous un grand chêne. « Je veux être honnête avec vous. Cette situation est nouvelle et difficile pour moi, mais je suis prête à faire des efforts. Je veux que nous travaillions ensemble, pas seulement pour nos familles, mais pour nous-mêmes. »
Carlos la regarda, une expression sérieuse sur le visage. « Je comprends, Dorothy. Je veux la même chose. Nous devons nous soutenir mutuellement et trouver un moyen de rendre cette union bénéfique pour nous deux. »
Dorothy sentit un poids se libérer de ses épaules. Pour la première fois, elle se sentait réellement écoutée et comprise. « Merci, Carlos. Je pense que nous pouvons y arriver. »
Ils se sourirent mutuellement, scellant leur entente tacite. Leurs familles pouvaient avoir des attentes et des motivations différentes, mais Dorothy et Carlos étaient décidés à créer leur propre chemin, ensemble.
Alors qu’ils retournaient vers le manoir, Dorothy ne pouvait s’empêcher de se sentir plus confiante. Ce mariage, qui avait commencé comme une simple transaction, prenait un tournant inattendu. Elle sentait qu’avec Carlos à ses côtés, elle avait une chance de se reconstruire et de se venger de ceux qui l’avaient trahie.
Ce soir-là, alors que le soleil se couchait sur le domaine des Donte, Dorothy se coucha avec un sentiment de paix nouvelle. Les tensions initiales étaient toujours présentes, mais elle savait qu’elle n’était plus seule dans cette lutte. Avec Carlos, elle avait trouvé un allié, un partenaire et peut-être, avec le temps, quelque chose de plus.
Les jours suivants furent marqués par une série de préparatifs frénétiques pour le mariage. Dorothy et Carlos passèrent de plus en plus de temps ensemble, apprenant à se connaître et à comprendre les forces et les faiblesses de chacun. Ils discutèrent de leurs rêves, de leurs peurs et de leurs espoirs pour l’avenir, créant lentement un lien de confiance et de respect mutuel.
Dorothy découvrit en Carlos un homme de grande culture et de grande sensibilité. Malgré sa maladie, il avait un esprit vif et une curiosité insatiable pour le monde qui l’entourait. Il lui parlait de ses lectures, de ses réflexions sur la vie et de ses projets pour aider les autres. Dorothy, de son côté, partagea avec lui ses expériences
En tant que médecin, ses luttes personnelles et ses aspirations à changer le monde.
Petit à petit, ils commencèrent à tisser une relation basée sur une compréhension mutuelle et un soutien sincère. Dorothy se rendit compte que, malgré les apparences, Carlos était bien plus qu’un homme malade et affaibli. Il était un être complexe et profond, capable de grandes choses si on lui en donnait l’occasion.
Un soir, alors qu’ils se promenaient dans les jardins, Carlos se tourna vers Dorothy avec une expression sérieuse. « Dorothy, je veux que tu saches quelque chose. Peu importe ce que les autres pensent ou disent, je crois en toi. Je crois en ta force et en ta capacité à surmonter toutes les épreuves. »
Dorothy sentit une chaleur envahir son cœur. « Merci, Carlos. Tes mots signifient beaucoup pour moi. Et je veux que tu saches que je suis là pour toi aussi, quoi qu’il arrive. »
Ils se regardèrent dans les yeux, et dans ce silence partagé, ils comprirent qu’ils avaient trouvé en l’autre un partenaire de vie, quelqu’un sur qui compter et avec qui affronter les défis à venir.
Le jour du mariage approchait à grands pas, et avec lui, la promesse d’un nouveau départ. Pour Dorothy, c’était l’occasion de prendre sa revanche sur un passé douloureux et de se forger un avenir meilleur. Pour Carlos, c’était une chance de prouver qu’il était bien plus que ce que les autres voyaient en lui.
Ensemble, ils étaient prêts à affronter le monde.