Chapitre 2
Les souvenirs de Dorothy tourbillonnaient dans son esprit alors qu’elle se préparait pour sa première rencontre officielle avec Carlos Donte. Elle se tenait devant un miroir orné d’or, dans une chambre somptueuse qui contrastait violemment avec les murs ternes de l’hôpital psychiatrique qu’elle venait de quitter. Chaque détail de cette pièce lui rappelait qu’elle n’était plus prisonnière de sa famille, mais une pièce maîtresse dans un jeu de pouvoir.
Elle se rappelait encore parfaitement le jour où tout avait changé. C’était une soirée d’été, chaude et étouffante, qui semblait presque prophétique du cauchemar qui allait suivre.
#### Flashback
Dorothy était rentrée chez elle après une longue journée de travail à la clinique où elle exerçait comme interne. Fatiguée mais satisfaite de ses progrès, elle se dirigea vers la cuisine, espérant trouver quelque chose de rapide à manger. Diane était là, assise à la table, l’air préoccupé. Leur mère, Margaret, était également présente, un regard mystérieux dans les yeux.
« Dorothy, assieds-toi, nous devons parler, » dit Margaret d’un ton qu’elle ne pouvait ignorer.
Intriguée, Dorothy prit place. « Qu’est-ce qu’il se passe ? »
« Nous avons une opportunité pour toi, » commença Diane avec un sourire faux.
Dorothy fronça les sourcils. « Quel genre d’opportunité ? »
« Un homme influent a manifesté un intérêt pour toi, » répondit Margaret. « Il pense que tu pourrais être une bonne épouse. »
Dorothy éclata de rire. « Une bonne épouse ? Vous plaisantez, j’espère. »
Diane prit la main de Dorothy, une expression de fausse inquiétude sur son visage. « S’il te plaît, écoute-nous. C’est une chance pour toi de sortir de cette vie ordinaire et de faire quelque chose de grand. »
Margaret hocha la tête. « C’est une opportunité que tu ne peux pas refuser, Dorothy. Tu dois rencontrer cet homme ce soir. »
Confuse et un peu méfiante, Dorothy accepta. Elle était curieuse de voir ce que sa famille avait concocté cette fois-ci. Mais rien ne l’avait préparée à ce qui allait suivre.
Le rendez-vous fut un désastre orchestré. L’homme en question, visiblement payé par sa famille, l’attira dans un piège. Une nuit de passion forcée, un acte sordide de manipulation et de trahison. Dorothy se réveilla seule le lendemain matin, la réalité de ce qui s’était passé s’écrasant sur elle comme une vague froide.
Quelques semaines plus tard, elle découvrit qu’elle était enceinte. La joie initiale fut rapidement ternie par la peur et la confusion. Sa famille ne montra aucun soutien, bien au contraire. Margaret et Diane la traitèrent avec un mépris calculé, la rabaissant à chaque occasion. Lorsqu’elle se rendit à l’hôpital pour accoucher, elle ne se doutait pas que ce serait la dernière fois qu’elle verrait son bébé. Les médecins lui annoncèrent qu’elle avait fait une fausse couche et que l’enfant était mort-né. Abattue, elle rentra chez elle, seulement pour être internée peu de temps après dans un hôpital psychiatrique sous prétexte de troubles mentaux.
#### Retour au présent
Dorothy revint à la réalité en sentant une main douce se poser sur son épaule. C’était une domestique, venue l’aider à ajuster sa robe.
« Vous êtes magnifique, mademoiselle Dorothy, » dit-elle avec un sourire sincère.
« Merci, » répondit Dorothy, appréciant la gentillesse dans un océan de manipulation et de mensonges.
Elle se regarda une dernière fois dans le miroir, ajustant les derniers détails de sa robe. Sa mère et Diane l’attendaient déjà dans le grand hall, prêtes à la conduire à son nouveau destin. Dorothy descendit les escaliers avec une grâce naturelle, malgré le tourbillon de pensées et d’émotions qui la submergeait.
« Tu es ravissante, » dit Margaret d’un ton qui se voulait chaleureux mais sonnait creux.
Diane hocha la tête, un sourire froid sur les lèvres. « Carlos sera impressionné. »
Dorothy les regarda, ses yeux flamboyant de détermination. « Je ne fais pas cela pour vous. Je le fais pour moi. Souvenez-vous en. »
Elles échangèrent un regard, quelque peu déstabilisées par la fermeté dans la voix de Dorothy, mais ne dirent rien. Elles montèrent toutes dans la voiture qui les attendait, conduites par un chauffeur silencieux. Le trajet se fit dans un silence tendu, chaque kilomètre les rapprochant de la demeure des Donte et du futur incertain de Dorothy.
En arrivant devant le manoir des Donte, Dorothy sentit une boule se former dans son estomac. Elle inspira profondément, rappelant à elle-même que c’était une chance de reprendre le contrôle de sa vie. Margaret et Diane la conduisirent à l’intérieur, où elles furent accueillies par le majordome qui les mena directement à Carlos.
Carlos Donte se tenait debout près de la cheminée, une silhouette imposante malgré sa condition physique affaiblie. Dorothy remarqua immédiatement les signes de sa maladie – la pâleur de son visage, la maigreur de son corps – mais aussi la détermination et l’intelligence dans ses yeux.
« Bienvenue, Dorothy, » dit-il en avançant pour lui serrer la main. « Je suis heureux de vous rencontrer. »
« Moi de même, » répondit Dorothy avec un sourire poli, bien que son cœur batte la chamade.
Ils s’assirent tous, un silence étrange s’installant avant que Margaret ne prenne la parole.
« Nous sommes ici pour discuter des arrangements, » dit-elle. « Dorothy est prête à honorer notre accord. »
Carlos hocha la tête. « Très bien. Je pense qu’il est important que Dorothy et moi ayons une conversation en privé. Après tout, nous serons bientôt mariés. »
Margaret hésita un instant, mais acquiesça finalement. « Bien sûr. Diane et moi serons dans le jardin si vous avez besoin de nous. »
Une fois seules, Dorothy et Carlos s’observèrent en silence. Carlos fut le premier à parler.
« Je sais que vous ne voulez pas être ici plus que moi, » dit-il doucement. « Mais je pense que nous pouvons faire quelque chose de bon de cette situation. »
Dorothy le regarda attentivement. « Pourquoi avez-vous accepté ce mariage, Carlos ? Vous savez aussi bien que moi que c’est un arrangement de convenance. »
Carlos sourit tristement. « Ma famille a des attentes. Et moi, je suis fatigué de lutter contre elles. Mais cela ne signifie pas que je ne peux pas trouver un moyen de faire de cette situation quelque chose de positif. »
« Et moi ? » demanda Dorothy. « Je suis ici parce que ma famille me l’a imposé. Mais je veux reprendre le contrôle de ma vie. Je ne veux pas être une simple marionnette. »
Carlos hocha la tête. « Nous avons peut-être plus en commun que nous le pensions. Si nous travaillons ensemble, peut-être pouvons-nous trouver un moyen de faire face à nos familles et de créer notre propre chemin. »
Dorothy sentit une vague de soulagement en entendant ces mots. Pour la première fois, elle voyait en Carlos un allié potentiel plutôt qu’un obstacle. « D’accord. Nous allons travailler ensemble. Mais il y a des choses que vous devez savoir. »
Carlos inclina la tête, prêt à écouter. Dorothy prit une profonde inspiration et commença à raconter son histoire. La nuit de trahison orchestrée par sa famille, la grossesse, la fausse couche, et finalement, l’internement. Carlos écouta attentivement, son expression devenant de plus en plus sombre à mesure qu’elle parlait.
« Je suis désolé que vous ayez dû traverser tout cela, » dit-il doucement lorsqu’elle eut terminé. « Mais cela explique beaucoup de choses. Je comprends maintenant pourquoi vous êtes si déterminée. »
Dorothy hocha la tête, les yeux brillants de larmes retenues. « Merci. Et maintenant, qu’allons-nous faire ? »
Carlos prit une profonde inspiration. « Nous allons nous marier, comme prévu. Mais à partir de ce moment, nous serons une équipe. Nous nous protégerons l’un l’autre et nous trouverons un moyen de surmonter tout cela. »
Dorothy sourit légèrement. « D’accord. Une équipe. »
Ils se levèrent, scellant leur alliance non par une étreinte ou un baiser, mais par une poignée de main ferme et déterminée. Alors qu’ils rejoignaient leurs familles dans le jardin, Dorothy sentit un nouvel espoir naître en elle. Ce mariage arrangé, qui avait commencé comme une autre manipulation sordide de sa famille, devenait une chance de reprendre le contrôle de sa vie et de se venger de ceux qui l’avaient trahie.
Le reste de la journée passa en un flou d’arrangements et de préparatifs. Dorothy et Carlos passèrent plus de temps ensemble, discutant de leurs plans pour le futur et de la meilleure façon de gérer leurs familles respectives. Ils se découvrirent des points communs inattendus, des intérêts partagés, et une compréhension mutuelle qui renforçait leur alliance naissante.
Le soir venu, alors que Dorothy se préparait à se coucher, elle se regarda dans le miroir et vit une nouvelle version d’elle-même. Une femme qui avait souffert, mais qui avait survécu. Une femme déterminée à reprendre sa vie en main. Et maintenant, elle
Avait un allié en Carlos, quelqu’un qui comprenait ses luttes et partageait ses objectifs.
Dorothy savait que la route serait longue et difficile, mais elle était prête. Avec Carlos à ses côtés, elle avait enfin trouvé une lueur d’espoir dans les ténèbres. Et elle était déterminée à saisir cette chance, à se venger de ceux qui l’avaient trahie.